Texte anonyme : qui l'a écrit ?

Mince je crois avoir déjà rencontré ce fragment.
On va voir.

C'est une nouvelle, non ?

Ni auteur français, ni nouvelle, non.
Et oui Nadine, il est fort possible que tu l'aies lu.

Mon extrait n'a pas l'air de vous inspirer !
Vous en voulez un autre ou vous cogitez encore ?

un auteur américain ? un peu misogyne ? genre Philip Roth ??

Je verrai bien un anglophone. Si c'est un roman, est-ce qu'un des thèmes principaux est le mariage ?

Un anglophone, oui, mais pas américain. Thème principal très éloigné des bluettes et du mariage… C'est pour ça que ça m'a paru amusant de tenter cet angle d'approche.
Quand vous aurez trouvé, je vous mettrai la suite du premier extrait.

Il se réveilla la premier. Il s'assit et regarda le visage couvert de taches, encore calmement endormi, qu'elle avait appuyé sur la paume de sa main. La bouche mise à part, on ne pouvait dire qu'elle fût belle. On voyait une ou deux rides autour des yeux quand on la regardait de près. Les courts cheveux noirs étaient extraordinairement épais et doux. Il pensa qu'il ne savait encore ni son nom, ni son adresse.
Le corps jeune et vigoureux, maintenant abandonné dans le sommeil, éveilla en lui un sentiment de pitié protectrice. Mais la tendresse irréfléchie qu'il avait ressentie sous le noisetier pendant que la grive chantait n'était pas tout à fait revenue. Il repoussa la combinaison et étudia le flanc doux et blanc. Dans les jours d'antan, pensa-t-il, un homme regardait le corps d'une fille, voyait qu'il était désirable, et l'histoire finissait là. Mais on ne pouvait aujourd'hui avoir amour ou plaisir pur. Aucune émotion n'était pure car elle était mêlée de peur et de haine. Leur embrasement avait été une bataille, leur jouissance une victoire.

Ce n'est tout de même pas Henry James ?

Le style est étonnant à la fois moderne et un peu daté (les jours d'antan ; pendant que la grive chantait -très romantique-) mais le propos semble résolument du (tout début) du XXème siècle ??

Hé hé hé.

Plutôt milieu du XXème siècle, en fait.

Non, pas Henry James !

Et le dernier extrait comporte un indice de taille. Lisez bien la fin.

ça fait penser à D.H. Lawrence ou Graham Greene, justement à cause de la dernière phrase.
Ou meme à Wolf Solent de John Cowper Powys où il y a une scène de séduction accompagnée du chant d' une grive.
Mais à mon avis, c' est trop ancien.

En effet bix, ce ne sont pas eux.

Ca me dit quelque chose ça m'énerve... Lecture d'ado style dystopie mais j'ai la mémoire qui flanche.

1984 ??

Je l'ai lu il y a trop longtemps pour être sûr ...

Je vous annonce officiellement que j'ai lu ce livre il y a moins d'un an. ce qui est formidable c'est que je ne me souviens pas encore du titre n de l'auteur.

C'est un truc qui se passe dans les pays nordiques non ?

Je refuse , de Per petterson ?

Mais je doute cependant. Notamment à cause de ton signalement d'indice. Si on ne peut dorénavant faire juste l'amour c'est que c'est le temps du sida , par exemple ?

Quasimodo a écrit:1984 ??

Bravo Quasimodo, c'est bien 1984 ! (Que je n'ai toujours pas lu. Dois-je ou pas ? Je l'ai ressorti de la bibliothèque familiale il y a un moment déjà.)

Je vous mets comme promis la suite du premier extrait :

Catherine était une fille grande, blonde, très droite, aux gestes magnifiques. Elle avait un visage hardi, aquilin, un visage que l'on aurait pu qualifier de noble si l'on ne découvrait que, derrière ce visage, il n'y avait à peu près rien. Tout au début de leur vie conjugale, il avait décidé (mais peut-être était-ce seulement parce qu'il la connaissait plus intimement) qu'elle avait, sans contredit, l'esprit le plus stupide, le plus vulgaire, le plus vide qu'il eût jamais rencontré.

Elle n'avait pas une idée dans la tête qui ne fût un slogan et il n'y avait aucune imbécilité, absolument aucune, qu'elle ne fut capable d'avaler si le Parti la lui suggérait. Il la surnomma mentalement : "l'enregistrement sonore". Cependant il aurait supporté de vivre avec elle s'il n'y avait eu, précisément, le sexe. Dès qu'il la touchait, elle semblait reculer et se roidir. L'embrasser était comme embrasser une image de bois articulé. (…)
Même alors, il aurait supporté pourtant de vivre avec elle s'il avait été entendu qu'il y avait eu entre eux une séparation de corps. Mais, assez curieusement, c'est Catherine qui avait refusé. Ils devaient, disaient-elle, donner naissance à un enfant, s'ils le pouvaient. (…) Elle avait deux phrases pour désigner cela : "fabriquer un bébé" et l'autre : "Notre devoir envers le Parti".

Il me semble que se priver de la lecture de 1984, c'est a minima occulter tout un champ de références, qui paraissaient peut-être un peu datées il y a peu de temps (un peu comme buter à gauche et à droite sur Iago, Othello, quand on n'a pas lu Shakespeare). Mais c'est déjà un superbe bouquin en soi !