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Avrom Moshé Fuchs

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antisémitisme - Avrom Moshé Fuchs Empty Avrom Moshé Fuchs

Message par Bédoulène Jeu 14 Juil - 9:43

Avrom Moshè Fuchs
1890/1974


antisémitisme - Avrom Moshé Fuchs Avrom10



Avrom Moshè Fuchs (1890-1974) fut un écrivain prolifique et un collaborateur infatigable de la presse yiddish. Il vécut en Ukraine et à New York, puis à Vienne durant la Première Guerre mondiale et se réfugia à Londres lors de la Seconde, avant de s’installer en Israël en 1950. Voué aux genres brefs, il est considéré comme l’un des meilleurs nouvellistes de la littérature yiddish. Ses recueils de nouvelles, parmi lesquels Solitaires (Eynzame, 1912), Sous le pont et autres nouvelles (Unter der brik, un andere dertseylungen, 1924), La Nuit et le Jour (Di nakht un der tog, 1961) et Nouvelles (Dertzeilungen, posth. 1976), furent couronnés de nombreux prix littéraires et traduits en hébreu, en polonais, en allemand et en anglais.

Publication en français

Sous le pont et autres nouvelles


Dernière édition par Bédoulène le Jeu 14 Juil - 9:44, édité 1 fois

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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[/i]
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antisémitisme - Avrom Moshé Fuchs Empty Re: Avrom Moshé Fuchs

Message par Bédoulène Jeu 14 Juil - 9:43

antisémitisme - Avrom Moshé Fuchs 41uilk11

Vienne et plus précisément le Prater ; la guerre Autriche/Hongrie contre la Russie est déclarée, les soldats partent dans les trains qui passent sur le pont, les prostituées cherchent les rares clients.
Parmi les prostituées il y a la belle Mitzi surveillée par son mari Max (comme elle Juif) qui déteste Karl (chrétien) ancien compagnon de Mitzi.
« Karl se dégagea lentement des mains de Max.
– Il faut toujours qu’il me salisse mon smoking, ce youpin, dit-il en s’époussetant soigneusement la manche du bout des doigts.
– Youpin ? Tu m’insultes ? T’as pas intérêt à m’insulter, t’entends ? Je vais te montrer, youpin ! Attends un peu !
Sa grosse tête disproportionnée surmontée de sa petite casquette à pompon, pareille à l’anse d’un couvercle de marmite, penchée de côté, tel le museau d’un taureau furieux devant qui on brandit un tissu rouge, Max marcha sur son adversaire, le repoussant de son torse. Un œil plissé, minuscule fente à peine visible, l’autre, l’œil de verre, fixe et écarquillé, comme vivant, un peu rougi, il jaugea son ennemi avec une rage froide :
– Tu m’as entendu, espèce de porc ?
– Max, laisse-le tranquille, tu recommences ! s’écria Mitzi, et, de toutes ses forces, elle le tira en arrière.
– Mais oui, battez-vous un peu, dit la vieille Horvatzka, de toute façon, il n’y a pas de clients. »


Karl veut épater Mitzi

« puis il déroula un papier jaune dont il tira un doigt bagué, coupé, dit-il, en guise de souvenir, de la main d’un ennemi tué. Mitzi toucha le doigt avec dégoût et ôta sa main, comme s’il s’agissait d’un ver de terre, mais la curiosité l’emporta et elle essaya d’en retirer la bague.
– Impossible, lui dit Karl, même avec une hache !
– Je pourrais y arriver, lui répondit Mitzi, c’est un anneau de mariage, il suffirait de le tremper dans du vinaigre et il s’enlèverait.
Elle tapa sur la table avec le doigt mort et dans ses beaux yeux verts un peu égarés par l’ivresse chatoyait toute sa cruauté de femme qui cherchait à écraser la volonté de l’homme.
– Donne-le-moi en souvenir, murmura-t-elle, enjôleuse, en se pendant des deux bras au cou de Karl. »

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Max est réformé, il lui manque un pouce et il a un œil de verre.

