Jacques Lacan
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Jacques Lacan
Jacques Lacan est un psychiatre et psychanalyste français.
Après des études de médecine, il s'oriente vers la psychiatrie et passe sa thèse de doctorat en 1932. Tout en suivant une psychanalyse avec Rudolph Loewenstein, il intègre la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1934, et en est élu membre titulaire en 1938.
C'est après la Seconde Guerre mondiale que son enseignement de la psychanalyse prend de l'importance. Tout en se réclamant d’un freudisme véritable — « le retour à Freud » —, son opposition à certains courants du freudisme (notamment l’Ego-psychology), l'aspect novateur de ses thèmes et sa conception de la cure psychanalytique conduisent à des scissions avec la SPP et les instances internationales. Tout en poursuivant ses recherches, Jacques Lacan donne des séminaires de 1953 à 1979, soit quasiment jusqu'à sa mort : successivement à l'hôpital Sainte-Anne, à l'École normale supérieure, puis à la Sorbonne.
Jacques Lacan a repris et interprété l'ensemble des concepts freudiens, mettant à jour une cohérence dégagée de la biologie et orientée vers le langage, en y ajoutant sa propre conceptualisation et certaines recherches intellectuelles de son époque (tels le structuralisme et la linguistique). Jacques Lacan est l'un des grands interprètes de Freud, et donne naissance à un courant psychanalytique : le lacanisme.
Figure contestée, Lacan a marqué le paysage intellectuel français et international, tant par les disciples qu'il a suscités que par les rejets qu'il a provoqués.
Oeuvre
Les séminaires
- Sem00, 1952/53, L'homme aux loups
- Sem01, 1953/54, Les Ecrits techniques de Freud
- Sem02, 1954/55, Le moi dans la théorie de Freud et la psychanalyse
- Sem03, 1955/56, Les psychoses
- Sem04, 1956/57, La relation d'objet
- Sem05, 1957/58, Les formations de l'inconscient
- Sem06, 1958/59, Le désir et ses interprétations
- Sem07, 1959/60, L'Ethique de la psychanalyse
- Sem08, 1960/61, Le transfert
- Sem09, 1961/62, L'identification
- Sem10, 1962/63, L'angoisse
- Sem11-NdP, 20/11/63, Les noms du père (Sem interrompu)
- Sem11, 1963/64, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse
- Sem12, 1964/65, Problèmes cruciaux pour la psychanalyse
- Sem13, 1965/66, L'objet de la psychanalyse
- Sem14, 1966/67, La logique du fantasme
- Sem15, 1967/68, L'acte psychanalytique
- Sem16, 1968/69, D'un Autre à l'autre
- Sem17, 1969/70, L'envers de la psychanalyse
- Sem18, 1970/71, D'un discours qui ne serait pas du semblant
- Sem19, 1971/72, Le savoir du psychanalyste (conférences à Ste Anne)
- Sem19 bis, 1971/72, ... ou pire
- Sem20, 1972/73, Encore
- Sem21, 1973/74, Les non-dupes errent
- Sem22, 1974/75, RSI
- Sem23, 1975/76, Le sinthome
- Sem24, 1976/77, L'insu que sait de l'une-bévue s'aile à mourre
- Sem25, 1977/78, Le moment de conclure
- Sem26, 1978/79, La topologie et le temps
- Sem27, 1979/80, Séminaire de Caracas (août 1980)
Les écrits
E(00) (pp9-10). Ouverture des Ecrits (Octobre 1966)
E(01) (pp11-61). Le séminaire sur la "Lettre volée" (texte daté de mai-août 1956, reprenant la séance du Séminaire II du 26 avril 1955)
E(02) (pp65-72). De nos antécédents (1966)
E(03) (pp73-92). Au-delà du principe de réalité (août-octobre 1936)
E(04) (pp93-100). Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je (juillet 1949)
E(05) (pp101-124). L'agressivité en psychanalyse (mai 1948) ; Page 1
E(06) (pp125-149). Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie (29 mai 1950)
E(07) (pp151-192). Propos sur la causalité psychique (28 septembre 1946)
E(08) (pp197-213). Le temps logique et l'assertion de certitude anticipée (mars 1945)
