NATSUME Sōseki
Page 1 sur 3 • Partagez
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
NATSUME Sōseki
Natsume Sōseki
1867 - 1916
1867 - 1916
SourceSōseki Natsume, de son vrai nom Kinnosuke Natsume, est un auteur japonais (né et mort à Tokyo) de romans et de nouvelles, représentatif de la transition du Japon vers la modernité, pendant l'ère Meiji. Il prendra comme nom de plume, en 1888 « Sōseki » (littéralement : « se rincer la bouche avec une pierre »).
Il a étudié la littérature Anglaise à l'université impériale de Tokyo, puis, durant trois ans, il étudia en Angleterre. A son retour au Japon il enseigna à son tour la littérature anglaise à l'université impériale de Tokyo. Ces études de littérature anglaise ont fait de Soseki Natsume un des premiers écrivains japonais à avoir écrit des œuvres dans lesquelles l'influence de l'écriture occidentale se fait sentir.
Auteur de nombreux essais et de plus de 2500 haïkus, c'est en 1905 qu'il connut soudainement la célébrité grâce à son roman "Wagahai wa neko de aru" (Je suis un chat), une satire sur la société Japonais de l'ère Meiji. Fort de ce succès, il se consacra exclusivement à l'écriture (laissant tomber l'enseignement).
Son livre intitulé "Kokoro" ("Cœur", dans le sens spirituel du terme), qui marque les différences générationnelles grandissantes à l'époque ou le Japon connut de grands changements (passage de l'ère Meiji à l'ère Taishô), est considéré au Japon comme son plus grand chef-d'oeuvre.
L'importance de Soseki Natsume dans l'histoire culturelle du Japon est si importante que les billets de 1000 Yens sont à son effigie et qu'aujourd'hui encore, de nombreux écrivains s'inspirent de son travail.
- Bio wikipedia:
- Natsume Kinnosuke est un enfant non-désiré pour sa mère alors âgée de 40 ans et pour son père de 53 ans.
Ces derniers ayant déjà cinq enfants, Sōseki est confié à l'âge de deux ans à un couple de serviteurs, Shiobara Masanosuke et sa femme. Il restera avec eux jusqu'à leur divorce, alors qu'il est âgé de neuf ans.
À son retour dans sa famille, il est bien accueilli par sa mère mais rejeté par son père. Sa mère meurt en 1881, alors qu'il est âgé de 14 ans, tout comme ses deux frères ainés en 1887.
Il prendra comme nom de plume, en 1888 « Sōseki » (littéralement : « se rincer la bouche avec une pierre »)2. Il s'agit des deux premiers caractères d'une expression chinoise des Anecdotes contemporaines et nouveaux propos de Liu Yiqing : shù shí zhěn liú (漱石枕流, en japonais : sōsekichinryū) signifiant littéralement : « Se rincer la bouche avec une pierre et faire de la rivière son oreiller. »
Au collège, il se passionne pour la littérature chinoise et se destine à l'écriture. Mais quand il entre à l'université de Tokyo en septembre 1884, il est obligé de commencer des études d'architecture et étudie en même temps l'anglais.
En 1887, il rencontre Masaoka Shiki qui le pousse à écrire et l'initie à la composition des haïkus. En 1890, il entre au département d'anglais de l'université de Tokyo et obtient son diplôme en 1893. Au cours de ses études, il écrit plusieurs articles, notamment sur les poètes anglais et sur le roman Tristram Shandy, de Laurence Sterne. Il commence à enseigner en 1893.
En 1895, il est nommé professeur à Matsuyama et son expérience donnera lieu dix ans plus tard à l'écriture de Botchan, puis en 1896 il part habiter et enseigner à Kumamoto (Kyûshû), où il restera quatre ans.
Le gouvernement japonais l'envoie étudier en Angleterre, d'octobre 1900 à janvier 1903. Mais il manque d'argent et passe beaucoup de temps enfermé et plongé dans des livres. De cette confrontation avec l'Occident, Sōseki laisse des textes très variés qui relatent son expérience londonienne ; certains sont empreints de rêveries historiques, d'autres particulièrement cocasses.
