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Federico Garcia Lorca

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Message par Invité Mar 22 Aoû - 13:38

Federico Garcia Lorca
(1898-1936)


poesie - Federico Garcia Lorca 10003210

Federico García Lorca est un poète et dramaturge espagnol, également peintre, pianiste et compositeur, né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros près de Grenade et assassiné le 19 août 1936 entre Viznar et Alfacar par des milices franquistes.

Après ses études secondaires, García Lorca fréquente l'Université du Sacré-Cœur. Son premier livre, Impresiones y Viajes (1919) a été inspiré par un voyage en Castille avec sa classe d'art en 1917. En 1919, García Lorca se rend à Madrid, où il restera les quinze prochaines années. Renonçant aux études universitaires, il se consacre entièrement à son art. Il organise des représentations théâtrales, des lectures publiques de ses poèmes, et recueille de vieux chants populaires. Pendant cette période García Lorca écrit El Maleficio de La Mariposa (1920), qui fit grand scandale, Libro de poemas (1921), un recueil de poèmes à partir du folklore espagnol. Une grande partie du travail de García Lorca montre son intérêt pour les traditions populaires ainsi que pour le flamenco et la culture tzigane.

En 1922, García Lorca a organisé le premier "Cante Jondo", fête à laquelle participent les plus célèbres chanteurs et guitaristes espagnols. Dans les années 20, de plus en plus impliqué dans l'avant-garde, García Lorca découvre le Surréalisme et devient membre du groupe d'artistes Generación del 27, qui comprend notamment Salvador Dalí et Luis Buñuel. En 1928, son livre de poésie, Romancero Gitano, lui donne une renommée considérable. Les années 20 sont également celles de sa grande dépression, dont son homosexualité de moins en moins aisée à cacher est sans doute à l'origine.

En 1929, García Lorca arrive à New York, et très vite il s'éprend d'Harlem, les négro-spirituals afro-américains qui lui rappellent les "chansons profondes" d'Espagne.  

En 1930, après la chute du dictateur Miguel Primo de Rivera, il retourne en Espagne après la proclamation de la République espagnole et participe au deuxième congrès ordinaire de l'Union fédérale des étudiants hispaniques en novembre 1931. Le congrès a décidé de construire une "Barraca" (théâtre étudiant subventionné) dans le centre de Madrid où pourront être produites des pièces importantes pour le public, dont certaines des propres pièces de Garcia Lorca , y compris ses trois tragédies grand Bodas de sangre (1933), Yerma (1934), et La Casa de Bernarda Alba (1936).

En 1936, García Lorca séjourne à Callejones de García , sa maison de campagne, au moment du déclenchement de la guerre civile. Il est arrêté par des soldats franquistes anti-républicains, et le 17 ou le 18 août, après quelques jours de prison, García Lorca est battu, et son corps est criblé de balles. Son corps est jeté dans une fosse commune à Viznar. Ses livres sont brûlés sur la Plaza del Carmen de Grenade et bientôt interdits dans l'Espagne de Franco.

source wikipédia + Le salon littéraire

Bibliographie en français :

Théâtre

Le Maléfice du papillon, écrit en 1919-20, création en 1920
La Savetière prodigieuse, écrit en 1926-30, création en 1930
Les Amours de Don Perlimpín avec Belise en son jardin, écrit en 1928, création en 1933
Noces de sang, écrit en 1932, création en 1933
Yerma, écrit en 1934, création en 1934
Doña Rosita, la célibataire, écrit en 1935, création en 1935
Le Jeu de Don Cristóbal, écrit en 1931, création en 1935
Le Guignol au gourdin, écrit en 1928, création en 1937
Lorsque cinq ans seront passés, écrit en 1931, création en 1945
La Maison de Bernarda Alba, écrit en 1936, création en 1945
Le Public, écrit en 1930-1936, création en 1972
Le Songe de la vie (écrit en 1936, création en 1986)

Poésie

Impressions et paysages, 1918
Livre de poèmes, 1921
Poème du cante jondo, 1921
Chansons, 1922
Ode à Salvador Dalí, 1926
Romancero gitan, 1928
Poète à New York, écrit autour de 1930, publié en 1940
Chant funèbre pour Ignacio Sánchez Mejías, 1935
Six poèmes galiciens, 1935
Premières chansons, 1936
Divan du Tamarit, 1936
Sonnets de l’amour obscur, 1936


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Message par Invité Mar 22 Aoû - 13:45

Le grand poète et dramaturge de la première moitié du XXème.
Parti trop tôt, assassiné lors de la guerre d'Espagne.
Il nous a laissé de belles choses.
Son Romancero Gitano, ode aux gitans, aux vagabonds.

