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NATSUME Sōseki

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Message par Tristram Mar 6 Juil - 17:29

C'est vrai que le Japon est vraiment un monde à part. Mais il me semble qu'on gagne à l'aborder.

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Message par bix_229 Mar 6 Juil - 18:26

Je crois qu'à la lecture, il faut un peu oublier les repères culturels, historiques du Japon, trop éloignés des notres.
Je crois que la démarche inverse doit etre aussi compliquée. Il me semble que Gncchi en avait déjà parlé.
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Message par Dreep Mar 6 Juil - 19:42

Comment aborde-t-on la littérature japonaise ? D'un livre à l'autre, d'un individu à l'autre. Il y en a de plus faciles que d'autres, certes, mais il y a à boire et à manger, autant de variétés que dans la littérature française, en somme. Si vous avez du mal avec Sôseki à cause d'un choc des cultures (ce que j'aurais du mal à comprendre, m'enfin...), autant taper dans des auteurs plus récents pour commencer.
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Message par Bédoulène Mar 6 Juil - 23:52

j'ai apprécié un livre sur le Japon mais c'était un livre de Nicolas Bouvier.

et les livres de Kobayashi sur le social

je ferai des essais

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Message par Dreep Jeu 13 Oct - 11:57

Le pauvre cœur des hommes

poésie - NATSUME Sōseki - Page 3 Kokoro

Un personnage en rencontre un autre ― qu'il appelle "Maître", parce qu'il est plus âgé ― celui-ci a une femme et avait un ami, "K.". De nom, il n'y en a pas d'autre. Et la manière dont le premier, un jeune homme, rentre dans la vie de l'autre, son "Maître", de manière spontanée et presque par la force, n'est pas la chose la moins surprenante de "Kokoro", Le pauvre cœur des hommes. C'est un des derniers romans de Natsume Sôseki, et s'il n'est pas son "chant du cygne" il sonne bel et bien la fin d'une époque, "Meiji", ses étranges traditions, ses mœurs et sectes plus ou moins radicales et surtout ce curieux lien avec l'empereur, mort en 1912 (le roman de Sôseki n'est publié que deux ans plus tard). Je suis, ma foi, rendu perplexe par ce début et surtout par cette fin. Mais entre, il y a une histoire, puis une autre, deux temps, deux narrations que Sôseki déroule le plus tranquillement du monde. Ou disons qu'il y a chez ce romancier un je-ne-sais-quoi qui pousse à considérer l'existence avec calme, avec recul : il scrute par le détail et en quelques remarques très fines et imagées le cœur et les idées de ces héros passifs et indécis, jusqu'à la résolution qui en deux temps trois mouvements, décide de tout. Mais jusque-là la narration poursuit son chemin, divisée en chapitres extrêmement courts et réguliers comme l'intervalle entre deux traverses sous un rail. On en apprend peu à chaque fois ― sinon sur la psychologie humaine ou celle, plus particulière, du japonais sous Meiji ― et toutes les étapes sont nécessaires, on le sent, toutes acheminent vers cette issue certaine ou soupçonnée.
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Message par Dreep Jeu 27 Oct - 18:10