À son retour, il se voit confier la tâche de succéder au prestigieux Lafcadio Hearn comme lecteur de littérature anglaise à l'université de Tokyo, poste qu'il va abandonner pour se consacrer entièrement à l'écriture à partir de 1907, grâce à un contrat avec un grand journal de Tōkyō, Asahi Shinbun, pour lequel il rédige de nombreux ouvrages.
Bibliographie en français
1899 : Copeaux de bois, extraits de Bokusetsu-roku, œuvre en kanbun
1905 : Je suis un chat ; Page 1
1906 : Botchan ou Le jeune homme ; Page 2
1906 : Oreiller d'herbe ; Page 1, 2
1906 : Le 210e jour
1907 : Le mineur
1907 : Rafales d'automne
1908 : Dix rêves dans "Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines"
1909 : Petits contes de printemps ; Page 2
1909 : Sanshirô
1909 : Et puis
1910 : La porte
1910-1911 : Choses dont je me souviens
1911 : La civilisation japonaise moderne, dans Cent ans de pensée au Japon Tome I
1911 : Haltes en Mandchourie et en Corée, précédé de Textes londoniens
1907-1912 : Une journée de début d’automne
1912 : À l'équinoxe et au-delà
1913 : Le voyageur ou L'homme qui va
1907-1914 : Conférences sur le Japon de l'ère Meiji
1914 : Kokoro ou Le pauvre cœur des hommes
1914 : Mon individualisme, suivi de Quelques lettres aux amis
1915 : À travers la vitre
1915 : Les herbes du chemin ; Page 2
1916 : Clair-obscur, inachevé ; Page 1, 2
MAJ de l'index le 06/07/2021
Dernière édition par bix_229 le Dim 8 Jan - 17:03, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: NATSUME Sōseki
Je constate audjoud'hui qu'il n'y avait pas de fil pour Natsume Soseki.
L'occasion pour moi de m'adresser à Ariane et de dissiper un malentendu.
Il y avait sur Parfum de livres un connaisseur de la littérature japonaise qui n'admirait pas beaucoup Soseki. C'était un point de vue subjectif et individuel.
En fait, Soseki est admiré et apprécié en France.
Son importance ne cesse de s' étendre depuis que son oeuvre est raduite. Phénomène relativement récent.
Personnellement j'aime et j'admire beaucoup son oeuvre. Je compte au moins trois de ses romans, dont Oreiller d'herbe parmi mes préférés de la littérature japonaise contemporaine.
Soseki reste le romancier japonais que je préfère ou l'un de mes préférés. Peut-être le plus universel ou le plus proche pour un occidental...
L'occasion pour moi de m'adresser à Ariane et de dissiper un malentendu.
Il y avait sur Parfum de livres un connaisseur de la littérature japonaise qui n'admirait pas beaucoup Soseki. C'était un point de vue subjectif et individuel.
En fait, Soseki est admiré et apprécié en France.
Son importance ne cesse de s' étendre depuis que son oeuvre est raduite. Phénomène relativement récent.
Personnellement j'aime et j'admire beaucoup son oeuvre. Je compte au moins trois de ses romans, dont Oreiller d'herbe parmi mes préférés de la littérature japonaise contemporaine.
Soseki reste le romancier japonais que je préfère ou l'un de mes préférés. Peut-être le plus universel ou le plus proche pour un occidental...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: NATSUME Sōseki
J'aime beaucoup l'oeuvre de Soseki. Même si je ne place pas tous ses livres sur le même plan.
Pour moi, son oeuvre littéraire est à la fois picturale, musicale et poétique. C'est ce que l' on resssent en tout cas dans ses meilleures oeuvres..
Je trouve que Soseki a su harmonieusement intégrer la culture occidentale à la sienne.
Oreiller d'herbe est le meilleur exemple des qualités que j'ai évoquées. En plus, on y touve une intéressante réflexion sur l'art.
Ses Haikus sont un genre un peu hybrides, mais ils passent bien à la traduction.
_________________
mots-clés : #poésie
Pour moi, son oeuvre littéraire est à la fois picturale, musicale et poétique. C'est ce que l' on resssent en tout cas dans ses meilleures oeuvres..
Je trouve que Soseki a su harmonieusement intégrer la culture occidentale à la sienne.
Oreiller d'herbe est le meilleur exemple des qualités que j'ai évoquées. En plus, on y touve une intéressante réflexion sur l'art.