Et un théâtre que je commence à découvrir.

La maison de Bernarda Alba (1936):

poesie - Federico Garcia Lorca Produc11
Une des dernières pièces avant de mourir.
Un témoignage d'une époque, la photographie d'un monde qui va peu à peu disparaître.
Et tant mieux, au vu du paysage que nous dresse l'auteur :
poids de la religion, paralysie face au regard des autres (vous me direz que ça n'a pas disparu ! )
Mais enfin, ça semble tout de même loin cette pièce :
Une matriarche qui tient ses filles d'une main de fer, qui ne veut les offrir à personne.
Les rapports sont âpres, la tension omniprésente.


mots-clés : #théâtre


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Message par Chamaco Mar 22 Aoû - 15:10

La femme adultère
Federico Garcia Lorca

A Lydia Cabrera y a su negrit

Je la pris près de la rivière
Car je la croyais sans mari
Tandis qu’elle était adultère
Ce fut la Saint-Jacques la nuit
Par rendez-vous et compromis
Quand s’éteignirent les lumières
Et s’allumèrent les cri-cri
Au coin des dernières enceintes
Je touchai ses seins endormis
Sa poitrine pour moi s’ouvrit
Comme des branches de jacinthes
Et dans mes oreilles l’empois
De ses jupes amidonnées
Crissait comme soie arrachée
Par douze couteaux à la fois
Les cimes d’arbres sans lumière
Grandissaient au bord du chemin
Et tout un horizon de chiens
Aboyait loin de la rivière

Quand nous avons franchi les ronces
Les épines et les ajoncs
Sous elle son chignon s’enfonce
Et fait un trou dans le limon
Quand ma cravate fût ôtée
Elle retira son jupon
Puis quand j’ôtai mon ceinturon
Quatre corsages d’affilée
Ni le nard ni les escargots
N’eurent jamais la peau si fine
Ni sous la lune les cristaux
N’ont de lueur plus cristalline
Ses cuisses s’enfuyaient sous moi
Comme des truites effrayées
L’une moitié toute embrasée
L’autre moitié pleine de froid
Cette nuit me vit galoper
De ma plus belle chevauchée
Sur une pouliche nacrée
Sans bride et sans étriers

Je suis homme et ne peux redire
Les choses qu’elle me disait
Le clair entendement m’inspire
De me montrer fort circonspect
Sale de baisers et de sable
Du bord de l’eau je la sortis
Les iris balançaient leur sabre
Contre les brises de la nuit
Pour agir en pleine droiture
Comme fait un loyal gitan
Je lui fis don en la quittant
D’un beau grand panier à couture
Mais sans vouloir en être épris
Parce qu’elle était adultère
Et se prétendait sans mari
Quand nous allions vers la rivière

Federico Garcia Lorca, extrait de « El Romancero Gitano »
Traduction Jean Prévost

mots-clés : #poésie


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Message par Tristram Mar 22 Aoû - 17:04

Je le connaissais dans cette traduction, Chamaco :

« Ni jasmins  ni coquillages
ne sont aussi fins que sa peau,
ni les cristaux sous la lune
ne brillent d'un tel éclat.
Ses cuisses glissaient sous moi
comme des poissons surpris,
à demi pleines de feu,
à demi pleines de froid.
Cette nuit-là je connus
ma chevauchée la plus belle
sur une pouliche de nacre
sans bride et sans étriers »

Un autre :

« Sous l'eau
restent les paroles.
Sur la coiffure de l'eau,
un cercle d'oiseaux et de flammes.
Et parmi les roseaux,
des témoins qui savent l'absence.
Songe figé sans boussole
dans le bois d'une guitare. »
Federico Garcia Lorca, « Don Pedro à cheval », « Romancero gitano »

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Jack-Hubert Bukowski Mer 23 Aoû - 9:38

Federico Garcia Lorca manque toujours à ma culture. J'ai pris le temps de chercher des extraits de poèmes sur quelques sites vu que je n'ai toujours pas un livre de lui... c'est l'excuse idéale pour faire des découvertes comme je viens d'en faire...