E(09) (pp215-226). Intervention sur le transfert (1951)
E(10) (pp229-236). Du sujet enfin en question (1966)
E(11) (pp237-322). Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse (Rapport au congrès de Rome) (septembre 1953)
E(12) (pp323-362). Variantes de la cure-type (Pâques 1955)
E(13) (pp363-367). D'un dessein (1966)
E(14) (pp369-399). Introduction au commentaire de Jean Hyppolite sur la Verneinung de Freud (10 février 1954)
E(15) (pp401-436). La Chose freudienne, ou Sens du retour à Freud en psychanalyse (7 novembre 1955)
E(16) (pp437-458). La psychanalyse et son enseignement (23 février 1957)
E(17) (pp459-491). Situation de la psychanalyse et formation du psychanalyste en 1956 (1956)
E(18) (pp493-528). L'instance de la lettre dans l'inconscient ou la raison depuis Freud (9 mai 1957)
E(19) (pp531-583). D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose (1957-58)
E(20) (pp585-642). La direction de la cure et les principes de son pouvoir (juillet 1958)
E(21) (pp647-684). Remarque sur le rapport de Daniel Lagache : "Psychanalyse et structure de la personnalité" (juillet 1958)
E(22) (pp685-695). La signification du phallus (9 mai 1958)
E(23) (pp697-717). A la mémoire d'Ernest Jones : Sur sa théorie du symbolisme (janvier-mars 1959)
E(24) (pp717-724). D'un syllabaire après coup (1966)
E(25) (pp725-735). Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine (septembre 1960)
E(26) (pp739-764). Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir (Avril 1958)
E(27) (pp765-790). Kant avec Sade (septembre 1962)
E(28) (pp793-827). Subversion du sujet et dialectique du désir dans l'inconscient freudien (septembre 1960)
E(29) (pp829-850). Position de l'inconscient (octobre-novembre 1960)
E(30) (pp851-854). Du "Trieb" de Freud et du désir du psychanalyste (janvier 1964)
E(31) (pp855-877). La science et la vérité (1er déc 1965)
E(32) (pp889-892). La Métaphore du sujet (1961)
Une autre publication intitulée "Autres écrits" est intervenue en 2001.
MAJ de l'index le 21/09/2018
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
L'agressivité en psychanalyse (in Ecrits)
D'une part je pense qu'il est complexe de rendre quelque chose de la pensée de Lacan, et ce pour plusieurs raisons : d'une part la subjectivité de chacun qui est un filtre à ce que l'on entend de ce qui est dit, d'autre part je pense qu'il a parlé plus pour ouvrir la pensée que pour que l'on saisisse véritablement la sienne.
De ce fait, ce que je vais sommairement rendre ici est l'effet de ma compréhension avec le filtre de mes intérêts cliniques actuels mais aussi de ce qui est pour moi entendable par rapport à ma propre subjectivité.
Ne prenez pas ces quelques notes comme reflétant la pensée de Lacan, même si elles le cite en grande partie car l'intérêt peut plutôt être l'échange qui peut suivre.
Je n'ai pas tout relaté pour l'instant, je compléterai les dernières thèses par la suite.
Dans cet article, Lacan tente de conceptualiser l’agressivité. Là où pour Freud l’agressivité est à lier à l’instinct de mort, Lacan va émettre plusieurs autres thèses qu’il pense mieux correspondre avec la réalité
Thèse 1 : l’agressivité se manifeste dans une expérience qui est subjective par sa constitution même.
Lacan nous dit que « l'action psychanalytique se développe dans et par la communication verbale, c'est-à-dire dans une saisie dialectique du sens. Elle suppose donc un sujet qui se manifeste comme tel à l'intention de l'autre. » Je retiendrai que c’est une expérience, et donc que chaque sujet vit cette expérience, voire plutôt une expérience. L’utilisation d’un appareil enregistreur l’excluerait, même s’il y a de la subjectivité dans la lecture des résultats.
