Vivian Gornick
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Vivian Gornick
Vivian Gornick
( Née en 1935 )
( Née en 1935 )
Vivian Gornick est née le 14 juin 1935, de parents ukrainiens. En 1948, son père meurt d'une crise cardiaque ; elle a treize ans. Elle suit ses études au City College de New York en 1957 qu'elle poursuit à l'Université de New York en 19601.
Elle enseigne l'anglais à l'Université d'État de New York à Stony Brook en 1966-1967 et au Hunter College en 1967-1968. Elle travaille ensuite comme journaliste pour The Village Voice de 1969 à 1977. Les articles de Vivian Gornick sont publiés en 1978 dans Essays in Feminism.
En 2017, Vivian Gornick est peu connue en France. Son roman, Attachement féroce, est traduit en français, trente ans après sa publication en 1987. Ce roman fait d'elle une référence de l’écriture autobiographique ou « personal narrative », genre littéraire proche des mémoires. Ce récit fait le portrait de sa relation difficile entre elle et sa mère .
Source : Wikipédia
Dernière édition par églantine le Jeu 23 Mar - 10:34, édité 1 fois
églantine- Messages : 4431
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Re: Vivian Gornick
La couleur est annoncée d'emblée avec un titre pareil et le lecteur se met en condition pour se confronter de plein fouet à une histoire qui en appelle au couperet.
Quelle surprise alors, dès les premiers pages de ce récit autobiographique de découvrir une autre tonalité .
Déjà, il faudrait s'en référer au titre original , "Fierce attachements" : ainsi dilués dans le pluriel , ces mots correspondent plus justement au prisme de Vivian Gornick qui relate sa relation douloureuse, à la mère,mais aussi par loi de cause à effet , à l'amant, à l'ensemble du tissu sociétal dans lequel elle grandira, et s'affirmera dans un mouvement d'adhérence et de recul qui rythme sa vie.
Ce fut pour Vivian Gornick , âgée de 52 alors en 1987, une première incursion dans le récit romanesque/autobiographique, jusque là son travail d'écriture uniquement orienté vers sa carrière journalistique, publiant chroniques et reportages féministes dans Village voice.
Alors oui bien sûr, de férocités il en sera. Alors oui d'attachements il en sera aussi. Tout autant que de douceur et de liberté. Et c'est toute la richesse de ce témoignage cette ambivalence. Voire même cet équilibre, résultat que l'on devine d'une vie de tâtonnements. Pudique , elle glissera là-dessus… Et puis le chemin intérieur ne s'emprisonne pas dans les mots, elle choisira de raconter plutôt ses promenades avec sa mère, et le flux et reflux de la mémoire qui accompagnent le mouvement de la marche.
Vivian Gornick déambule dans les rues New-yorkaises , au gré des envies et du temps qui passe , avec sa mère dans une atmosphère de road-movie planante . Et elle raconte, dans le lâcher-prise de l'instant et du caprice mémoriel, sa vie … Par petites touches impressionnistes, surgit de sa plume toute une époque, un contexte social, un univers codifié. Un monde de femmes. Juives. Au sommet trône La mère. Puissante, dévoreuse, castratrice, amour toxique ? Vivian Gornick a mis plus de trente ans avant d'écrire cet ouvrage : il en résulte une hauteur de vue, une forme d'acceptation, de douleur assumée qui dément en partie ces affirmations si faciles, réductrices et surtout profondément stériles ...
Alors oui , dans une ondulation toute féminine, mère et fille n'ont cessé d'arpenter les rues New-Yorkaises, libérant les souvenirs, chacune dans sa vérité et dans l'incapacité de trouver la jonction pour se rencontrer …. Mais elles marchent, côte à côte, inlassablement, tissées l'une dans l'autre. Et la vie n'en finit pas de passer. Les hommes passent aussi, mais sans existence réelle dans cet univers matriciel …. Alors oui, en ce sens on peut qualifier Vivian Gornick de féministe, bien que son regard délicatement détaché de la platitude du réel démentirait cette affirmation, car loin de toute force vindicatrice acharnée.
Subtile, caustique parfois dans la fulgurance d'une blessure dénudée abruptement, c'est dans une forme d'attachement détaché que ce récit autobiographie claque avec douleur et douceur pleinement vécues , sensualisées .
Un immense tour de force dans une veine qui n'est pas s'en rappeler, Virginia Woolf, Katherine Mansfield mais aussi Alice Munro.
mots-clés : #autobiographie
Dernière édition par églantine le Mer 17 Oct - 12:05, édité 1 fois
églantine- Messages : 4431
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Localisation : Savoie
Re: Vivian Gornick
Attachement féroce
Une femme mûre (Vivian Gornick) et sa mère âgée déambule dans New York, discutent, s'invectivent et se réconcilient. Tout un passé remonte : l'enfance dans le quartier juif, le décès du père qui a été comme fondateur d'une nouvelle mère, les amants successifs. Les deux femmes sont prises par leurs démons et tourments, s’aimant sous le masque de la haine, et trouvent comme une curieuse résilience dans ces ballades (résumé très réducteur).