«  T’auras beau les aimer ou les détester, tous les hommes sont enrôlés pour la guerre. On les prend tous. Tous ceux qui sont bons pour le service. Mais toi, tu n’es bon à rien… T’es un éclopé… Il te manque un pouce et t’as un œil de verre, lui assène sa femme.
Avec l’indifférence et la brutalité des ménagères qui enfoncent les doigts dans les yeux du poisson avant de le débiter en morceaux avec le couteau, Mitzi enfonça deux doigts dans l’œil de verre de Max, le retirant et le montrant aux femmes autour d’elle avant de le remettre en place dans l’orbite vide.
– Il est un peu trop gros, notre Max, dit Ermine la noiraude, en lui posant la main sur les fesses.
Les prostituées, en expertes, le tâtent de tous côtés telles des bouchères examinant une génisse. »


Max voient les juifs qui ont fuient la Galicie arriver au Prater, vu leurs tenues et leur comportement il se demande si leur Dieu est le même que le sien, celui qui a une synagogue étriquée où lui et Mitzi se sont mariés.

Des Russes passent dans les rues, les magasins sont vides, les saltimbanques étrangers qui jouaient sur la place ont été arrêtés, certains relâchés rejoignent le café. Max lui joue aux cartes.

Mitzi tombe malade, elle ne peut plus « travailler », l’argent manque à la maison, la vieille mère de Mitzi critique Max, il doit trouver leur pitance, elle est handicapée.

Tout est triste, sale même l’automne a éteint ses couleurs. Les soldats ne supportent plus le mépris des officiers, ils arrachent les étoiles et tout ce qui évoque la brutalité et la mort. Des manifestants remplissent les rues aux cris de « vive la république, à bas le Kaiser.
De nouvelles prostitués arrivent, les soldats russes rentrent chez eux.

La vieille prostituée Horvatzka, il y a file devant chez elle.

«  On ne trouve pas de viande en ce moment, mais ce que je vous offre vaut mieux que la viande de porc, messieurs, mes petits chiens, engraissés et goûteux.
Et elle apporte à intervalles réguliers de petits chiens rôtis, étalés sur un plat, tout entiers, tête comprise, les petites pattes en l’air, dégageant une odeur âcre et sucrée. Ce sont les mêmes petits chiens qu’elle gardait dans son hôpital pour les soigner, qu’elle aimait, de tout son amour chrétien, leur préparant leur nourriture et les faisant dormir dans le même lit qu’elle. La viande est dévorée par des bouches avides aussitôt et elle va en chercher d’autres. Dans le coin cuisine sombre et puant les chiffons absorbent les odeurs et on entend un gémissement :
– Maman, donne-moi quelque chose à manger.
C’est le fils de la vieille, Anton, rentré de l’hôpital. La peau sur les os qui pointent comme ceux d’un squelette, une jambe entièrement amputée, l’autre de moitié. Il reste, dans les ténèbres gluantes et putrides, couché là, un monceau d’os, une vivante tache noire qui remue, sombre et effrayante. »

Mitzi est morte.

« – Max, alors, tu vas le dire ce kaddish ?
Max a l’impression de voir sa femme debout dans ses bas noirs, perchée sur ses talons hauts devant le miroir couvert d’un châle sombre, une cigarette à la bouche, soufflant la fumée par le nez en deux volutes égales. Il soulève son menton de peur. Soudain il ne voit plus rien et se sent libéré d’un énorme poids qui quitte son dos pour toujours.
– Je ne sais pas prier, la vieille. J’ai oublié. Je ne sais pas ce qu’il faut dire.
– Tu ne sais pas ? Et qu’est-ce que tu sais, par exemple ? J’aimerais bien que tu me dises ce que tu sais. En voilà un vrai Juif ! Les Juifs d’aujourd’hui… Malheur à moi, ça crève le cœur. »



C’est triste, sale, misérable, c’est la vie de ces Juifs dans ce faubourg proche du Prater. C’est la vie des prostituées et de leurs « fiancés », ainsi nommés les proxénètes. La guerre est perdue, eux aussi.

La nuit

Leïb le noir est employé par le Seigneur, il doit amener les bovins à la boucherie chrétienne, mais ce soir il n’a pas envie. Il rentre à la maison où se trouvent sa femme et ses deux filles Rivké et Rokhl et le fils Boroukh.
Leïb questionne durement sa fille Rivké :

- – Quand est-ce que c’est arrivé, Rivkè, hein ? Qu’est-ce que t’en dis ? Raconte…
- Comme sous les coups d’une scie émoussée, tous les corps furent parcourus d’un frisson. C’était le grincement des dents de Leïb. Soudain il saisit le bras pendant de Rivkè de ses doigts avec la force d’une pince de fer, il le tira comme s’il voulait l’arracher telle une branche cassée et le jeter. Un sourd gémissement étiré se fit entendre :
- – Ouille, ouille, papa, aïe, aïe…
- – Tu as mal ? Hein ?
- – Oui, oui…
- – Est-ce qu’il t’a battue ?
- – Il m’a tordu le bras.