Thèse 2 : L’agressivité, dans l’expérience, nous est donnée comme intention d’agression et comme image de distorsion corporelle
L’expérience analytique nous permet d’éprouver la pression intentionnelle. Nous la lisons :
- Dans le sens symbolique des symptômes
- Dans les ratés de son action
- Dans la finalité implicite de ses conduites et de ses refus
- Dans l’aveu de ses fantasmes privilégiés
- Dans les rébus de la vie onirique
On peut la mesurer dans la modulation revendicatrice qui soutient parfois tout le discours, dans ses suspensions, ses hésitations, ses inflexions, ses lapsus, ses inexactitudes, ses irrégularités dans l’application de la règle, dans les retards aux séances, dans les absences calculées, les récriminations, reproches, craintes fantasmatiques, réactions émotionnelles de colère, démonstrations à fins intimidantes.
L’efficacité de cette intention agressive est manifeste : nous la constatons couramment dans l’action formatrice d’un individu sur les personnes de sa dépendance.
Parmi les imagos, certaines représentent des vecteurs électifs d’intentions agressives, qu’elles pourvoient d’une efficacité qu’on peut dire magique. Ce sont des images de castration, d’éviration, de mutilation, de démembrement, de dislocation, d’éventrement… que l’on peut résumer dans le terme d’imagos du corps morcelé. Il y a là un rapport spécifique de l’homme à son corps qui se manifeste aussi bien dans la généralité d’une série de pratiques (rites de tatouage, d’incision, de circoncision…) jusque dans l’arbitraire procustéen (déformer un objet pour le rendre semblable à une référence). Chez l’enfant, on peut le percevoir dans des expressions (je vais t’ouvrir le ventre…) ou encore dans les poupées démantibulées.
Les images agressives tourmentent les hommes, et ce de tous temps
Thèse 3 : les ressorts d’agressivité décident des raisons qui motivent la technique de l’analyse
Lors de la cure, l’analyste doit « mettre en jeu l’agressivité du sujet à notre endroit, puisque ces intentions, on le sait, forment le transfert négatif qu'est le noeud inaugural du drame analytique. »
En ce sens Lacan parle du transfert imaginaire du sujet sur l’analyste d’une des imagos plus ou moins archaïques.
Thèse 4 : L’agressivité est la tendance corrélative d’un mode d’identification que nous appelons narcissique et qui détermine la structure formelle du moi de l’homme et du registre d’entités caractéristiques de son monde
Thèse 5 : une telle notion de l’agressivité comme d’une des coordonnées intentionnelles du moi humain, et spécialement relative à la catégorie de l’espace, fait concevoir son rôle dans la névrose moderne et le malaise de la civilisation
Certaines thèses seront développées ultérieurement dans le fil de discussion
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chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
Nadine- Messages : 4882
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Re: Jacques Lacan
églantine- Messages : 4431
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Re: Jacques Lacan
églantine a écrit:Grand merci Chrysta pour l'ouverture du fil et ton premier post enrichissant ! ( je dois avoir un livre de Lacan dans une des mes PALS qui m'attend plus près des étoiles . Je pourrai le ressortir peut-être cet été )
Tu te souviens lequel est ce ?
Bon, j'ai ouvert un fil dans les lectures communes, au cas ou ça te tente
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
Nos réactions partent dans un certain sens de notre façon d’interpréter ce que l'autre nous a dit. Comment l'éviter? Mais on ne peut pas. Tout ce qu'on reçoit tombe sur un terrain plus ou moins préparé qui va réagir selon son entendement.
Je m'arrête sur une notion, un fil d'idées: L’agressivité peut être définie - comme cela me semble ici le cas selon ton résumé? - comme étant une forme de désir de mort, lié à la notion du Thanatos. Cela était pendant longtemps mon approche aussi. Mais il risque de condamner une disposition intérieure qui peut évidemment mener vers l'une ou autre forme de destruction.
Aujourd'hui j'y vois une forme de force intérieure qui nous fait agir, se défendre, lutter pour le meilleur. Une vie sans la violence, sans un minimum d’agressivité, nous rendrait mou, inexistants. Énergie alors nécessaire. Bien sûr, l'excès vers la destruction de soi ou d'autrui n'est pas à viser..., mais l'effacement de cette énergie vitale serait fatale aussi.
Pour nous, plus ou moins marqués par une condamnation de la violence, il nous faudra vraiment accepter la violence intérieure, et y voir le ressort vers... la vie.
Ces idées sont aussi - je le souligne - mon propre ressenti face à une ou deux idée dans le résumé de Chrysta. Peut-être alors tout à fait à coté...