Saint Gabriel


Un beau jeune homme de joncs

épaules larges, taille fine,



épaules larges, taille fine,

son teint est de nocturne pomme,

ses yeux grands et sa bouche triste,

il a le nerf d'argent brûlant

et il bat le pavé désert.



Et il bat le pavé désert

De ses souliers de cuir vernis,

il casse les dahlias de l'air,

avec les deux rythmes que chantent

des deuils rapides et célestes.



Saint Gabriel,

sur le rivage de la mer

il n'est de palmier qui l'égale,

aucun empereur couronné

ni aucune étoile fugace



Lorsque sa tête est inclinée

sur sa poitrine de jaspe



sur sa poitrine de jaspe

lorsque sa tête est inclinée

sur sa poitrine de jaspe

la nuit est en quête de plaines

car elle veut s'agenouiller.



Car elle veut s'agenouiller.

On entend des guitares seules,

pour l'archange saint Gabriel

qui est un ennemi des saules

et un dresseur de tourterelles



Saint Gabriel,

l'enfant pleure

dans le ventre de sa mère

Ne va pas oublier l'habit

car les gitans te l'ont offert.



Anunciación de los Reyes,

bien constellée et mal vêtue



bien constellée et mal vêtue

Et les étoiles de la nuit

se sont transformées en clochettes.

Saint Gabriel : me voici donc

avec trois épines de joie.




Ton éclat ouvre des jasmins

sur mon visage qui flamboie

ton éclat ouvre des jasmins.

Anunciación, je te salue,

glorieuse brune du prodige.



Saint Gabriel,

pour t'y asseoir je fais en rêve

de petits œillets un fauteuil.

Anunciación, je te salue,

bien constellée et mal vêtue



Ton fils aura sur la poitrine

un grain de beauté, trois blessures



Petit Gabriel de mon cœur !



Je sens au fond de mes deux seins

le lait tiède déjà naissant.

Anunciación, je te salue,

tu es mère de cent lignages.



Tu es mère de cent lignages.

L'enfant chante alors dans le sein

d'Anunciación toute surprise.

Trois projectiles vert amande

dans sa petite voix qui vibre.



Saint Gabriel,

haut dans les airs

grimpait déjà sur une échelle

et les étoiles de la nuit

sont devenues des immortelles.

Poèmes traduits par Line Amselem sous le titre
« Complaintes gitanes ». Editions Allia, Paris, 2003.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Mer 25 Oct - 10:45

Poème du chant profond :

Dans un premier temps, j’ai lu Le romancero gitan. Puis, j’ai fait cette rencontre avec Poème du chant profond qui est à mon sens intéressant d’un point de vue de reconnaissance poétique. J’y ai reconnu certains accents poétiques de Patrice Desbiens qui est l’un des poètes emblématiques de ma quête. Dans ce recueil, Federico Garcia Lorca passe sur le mode de la poésie brève.

«Les six cordes»

La guitare
fait pleurer les songes.
Le sanglot des âmes
perdues
s'échappe par sa bouche
ronde.

Et comme la tarentule,
elle tisse une grande étoile
pour chasser les soupirs
qui flottent dans sa noire
citerne de bois.

D'autre part, Garcia Lorca peut nous glacer le sang :

«Poignard»

Le poignard
traverse le cœur
comme le soc
le sol aride.

            Non.
     Ne me l’enfonce pas.
            Non.

Le poignard,
comme un rayon de soleil
brûlant les ravins
terribles.

            Non.
      Ne me l’enfonce pas.
            Non.