Leïb questionne sa femme et lui demande qui c’est ; elle dit un étranger un commandant. Leïb demande à sa femme d’aller chercher un grand sac au grenier.

« Il n’avait honte devant personne, pas même devant ses propres filles, pour exercer sa brutalité têtue. Autant lui était un taiseux obstiné, autant sa femme était une criarde déchaînée. Sa bouche, telle une cloche, résonnait d’imprécations. Leïb tenait à ce que sa femme lui obéisse, et sa femme s’y refusait. Les cris de la maison traversaient portes et fenêtres, des cris sourds et lourds, comme des coups d’un tambour rugissant au milieu d’un orchestre en folie.
Pareille à une chatte après les coups, Shprintsè les subissait et les oubliait, se sentant confortée d’y avoir résisté. Les joues empourprées après cette agitation et ce tumulte, elle tira la toque de Leïb sur ses yeux, criant toujours de sa voix tonitruante :
– Malheur à celles qui n’ont pas un mari costaud comme un taureau, longue vie à lui. Un tel pourvoyeur, un tel maître de maison ! On aurait beau traverser toute la Pologne, on ne trouverait pas un lion pareil ! Qu’en penses-tu, Leïb ?
Ce n’était pas de la flagornerie et cela arrachait au sombre Leïb un demi-sourire pour ces paroles flatteuses, malgré son humeur massacrante, un sourire, telle une étincelle dans une cheminée, qui passait comme un éclair sur son visage barbu.
Comme d’habitude après les coups, elle remit de l’ordre dans ses cheveux, repoussant les mèches sous son châle. Elle alluma vite la lampe à pétrole.
Les ombres s’animèrent sous la lumière rouge et elle monta rapidement l’échelle déglinguée jusqu’au grenier et descendit le grand sac. »


Leïb gagne le village il voit le commandant des soldats ruthènes sortir d’une maison.

« Il était perché sur le toit comme un oiseau noir, il examina d’un long regard le commandant. Soudain il l’interpella très fort :
– Monsieur le commandant, vous, monsieur le commandant !
Celui-ci s’approcha, ne sachant pas ce qu’on lui voulait, et, étonné, leva la tête vers le toit :
– Qu’est-ce que tu veux, youpin ? Qu’est-ce que tu fais là-haut ? »
« – Monsieur le commandant, est-ce que vous voulez que je vous chante une chansonnette juive ? Vous voulez, monsieur le commandant ?
Il se mit à fredonner, puis s’écria :
– Dis donc, face de porc, ça te plaît ?
Et il agita sa hache étincelante.
Le commandant se dit alors que le Juif sur le toit était un fou, il eut un méchant rire moqueur, saisit son pistolet et tira en direction du toit. Lorsque le coup finit de retentir et que le petit nuage bleu se dissipa, il vit le visage grimaçant et la barbe hirsute, le regard plein de haine qui le transperça de son hostilité noire.
– Un fou de youpin, marmonna-t-il en crachant par terre, et il s’en fut. »

Leïb est connu dans la région :

« Toute l’affaire était menaçante, effrayante. On se demandait quel malheur ce Juif allait attirer sur tout le monde. Leïb le Noir n’était pas n’importe qui. Ses voisins avaient depuis toujours peur de lui, évitaient d’avoir une dispute avec lui. C’était un homme querelleur, coléreux, violent, il était capable de s’emparer d’un couteau »

Leïb reçoit des réponse à ses questions par son  neveu Yosl.