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Jacques Lacan
Pour ceux qui serait intéressés par la lecture de l'article de Lacan, voilà le lien : http://aejcpp.free.fr/lacan/1948-05-00.htm
Alors en psychanalyse, la violence n'est pas assimilable à l'agressivité, ce sont deux choses différentes, l'une qui est dans le lien, l'autre non.
Je cite Benghozi : " La violence est une attaque contre le lien. Elle est symbolicide et désubjectivante. Elle est destructrice du sujet et de l’intersubjectivité, déstructurante et meurtrière même si elle ne se manifeste que par des mots. Qu’elle soit physique, psychique ou sexuelle, la violence est intrusive et porte atteinte à l’intégrité de l’autre. C’est une effraction démaillante des contenants psychiques. Il y a une transmission généalogique de l’empreinte de la violence.
L’agressivité vise à restaurer un lien désavoué. Elle interpelle, convoque, provoque l’autre. C’est une forme d’appel, une tentative de surmonter les impasses à la parole en conflictualisant la relation, de dire ce qui ne peut se dire autrement et espérer être entendu. Certains comportements dits « violents » correspondent ainsi à une agressivité
Sinon, dans l'idée de poursuivre un peu sur le texte de lacan et en lien avec ton intéressant message Tom Leo, je dirai que, relativement au lien agressivité / instinct de mort, il est plutôt freudien. Rappelons que pour Freud, sa théorie de l’agressivité a fortement évoluée au fil de ses topiques et il a fait certains virages par rapport à ses avancées. LA pulsion de mort apparaît dans son œuvre en 1920, soit assez tardivement et c'est là qu'il la liera effectivement à l'agressivité. Lacan dit : « Nous avons tous en commun dans cette assemblée une expérience fondée sur une technique, un système de concepts auquel nous sommes fidèles, autant parce qu’il a été élaboré par celui-là même qui nous a ouvert toutes les voies de cette expérience, que parce qu’il porte la marque vivante des étapes de cette élaboration. C’est-à-dire qu’à l’opposé du dogmatisme qu’on nous impute, nous savons que ce système reste ouvert non seulement dans son achèvement, mais dans plusieurs de ses jointures.
Ces hiatus paraissent se conjoindre dans la signification énigmatique que Freud a promue comme instinct de mort : témoignage, semblable à la figure du Sphynx, de l’aporie où s’est heurtée cette grande pensée dans la tentative la plus profonde qui ait paru de formuler une expérience de l’homme dans le registre de la biologie.
Cette aporie est au cœur de la notion de l’agressivité, dont nous mesurons mieux chaque jour la part qu’il convient de lui attribuer dans l’économie psychique. »
Jacques Lacan se place dans une perspective peu différente de celle de Freud. En effet, il émet l'hypothèse d'une agressivité qui serait liée « à la relation narcissique et aux structures de méconnaissances et d'objectivation systématique qui caractérisent la formation du moi ». Aussi, ce n'est que par l'identification œdipienne que cette agressivité pourra être dépassée.
Je vais déplier (un peu) donc ici sa thèse 4 (ou ce que j'en retient, comprend à ma manière)
La tendance agressive se révèle dans des états significatifs de la personnalité tels que la psychose paranoïde ou paranoïaque. « J’ai souligné dans mes travaux qu’on pouvait coordonner par leur sériation strictement parallèle la qualité de la réaction agressive qu’on peut attendre de telle forme de paranoïa avec l’étape de la genèse mentale représentée par le délire symptomatique de cette même forme. Relation qui apparaît encore plus profonde quand, – je l’ai montré pour une forme curable : la paranoïa d’auto-punition – l’acte agressif résout la construction délirante. »
Il déplie aussi dans cette thèse l’agressivité de l’enfant, et notamment la concurrence agressive dès lors qu’il en vient à désirer l’objet du désir de l’autre. Il reprend à cet effet l’exemple de St Augustin : « « J’ai vu de mes yeux et j’ai bien connu un tout petit en proie à la jalousie. Il ne parlait pas encore, et déjà il contemplait, tout pâle et d’un regard empoisonné, son frère de lait ». Ainsi noue-t-il impérissablement, avec l’étape infans (d’avant la parole) du premier âge, la situation d’absorption spectaculaire : il contemplait, la réaction émotionnelle : tout pâle, et cette réactivation des images de la frustration primordiale : et d’un regard empoisonné, qui sont les coordonnées psychiques et somatiques de l’agressivité originelle » et cite aussi M.Klein et sa théorie des bons / mauvais objets, voire, je dirai, de l’envie (texte : « envie et gratitude » de Klein), qui serait (pour simplifier, projection des pulsions agressives à l’extérieur, sur le mauvais objets, qui en devient persécutant (les tendances agressives sont mise hors du sujet tant qu’elles le menacent).