Le poète andalou ressent bien les affres de quelque rencontre :

«Rencontre»

Ni toi ni moi
ne sommes prêts pour
la rencontre.
Toi, tu sais la raison.
Moi, je l’ai tant aimée!
Va sur ta route, va.
J’ai dans les mains
la trace
des clous.
Ne vois-tu pas
comme mon sang s’écoule?
Ne te retourne jamais,
va doucement
et comme moi, prie
saint Gaétan.
Ni toi ni moi, non,
ne sommes prêts
pour la rencontre.

(suite à venir)
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Message par Jack-Hubert Bukowski Mer 25 Oct - 10:50

Quand je vous parlais du poète Desbiens, il y a un autre poème de Federico Garcia Lorca qui me fait penser à certaines de ses figures poétiques :

«Trois villes»

Chanson malaguène

La mort
entre et sort
de la taverne.

Passent des noirs cheveux,
des gens sinistres
par les chemins en creux
de la guitare.

Comme une odeur de sel,
de sang de femme
sur les jasmins fébriles
de la jetée.

La mort
entre et sort,
et sort et entre
la mort
de la taverne.

Dans le cas du poème à venir, il faut reconnaître que Garcia Lorca sait bien se draper d'un certain mystère :

«Poème de la sigurya gitane»

Paysage

Le champ
d’oliviers
s’ouvre et se ferme
comme un éventail.
Sur l’oliveraie
Un ciel qui s’effondre
et l’obscure pluie
des étoiles froides.
Aux rives du fleuve
le jonc tremble et l’ombre.
Un vent gris se plisse.
Les oliviers,
lourds
de cris.
Une foule
d’oiseaux captifs
et leurs queues qui bougent,
longues dans le noir.

On ne pourra pas dire qu'il nous a pas prévenus :

«Le silence»

Entends le silence, mon fils.
C’est un silence qui ondule,
un silence
où les vallées glissent et les échos,
puis il courbe les fronts
jusqu’à terre.

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Message par Bédoulène Mer 25 Oct - 14:39

merci Jack ! un coup de coeur pour le silence, et j'aime "Un vent gris se plisse"

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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 6 Jan - 10:46

J'ai pris le temps de noter quelques poèmes de Garcia Lorca :

«Nocturne»

Je suis effrayé
Par les feuilles mortes
Et j'ai peur des prés
Baignés de rosée.
Je vais m'endormir.
Si tu ne m'éveilles,
Tu trouveras à tes côtés mon coeur glacé.

Qu'est-ce qui résonne
Au loin?
Amour. Le vent sur les verrières,
Mon amour!

J'ai mis à ton cou
Des gemmes d'aurore.
Pourquoi me laisser
Au bord du chemin?
Si tu m'abandonnes,
L'oiseau va pleurer,
Et la vigne verte
Restera sans vin.

Qu'est-ce qui résonne
Au loin?
L'amour. Le vent sur les verrières.
Mon amour!

Tu ne sauras point,
Mon beau sphinx de neige,
Avec quelle ardeur
Je t'aurais chéri
Au petit matin,
Lorsqu'il pleut si fort
Que sur l'arbre sec
se défait le nid!

Qu'est-ce qui résonne
Au loin?
L'amour. Le vent sur les verrières,
Mon amour!

Je voudrais mentionner la prose du texte «Le village tranquille». Il y a des choses qui reviennent sur le plan des thématiques et des motifs poétiques propres à Federico Garcia Lorca. Il faut quand même les observer et les apprécier. L'extrait fait trois pages, donc je vous invite à la lecture de l'extrait présent dans Poésies I. On retrouve ce texte dans l'ensemble Mon village.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Ven 11 Jan - 10:04

Garcia Lorca a bien écrit dans ce premier recueil. Il y a notamment un poème qui m'interpelle beaucoup dans la mesure où il rejoint ma vision. Je vous ai cité «Nocturne». Le poème précédent, «Rythme d'automne» qui fait presque 4 pages, rejoint un peu la manière que j'ai tendance à joindre les métaphores à l'émotion qu'elles suscitent. Il y a une belle harmonie entre la nature, les émotions et l'invocation à un Dieu, à un destin plus. La métaphore religieuse ne prédomine pas cependant, et il y a plus l'expression d'un lyrisme et d'un avenir neuf. Garcia Lorca a travaillé ses accès de tristesse et les a bien médités pour en faire quelque chose de fort.
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Message par Chamaco Ven 11 Jan - 11:37

Dans "Polisseur d'étoiles"

L’OMBRE DE MON ÂME


L’ombre de mon âme

Fuit dans un couchant d’alphabets,

Brouillard de livres

Et de mots.