Mon individualisme

poésie - NATSUME Sōseki - Page 3 Mon-individualisme

Dès son commencement, cette conférence que Sôseki a été invité à donner, prend une tournure un peu personnelle. L’écrivain évoque sa maladie, son manque d’enthousiasme à l’idée de se présenter devant les élèves de l’École des Pairs, lui qui n’a, dit-il, pas de légitimité, pas de « statut » justifiant sa présence ici. Ce discours, Sôseki le prononce à la fin de sa carrière (pour ne pas dire à la fin de sa vie : Sôseki meurt en 1916, deux ans après la conférence), c’est un écrivain reconnu évoquant ses tâtonnements, le manque de maturité qui était le sien avant de trouver « sa voie » ou disons plutôt son indépendance… On l’imagine très bien, hésitant sur l’estrade, avec sa moustache et son air de gentleman, comme l’un de ses personnages ayant une position d’aîné ou de professeur, mais ne ressentant aucun confort dans cette position. Au cours de cette conférence, on sent que Sôseki décide d’être sincère et de se remettre dans la peau du jeune homme, jeune étudiant ou professeur d’anglais plein de doute qu’il était. Le sujet de cette conférence, on le comprend dans une lettre qui suit ce discours, a été choisi au dernier moment. Mais plus on le lit, plus on prend conscience que sujet lui tenait à cœur, que cet « individualisme » fait sens dans sa démarche et écho aux hésitations de ses nombreux personnages. Individualisme par rapport à ceux qui veulent nous guider ou notre trop forte inclination à suivre les autres ; individualisme par rapport à l’autorité, par rapport à l’État ou par rapport à l’étranger (l’Occident, et en particulier l’Angleterre) ; pour la poursuite du bonheur et l’affirmation de ses goûts. Avec les histoires, les anecdotes que Sôseki mêle à son discours avec beaucoup d’à-propos, ses convictions se clarifient et se font de plus en plus aigus, se chargeant de transmettre ce « grain » de confiance et d’indépendance nécessaire à la jeunesse.
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Message par Bédoulène Ven 28 Oct - 16:20

je n'ai pas lu cet auteur(toujours une certaine réticence avec les auteurs Japonais ?) mais j'apprécie ton commentaire sur le personnage.

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Message par Dreep Ven 28 Oct - 21:41

Parviendrai-tu à identifier ce qui entraîne cette réticence, Bédoulène ?
Une caractéristique/aspect de la littérature japonaise qui te déplaît ?
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Message par Bédoulène Ven 28 Oct - 23:38

tout d'abord je n'ai pas apprécié le thème du livre de Kazuo Ishiguro "auprès de moi toujours" où j'ai été mal à l'aise, puis j'ai lu un livre de nouvelles dont je ne me souviens plus du nom,où le rapport à la mort, la manière, est troublant.
mais par contre j'avais apprécié le livre "social" "le bateau-usine" de Takiji Kobayashi

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Message par Dreep Mar 1 Nov - 12:03

Je n'ai pas même pas lu ton auteur, Bédoulène alors je ne sais pas.
Mais crois bien que la littérature japonaise est infiniment variée, aussi variée que sont nombreux les prosateurs la représentant.
Sôseki est très différent d'un écrivain comme Kawabata par exemple.
On sent aussi chez Sôseki certaines influences occidentales ; anglaises, allemandes par exemple.
Et il donne une image assez précise, assez réaliste en un sens, de la société nippone de son temps.
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Message par Bédoulène Mer 2 Nov - 11:46

merci Dreep

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Message par Pinky Ven 25 Nov - 17:53

Et puis



poésie - NATSUME Sōseki - Page 3 Et-pui10

Paru en 1909 dans le journal Asabi,  Et puis raconte l’histoire de Daisuké, trentenaire indolent qui pourrait rappeler Oblomov avec son valet dévoué, Kadono,  jeune homme aux petits soins que notre héros décrit comme limité intellectuellement. L’action avance lentement entre deux demeures que fréquente Daisuké, celle de son père où vivent son père, son frère ainé, sa belle-sœur et ses neveux et celle de son ami Hiraoka et de son épouse Michiyo.  Le père soutenu par le frère et la belle-sœur essaie en vain de marier Daisuké, rencontres arrangées que l’on trouve aussi dans les Quatre sœurs mais rien n’y fait. L’échéance approche car le père qui finance son fils pourrait y renoncer faute de mariage. Peu à peu, Daisuké qui flotte littéralement se rend compte qu’il est amoureux de Michiyo dont Hirioka se détourne et comprend même qu’il l’était depuis leurs études. Il est un peu lent à prendre conscience de ce qui l’entoure tant il vit dans ce qu’on pourrait appeler, comme les Japonais, la beauté, en particulier celle des fleurs et de leur parfum. Et puis, les choses vont aller très vite mais on ne raconte pas la fin…

