Jiri Weil

Rien chez moi non plus, bix. Je le lirai probablement un jour, mais Hanta me disait que les deux livres sont sensiblement de la même veine, et je crains qu'une lecture trop rappochée ne nuise au second ; je vais attendre un peu.

Marie, ça me fait plaisir de lire ton avis.
En effet, le contexte historique aussi est intéressant. J'ai notammé apprécié que l'éditeur ajoute cet extrait censuré car jugé trop "petit bourgeois". Ca éclaire vraiment ce que subissait la population à l'époque, en l'occurence ici les écrivains. Cet extrait paraît si anodin aujourd'hui...

Mendelssohn est sur le toit précédé de Complainte pour 77 297 victimes



Jiri Weil file la métaphore de la statue ‒ sur le toit, vengeresse ou en charrette, en passant par le malade qui se pétrifie et une piètre statuette de la justice :

« La Justice ne gênerait plus personne. »

Puis il narre la création au début des années quarante du ghetto de transit vers la solution finale à Theresienstadt, près de Prague en Bohème.

« Le ghetto aussi avait été décidé à la conférence ; il devait servir de piège, de réservoir et aussi de façade, pour mieux leurrer les puissances neutres. »

Il révèle surtout la farce absurde et meurtrière du régime nazi, et témoigne de la terreur de l’Est où les gens vont « s’envoler par la cheminée ».

« Tous résistaient à la mort du mieux qu’ils pouvaient, chacun à sa manière. La mort était le fief des envahisseurs. Ils la célébraient dans leurs chants et leurs marches. Elle était leur meilleure amie. Mais les habitants du pays conquis voulaient vivre. »

Weil rappelle aussi l’importance du pillage des biens juifs dans les motivations allemandes.
Déconcerté par les calamiteuses citations des psaumes qui paraissent prophétiques, on bout devant un fondamentalisme impuissant face à la violence d’une mécanique sans morale (collaborer c’est être un témoin qu’on fera taire), puis on rencontre les résistants :

« Lutter simplement pour survivre, cela ne donnerait rien de bon. Il fallait se résoudre à sauter le pas, renoncer à son confort, surmonter la peur et la résignation, accepter de sacrifier sa vie pour la cause qui triompherait et apporterait la paix et la liberté aux autres. »

Le thème des bouchers revient souvent aussi.

« Je pourrais faire comme la plupart, me tourner les pouces en attendant qu’on m’emmène à l’abattoir. Mais je n’en ai pas envie. »

je te lirai après ma lecture Tristram !