Ses Haikus sont un genre un peu hybrides, mais ils passent bien à la traduction.
Mon âme a la couleur de la nuit
Couleur de ténèbre
Que vient visiter la lune.
J'ai froid au coeur
Trois notes de shamisen
Inexplicablement mon coeur se glace.
Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat.
Couleur de ténèbre
Que vient visiter la lune.
J'ai froid au coeur
Trois notes de shamisen
Inexplicablement mon coeur se glace.
Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat.
_________________
mots-clés : #poésie
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: NATSUME Sōseki
(Bix. Tu serais pas en train de faire la fégniasse ? Parce que la présentation de l'auteur est un peu nazbrok)
Mordicus- Messages : 858
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Myocarde
Re: NATSUME Sōseki
Mordicus a écrit:
(Bix. Tu serais pas en train de faire la fégniasse ? Parce que la présentation de l'auteur est un peu nazbrok)
Changé mon fusil d' épaule !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: NATSUME Sōseki
(Allez, je m'occupe des finitions. Merci Grand Sachem !)
Mordicus- Messages : 858
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Myocarde
Re: NATSUME Sōseki
Clair-obscur


Parce que c'est un roman dense , à multiples interprétations ,
Parce que je ne suis pas familière de la littérature japonaise ,
parce que je ne possède suffisamment de connaissance de la culture et histoire du japon ,
Ma lecture n'apportera qu'un prisme que je ressens fortement réducteur mais malgré tous ces bémols , elle fut riche , dense , étonnante , et me porte à penser que je continuerai à poursuivre dans la découverte de l'oeuvre de Soseki .
Clair-Obscur , c'est 500 pages sur du "presque rien" .
D'intrigue , on ne retiendra que l'interminable délitement d'un couple de jeunes mariés , qui , à l'occasion d'une hospitalisation du jeune mari pour une opérations bénigne , se trouvera confronter à une avalanche de questionnements sur la fondation de leur union , sur leur sentiment ou non sentiment respectifs , sur le vrai et le faux de leur engagement .
Tout cela s'élabore dans une progression du récit d'une lenteur qui peut décourager mais nécessaire pour faire apparaitre la palette infinie de nuances à peine perceptibles dans ce qui relie et délie les personnages de ce roman . Car plus de psychologie individuelle avec des archétypes tranchés , ce que nous propose Soseki , c'est une réflexion complexe sur les interdépendances entre les êtres et les mouvements intérieurs qui en découlent . Si Nobuko et son mari Tsuda vivent une période d'incertitude au sein de leur couple les acculant à quelque introspection souvent inconsciente , l'entourage n'est pas à négliger dans l'impact , volontaire ou non qu'ils auront dans le devenir de ce couple .
Dans un enchevêtrement d'une densité et complexité soutenues , Soseki met en scène , souvent dans une forme de presque théâtralité, les va et vient du conscient et de l'inconscient , la mouvance psychique intérieure confrontée à la réalité de l'autre , l'oscillement constant entre plusieurs plans de réalité , l'insaisissabilité d'une vérité puisque toujours en déplacement dans une remise en question constante , les petites mesquineries et arrangements avec son petit quant à soi et avec les autres , les évitements qui nous rattrapent par un contour mal défini et qui nous poussent à avancer …
Dans l'art de la minutie et du détail descriptifs où rien n'est laissé au hasard , où chaque détail porteur d'un élément de connaissance ou de non connaissance dans la fuite du temps , ce roman pourtant inachevé , dissèque avec une exigence et une profondeur rare , l'inextricable complexité de l'être humain dans sa psychologie mais aussi et surtout l'impermanence de celle-ci dans son rapport au monde et aux autres .
Clair-obscur , "Je t'aime , je t'aime pas " , "je suis généreux , mais je suis égoiste ", "je suis tout et son contraire " ," je "qui surfe sur la vague dans les contradictions inconscientes .
Et aussi étrange que cela puisse paraitre , le génie de Soseki n'est pas s'en me rappeler celui d'Henry James dans leur finesse et précision d'analyse attachées aux menus détails révélateurs de la nature humaine et de ses méandres .
D'autres parts , certains personnages et leur rôle m'ont fortement rappelé les romans de Dostoïevski.