Je n'ai pas pu partager l'enthousiasme d'églantine. Certains passages sont pathétiques, racontés avec une distance et un humour qui leur donnent un relief particulier. Mais je n'ai pas été saisie par une cohérence du récit. Ces femmes sont très perturbées dans leur vie chacune à leur façon. Vivian Gornick nous les présente dans un récit qui fait la première place à l'intuition et à la sensibilité. Elles me sont restées trop étrangères par quelque chose qui - c'est difficile à expliquer - s'apparente à un manque de rationalité.
mots-clés : #autobiographie #psychologique #relationenfantparent
Une femme mûre (Vivian Gornick) et sa mère âgée déambule dans New York, discutent, s'invectivent et se réconcilient. Tout un passé remonte : l'enfance dans le quartier juif, le décès du père qui a été comme fondateur d'une nouvelle mère, les amants successifs. Les deux femmes sont prises par leurs démons et tourments, s’aimant sous le masque de la haine, et trouvent comme une curieuse résilience dans ces ballades (résumé très réducteur).
Je n'ai pas pu partager l'enthousiasme d'églantine. Certains passages sont pathétiques, racontés avec une distance et un humour qui leur donnent un relief particulier. Mais je n'ai pas été saisie par une cohérence du récit. Ces femmes sont très perturbées dans leur vie chacune à leur façon. Vivian Gornick nous les présente dans un récit qui fait la première place à l'intuition et à la sensibilité. Elles me sont restées trop étrangères par quelque chose qui - c'est difficile à expliquer - s'apparente à un manque de rationalité.
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Dernière édition par topocl le Ven 17 Nov - 18:31, édité 1 fois
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
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Re: Vivian Gornick
Et à l'inverse de toi ,c'est probablement pour ces mêmes raisons qu'elles m'ont parlé si fort . Je pense que tu n'es pas étonnée .topocl a écrit:Vivian Gornick nous les présente dans un récit qui fait la première place à l'intuition et à la sensibilité. Elles me sont restées trop étrangères par quelque chose qui - c'est difficile à expliquer - s'apparente à un manque de rationalité.
J'espère que cette lecture n'aura pas été pénible quand même .
Mais ,je suis contente que tu l'aies lu quand même .
églantine- Messages : 4431
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Re: Vivian Gornick
églantine a écrit:J'espère que cette lecture n'aura pas été pénible quand même .
Évidemment non! Tout au long de la lecture, je voyais bien ce qui t'avait séduite et moi me désarçonnait. Sans t'en parler pour autant, c'était comme une lecture partagée où nous confrontions nos positions/personnalité/histoire personnelle/opinion de lectrice à ce duo de femmes ballottées par leurs névroses.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
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Re: Vivian Gornick
Après Attachement féroce ,paru assez récemment en France , voilà une suite de ce récit autobiographie d'une féministe New-Yorkaise des années 60 plutôt atypique , journaliste engagée longtemps pour la cause . Cependant , et j'insiste je balaierais volontiers le qualificatif féministe fortement réducteur et induisant immédiatement dans l'approche mental du lecteur un prisme unique potentiellement nuisible à l'embrassement de ce texte à multiples ouvertures .
J'avais beaucoup aimé "Attachement féroce" qui s'attachait essentiellement à raconter son chemin d'émancipation au sein de ce New-York qui semble faire corps avec elle-même , cocon-prison à l'image de l'amour fusionnelle et quasi pathologique avec sa mère .Recherche du soi , racontée au gré de ses déambulations New-Yorkaise , dans une forme de langueur inclinant le lecteur à s'insérer dans le rythme des mots et des creux , une voix pas détachée ni objectivée mais plutôt dans un va-et vient entre l'intérieur et l'extérieur invitant peut-être le lecteur dans son sillage .
Avec "La femme à part", les lecteurs de son premier opus ne seront pas déstabilisés , juste confirmés dans l'idée que Vivian Gornick est une auteure talentueuse , unique dans son mouvement scriptural.
Elle déambule Viviane , comme d'autres courent dans les rues New-Yorkaises accompagnée quelquefois de son fidèle ami Léonard , peut-être sa part manquante , son double masculin ,ou son écho . Elle déambule Viviane dans le temps aussi , sans nostalgie réelle , dérivante , juste le temps d'accrocher sa réflexion à l'anecdote et de rebondir dans le présent immédiat , et de poser un regard amusé , ironique , ou même totalement neutre , présence ouverte aux scènes de rue telle Viviane Maier .
Cette flânerie est une invitation aux gambades mémorielles , aux soubresauts de l'âme déclenchés par le hasard des mots et des associations conscientes ou pas chez le lecteur .
Vivian picore la vie , Viviane butine la vie , sans ordonnance dans l'espace temps et les structures intérieures de la psyché , l'écriture en est le reflet . Une maîtrise puissante de la narration littéraire dans une anarchie apparente offre au lecteur le sentiment qu'il est en présence d'une grande auteure , injustement méconnue en France . Enfin c'est mon avis .