« Dans ce genre de situation, Daisuké, lui, se sentait inv ariablement empli de pitié pour le jeune homme. Il en arrivait à penser que le crâne de Kadono abritait la cervelle d’un bovin ; en terme de conversation, tout juste pouvait-il avancer de quelques pas sur une avenue que les gens parcouraient à l’aise ! Et encore, à peine Daisuké s’aventurait-il à tourner à quelque point que Kadono était perdu. Quant à simplement poser un pied sur le sol des tunnels souterrains qui plongent vers les fondements de la logique, il en était incapable. Son système nerveux était encore plus rustique. A croire qu’il était tissé de cordage épais. »

Enfant colérique, Daïsuké se calme à la fin de ses études
« Par la suite, jamais une seule fois il ne s’était mis en colère. Son père était convaincu que ce changement était le résultat de la discipline qu’il avait instauré et il s’en félicitait secrètement. En fait, la discipline dont se gargarisait son père avait seulement refroidi progressivement les sentiments vivaces qui liaient entre eux le père et le fils. C’était du moins ce que pensait Daisuké.
Quant à son père, son interprétation était à l’exact opposé. Quoi qu’il pût advenir, père et fils seraient toujours du même sang, de la même chair. Les sentiments qu’éprouve un enfant à l’égard de ses parents sont donnés par le Ciel, et ne sauraient en aucun cas changer en fonction de la façon dont l’enfant a été traité. En vertu de cette éducation, il arrivait que l’on dépassât les bornes, mais jamais les conséquences n’influaient sur l’affection innée qui lie parents et enfants.
Son père avait été élevé selon la morale confucéenne, ce qui expliquait ses croyances inébranlables. Il était persuadé que le simple fait d’avoir donné vie à Daisuké lui garantissait en retour un amour éternel, quelques que fussent par ailleurs les désagréments ou les souffrances qu’il lui aurait infligés ; il avait toujours agi et pensé selon cette conviction. Voilà comment il avait fabriqué un fils froid à son égard. »

Littératures russe, française et italienne
« Daisuké expliquait l’angoisse qui baignait la littérature russe par les conditions climatiques de ce pays et son régime politique oppressif. L’angoisse dépeinte dans la littérature française, selon lui, était due à la fréquence de l’adultère. Quant à l’angoisse dans la littérature italienne, telle que d’Annunzio la représentait, il l’évaluait comme le sentiment de la perte du soi, elle-même conséquence d’une décadence sans limite. Aussi, lorsque les écrivains japonais dépeignaient leur société uniquement sous l’aspect de cette angoisse si prisée, Daisuké estimait-il qu’il s’agissait d’un concept importé. »

« Daisuké versa de l’eau dans une grande coupe et disposa à l’intérieur, en conservant les tiges, une brassée de muguet d’un blanc immaculé. Les fleurs délicates, proliférantes, cachaient les motifs sombres du rebord. Elles basculaient du récipient au moindre mouvement. Daisuké posa la coupe sur un grand dictionnaire.. Puis, il plaça à côté un oreiller et s’étendit de tout son long. Sa tête brune se trouvait juste à l’ombre de la coupe, afin que le parfum des fleurs imprégnât commodément ses narines.il s’assoupit en respirant leurs doux effluves."

Une histoire tout en finesse où le temps s'écoule doucement avant la tempête. Une relecture que je ne regrette pas Ce sont les 7 roses de Tokyo qui m'ont incitée à revenir à Sôseki
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Message par Pinky Mar 7 Fév - 15:00