Et si parallèle je puis faire avec une forme cinématographique , je retrouve des similitudes avec l'approche de Nuri Bilge Ceylan et son chef-d'oeuvre Winter-sleep .
mots-clés : #psychologique
Dernière édition par églantine le Dim 6 Aoû - 11:25, édité 1 fois
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: NATSUME Sōseki
églantine a écrit:
Parce que je ne suis pas familière de la littérature japonaise ,
parce que je ne possède suffisamment de connaissance de la culture et histoire du japon ,
Ma lecture n'apportera qu'un prisme que je ressens fortement réducteur mais malgré tous ces bémoles , elle fut riche , dense , étonnante , et me porte à penser que je continuerai à poursuivre dans la découverte de l'oeuvre de Soseki .Clair-Obscur, c'est 500 pages sur du "presque rien" .
Cela, et la couverture, en fait un objet assez tentant (mais je crois bien que j'avais été déçue par Et puis ?).
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8240
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 63
Localisation : Roanne
Re: NATSUME Sōseki
Alors il suffit de se lancer !
Mais il faut accepter 500 pages sur "du presque rien" , avec des réflexions et un regard de chirurgien qui peut être vécu comme du "pinaillage" (Alors que si on rentre véritablement dans l'oeuvre , c'est d'une richesse infini ) . Je préfère prévenir .
Je vais essayer de poster des extraits (pfff j'ai fait la grosse flemmarde et j'ai pas souligné ce qui m'interpellait , il va falloir que j'aille à la pêche maintenant ) .
Mais il faut accepter 500 pages sur "du presque rien" , avec des réflexions et un regard de chirurgien qui peut être vécu comme du "pinaillage" (Alors que si on rentre véritablement dans l'oeuvre , c'est d'une richesse infini ) . Je préfère prévenir .
Je vais essayer de poster des extraits (pfff j'ai fait la grosse flemmarde et j'ai pas souligné ce qui m'interpellait , il va falloir que j'aille à la pêche maintenant ) .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: NATSUME Sōseki
J'ai beaucoup apprécié Oreiller d'herbes, pas seulement pour le titre, et j'ai été confronté aux mêmes manques et nébulosités de tiraillement entre orient et occident. Pourquoi y a-t-il autant de tentations, je ne suis qu'un panda moi et j'aurais bien envie de le lire un de ces jours ce Clair-obscur...

Oreiller d'herbes
Une lecture de la rubrique des imprévus, titre séduisant, envie de lire un "livre japonais", ce qui m'arrive rarement...
Un narrateur, trentaine (intermédiaire comme on dit par ici - pas dans le livre) part quelques jours au vert dans la montagne. Il est peintre, poète. A l'aube du XXe siècle il réfléchit sur l'art et sur lui même, en quête d'impassibilité. Mais le hasard de ce retour vers un grand calme met sur son chemin une jeune femme énigmatique et remarquable. Nouvelles réflexions.
On pourrait dire que ce petit récit alterne dans ses chapitres les réflexions solitaires et poétiques et les rencontres. Peinture occidentale et japonaise, littérature et poésies occidentales et japonaises. Déambulation japonaise ? Il y a un grand écart des références entre occident et culture traditionnelle japonaise (avec poèmes chinois ou écrits en chinois) et dans ce domaine, comme dans les méandres des pensées, on peut s'égarer. Le poème à venir, le tableau à venir, les bons ingrédients, le juste pas forcément milieu épuré. La quête d'une satisfaction esthétique qui mette de côté la question de l'apaisement.
Pourtant on aussi la volonté d'un roman japonais "différent", là aussi il manque des clés. Alors on compense en faisant le chemin. Facile, les faux airs de roman d'apprentissage tardif et l'humour qui va avec font sereinement leur ouvrage dans le cœur du lecteur qui s'amuse des surprises, des embarras et des contradictions qui se manifestent avec douceur.
Et puis il y a le charme inévitable de cette femme, belle et considérée comme "folle". En fait une histoire qui fait écho à d'autres plus anciennes et romanesques, un amour malheureux et une situation de divorcée, de promeneuse et l'image d'une certaine liberté font le tableau commun qui est assez loin de celui qui ne se peint toujours pas.
On ne peut pas à proprement parler de romance entre notre peintre et cette femme. Une fascination et une cohabitation un rien provocante et amusée. Des instants, des apparitions, c'est presque un rêve.