Si je fais un petit détour kleinien, disons que l’enfant, tant que son moi est peu construit, ne peut accepter en lui ses tendances agressives ( et pourtant il voudrait le « bouffer » ce sein, donc le détruire). Pour s’en préserver il les projette sur l’extérieur, sur le sein, qui devient l’objet tant désiré que frustrant et agressif. Seulement dans un second temps, il acceptera ses motions agressives comme étant sienne, delà commence le sentiment de culpabilité.
Suite bientôt ...
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chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
shanidar- Messages : 1592
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Re: Jacques Lacan
pas évident !
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Jacques Lacan
shanidar a écrit:Est-ce que l'agressivité ne pourrait pas également découler d'une impossibilité à exprimer par les mots une pensée violente ? Il me semble que nous pouvons avoir recours à l'agressivité quand nous n'avons pas les mots suffisants, le vocabulaire adéquat pour défendre une pensée, une idée et qu'alors nous dérivons vers l'attaque... (désolée si je suis complètement en dehors du sujet).
Alors, je pense que l'on peut mettre nombre de raisons derrière une attitude, ou une intention agressive, voire une agressivité plus actée.
Il me semble que tu fais référence à plusieurs choses:
- d'une part avoir une pensée agressive envers une personne mais se refuser à la verbaliser, s'inhiber
- d'autre part ne pas avoir les mots pour dire ce que l'on ressent, ce qui renvoie à une forme d'impuissance.
Je dirai que ce sont deux situations différentes mais qui peuvent effectivement donner lieu à différentes formes d'agressivité.
La question peut être serait de chercher à savoir ce qui, dans le premier cas, empêche la parole; et ce qui, dans un second cas, fait que l'on a pas les mots pour dire ce qui se passe en nous.
Ensuite, si l'on se réfère à Lacan et la question transférentielle, voir quel type de relation à l'autre vient se rejouer, se répéter ici. Et à quoi cela renvoie d'antérieur.
Souvent je dirai les ressorts de nos comportements/attitudes/émotions... sont référé à notre propre histoire et à ce qui nos fonde comme sujet dans la relation à l'autre telle qu'on en a construit des sorte de prototype depuis l'enfance.
En gros, ce n'est pas dans l'ici et maintenant souvent qu'il faut chercher mais dans l'avant.
Et ne soit pas désolée, toute question et réflexion est super riche et permet la discussion, l'échange, d'avancer aussi sur les idées et concepts.
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
Bédoulène a écrit:donc d'abord nommer : violence ou agressivité !
pas évident !
Etymologiquement, agressivité vient de ad-gressere qui signifie "aller vers".
l'agressivité est une manière de se faire reconnaître par l'autre, de préserver aussi son moi et de l'affirmer.
C'est, comme Benghozi le dit plus haut, une forme de lien.
La violence est plutôt du côté de la volonté de détruire l'autre, pas une manière de maintenir un lien.
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
Ci dessous les thèses 3 et 4 un peu plus étoffées
Thèse 3 : les ressorts d’agressivité décident des raisons qui motivent la technique de l’analyse
Le dialogue apparaît comme renonciation à l’agressivité, or l’échec de la dialectique verbale est souvent démontrée. La règle analytique laisse le patient avancer dans une intentionnalité aveugle à toute autre fin que sa libération d’un mal ou d’une ignorance dont il ne connait pas les limites. Seule sa voix se fait entendre. L’analyste ne répond. Le patient percevra vite l’abstention de celui-ci à lui proposer un conseil ou un projet. Cette contrainte semble aller à l’encontre de la fin désirée. L’analyste s’efface, il est dans un « idéal d’impassibilité », sans réaction de sympathie, d’intérêt, etc… LE patient attend la participation à son mal.