« – Alors quoi de neuf en ville, fiston ?
– Rien. Stepnik s’est emparé du traîneau et du cheval de Zaïnl. Il a arraché la barbe à l’oncle Leïzer. Il a giflé Srol-Eliè. Hier soir, Stepnik avait entraîné chez lui la fille de Shmulik, la petite Bronia, et a abusé d’elle… La femme de Shmulik pleure et se lamente.
– Vous entendez, oncle Leïb, insista Yosl, ses longues dents de travers. Il n’y a pas longtemps, Havrilek, le gardien, s’est emparé chez Mikhl, le menuisier, de tous les outils de son atelier. Pour rien. « Les Juifs n’ont plus le droit de travailler dans son métier », a dit ce chien. Qu’est-ce que je fais alors ? La nuit je me rends dans la grand-rue, à la maison de Havrilek, et je lui fous deux gifles et je reprends la boîte à outils, bref…
– Juste une gifle, l’interrompit la femme de Menakhem, jetant un regard moqueur sur son fils.
– Oui, la gifle il l’a bien reçue, tu me connais ! C’était une claque retentissante, tu sais ? Maman, il a craché deux dents, ce chien !
– Eh bien, tu peux rendre grâce à l’Éternel, Yosl, si les soldats t’avaient attrapé, ils t’auraient, à Dieu ne plaise, tué. On a jeté un mauvais sort à nos voisins goys ou quoi ? Tu t’es caché ? J’en perds l’âme et le cœur de peur. Les boutons d’uniforme dirigent le monde, et les Juifs se trouvent à neuf coudées sous terre. On craint tout simplement pour sa vie. Quels temps pourris ! »


La belle-sœur de Leïb le reconnait dans la nuit :

« Dans la clarté bleutée, tout semble se dérouler comme sur un fleuve pris dans la glace, tout se détache avec netteté, difforme. Voici une ruine de maison chaulée tel un visage blessé, grimaçant de douleur. Un balcon noirci par un incendie monte en biais vers le firmament pareil à un abîme. La synagogue en pierre au toit incendié, comme décapitée, s’élève plus haut que les maisons, enveloppée d’un silence énigmatique, comme d’une toile de deuil. Leyè sent un froid glacial lui couper le souffle. Elle pourrait rebrousser chemin et rentrer chez elle en courant. Mais elle a les jambes sciées par la peur. Elle enfonce son visage davantage dans son châle, telle une poule qui protège sa tête sous son aile. Cependant sa curiosité devant cette rencontre inopinée et terrifiante est plus forte que la peur. Elle jette un coup d’œil furtif au-dessus de son châle et croit voir Leïb lever les pieds et baisser la tête. Il penche la nuque comme s’il voulait épier les vitres jaunes des fenêtres pointues et givrées, seulement il a l’air de regarder non par les fenêtres, mais par les cheminées. Elle est prise d’un fou rire. »

Leïb apprend que le commandant doit partir demain. Il doit en tenir compte s’il veut accomplir la vengeance pour le déshonneur fait à sa fille Rivké. Leïb pénètre par le toit dans la chambre du commandant Stepnik.

« Leïb se tient tout droit, les épaules larges, le sac plié sous le bras, le poing serré. Stepnik sent maintenant le regard muet et affûté comme une lance. L’homme en face de lui est celui qu’il avait vu sur le toit. L’effroi le dessaoule en un clin d’œil. Il saisit le pistolet sur la table de nuit, mais Leïb lui assène sur la main un coup de poing qui fait tomber l’arme. Il s’empare d’un couteau que Leïb lui arrache aussitôt avec une adresse surprenante. Leurs yeux se croisent, regards du dernier combat mortel. La mort et la vie sont sur les plateaux de la balance, le fléau oscille. Deux corps massifs s’empoignent, s’étreignent, par la nuque, par les bras, comme s’ils voulaient s’embrasser. La colère fait grimacer les visages. La respiration courte souffle entre les dents serrées, la bave coule de leur bouche. Une brève bagarre. Un corps tombe lourdement à terre, telle une montagne qui s’effondre. Stepnik gît visage contre terre, sa poitrine se gonfle comme un ballon. Leïb se tient au-dessus de lui et essuie de sa manche le sang qui coule de son front.
– Lève-toi, dit Leïb à son ennemi vaincu. »


Il l’emmène sous la menace :

« – Bon, il faut en finir, la nuit avance. Tu ne tueras plus de Juifs, tu ne violeras plus personne.
Leïb ouvre subitement son grand sac noir et le passe sur la tête de son ennemi assis, fait un nœud avec la corde et, avec la force d’un taureau, il le soulève, le jette sur son épaule, comme les paysans portant un porc au marché.
Leïb part du lourd pas de ses bottes ferrées, le poids du mort sur le dos, à travers les champs enneigés vers la montagne de Krilivits. Il grimpe sur des rochers, descend dans des ravins de plus en plus bas. Là s’ouvre une grotte sombre comme une tombe maudite. Les paysans de la région y jettent les cadavres de leurs chiens et de leur bétail. »

***
La synagogue témoigne des pogroms (Polonais dans les quartiers Juifs)qui se sont déroulés dans la région lors de la guerre Polono/Ukrainienne.
L’attitude du commandant la haine des soldats et des ruthènes vis-à-vis des Juifs, hommes, femmes, enfants.