De même que les poèmes et les égarements, non sans intérêt, sur la peinture et ses sujets : l'émotion ou le détachement ? le sujet ou l'état d'esprit suscité ? De même donc que ces oppositions entre occident et orient qui se mélangent au moins partiellement. La pensée et la sensation se fondent comme deux couleurs ou deux pâtes que l'on tourne. Et le temps surtout, temps qui touche à une fin, joue son rôle, tout comme ce voyage de pas grand chose. Il n'est pas dit que toutes ces réflexions soient si importantes.
Et à la fin il y a bien une forme de résolution à l'énigme, une chute, un déclic, une illumination dirait-on s'il n'y avait une part d'obscurité. A moins que le sens ne soit dans le regard qui dépasse le voile du tableau et le rappel d'un contexte moderne ou actuel ne peut être innocent. A la fin comme avec un bon haiku il y aurait une rupture qui ne ferait qu'exhaler la saveur de ce qui vient de passer. Qui n'est pas lisse mais qui n'est pas violent, un rêve, un charme, une idée que l'on a pas saisi, une sensation envolée alors qu'on allait la reconnaître.
Pour ça, cette balade au vert et cet oreiller d'herbes on quelque chose de tranquille et reposant, embrouillant et dissolvant notre flux de pensée à nous lecteur. Et il y a, primordiale, la très juste mise en image ou mot de l'essentiel énigme esthétique de l'autre et du geste. Et d'autres petites choses, justes elles aussi.
Donc une belle découverte, une vivifiante curiosité, un plaisir reconnu de lecture et beaucoup de charme (sans sombrer dans un cliché japonisant).
Des passages plus difficiles à suivre, des clés qui manquent à la compréhension mais largement de quoi vivre/lire avec tout en l'acceptant. Et ç'a m'a dépoussiéré des souvenirs et un peu de souffle.
(Récup).
mots-clé : #creationartistique

Oreiller d'herbes
Une lecture de la rubrique des imprévus, titre séduisant, envie de lire un "livre japonais", ce qui m'arrive rarement...
Un narrateur, trentaine (intermédiaire comme on dit par ici - pas dans le livre) part quelques jours au vert dans la montagne. Il est peintre, poète. A l'aube du XXe siècle il réfléchit sur l'art et sur lui même, en quête d'impassibilité. Mais le hasard de ce retour vers un grand calme met sur son chemin une jeune femme énigmatique et remarquable. Nouvelles réflexions.
On pourrait dire que ce petit récit alterne dans ses chapitres les réflexions solitaires et poétiques et les rencontres. Peinture occidentale et japonaise, littérature et poésies occidentales et japonaises. Déambulation japonaise ? Il y a un grand écart des références entre occident et culture traditionnelle japonaise (avec poèmes chinois ou écrits en chinois) et dans ce domaine, comme dans les méandres des pensées, on peut s'égarer. Le poème à venir, le tableau à venir, les bons ingrédients, le juste pas forcément milieu épuré. La quête d'une satisfaction esthétique qui mette de côté la question de l'apaisement.
Pourtant on aussi la volonté d'un roman japonais "différent", là aussi il manque des clés. Alors on compense en faisant le chemin. Facile, les faux airs de roman d'apprentissage tardif et l'humour qui va avec font sereinement leur ouvrage dans le cœur du lecteur qui s'amuse des surprises, des embarras et des contradictions qui se manifestent avec douceur.
Et puis il y a le charme inévitable de cette femme, belle et considérée comme "folle". En fait une histoire qui fait écho à d'autres plus anciennes et romanesques, un amour malheureux et une situation de divorcée, de promeneuse et l'image d'une certaine liberté font le tableau commun qui est assez loin de celui qui ne se peint toujours pas.
On ne peut pas à proprement parler de romance entre notre peintre et cette femme. Une fascination et une cohabitation un rien provocante et amusée. Des instants, des apparitions, c'est presque un rêve.
De même que les poèmes et les égarements, non sans intérêt, sur la peinture et ses sujets : l'émotion ou le détachement ? le sujet ou l'état d'esprit suscité ? De même donc que ces oppositions entre occident et orient qui se mélangent au moins partiellement. La pensée et la sensation se fondent comme deux couleurs ou deux pâtes que l'on tourne. Et le temps surtout, temps qui touche à une fin, joue son rôle, tout comme ce voyage de pas grand chose. Il n'est pas dit que toutes ces réflexions soient si importantes.