Un livre emprunté à la bibliothèque mais que je vais acquérir très rapidement , pour pouvoir faire picoti-picota , l'ouvrage s'y prête . Livre de chevet d'aucuns diront .
mots-clés : #autobiographie
églantine- Messages : 4431
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Re: Vivian Gornick
merci églantine, je pense qu'elle peut me plaire cette auteure, cette femme !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21161
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Re: Vivian Gornick
Vivian Gornick : Attachement féroce. - Rivages
"Elle se détourne et, avec le tranchant de la main, fend l'air de son geste habituel de démission.
"Laisse-moi tranquille",dit-elle avec un tremblement de dégoût profond.
Je la regarde battre en retraite. Cette manière de faire semblant de se désintéresser : ce sera la dernière chose qui restera d'elle.
En réalité, ça la représentera à jamais. C'est son emblème, son idiome, ce qui la constitue à ses propres yeux. Ce geste, c'est son moyen de se différencier des bêtes, de s'élever au-dessus de la mêlée, de défaire le vrai du faux, de ne jamais prendre les choses à la légère, de toujours marquer un point. Tout à coup, sa vie presse sur mon coeur."
Que faire quand on est une petite fille dans les années 50 et qu'on vit en vase clos avec une mère envahissante, autoritaire, contradictoire ?
Une mère juive ukrainienne exilée dans le Bronx à New York. Qui cherche à donner une signification
à sa vie et à son foyer.
Mais entre la mère et la fille, se succèdent affrontements, confrontations, disputes.
Elle ne me comprend pas. Elle ne comprend pas mon ironie. Elle ne comprend pas non plus
qu'elle me détruit...
Quand bien meme je lu exprimerais que pour moi c'est terrible, elle me regarderait perplexe,
l'air désolé, et sécrierait avec colère :
"Tu ne comprends rien, tu n'a jamais rien compris." !
A la mort de son mari, elle est frappée de désespoir, un désespoir sincère mais morbide et théatral qu'elle exhibe publiquement, plongeant sa fille dans une torpeur impuissante.
Je l'avais dans la peau. Elle était partout sur moi, partout en moi... A chaque souffle, je l'aspirais.
Je me noyais dans son atmosphère éthérée, j'étais incapable d'échapper à l'aspect claustrophobe, à son état de femme souffrante et suffocante
Longtemps, Vivian cherchera refuge chez une jeune veuve, Netty, voisine de palier, très belle,
sensuelle et distante à la fois. La fascination cessera face à l' équivoque de l'attitude de Netty.
Vivian quittera le foyer maternel pour vivre sa vie.
Netty avait envie de séduire, Maman avait envie de souffrir.
Aucune de nous n'était capable de se discipliner pour oeuvrer à l'idéal d'une vie normale.
De fait, aucune de nous n'y parvint jamais.
Vivian aura une vie agitée mais qui ne mettra pas fin aux relations avec sa mère.
On les retrouve souvent en train de se promener ensemble dans les rues de la ville, toujours
en conflit, toujours inséparables.
Incapables de vivre ensemble, incapables de ne plus se voir.
Plus tard, Vivian comprendra mieux.
N'ayant pas obtenu de qu'elle espérait de la vie, ce dont elle s'imaginait avoir besoin, ce qu'elle croyait etre son du, ma mère disparut sous un nuage de malheur.
Grace à ce nuage, elle se sentait sans défense, fragile.
Quand on tentait de lui dire que son implacable mélancolie était oppressante, elle était tout étonnée
elle se lamentait : "Je n'y peux rien. C'est ce que je ressens voilà tout."
De leur longue relation, Vivian Gornick concluera :
"Nous sommes hélas prisonnières d'une étroit tunnel intime, passionné et aliénant."
Mais c'est cela la force étonnante de ce récit. Le fait que ces deux-là peuvent encore vivre en se
supportant, sans concessions, sans rupture.
Rien de convenu, de stéréotypé dans cette relation antagoniste.
Le ton est toujours juste, usant du recul de l'ironie, de la distance dans le temps.
Il révéle l'ambivalence et la complexité des sentiments. La force des sentiments malgré.
Comme si l'affrontement servait malgré tout de tremplin à chacune pour vivre et se
transformer implicitement.
Il y a véritablement là un texte d'une puissance et d'une profondeur humaines rares,
et qui tranche avec la plupart des récits qu'on a pu lire sur les rapports entre parents et enfants.
Et le livre comporte bien d'autres aspects positifs, exaltants : les personnages, la vie des rues,
le féminisme dont Vivian sera une pionnière.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Vivian Gornick
Eglantine et toi êtes enthousiastes sur ce livre qui m'avait un peu fui, malheureusement (et je suis à peu près sûre qu'il faut faire plus confiance à vos jugements qu'au mien )
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8431
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
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