La porte en chêne

La maison de Leïb est attaquée en pleine nuit.

« – Ouvrez vite, salauds de youpins, que le diable vous emporte ! On va vous fusiller ! Tous ! Ouvrez !
Les coups et les cris résonnaient de plus en plus forts, faisant trembler les murs en torchis, les fenêtres frémissaient, encore un dernier coup et la maison allait s’effondrer et ensevelir les habitants sous ses décombres. »


Tous les membres de la famille se saisit d’une arme, qui un couteau, une hâche, un bâton. Leïb a confiance en la porte en chêne .
« Il commença par tâter la porte en chêne de cette maison en torchis, son héritage. Elle était abîmée et gauchie par l’âge, mais le bois restait solide, un verrou en métal et de grosses solives la renforçaient dans sa largeur. Leïb retenait son souffle. »

Qui sont les agresseurs, des soldats, des voisins ? Qu’est-ce qu’on lui veut ?

« Il est un homme qui vit dans la misère, un journalier employé à charger du bois et du blé dans les trains. Il lui incombe de gagner sa vie, de pourvoir aux besoins de sa femme et de ses enfants, d’entretenir sa pauvre maisonnée. Et tous les jours, un autre souci, un autre malheur le frappent qu’il a toutes les peines du monde à surmonter. »

Les insultes pleuvent, les coups. Shprintsè demande à Leïb de rentrer.

« Sur son chemin de retour du front italien, à la fin de la guerre, il était arrivé à Lemberg un jour après le pogrome. Il avait vu la vieille synagogue calcinée, les maisons brûlées dans les rues juives. Il était allé à l’enterrement au champ de repos des soixante-douze victimes juives, enfants, femmes, hommes, tués par les soldats polonais. Il avait vu les cadavres allongés côte à côte, couverts de châles de prière ensanglantés. Il avait encore dans l’oreille le chant déchirant du kaddish « Dieu de miséricorde », entonné par tout le monde, les lamentations des femmes et des enfants qui s’élevaient jusqu’au ciel. Après, pendant six jours et six nuits, le fusil à l’épaule, il avait pris part à la bataille dans les rangs de l’autodéfense juive contre les assassins polonais. Ils en avaient tué quelques-uns, puis les avaient chassés de la ville et le calme était revenu. Et maintenant, ce malheur s’est invité chez lui, dans sa maison, et il est prêt à défendre sa famille au prix de sa vie. »

Leïb ordonne à sa femme et ses enfants de se cacher et de ranger ce qu’ils peuvent. Tandis que lui supporte la porte de tout son corps pour empêcher les attaquants d’entrer, mais à force la porte s’abat sur lui. Sa famille le pense mort, les autres volent ce qu’ils peuvent avant de s’en aller. Les enfants et Shprintsè tentent de soulever la porte, mais elle est vraiment trop lourde. Mais Leïb, de toute sa force et sa colère est parvenu à se soustraire de dessous la porte de l’autre côté. Ils sont tous contents de le revoir vivant, mais Shprintsè se rend compte que les hommes ont volé le portefeuille de Leïb.

« Boroukh trouva dans un coin le sac avec le châle de prière et les phylactères de son père et les remit à leur place habituelle. Puis il rassembla les pages déchirées du Pentateuque, de la Haggadah de Pessah, de la Bible en yiddish de sa mère, du rituel et d’un livre de prières. Il déposa un baiser sur les saintes pages profanées et les remit sur l’étagère à côté de la lampe de Hanoukka en étain et de l’image charbonneuse du Mur des lamentations.
Sur le même mur chaulé se trouvaient des taches de sang sur lesquelles adhéraient des plumes de literie. Il s’en dégageait une ancienne tristesse et la douleur de générations disparues.
Leïb retourna au vestibule et Boroukh tint la lampe à pétrole pour l’éclairer.
– Papa, c’était une porte solide, elle datait de grand-père. Mais les assassins l’ont cassée, quel dommage ! Qu’est-ce qu’on va faire ?
– Oui, elle a servi bien longtemps, répond Leïb, en posant une main sur l’épaule du garçon.
Le regard préoccupé, le front labouré de profondes rides, il examine la porte en chêne, tachée de son sang, affalée dans le vestibule sombre sous la lueur rouge de la lampe, dans la nuit mystérieuse, engloutie dans les ténèbres. »


Une attaque par des voisins – soldats ou pas – qui rappelle les mauvaises heures des pogroms.