Et à la fin il y a bien une forme de résolution à l'énigme, une chute, un déclic, une illumination dirait-on s'il n'y avait une part d'obscurité. A moins que le sens ne soit dans le regard qui dépasse le voile du tableau et le rappel d'un contexte moderne ou actuel ne peut être innocent. A la fin comme avec un bon haiku il y aurait une rupture qui ne ferait qu'exhaler la saveur de ce qui vient de passer. Qui n'est pas lisse mais qui n'est pas violent, un rêve, un charme, une idée que l'on a pas saisi, une sensation envolée alors qu'on allait la reconnaître.
Pour ça, cette balade au vert et cet oreiller d'herbes on quelque chose de tranquille et reposant, embrouillant et dissolvant notre flux de pensée à nous lecteur. Et il y a, primordiale, la très juste mise en image ou mot de l'essentiel énigme esthétique de l'autre et du geste. Et d'autres petites choses, justes elles aussi.
Donc une belle découverte, une vivifiante curiosité, un plaisir reconnu de lecture et beaucoup de charme (sans sombrer dans un cliché japonisant).
Des passages plus difficiles à suivre, des clés qui manquent à la compréhension mais largement de quoi vivre/lire avec tout en l'acceptant. Et ç'a m'a dépoussiéré des souvenirs et un peu de souffle.
(Récup).
mots-clé : #creationartistique
_________________
Keep on keeping on...
Re: NATSUME Sōseki
Tu me donnes envie de le relire Animal , je n'ai plus aucun souvenir . A part le plaisir que j'en avais retiré ! Mais je ne l'ai plus ....Il doit appartenir à une vie d'avant et j'ai du le laisser dans un de mes déménagements !
Les mots que tu emploies pour parler d'Oreiller d'herbes conviendraient aussi pour Clair-obscur quelquefois ....
Merci d'avoir posté ton com , ça me motive encore plus pour continuer avec Soseki .
Les mots que tu emploies pour parler d'Oreiller d'herbes conviendraient aussi pour Clair-obscur quelquefois ....
Merci d'avoir posté ton com , ça me motive encore plus pour continuer avec Soseki .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: NATSUME Sōseki
animal a écrit: Pourquoi y a-t-il autant de tentations, je ne suis qu'un panda moi et j'aurais bien envie de le lire un de ces jours ce Clair-obscur...
Il ne fait que 500 pages

_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8240
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 63
Localisation : Roanne
Re: NATSUME Sōseki
Merci pour vos commentaires, ça fait un moment que j'hésite à me lancer, et je ne savais pas par où commencer. Je pense plutôt tenter Clair-obscur, du coup.
Baleine- Messages : 78
Date d'inscription : 09/07/2017
NATSUME Soseki

Je suis un chat
Présentation:
"Je suis un chat. Je n'ai pas encore de nom.
Je n'ai aucune idée du lieu où je suis né".(1ere phrase du livre)
C'est chez Mr Kushami que j'ai établi mes pénates, le seul à me considérer; c'est lui qui m'a laissé entrer dans sa maison,il est mon maître.
La maîtresse m'ignore et ses trois fillettes sont des égoïstes qui hurlent pour un oui ou pour un non.
Sans parler d'O-san, la domestique, qui me pourchasse souvent; mais l'autre jour, je lui ai volé un poisson, c'était ma petite vengeance.
Mon maître est professeur d'anglais.Quand il revient de l'école, il s'enferme dans son bureau et n'en sort plus.
Tout le monde croit qu'il travaille, mais en réalité il ne fait que dormir; il en bave même sur ses livres.
Il est malade de l'estomac ce qui fait qu'il est tout le temps de mauvaise humeur mais ça ne l'empêche pas d'avoir grand appétit à l'heure des repas.
Quand je l'observe avec mes yeux de chats ainsi dormant et bavant, je me dis qu'un professeur a vraiment une vie heureuse.
Avec ses amis, Meitei et Kangetsu, ils refont le monde dans d'interminables discussions où ils font référence à plein de choses et d'hommes d'un autre monde
et je ne sais jamais si je dois les prendre au sérieux, surtout Meitei.