L’ombre de mon âme !

J’ai atteint la ligne où cesse

La nostalgie,

Où la goutte de pleur se transforme,

Albâtre d’esprit.

(L’ombre de mon âme !)

C’en est fini

Du flocon de la douleur,

Mais il reste la raison et la substance

De mon vieux midi de lèvres,

De mon vieux midi

De regards.


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Message par bix_229 Ven 11 Jan - 15:52

L'HOMME BRISÉ

Le vingt-cinq du mois de Juin,
on vint prévenir Amargo ;
Tu peux couper, si tu veux,
les lauriers-blancs de ta cour.
Peins une croix sur ta porte
et mets au-dessous ton nom,
car la ciguë et I'ortie
naîtront bientôt de tes flancs
et des pointes de chaux vive
déchireront tes souliers.
Ce sera dans la nuit noire,
parmi les monts aimantés
où les bœufs de la rivière
boivent des joncs dans leur rêve.
Commande lampes et cloches.
Apprends à croiser les mains
et ä goûter les vents froids
des métaux et des rochers,
Car tu seras dans deux mois
raide mort et enterré.

Une épée de nébuleuse
s'élève au poing de Saint-Jacques
et des flancs du ciel cambré
ruisselle un silence grave.


Le vingt-cinq du mois de Juin
il avait les yeux ouverts
et le vingt-cinq du mois d'Août
il gisait pour les fermer
.


Chansons gitanes. - Seghers
Traduction Armand Guibert


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Message par Aventin Sam 12 Jan - 7:30

@Jack-Hubert: Par "Chant Profond" bien entendre Cante Jondo, indissociable de la source flamenca.

Ci-dessous, on déguste le rendu mouillé des allitérations en ll (la lettre ll, qui se prononce "éllié" qu'on nommait elle et qui se nomme à présent ele à ce qu'il paraît -depuis 2010).
Le seul indice chromique blanc -neige et camélias, pureté et brièveté temporelle, contraste doux avec la rocaille des "r"...


La Guitarra

Empieza el llanto
de la guitarra.
Se rompen las copas
de la madrugada.
Empieza el llanto
de la guitarra.
Es inutil
callarla.
Es imposible
callarla.
Llora monotona
como llora el agua,
como llora el viento
sobre la nevada.
Es imposible
callarla.
Llora por cosas
lejanas.
Arena del Sure caliente
que pide camelias blancas.
Llora flecha sin blanco,
la tarde sin manana,
y el primer pajaro muerto
sobre la rama.
Oh guitarra!
Corazon malherido
por cinco espadas.


La Guitare

Commence le pleur
De la guitare.
De la prime aube
Les coupes se brisent.
Commence le pleur
De la guitare.
Il est inutile de la faire taire.
Il est impossible
De la faire taire.
C’est un pleur monotone,
Comme le pleur de l’eau,
Comme le pleur du vent
Sur la neige tombée.
Il est impossible
De la faire taire.
Elle pleure sur des choses
Lointaines.
Sable du Sud brûlant
Qui veut de blancs camélias.
Elle pleure la flèche sans but,
Le soir sans lendemain,
Et le premier oiseau mort
Sur la branche.
Ô guitare !
Ô cœur à mort blessé
Par cinq épées.
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Message par Tristram Sam 12 Jan - 11:26

Merci Aventin !