A un moment une agressivité va être mise en jeu à l’endroit de l’analyste. Le plus hasardeux prétexte peut provoquer l’intention agressive qui réactualise l’imago. L’intention agressive forme le transfert négatif.
Lacan, à cet endroit, le déplie en parlant des différences entre hystérie, névrose obsessionnelle et phobie. Dans les états névrotiques, l’agressivité semble moindre car les mécanismes de défense qui lui permettent de s’exprimer de manière codée sont plus efficaces. Elle est le plus complexe à lever dans la névrose obsessionnelle tant les défenses sont un barrage efficace qui la camoufle.
Ce que nous cherchons à éviter dans la technique, c’est que l’intention agressive trouve appui d’une idée actuelle pouvant engendrer opposition, dénégation. Au lieu d’attaquer de front, il y a induction d’une paranoïa dirigée, pour laquelle on peut se référer à la théorie kleinienne de la projection du mauvais objet interne.
Si le patient voit en l’analyste la réplique de lui-même, l’excès de tension agressive ferait obstacle à la manifestation du transfert. On peut l’imaginer sous le mode de l’étrangeté, du double, des situations génératrices d’angoisse.
Thèse 4 : L’agressivité est la tendance corrélative d’un mode d’identification que nous appelons narcissique et qui détermine la structure formelle du moi de l’homme et du registre d’entités caractéristiques de son monde
Passons de l’intention agressive au registre des réactions agressives.
La tendance agressive se révèle dans des états significatifs de la personnalité tels que la psychose paranoïde ou paranoïaque. « J’ai souligné dans mes travaux qu’on pouvait coordonner par leur sériation strictement parallèle la qualité de la réaction agressive qu’on peut attendre de telle forme de paranoïa avec l’étape de la genèse mentale représentée par le délire symptomatique de cette même forme. Relation qui apparaît encore plus profonde quand, – je l’ai montré pour une forme curable : la paranoïa d’auto-punition – l’acte agressif résout la construction délirante. »
La réaction agressive se série de l’explosion brutale et à travers toutes les gammes : bélligérance, guerre froide, démonstrations interprétatives, imputation de nocivité qui, sans parler du kakon obscur auquel le paranoïde référe sa discordance de tout contact vital, s’étagent depuis la motivation , empruntée au registre d’un organicisme très primitif, du poison, à celle, magique, du maléfice, télépathique, de l’influence, lésionnelle, de l’intrusion physique, abusive, du détournement de l’intention, dépossessive, du vol du secret, profanatoire, du viol de l’intimité, juridique, du préjudice, persécutive, de l’espionnage et de l’intimidation, prestigieuse, de la diffamation et de l’atteinte à l’honneur, revendicatrice, du dommage et de l’exploitation.
Cette série, j’ai montré qu’elle tenait dans chaque cas à une organisation originale des formes du moi et de l’objet qui en sont également affectées dans leur structure, et jusque dans les catégories spatiale et temporelle où ils se constituent, vécus comme événements dans une perspective de mirages, comme affections avec un accent de stéréotypie qui en suspend la dialectique
Le premier plan nous montre que l’expérience de soi-même chez l’enfant du premier âge, en tant qu’elle se réfère à son semblable, se développe à partir d’une situation vécue comme indifférenciée.
Vers l’âge de 8 mois, tentative de reproduction du geste de l’autre
Aliénation de l’individu humain à son image, son moi. Cette forme se cristallisera dans la tension conflictuelle interne au sujet qui détermine son désir pour l’objet du désir de l’autre : ici le concours primordial se précipite en concurrence agressive, et c’est d’elle que naît la triade de l’autrui, du moi et de l’objet.
Si le moi apparait dès ses débuts marqué de cette relativité agressive, comment ne pas concevoir que chaque grande métamorphose instinctuelle scandant la vie du sujet viendra remettre en cause sa délimitation faite de l’histoire du sujet avec l’impensable innéité de son désir ?
C’est pourquoi jamais le moi n’est pas réductible à son identité vécue, et dans les disruptions dépressives des revers vécus de l’infériorité, le moi engendre des négations mortelles qui le figent dans son formalisme : « je ne suis rien de ce qui m’arrive » et « tu n’es rien de ce qui vaut ». Aussi bien les deux moments se confondent-ils où le sujet se nie lui-même et où il charge l’autre, et l’on y découvre la structure paranoïaque du moi qui trouve son analogue dans les négations fondamentales, mises en évidence par Freud dans les 3 délires de jalousie, d’érotomanie et d’interprétation. C’est le délire même de la belle âme misanthrope rejetant sur le monde le désordre qui fait son être.