Ah! Avec sa suffisance, l'humain est vraiment affligeant.
Mon maître, avec ses sautes d'humeur, "a cette particularité de terminer tout ce qu'il entreprend à bout de souffle et mou comme une flèche en fin de trajectoire".
Mais n'oublions pas que la tâche n'est pas simple pour les intellectuels comme lui en cette ère Meiji.
Le respect se perd. La puissance des riches hommes d'affaires est grande. Il n'y a qu'à voir les parvenus, ces Kaneda ou le chat du garagiste !
Avec, en plus, tout ce qui nous vient de l'Occident...
Tout cela finira par "occasionner des coups de sang à mon maître, au point de lui donner un crâne chauve comme une patinoire à mouches".
Ainsi donc, c'est l'histoire de ce grand changement que je relate au travers de la vie de famille de mon maître.
Et je vous assure,.... l'humain est affligeant ! Parole de chat !
(seules les phrases entre guillemets sont extraites du livre.)
Il y a certes quelques longueurs mais Soseki l'explique très bien:
Soseki a écrit:Pour ce qui est du Chat, je n'avais pas au début l'intention d'en faire un texte aussi long, et comme je n'avais aucun plan général en tête, je comptais bien sûr en finir en une seule fois. Je ne pensais pas non plus qu'il serait si bien reçu par les lecteurs. Tout a commencé lorsque Kyoshi (le poète Takahama Kyoshi, ami de Soseki) m'a demandé d'écrire quelque chose. Je lui ai écrit ce qui est maintenant le premier chapitre, et comme il y avait juste à ce moment une petite association appelée Bunshokai, il y a emporté mon manuscrit que Samukawa Sokotsu ( poète disciple de Kyoshi) a lu devvant l'assistance. Il faut croire qu'il l'a fait avec talent, car il a été couvert d'applaudissements.[...] De son côté Kyoshi me pressait d'écrire la suite pour boucher les trous dans son magazine, et j'ai fini par produire 10, puis 11 chapitres. Mais les lecteurs, tout comme moi, commençaient à se lasser de voir l'histoire traîner l'histoire en longueur, et je m'en suis tenu là. Je ne savais pas comment terminer parce que je n'avais pas de plan général à développer, mais il me fallait bien faire quelque chose, et c'est ainsi que j'ai pris congé des lecteurs de cette façon un peu cavalière.
Néanmoins, on est dans le ton satirique, certaines scènes sont dignes du kabuki.
Quand on pense aussi à l'époque où le texte a été écrit, Je suis un Chat est la preuve que les Japonais ont de l'humour.
Dernière édition par Cliniou le Lun 28 Mai - 14:10, édité 3 fois
Cliniou- Messages : 914
Date d'inscription : 06/12/2016
Age : 52
Re: NATSUME Sōseki
Ah, tu attises mes regrets de ne pouvoir le lire. L'édition Gallimard est illisible pour moi...
_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 42
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: NATSUME Sōseki
C'est le gros problème de cette édition. J'ai franchement eu du mal, sans parler des nombreuses lignes que je sautais ou que je relisais.
Très déplaisant. Franchement, gallimard devrait songer à l'éditer en 2 volumes pour aérer. De plus, le livre a fini par se casser.
Bref, heureusement que la qualité du texte est à l'opposé de la qualité de l'édition.
Très déplaisant. Franchement, gallimard devrait songer à l'éditer en 2 volumes pour aérer. De plus, le livre a fini par se casser.
Bref, heureusement que la qualité du texte est à l'opposé de la qualité de l'édition.
Cliniou- Messages : 914
Date d'inscription : 06/12/2016
Age : 52
Re: NATSUME Sōseki
Oui ...
C'est jubilatoire à certains moments .
Publié au départ dans un journal au fil des épisodes et de la fantaisie de l'auteur , on ressent quand même fortement une absence de construction , il faut l'appréhender donc en se laissant porter sans chercher à embrasser une forme romanesque et butiner ...Butiner pour ma part avec un demi-sourire face à l'auto-dérision de Soseki ( petite caricature de lui-même dans le personnage du maître ) mais j'avoue qu'il m'a manqué des clés culturelles pour percevoir toutes les subtilités de ce texte et l'érudition référentielle .