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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 20 Jan - 11:00

Tardivement, je te remercie Aventin. Tu comprends où j'en suis dans un parcours toujours en cours. Garcia Lorca est un passage obligé chez les poètes.
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Message par Aventin Jeu 28 Fév - 19:35

Jack-Hubert Bukowski a écrit:Tu comprends où j'en suis dans un parcours toujours en cours. Garcia Lorca est un passage obligé chez les poètes.
Oui, je comprends ça, Jack-Hubert.
Petit laïus, sans doute superfétatoire et lassant pour les hispanisants du forum, mais pour ceux qui ne le sont pas ça permet de distribuer quelques petites choses facilitant la lecture de Lorca:

Le Romance est une forme poétique traditionnelle en Espagne, ancienne, médiévale mais encore vivace à l'époque de Lorca.
Le Romancero Gitano épouse les impératifs du Romance: des vers octosyllabes, uniquement rimés au vers pairs (tous les seize mètres - ce qui, au fond, nous donne un hexamètre).
Attention, c'est une rime assonancée, les consonnes ne comptent pas, seules importent les deux dernières voyelles.
Là-dessus se greffe l'accent tonique, à mettre impérativement en espagnol sur l'avant-dernière syllabe de chaque mot.
Sauf si, par indication d'un ' sur la voyelle, l'accent tonique est à placer sur une autre syllabe dans le mot - c'est par exemple le cas de agónica dans le poème ci-dessous.
Donc la première des deux voyelles de la rime est plus "forte" que la finale, la seconde.

On arrive à cette poésie assez narrative et à bercement très régulier - théoriquement un poème Romance peut être continué ad libidum, au gré des fantaisies, des improvisations du narrateur. S'y mêle chez Lorca, dans le Romancero Gitano, l'inspiration Flamenca.
Je ne suis pas éloigné de croire que la ponctuation, dans une certaine mesure (c'est le cas de le dire !) nous donne le toque (le jeu, au sens musical), y compris parfois le golpe percussif (le coup de paume ou de doigt-s- sur la table d'harmonie de la guitare); en l'occurrence pas trop dans le poème ci-dessous pour ce qui est du golpe, mais c'est je trouve très net dans l'un de mes deux ou trois poèmes préférés du Romancero Gitano, le Romance sonámbulo, poème peut-être un peu long pour figurer entier dans un message de forum (encore que..., bref, nous en reparlerons...peut-être)...  





Muerto de Amor (publié dans le Romancero Gitano)


Muerto de Amor
                                 A Margarita Manso

¿Qué es aquello que reluce
por los altos corredores?

Cierra la puerta, hijo mío;
acaban de dar las once.

En mis ojos, sin querer,
relumbraban cuatro faroles.

Será que la gente aquella
estará fraguando el cobre.

Ajo de agónica plata
la luna menguante, pone
cabelleras amarillas
a las amarillas torres.

La noche llama temblando
al cristal de los balcones,
perseguida por los mil
perros que no la conocen,
y un olor de vino y ámbar
viene de los corredores.

Brisas de caña mojada
y rumor de viejas voces
resonaban por el arco
roto de la medianoche.

Bueyes y rosas dormían.
Sólo por los corredores
las cuatro luces clamaban
con el furor de San Jorge.

Tristes mujeres del valle
bajaban su sangre de hombre,
tranquila de flor cortada
y amarga de muslo joven.

Viejas mujeres del río
lloraban al pie del monte
un minuto intransitable
de cabelleras y nombres.

Fachadas de cal ponían
cuadrada y blanca la noche.
Serafines y gitanos
tocaban acordeones.

Madre, cuando yo me muera,
que se enteren los señores.
Pon telegramas azules
que vayan del Sur al Norte.

Siete gritos, siete sangres,
siete adormideras dobles
quebraron opacas lunas
en los oscuros salones.

Lleno de manos cortadas
y coronitas de flores,
el mar de los juramentos
resonaba no sé dónde.

Y el cielo daba portazos
al brusco rumor del bosque,
mientras clamaban las luces
en los altos corredores.



Mort d'amour
                     A Margarita Manso




Que voit-on briller là-bas
sur les balcons haut-perchés ?
Ferme la porte, mon fils,
j’entends onze heures sonner.
Dans mes yeux, sans le vouloir,
quatre lanternes reluisent.
Ce sont ces gens-là sans doute
en train d’astiquer les cuivres.

*

Gousse d’ail, métal mourant,
la lune qui décroît pose
une jaune chevelure
sur des tours de couleur jaune.
Toute tremblante, la nuit
frappe aux carreaux des fenêtres,
poursuivie par mille chiens
qui n’ont pu la reconnaître
et l’odeur du vin et d’ambre
venue des balcons pénètre.