L’expérience subjective doit être habilitée de plein droit à reconnaître le nœud central de l’agressivité ambivalente, que notre moment culturel nous donne sous le terme de ressentiment.
Exemple de Saint Augustin : « j’ai vu de mes yeux et j’ai bien connu un tout petit en proie à la jalousie. Il ne parlait pas encore, et déjà il contemplait, tout pâle et le regard empoisonné, son frère de lait. » = coordonnées psychiques de l’agressivité originelle.
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
chrysta a écrit:Je dirai que ce sont deux situations différentes mais qui peuvent effectivement donner lieu à différentes formes d'agressivité.
La question peut être serait de chercher à savoir ce qui, dans le premier cas, empêche la parole; et ce qui, dans un second cas, fait que l'on a pas les mots pour dire ce qui se passe en nous.
Formulation lumineuse !
Je vais lire attentivement la suite...
shanidar- Messages : 1592
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Re: Jacques Lacan
chrysta- Messages : 568
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Re: Jacques Lacan
Thèse 5 : une telle notion de l’agressivité comme d’une des coordonnées intentionnelles du moi humain, et spécialement relative à la catégorie de l’espace, fait concevoir son rôle dans la névrose moderne et le malaise de la civilisation
L’agressivité est souvent confondue avec la vertu de la force. Tenue pour usage social indispensable (lutte pour la vie)
S’appuie sur Hegel et le conflit du Maitre et de l’esclave. Le Maitre absolu lui est donné dans la mort
« La satisfaction du désir humain n’est possible que médiatisée par le désir et le travail de l’autre. »
« La crainte de la mort, du "Maître absolu" (...) est psychologiquement subordonnée à la crainte narcissique de la lésion du corps propre.
Petite explication trouvée sur le net (site http://la-philosophie.com/maitre-esclave-hegel)
La dialectique du maître et de l’esclave est la théorie la plus célèbre de Hegel, laquelle a été développée dans la Phénoménologie de l’Esprit. Cette théorie prend la forme d’un récit, celui d’un combat : deux êtres conscients d’eux-mêmes s’affrontent pour la première fois. Dès qu’ils se rencontrent, le problème de la reconnaissance émerge, car ils ont tous deux le même désir de reconnaissance, cette dernière ne peut alors avoir lieu qu’à l’issue d’une lutte des consciences.
Phase 1 : l’asservissement
Pour obtenir la reconnaissance de l’autre (pour s’entendre dire : “Tu es”), chacun va risquer sa vie. Mais la lutte entre eux ne conduit pas à la mort de l’un des adversaires, parce que le désir de reconnaissance exige un “reconnaissant” et un “reconnu” plutôt qu’un mort. Tuer l’adversaire détruit ce témoin et donc rend impossible la reconnaissance. Pour cette raison, la conscience qui vainc ne tue pas le vaincu, mais le maintient en vie, dans le but de faire travailler la conscience vaincue. Le vaincu, lui, l’a été pour avoir préféré la servitude à la mort. La situation devient alors celle de la relation entre le vainqueur (le maître) et le vaincu (l’esclave).
Phase 2 : le retournement
Une fois la lutte achevée, la relation maître/esclave va se retourner peu à peu. Voici une synthèse de ce mouvement dialectique en cinq points :
Premier point de la relation maître/esclave
Le maître de l’esclave a besoin de reconnaissance. L’esclave est l’essentiel pour le maître. C’est ce que Hegel appelle la certitude objective. Mais cette reconnaissance n’est pas réciproque, comme le maître est reconnu par quelqu’un qu’il ne reconnaît pas, et la reconnaissance unilatérale n’est pas suffisante. Le maître veut agir comme un être conscient de soi par la réalisation de son désir vers un autre soi. Cette question est problématique, car à la fin de la lutte, l’esclave ne sera pas reconnu par le maître comme un autre être conscient de soi, et sera réduit à une chose (phase d’objectivation). Le désir du maître est orienté vers une volonté objectivée ou un objet, et donc, le maître n’est pas reconnu par un autre être conscient de soi. Sa certitude objective n’est pas confirmée par un autre être conscient de soi et ne saura jamais obtenir satisfaction en étant reconnu par un esclave ou une chose.
