Lectures de juin 2020

A rebours, Huysmans

Je n'en reviens pas J'étais en train d'y penser en parlant d'Unamuno. J'ai en horreur les personnages d'esthètes, et je remarquais qu'il fallait la puissance et la finesse éblouissantes de l'écriture de Huysmans pour me le faire avaler !

J'ai lu ce matin le fil, je suis curieuse de me frotter à vos visions croisées. A bientôt

Quasimodo a écrit:Quasimodo le lecteur déteste ce livre, et Quasimodo l'étudiant l'apprécie.

La forme et le fond ?

Nadine a écrit:A rebours, Huysmans

Esthète peut-être, mais quelle puissance évocatrice !

Tristram a écrit:

Quasimodo a écrit:Quasimodo le lecteur déteste ce livre, et Quasimodo l'étudiant l'apprécie.

La forme et le fond ?

Je ne sais pas, ni l'un ni l'autre ne m'avaient plu à la lecture.
(Je l'ai drôlement défiguré, à l'étude, le fond )

par obligé qu'ils soient en accord Quasi ! un autre livre ?

Quasimodo a écrit:Curieuse découverte, arrivé au bout d'un devoir sur Brouillard de Miguel de Unamuno.
Quasimodo le lecteur déteste ce livre, et Quasimodo l'étudiant l'apprécie.

Dr Quasi et Mr Hyde ? 

Pour une appréhension plus équtable de Unamuno, Quasi, il te faudrait lire Le Sentiment tragique de la vie et On Don Quichotte.

Don Miguel de Unamuno est un des personnages les plus espagnols et par là un des hommes les plus « quichottesques » qui aient vécu à la fin du xixe siècle et au début du xxe ». Sa passion pour Don Quichotte n’est guère étonnante. C’est une passion vivante, « d’homme en chair et en os », éloignée de l’érudition froide et de la critique intellectualiste. Unamuno n’est pas du tout un « cervantiste » mais un « quichottiste ». Pour lui, le Chevalier de la Manche échappe vite à la plume de son créateur qui, trop à ras de terre, n’aurait pas suivi la magnifique envolée de sa créature. Don Quichotte a une existence propre, indépendante de l’œuvre de Cervantès. Unamuno, sans se soucier de créer un système philosophique, a écrit les pages les plus vigoureuses peut-être de la pensée espagnole contemporaine et son interprétation de l’œuvre de Cervantès n’est que l’occasion d’exprimer cette pensée : ce sont la foi et la volonté qui nous manquent et, sans elles, on traîne une vie sordide et mesquine. « Les choses sont d’autant plus vraies qu’on y croit davantage, et ce n’est pas l’intelligence, c’est la volonté qui les impose... »

Bul. de l'histoire contemporaine de l'Espagne.

Moi aussi je me sens tout à fait "quichottiste" et je pense aussi que si on continue à apprécier Don Quichotte, c'est précisément parce que son créateur Cervantes, n'a pas vu sa dimension libertaire et
émancipatrice, solitaire et désepérée.
J'aime beaucoup cette figure qu'on retrouve dans l'l'Hisoire.
Et qu'il n'est pas recommandable (surtout à notre époque) d'etre un gagnant triomphant, rationnel
et conformiste.

Lu un petit livre Dernières pages du journal intime de Valery Brioussov (auteur dont je n'avais jamais entendu parler, pioché au hasard dans une librairie). On sent au début que c'est un homme qui écrit (j'ai trouvé) - mais le dénouement laisse place à des réflexions radicales et... rafraîchissantes.

Après que l'un de ses amants se soit suicidé "par sa faute". (Elle fait quand même preuve de très mauvaise foi, puisqu'elle a donné à chacun beaucoup de fausses promesses)

Seigneur ! Est-ce ma faute si j'aime et si on m'aime ! Je n'ai jamais demandé d'amour. Je ne désirais qu'une chose : que les hommes qui me plaisent aient envie de passer quelques heures, quelques jours, quelques semaines avec moi. S'ils refusaient, je me soumettais, je ne cherchais pas à aller plus loin. Je laissais à chacun le droit de m'aimer ou de ne pas m'aimer, de m'être fidèle ou de me quitter. Pourquoi me le refuse t-on, à moi ? Pourquoi tout homme exige-t-il obligatoirement que je l'aime, de la façon qui lui convient et aussi longtemps qu'il lui plaira, c'est-à-dire l'éternité ? Si je refuse, le voilà qui se tue et tout le monde crie : c'est toi l'assassin !

Je veux être libre en amour, je veux cette liberté dont vous parlez tout le temps sans jamais la donner à personne. Je veux pouvoir aimer ou ne pas aimer ou ne plus aimer comme bon me semblera, ou selon mon caprice, si vous préférez, mais pas selon le vôtre. A tous, à tous, je suis prête à vous concéder ce droit que je réclame pour moi.

On dit que je suis belle et que la beauté implique des obligations. Mais, ma beauté, je ne la cache pas comme un avare, un grigou. Admirez-moi, servez-vous. Me suis-je jamais refusée quand on cherchait sincèrement à faire ma conquête ? Mais pourquoi voulez-vous faire de moi votre propriété, pourquoi voulez-vous vous accaparer mes charmes ? Si je tente de me libérer de mes chaînes, vous me traitez de putain et, en ultime recours, vous vous tirez une balle dans le cœur !

Ou bien je suis désespérément bête, ou bien je suis folle, ou bien c'est là la plus grande injustice au monde, qui perdure de siècle en siècle. Les hommes tendent les bras à la femme, ils lui crient : je te veux mais tu ne dois être qu'à moi, tu ne peux appartenir à personne d'autre au risque d'être criminelle. Chacun est persuadé d'avoir tous les droits sur elle alors qu'elle n'en a aucun sur elle-même ! [...]

Extraits qui entrent en résonance avec ceux de Beauvoir ! Mais j'ai deviné dès les premiers mots : elle est belle, séduisante : (complaisants) jeux de pouvoir plus que d'amours ?...

Claudio Magris, Microcosmes ; je n'y suis pour personne : je suis en voyage, dans l'espace et dans le temps, et en bonne compagnie. Du côté d'Udine, qui me ramentoit immanquablement Carlo Emilio Gadda.

Cette chose étrange en moi d'Orhan Pamuk.

Sibylle Lewitscharoff - Apostoloff

bix_229 a écrit:

Quasimodo a écrit:Curieuse découverte, arrivé au bout d'un devoir sur Brouillard de Miguel de Unamuno.
Quasimodo le lecteur déteste ce livre, et Quasimodo l'étudiant l'apprécie.

Dr Quasi et Mr Hyde ? 

(Pas tant que ça en fait. Le véhicule, je le trouve laid et désagréable à conduire, mais j'aime bricoler dans le moteur)

Je le lirai à propos de Cervantes, ça m'intéresse beaucoup !

tom léo a écrit:Sibylle Lewitscharoff - Apostoloff

sujet intéressant, si j'ai compris beaucoup d'autobiographique dans ce récit, je note et j'attends ton commentaire Tom Léo !

topocl a écrit:Cette chose étrange en moi d'Orhan Pamuk.

Bonne lecture, l'écriture de Pamuk m'apporte toujours une sensation d'évasion et de mélancolie.

Avadoro a écrit:

topocl a écrit:Cette chose étrange en moi d'Orhan Pamuk.

Bonne lecture, l'écriture de Pamuk m'apporte toujours une sensation d'évasion et de mélancolie.

Oui, comme une chose tout à la fois étarnge et douce en soi, malgré l'adversité du monde.