*

Des vents de roseaux mouillés
et des bruits de voix vieillies,
résonnaient ensemble sous
l’arc brisé de la minuit.
Les bœufs dormaient et les roses.
Seules aux balcons alors
les quatre lueurs criaient
furieuses comme saint Georges.
Les femmes de la vallée
traînaient leur sang d’homme, tristes.
Sang calme de fleur coupée
et amer de jeune cuisse.
De vieilles femmes du fleuve
gémissaient au pied du mont
un instant infranchissable
de chevelures et noms.
La nuit est carrée et blanche
aux façades des maisons.
Des séraphins, des gitans
jouaient de l’accordéon.
Mère, quand je serai mort,
fais-le dire à ces messieurs,
préviens-les du Sud au Nord
par des télégrammes bleus.
Sept hurlements, sept saignées,
sept pavots à double sphère,
dans les salons ténébreux
d’opaques miroirs brisèrent.
Pleine de mains à couper,
de fleurettes en couronnes,
la mer de tous les serments
je ne sais où roule et sonne.
Et le ciel claquait les portes
au bruit du bois bousculé
lorsque criaient les lueurs
sur les balcons haut-perchés.

Traduction de Line Amselem

Une autre traduction dans la vidéo ci-dessous.
Pour ce qui est de l'interprétation, c'est ... trop déclamé, théâtral de diction à mon goût, trop "plat" aussi: le piège de la poésie traduite ne justifie pas tout, le relief, les vibrations, la chaleur sont dans la première vidéo...
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Message par Nadine Sam 2 Mar - 12:42

J en avais vu un film, @arturo, de la maison de Bernarda Alba, oui, suffoquant...
Vous nous avez mis des merveilleux extraits, merci, j ai adoré Lorca , du temps de mes etudes au lycee, en espagnol. C est toujours très beau.
Et je vous recommande le film de Saura, Noces de sang, avec Christina Hoyos et Antonio Gadès, de grands danseurs flamenco.

@JHB, si tu trouves ce film sur le net, regarde le, ce n est pas gênant je crois que le son soit inaccessible , la beauté de cette danse est très bien dramatisée et le drame du texte de Lorca est bien traduit . Une histoire magnifique. Enfin, c'est une autre approche, qui disons illustre bien ce que Lorca sait saisir, une certaine essence , un rapport au monde âpre.

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Message par Nadine Sam 2 Mar - 12:46

(En plus pour le coup, le flamenco c'est une musique qui est tres etroitement liée au geste, imagine simplement que dés qu'un geste se fait rapide et ferme, ce sont des mains qui tapent (les "palmas", frapper des mains accompagne toutes les danses. quand c'est très fort et que ça marque un moment, souvent la danse se fige comme une parade d'oiseau) et souvent la guitare à ce moment là est saccadée aussi, rapide et forte, tu as sentis ça certainement en en touchant, ça vibre fort. Je ne connais pas une danse plus etroitement illustrative du rythme avant tout.
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Message par bix_229 Sam 2 Mar - 13:16

"Je ne connais pas une danse plus etroitement illustrative du rythme avant tout."

Il y a aussi les tap dancers, genre Bill Robinson.


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Message par Jack-Hubert Bukowski Sam 4 Mai - 10:41

Je prends le temps de vous remercier tous les deux, Nadine et Bix... il y a sûrement des choses avec du rythme et je ne les connais pas encore toutes. Il y a aussi un rythme particulier qu'on peut percevoir quand nous prenons le temps d'écouter - et sentir - le rythme de la danse à claquettes particulière des Îles-de-la-Madeleine. Il y aurait des variantes, mais on les désigne surtout comme faisant partie du patrimoine des Acadiens qui sont les ancêtres communs des francophones qui vivent au Canada français et au Québec.

Il y a une coopérative tenue par Cindy Mae. Il semble bien qu'elle fasse partie des connaissances de ma copine. Je ne le jurerais pas sur le feu par exemple... vous pouvez consulter des choses sur Internet.

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