Une journée de début d'automne

poésie - NATSUME Sōseki - Page 3 Une-jo10

Ce petit livre regroupe 7 textes plus ou moins courts parus entre 1907 à 1914

Le soir de mon arrivée à Kyoto.  (1907)
Tout en racontant son trajet entre la gare et la maison de son hôte, l'auteur transi de froid, décrit  Kyoto, son ancienneté et son climat qui contraste avec l'agitation de Tokyo, les lanternes rouges qui annoncent les pâtisseries spécialisées dans la bouillie sucrée de haricots rouges et rappellent Shiki, l'ami mort qui l'avait alors accompagné. On est dans la voiture, un pousse, ressentant le froid tout en voyant défiler, maisons anciennes, lanternes rouges qui font remonter les souvenirs ; souvenirs qui s'entremêlent intimement avec le prosaïsme de la situation, le froid qui traverse le corps de l'auteur que le bain chaud et les édredons de soie ne réussissent pas à réchauffer. Comme dans les autres textes, les sons sont rendus présents avec précision et poésie.
"Vers le milieu de la nuit, la pendule du XVIIIe siècle qui était posée sur le petit meuble à étagères en bois de santal à mon chevet a sonné une fois, produisant un son comparable à une tasse d'argent qu'on frapperait avec l'aide d'une baguette d'ivoire....Le son plein de fraîcheur de la sonnerie traversant mon corps, passant à travers mon cœur pour pouvoir atteindre l'invisible sans limite, rendait mon corps et mon âme aussi purs que la glace, glacés comme un bloc de neige. Sous mes édredons de soie, j'étais transi de froid, comme je ne l'avais jamais été."

Le moineau au bec rose (1908)
Le narrateur, l’auteur ?, se laisse convaincre par un de ses disciplines d’acquérir un moineau au bec rose pour jouir de son chant. L’oiseau très élégant arrive avec ses cages, sa boîte pour la nuit et le narrateur est tiraillé entre son attachement, son émerveillement devant l’élégance du moineau et la contrainte que suppose son entretien quotidien qui lui pèse chaque jour un peu plus. Élégance  de l’oiseau qui lui rappelle une femme qu’il a aimée.
« Un jour, tandis que j’étais dans mon bureau, occupé comme d’habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille. La véranda bruissait. On aurait d’abord pu croire qu’une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l’étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J’ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l’ample pantalon que porte le chambellan, lors de la fête des Poupées, évoquant le glissement de la soie sur les marches du palais fictif. Laissant mon roman, je suis sorti sur la véranda, le stylo entre les doigts : le moineau de Chine prenait son bain. »

Le professeur Koeber (1911) suivi de L'adieu au professeur Koeber  (1914)

Un professeur allemand de philosophie enseigne pendant 18 ans au Japon. Le narrateur le présente comme vivant avec une extrême frugalité dans une maison à son image et s'étonne de son détachement aussi bien à l'égard du Japon que de son pays. Seule lui importe la relation qu'il a avec ses étudiants japonais qui l'apprécient sans limite. On apprend aussi qu'il avait eu un corbeau et qu'il appréciait Edgar Poe.
"Ce qui compte le plus pour le professeur, lui dont la nature et le caractère sont tels que je l'ai dit, c'est l'amour qui lie les êtres et la bonté. Je ne pense pas me tromper en affirmant que ce sont les étudiants japonais, tous ceux qui ont suivi ses cours, qu'il aime par-dessus tout."

Bruits étranges (1911)
Le narrateur, hospitalisé, entend provenant de la chambre voisine un bruit  étrange qu'il pense identifier sans en comprendre la raison dans un tel lieu. Tout le texte tourne autour des questions que soulèvent les bruits issus de la chambre voisine, ce qu'on apprendra à la fin de la nouvelle.
"Tout d'abord, je n'avais pas la moindre idée de la nature de ce bruit, non plus de sa provenance, mais au fur et à mesure qu'il atteignait mon oreille, je suis arrivé à me faire une idée de son origine : ça ne pouvait être que le bruit d'une râpe avec laquelle on met en compote du radis noir ou quelque chose du même genre. J'étais certain de ne pas me tromper. Tout de même, qui pouvait bien ressentir la nécessité de râper du radis noir dans la chambre d'à côté à une heure pareille ! Je n'arrivais pas à l'imaginer."