Dans le verger

Reb Zelig est associé à ses fils et beaux-fils, eux vendent, lui récolte dans son verger, en location auprès du Seigneur local.
Reb Zelig a engagé Reb Lipé pour surveiller le verger. Or ce jour là ce dernier lui dit avoir attrapé un voleur.

« J’ai bien surveillé le verger toute la journée et j’ai attrapé un voleur, un gosse, crie Lipè dans l’oreille dressée pour bien se faire entendre. Vous entendez ? En bas, dans le verger, j’ai mis la main sur un voleur qui arrachait des pommes à pleines poignées, se remplissant les poches. Regardez, j’ai attrapé sa casquette.
Reb Zelig, furieux, s’empare en silence de la casquette trouée du gamin, la tâte doucement, la retourne dans tous les sens, regarde la doublure et remarque en secouant sa barbe rouge :
– Ça vaut deux groschen en tout et pour tout ! En voilà une affaire… »


Reb Zelig part avec sa charrette livrer les fruits à la ville. Il reviendra ce soir. Zelig empêche les filles qui ramassent les fruits sur les arbres de les voler.

A la ville :

« La carriole se trouve prise d’assaut par une foule de femmes agitées, les fichus attachés sous le menton. Elles crient, elles tendent les mains, elles marchandent, elles goûtent. Des paniers, des tabliers se relèvent et s’emparent de petites pommes que Reb Zelig distribue entre les têtes serrées. Coléreux, il trône au-dessus de ses sacs, prend l’argent et grogne :
– Trois pommes toutes fraîches font une livre, les femmes…
Les petits-fils des clientes, pieds nus, la morve au nez, grimpent sur les roues, et les yeux avides mendient :
– Grand-père, une petite pomme…
Mais le grand-père ne donne rien.
– À la maison, garnements ! Pas de pommes pour vous ! »


Il déjeune chez lui avant de repartir au verger.

« En un clin d’œil, son regard fait le tour de tous ses biens : le jardin, la clôture défoncée, le toit de chaume noir, couvert de mousse verte, les poules. Il remarque, mécontent, qu’il manque à l’échelle de la mansarde un barreau.
– Qu’est-ce que tu as rapporté, Zelig ? lui demande sa femme en tendant son tablier.
Sans un mot, Zelig tire des oignons de son gousset, des maïs, des radis de sous le pan de sa veste et des poches de son caftan des herbes odorantes. Il les déverse dans le tablier de sa femme.
– Garde-les bien.
Il reste ensuite à Reb Zelig à se disputer avec les femmes, ses brus et ses filles, femmes obèses aux robes rapiécées, une pièce sur l’autre. Il doit leur rendre les sacs à nourriture et les marmites qu’il avait emportés. Il fait semblant de ne pas savoir que les récipients sont remplis des plus belles pommes et poires, celles qu’il apporte à sa femme.
Alors seulement Reb Zelig fait sa prière. Son talith crasseux posé sur la tête, le phylactère cubique, en cuir renforcé, pointant sur son front, telle une marmite en fonte. Il se tient penché devant la fenêtre, sautant des passages, comme un couturier pressé avec une aiguille démesurée. »


Reb Lipé est un petit malin, qui raconte toujours des histoires. Après un orage ils s’endorment dans la cabanne et à son réveil Reb Zelig s’aperçoit qu’il n’a plus dans sa botte l’argent de la vente.
Zelig fait semblant de partir à la ville, après avoir discrètement rebrousser chemin il découvre Reb Lipé  allongé sous les arbres et dans sa main la bourse volée.

« De sous un arbre, à la hauteur de sa tête, apparaît soudain Reb Zelig, le fouet à la main. Il se redresse, calme, il prend tranquillement la bourse de la main de Reb Lipè, recompte placidement entre ses doigts deux fois le nombre de pièces : trois, sept, douze, dix-huit. Il fourre la bourse dans sa botte et soupire :
– Grâce au Nom Béni.
Les deux hommes ne se regardent pas, ne disent pas un mot. »


Le gamin retenu par Lipé est toujours là, Lipé comme si rien ne c’était passé, essaie de raconter à Zelig une histoire  et une leçon de morale ? il ne veut pas perdre sa place.