Replacer dans son contexte historique néanmoins l'occidentale que je suis, perçoit très bien ce que souligne Soseki dans l'inéluctabilité du basculement des valeurs traditionnelles nippones vers une assimilation occidentale .
C'est jubilatoire à certains moments .
Publié au départ dans un journal au fil des épisodes et de la fantaisie de l'auteur , on ressent quand même fortement une absence de construction , il faut l'appréhender donc en se laissant porter sans chercher à embrasser une forme romanesque et butiner ...Butiner pour ma part avec un demi-sourire face à l'auto-dérision de Soseki ( petite caricature de lui-même dans le personnage du maître ) mais j'avoue qu'il m'a manqué des clés culturelles pour percevoir toutes les subtilités de ce texte et l'érudition référentielle .
Replacer dans son contexte historique néanmoins l'occidentale que je suis, perçoit très bien ce que souligne Soseki dans l'inéluctabilité du basculement des valeurs traditionnelles nippones vers une assimilation occidentale .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: NATSUME Sōseki
Oreiller d’herbes

Promenade songeuse en « quête d’impassibilité » (idée de n’être pas susceptible de souffrance, ne donner aucun signe de trouble, de calme, imperturbabilité, voire immobilité, et même zen ?), délicieuse relation d’un ton bonhomme, délicatement empreinte d’humour autodérisoire.
J’ai particulièrement apprécié le beau passage du marivaudage du peintre-narrateur avec la jeune femme, jusqu’au léger tremblement de terre, et le retour du thème d’Ophélie flottant (chapitre IX). Extraits :
Cela m’a aussi ramentu La Montagne de l'Âme, de Gao Xingjian (qui a un fil sur le forum, et que je recommande à l'occasion).

Promenade songeuse en « quête d’impassibilité » (idée de n’être pas susceptible de souffrance, ne donner aucun signe de trouble, de calme, imperturbabilité, voire immobilité, et même zen ?), délicieuse relation d’un ton bonhomme, délicatement empreinte d’humour autodérisoire.
J’ai particulièrement apprécié le beau passage du marivaudage du peintre-narrateur avec la jeune femme, jusqu’au léger tremblement de terre, et le retour du thème d’Ophélie flottant (chapitre IX). Extraits :
Les détectives « qui comptent vos pets » renvoient à ce que Sôseki exècre dans le changement civilisationnel de l’ère Meiji (la foule citadine, le train bruyant, etc.) ; c’est pourquoi aussi il retourne se ressourcer dans ce village épargné :« Si vous voulez, je pourrai tomber amoureux de vous. Ce sera encore plus intéressant. […]
‒ Alors donc un peintre est quelqu’un qui tombe amoureux de façon inhumaine.
‒ Pas inhumaine, mais impassible. Et quand on lit un roman avec impassibilité, on se moque de l’intrigue. J’ouvre le livre au hasard comme je tirerais au sort et je lis la page qui me tombe sous les yeux et c’est là ce qui est intéressant.
‒ En effet, ça a l’air intéressant. Alors, racontez-moi un peu le passage que vous étiez en train de lire. J’aimerais savoir jusqu’à quel point c’est intéressant.
‒ C’est tout gâcher que d’en parler. C’est pareil pour la peinture : si on la raconte, elle perd toute sa valeur. […]
‒ Les romans ordinaires sont tous inventés par des détectives. Comme ils n’ont rien d’impassible, ils n’ont aucun charme. »
« La vertu de la nature dépasse de loin ce monde de poussière et instaure une impartialité absolue en toutes choses. »
Le titre si évocateur viendrait « de la poésie japonaise classique : l’oreiller rempli de certaines herbes servait à protéger contre les mauvais esprits dans une auberge », dixit http://nicole-giroud.fr/oreiller-herbe-voyage-poetique-3641« J’ai posé mes paisibles fesses sur un coussin d’herbes. »
Cela m’a aussi ramentu La Montagne de l'Âme, de Gao Xingjian (qui a un fil sur le forum, et que je recommande à l'occasion).
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15070
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 66
Localisation : Guyane
Re: NATSUME Sōseki
j'aimerai bien, de temps en temps, trouver l'impassibilité !
merci Tristram
merci Tristram
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20194
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains d'Asie
Page 1 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|