La lettre (1911)
Le texte commence par deux références d’œuvres centrées sur la découverte d'une lettre oubliée : les Vingt-cinq jours de Maupassant et L'Absence de Marcel Prévost
Un couple accueille un étudiant, Jûlichi, au début de ses études. Celui-ci, s’éloigne tout en persistant à vouloir épouser Shizu, lointaine cousine de la femme du couple. Les parents de celle-ci, désire  lui donner un homme « qui ne s’adonnerait ni à l’alcool ni aux femmes ». En effet, la sœur ainée de Shizu  est gravement malade, contaminée pour son époux.
« Pour dire la vérité, les parents avaient donné la main de leur fille en connaissance de cause. Ils reconnaissaient même que l’alcool et les femmes étaient une condition indispensable à la bonne marche des affaires, étant entendu que les deux éléments étaient nécessaires pour entretenir habilement des relations sociales. Voilà la manière dont ils voyaient les choses. »
Pour ce nouveau mariage, les parents de Shizu demandent  au narrateur, homme du couple, de garantir la morale de Jûlichi. Et c’est là que la lettre intervient mais ne dévoilons pas le dénouement.
Mariages arrangés, société permissive pour les hommes, cette nouvelle met un coup de projecteur sur ce qu’était la situation des femmes japonaises dans une société très traditionnelle, ce que l’on retrouvera en partie dans le roman de Tanizaki, Quatre sœurs  paru 25 ans plus tard.

Une journée de début d’automne (1912)
Le dernier texte de 5 pages et demi, nous emmène avec l’auteur et deux de ses amis au Temple de la Rupture – fondé par une femme pour accueillir les femmes qui voulaient quitter leur mari- à Kamakura près de Tokyo. Auteur qui y emmène ses deux compagnons pour rencontrer le moine zen qui l’a initié à la méditation. Comme pour Le soir de mon arrivée à Kyoto, l’auteur décrit avec précision les couleurs, les sons qui accompagnent leur voyage en pousse sous la pluie.
« Alors, on entendit un chant d’insecte rafraîchissant au pied des susuki (graminées aux épis argentés) qui s’étendaient à perte de vue. Quand leur chant retentit à mon oreille, si aigu qu’il réussissait à vaincre le bruit de la pluie frappant la capote, entraîné par le chant des insectes qui emplissait l’air à l’infini, j’ai imaginé les susuki qui s’étendaient au loin, à une distance si lointaine que mes yeux ne pouvaient les voir. Il m’a semblé que ce chant symbolisait  à lui seul l’automne qui m’enveloppait à présent tout entier. »
Une manière très fine de décrire aussi bien les souvenirs que les lieux, les sons dont ressort une sorte de mélancolie juste suggérée. J’y ai été très sensible…
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Message par Tristram Mar 7 Fév - 15:14

Ah ! le "maître" d'Akutagawa ! ...

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Message par Pinky Mar 7 Fév - 17:15

J'ai honte ; je ne connaissais pas Akutagawa. Je viens de récupérer les contes dont Rashômon. Je vais pouvoir découvrir
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Message par Tristram Mar 7 Fév - 17:37

Je disais surtout ça parce qu'Akutagawa fait grande référence à Sōseki dans Lande morte, et d'autres textes. La filiation est finalement peu évidente, et je crains que l'aîné soit en définitive plus recevable aujourd'hui (ressenti qui accuse peut-être mon âge).