«  Hé, toi ! Tu m’entends ? s’écrie Reb Lipè en russe, se sentant soudain tout ragaillardi – il arrache la toque de sa tête et en redresse la pointe. Vous voyez, Reb Zelig ? Le garnement est là, il attend sa casquette. Vous entendez ? C’est le garçon de Semkè. Je lui ai pris aujourd’hui sa casquette, il faut la lui rendre. Il faut avoir pitié même d’un Chrétien. Il ne volera plus. Quand on n’a pas de chance, que peut-on se dire ? Un pauvre petit paysan…
Reb Zelig le regarde, l’air mécontent, fronçant ses épais sourcils :
– On est bien généreux avec l’argent d’autrui ! Est-ce qu’on peut tirer quelque chose de cette casquette ?
– En voilà une belle affaire, une vieille loque vaut peut-être deux groschen… Croyez-moi, Reb Zelig, ça n’en vaut pas la peine, croyez-moi, il faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, vouloir avaler le monde entier…
Il va chercher la casquette dans la cabane, s’approche doucement du gamin, lui pose gentiment la casquette sur la tête, lui fourre une pomme dans la poche à l’insu de Reb Zelig.
– Sauve-toi maintenant, rentre chez toi ! »


Travail, pas de confiance, mais c’est la pauvreté, la faim, et l’envie qui fait les voleurs.

Le vieux loup

Leizer un paysan déplore que son fils Chaïké soit un mécgréant, c’est-à-dire qu’il ne dit pas les bénédictions, il ne porte pas les phylactères. Un jour que Chaké n’était pas allé au heder Leïzer l’avait battu avec la ceinture et Chaïké avait reçu la correction en silence. La femme de Leïzer lui fait remarqué que leur fils est grand et qu’il a été soldat dans l’armée autrichienne, il est revenu avec un insigne de caporal et des médailles de récompense .

Chaïké participe parfois à la contrebande nocturne et aux bagarres avec les douaniers et les petits voyous ruthènes.
Il travaille dans les forêts pour un patron.

« Mais maintenant la timidité devant les gens et la peur de son père avaient quitté Chaïkè. Il ne prêtait plus la moindre attention à la colère de son père. Tous les matins avant d’aller au travail dans la forêt, il s’arrêtait dehors, sur la dalle, posait son pied botté sur la meule dans la cour pour aiguiser sa hache, faisait voler des étincelles dans toutes les directions. Pour s’assurer du tranchant de sa hache il le passait ensuite sur son pouce pour l’éprouver. Leïzer, fâché, voûté, tournait autour de lui lentement et à distance, l’épiant comme un matou autour d’un oiseau.
– Bonjour, papa, tu as fait ta prière ? lui demande Chaïkè en riant à pleine bouche, découvrant ses dents blanches.
Leïzer ressent la moquerie de son fils comme un coup de poignard au cœur et il détourne vite la tête. Voilà qui il a élevé ! Un goy, un apostat. Toutes ces années à dépenser son dernier sou pour payer la redevance du heder, pour faire apprendre à son fils à lire en langue sacrée une section du Pentateuque, à dire les bénédictions, à prier, bref, à être un Juif, comme il se doit.
– Oï, Chaïkè tu te gausses de Dieu, n’oublie pas qu’on ne se gausse pas de Dieu impunément, marmonnait Leïzer dans sa barbe. »


Chaïké raconte à son père qu’il a vu le loup dans la forêt, quelques jours après il s’avère que l’animal a égorgé six brebis chez un voisin. Plusieurs autres attaques.
Leïzer montre son épaule qu’à l’époque le loup lui avait déchirée. Il dit à son fils de se méfier ; ce vieux loup est un démon.

Chaïké est mal considéré par les paysans.

