Petite visite à Monsieur le Prince de Condé en son domaine de Chantilly

Avouez qu’on peut trouver pire comme lieu de promenade….

Le château actuel est en grande partie une reconstruction de la seconde moitié du 19e siècle, à l’initiative du duc d’Aumale. Le château précédent a été détruit après la Révolution

A l’entrée, la statue équestre d’Anne de Montmorency, ami du roi Henri II. En effet, le domaine va passer des Montmorency aux Condé (le plus célèbre étant le « Grand Condé »), puis aux Orléans. A sa mort en 1897, Henri d’Orléans, duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe, lègue le domaine à l’Institut de France qui en est toujours propriétaire.

Les jardins ont été dessinés par Le Nôtre

C’est fou le nombre de gens illustres qui se sont promenés là : Mlle de Scudéry, Me de Sévigné, Me de La Fayette, La Bruyère, La Fontaine, Bossuet, Malebranche, Théophile de Viau. Molière y crée Les Précieuses ridicules…

L’intérieur du château présente des pièces meublées prestigieuses
Le cabinet de monsieur le Prince

La chambre de monsieur le Prince

La galerie des batailles, à la gloire des victoires remportées par le Grand Condé

La « Grande singerie »

Mesdames et messieurs : la table est servie !

Un meuble exceptionnel (parmi tant d’autres) : le cabinet de minéralogie offert au prince de Condé en 1774 par le roi de Suède Gustave III

Le château de chantilly abrite le musée Condé, c'est-à-dire la collection exceptionnelle d’œuvres d’art réunie par le duc d’Aumale. Aujourd’hui, le musée Condé est la collection d’art ancien en France la plus importante après le Louvre ; pratiquement tous les grands noms de la peinture du 16e au 19e siècle y figurent. Il y a deux particularités à cette collection : le duc a demandé à conserver la présentation des œuvres telle qu’il l’avait conçue. Ainsi, c’est une conception muséographique du 19e siècle qui est offerte au visiteur : les tableaux sont superposés sur plusieurs niveaux et serrés à touche-touche. Par ailleurs, le duc a interdit le prêt des œuvres pour des expositions à l’extérieur du domaine.
La grande galerie présente une réunion extraordinaire de chefs d’œuvre.

J’ai choisi un tableau qui m’a toujours étonné : « Le Massacre des innocents » de Nicolas Poussin. Je me suis assis devant une dizaine de minutes : quelques rares visiteurs, un silence presque total : quel luxe !

Plus loin la rotonde avec le fameux portrait de Simonetta Vespucci par Piero di Cosimo

Et la « Madone de Lorette » de Raphaël

La galerie de Psyché qui abrite les vitraux racontant l’histoire de ladite Psyché

Le Santuario avec les miniatures du livre d’heures d’Etienne Chevalier peintes par Jean Fouquet (le musée conserve également les Très riches heures du duc de Berry qui ne sont pas présentées au public pour des raisons de conservation)

« Les Trois grâces » de Raphaël

La salle Clouet qui rassemble les portraits du 16e siècle peints par les Clouet, Corneille de Lyon etc.

Pour ne pas lasser, je passe sur les autres salles, les multiples chefs d’œuvre, me contentant de vous montrer :
Un Watteau

Un Ingres

Puisque nous sommes sur un forum littéraire, je termine par un familier des lieux, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, portraituré par Mignard

Merci ArenSor, c'est magnifique !

merci pour la visite Arensor.

alors qu'en est-il résulté de ton imprégnation du tableau "le massacre des innocents" ?

j'aime beaucoup le Watteau !

Bédoulène a écrit:merci pour la visite Arensor.

alors qu'en est-il résulté de ton imprégnation du tableau "le massacre des innocents" ?

j'aime beaucoup le Watteau !

Du "Massacre des innocents" de Poussin, l'un de nos très grands historiens de l'art, Pierre Rosenberg, déclare "C'est le cri le plus poignant de toute la peinture française, celui d'une mère dont on tue l'enfant sous les yeux".

C'est un tableau fascinant, à la fois d'une extrême violence et d'un étrange calme, comme un moment suspendu dans le temps ; le bébé piétiné, les membres écartés, les visages du bourreau et de la mère réunis par l'ovale de leurs bras tendus et cette figure de femme éplorée à l'arrière plan, en équilibre instable.
Je ne suis pas le seul. Ce tableau a inspiré nombre d'artistes.
Picasso s'en souviendra pour "Le Charnier" et "Guernica"
ainsi que Francis Bacon :

En ce qui concerne Watteau, je pourrais dire Bédoulène que tu as bon goût. Watteau fait partie du "top ten" des peintres anciens que j'apprécie.
Outre "Le Plaisir pastoral"
le musée Condé conserve trois autres Watteau :
"L'Amante inquiète"
"Le Donneur de sérénade"
et "L'Amour désarmé"
(photos RMN)

Ca fait longtemps que je rêve de me rendre à Chantilly, merci pour la visite virtuelle ! La bibliothèque notamment me fait rêver...

Le tableau de Poussin est poignant, ce qui me marque aussi c'est le bébé au fond, blotti contre l'épaule de sa mère, et dont on se demande s'il en réchappera... ou pas. Avec ce qui se passe en Ukraine il n'en a que plus de résonnance.

C'est en effet super intéressant de voir la muséographie du XIXème dans l'état, mais je me souviens avoir entendu les conservateurs dire combien cela pouvait être frustrant pour eux, cet état figé des choses, notamment pour les expos !

merci pour le complément d'information Arensor !