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Message par Pinky Mar 19 Sep - 11:21

Botchan

poésie - NATSUME Sōseki - Page 3 Botcha10

Botchan, littéralement « Le petit maître » a été un adolescent turbulent, peu aimé de ses parents qui lui préféraient son frère.  Couvé et gâté par  Kiyo, la servante, Botchan choisit sans enthousiasme de faire des études de physique, grâce à l’argent que son frère lui a laissé.
« Après la mort de ma mère, Kiyo me chérit tant et plus. De temps à autre mon cœur d’enfant s’étonnait…Pourquoi autant de soins ?...J’aurais voulu qu’elle cessât car j’avais un peu pitié d’elle. Mais Kiyo m’aimait . Quelquefois, elle m’achetait sur son propre argent, des friandises, des kintsuba ou des kôbaiyaki (gâteaux populaires du début du XXe siècle ). Quand les nuits étaient froides elle posait près de mon oreiller, sans mot dire, alors que je dormais, une soupe de sarrasin – secrètement elle avait fait provision de farine à cet effet. Parfois même elle m’achetait une petite marmite de pâtes en estouffade. Et pas seulement des choses à manger. Elle m’a donné des chaussettes. Elle m’a donné des crayons. Un calepin… »
.

Ses études terminées Botchan quitte Tokyo pour aller enseigner dans l’île de Shikoku, ile au sud de la grande ile où se trouve Tokyo. Il promet à Kiyo de revenir  la voir aux vacances.  Arrivé sur place, il a le choc du Edokko, originaire d’Edo/Tokyo, au contact des rustres…Un parisien arrivé en province !
« Quand le vapeur stoppa avec un grand « Boooh » une chaloupe à rames quitta le quai et se rapprocha de nous. Le batelier était complètement nu hormis une ceinture cache-sexe rouge. Pays de sauvages. Il est certain qu’avec une chaleur pareille, il lui aurait été difficile de porter un kimono. Le soleil était si brûlant que l’eau vous éblouissait. …Au jugé, c’était un village de pêcheurs, à peu près grand comme le village d’Ômori, près de Tôkyô. Il fallait être fou pour m’envoyer dans un trou pareil. »

Le premier contact avec l’équipe pédagogique ne manque pas de piquant :
« Il y eut ensuite l’autre professeur de mathématiques, il s’appelait Horta. C’était un homme vigoureux, les cheveux en courte brosse hérissée, l’air rude comme un de ces moines guerriers du mont Eizan. Je luis avait présenté ma nomination poliment, mais sans la regarder : « Ah, tu es le nouveau, viens chez moi un de ces jours, ha, ha, ha ! » Pourquoi, au juste ce « Ha, ha, ha ! » ? Qui aurait envie de rendre visite à quelqu’un d’aussi incivil ? Dès cet instant, j’attribuai à ce moine le sobriquet de « Porc-épic ». Le maître d’études classiques chinoises était, comme attendu, parfaitement compassé…. Le professeur de dessin donnait, bien entendu, dans le genre artiste. Il portait un haori  (veste aux larges manches, porté sous le kimono) de soie fine et vaporeuse et jouait avec son éventail ».


Botchan va ensuite se trouver aux prises avec des élèves indisciplinés, épiant toutes ses sorties en ville ou chahutant pendant sa première nuit de surveillance.
« Les professeurs de collège devaient-ils avoir affaire partout à de tels énergumènes ? …C’en était désolant. Comment les enseignants ne sont-ils pas une denrée en voie de disparition ? ll faut qu’ils soient dotés d’une patience à toute épreuve et même peut-être d’une certaine simplicité d’esprit. »
Remarque qui est d’actualité, à un moment, où les étudiants se font de plus en plus tirer l’oreille pour passer les concours et finalement enseigner.

Botchan, qu’on pourrait qualifier de candide, est aussi aux prises avec un climat de rivalités sourdes entre les enseignants dont il fait les frais. Petite ville, petit collège, un petit monde où on s’épie pour disqualifier les autres, en particulier les nouveaux venus.  

Malgré l’écart chronologique et culturel, beaucoup d’éléments rappellent des situations à qui connaît le monde scolaire, une initiation à la vie adulte d’un jeune homme impulsif et droit et où les ennemis apparents ne sont pas ceux qu’il faut craindre.
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Message par Bédoulène Mar 19 Sep - 13:58

merci Pinky !


Dernière édition par Bédoulène le Mar 19 Sep - 19:46, édité 1 fois

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Tristram Mar 19 Sep - 15:50

De rien Pinky.

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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