« Les paysans regardent de travers le jeune Juif qui marche le long de leurs palissades et lui opposent leurs dos hostiles. Chaïkè rencontre parfois un grand échalas, portant fièrement l’uniforme de l’armée ukrainienne aux boutons de cuivre, avec des rubans rouges. Ils se souviennent de leur enfance, de leurs bagarres aux poings, leurs nez en sang, leurs visages écorchés par les ongles, s’envoyant des pierres les uns aux autres, échangeant des insultes : youpin galopin, oreille de porc, voleur, fils de chienne. Maintenant leurs regards pleins de haine se percent mutuellement et ils se jaugent, furieux, de haut en bas et de bas en haut. Chaïkè d’un geste habile porte sa main droite sur le manche de sa hache dans son ceinturon, tel un soldat tenant son arme. En un instant ils jugent avec une prudence toute paysanne leur force respective, crachent par terre et détournent la tête. »

Nouvelle rencontre avec le loup
« Chaïkè au milieu de son chant assène un grand coup de sa cognée et se tait. Il lève les yeux et voit un peu plus loin, dans le brouillard dense entre les arbres, un loup immobile qui le regarde avec le feu de ses yeux verts. Un grand loup gris, la gueule ouverte, les crocs blancs et acérés, le guette. Chaïkè lui lance son bâton et le loup déguerpit. »

« Plus tard le loup s’habitua au feu et cessa de fuir. Quand il allumait un brasier, Chaïkè le voyait passer en courant, silencieux, entre les troncs, bondissant joyeusement tantôt tout près tantôt plus loin, hop, hop, sa langue rouge pendante, regardant calmement le feu.
Chaïkè s’était aussi habitué à la présence du fauve. Lorsqu’il s’asseyait tous les jours sur une souche pour manger avec appétit son déjeuner sorti de sa musette, frottant le pain d’ail et l’accompagnant d’un oignon juteux, il jetait des miettes aux corneilles et cherchait le loup des yeux. Dans son amour de toutes les créatures de Dieu, il éprouvait de la pitié à leur égard, pensant à la faim du loup, connaissant bien depuis l’âge de raison ce goût amer de la faim qui étreint les boyaux comme par une corde, provoque des crampes d’estomac, assombrit la vue, transforme la langue en un bout d’écorce sèche. Il se disait que dans la grande forêt sombre et épaisse de Seredits, qui s’étend sur des milles et des milles, au-delà même de Tarnopol, il y avait suffisamment d’animaux pour assouvir la faim des loups : cerfs, biches, lièvres, chiens sauvages. »

Une nuit des paysans voisins vinrent toquer à la porte de Leïzer, ils disent partir à la chasse au loup. Chaïké participe car Leïzer est trop âgé.
Dans la forêt le loup cerné saute sur Chaïké, il le mord profondément à l’épaule mais Chaïké parvient à le tuer, au contentement de tous.

« Chaïkè marchait à l’écart du groupe des paysans. Il jetait des coups d’œil au loup mort porté sur l’épieu. L’animal était tout rabougri, les pattes liées en haut, la tête et la queue pendantes, les crocs enfoncés dans la langue, un triste cadavre. Chaïkè sentit son cœur se serrer. Malgré la brûlure de son épaule blessée, il éprouvait la fierté de la vengeance. »

Quand les paysans ont besoin de l’aide d’un Juif pour traquer le loup ils n’ont pas de scrupule.

******************
Dans toutes presque toutes ces nouvelles, c’est la misère, la noirceur des âmes et des cœurs, la tristesse de l’ambiance et l’environnement.
La religion est présente, qu’elle soit suivie ou oubliée.
C’est surtout la haine des Juifs. Le rappel des pogroms, des guerres.
Les mots de l’auteur sont bruts, ce qui est,  est vu, décrit avec fidélité, la vérité, c’est tout.

Une belle découverte pour moi.


c'est nettement mieux que le peu que j'en dis, mais trooop chaud !


\Mots-clés : #antisémitisme #guerre


Dernière édition par Bédoulène le Jeu 21 Juil - 8:47, édité 2 fois

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Message par Armor Jeu 21 Juil - 2:04

Je ne connaissais pas du tout cet auteur. C'est noté !

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Message par tom léo Mer 3 Aoû - 7:48

Je conseille! Ce qui m'a touché c'est que (Le Juif) Moshe Fuchs n'épargne pas non plus ses compatriotes: parfois ils participent à la misère, ne sont pas "juste" des victimes.

Fuchs fût compté dans son temps parmi ses lecteurs comme un des très grands (p ex aussi les Singer etc)

Pour moi une vraie découverte!
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Message par Bédoulène Mer 3 Aoû - 9:36

merci Tom Léo d'apporter ton ressenti.

et contente de te lire !

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