Deuxième point de la relation maître/esclave
Il n’y a pas de maître sans esclave. Un être conscient de soi devient un maître par la possession des esclaves. En conséquence, le maître dépend de l’esclave pour exister en tant que maître. Il faut ainsi distinguer la dépendance formelle de la dépendance matérielle.
Troisième point de la relation maître/esclave
Le maître dépend matériellement de l’esclave. Sa supériorité sur la nature du travail est réalisée dans l’esclave. Le travail est placé entre le maître et la nature et transforme la nature en objets désirés par le maître. Le paradis dans lequel vit le maître est lié aux produits du travail de l’esclave. Tout ce que le maître a est produit par l’esclave. Le maître n’est donc pas un être indépendant, mais plutôt dépendant de l’esclavage.
Quatrième point de la relation maître/esclave
Le maître est inactif, sa relation à l’Etre est médiée par le travail de l’esclave. Le maître reste belliqueux, et l’existence de l’esclave est réduite à travailler pour le maître. L’esclave est actif et a une relation directe à l’Etre. La relation de l’esclave à l’Être est dialectique, car l’être est nié et transformé par le travail de l’esclave en marchandises. L’esclave est la principale force moteur pour la négation de l’Etre.
Cinquième point de la relation maître/esclave
Les êtres humains deviennent conscients d’eux-mêmes à travers le désir et les esclaves le deviennent à cause de la peur de la mort. L’appréhension du «néant» ou «mort» est une condition nécessaire pour la révélation de sa propre existence. Dans ce cas, c’est l’esclave et non pas le maître qui saisit le sens de l’authenticité et devient conscient de sa propre individualité. Hegel pense que l’esclave devient l’agent de la révolution historique. L’esclave, par conséquent, aboutit à une conception différente de l’individualité et de l’authenticité.
Hegel affirme par ailleurs que l’histoire de la guerre entre Etats aboutit à assimiler les plus faibles. L’État le plus puissant réussit à survivre et se développe sur son territoire, se transformant alors en empire. Les citoyens de cet Etat ne sont plus obsédés par la guerre car la menace extérieure a été éliminée. Comme il n’y avait plus de guerre, le capitaine n’a pas la prétention de supériorité sur l’esclave, parce que la supériorité serait affirmée dans la lutte à mort. En conséquence de cela, le maître est devenu un maître épris de paix, a accepté l’idéologie esclave et devenu chrétien. Un maître chrétien est un maître sans esclave et un esclave chrétien est un esclave sans maître. Comme il n’y a pas maître sans esclave et d’esclave sans maître, les deux sont réduits à des rôles inauthentiques et interchangeables.
Conclusion sur la relation du maître et de l’esclave chez Hegel
Hegel est arrivé à la conclusion que l’historicité de l’existence humaine est impossible sans la violence. Un monde entièrement pacifique est en contradiction avec la nature de cette historicité. L’existence humaine est, par conséquent, mieux comprise en termes de lutte à mort pour la reconnaissance que de recherche d’harmonie, comme le prônent les moralistes, tels que Lévinas.
chrysta- Messages : 568
Date d'inscription : 15/01/2017
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Re: Jacques Lacan
J'ai lu quelques-uns de ses séminaires, je retiens celui sur le Transfert pour sa relecture sensationnelle du Banquet de Platon. Lu quelques Ecrits aussi. Mais bon, puisque j'ai sous la main ma note de lecture pour Télévision, je la partage avec vous.
La description de l'éditeur permettra de comprendre qu'on a affaire à un livre qui retranscrit une interview entre Jacquot et des auditeurs.
- Les psychologues, les psychothérapeutes, les psychiatres, tous les travailleurs de la santé mentale - c’est à la base et à la dure qu’ils se coltinent la misère du monde. Et l’analyste, pendant ce temps ?
- Depuis vingt ans que vous avez avancé votre formule, que l’inconscient est structuré comme un langage, on vous oppose sous des formes diverses : « Des mots, des mots, des mots ». Quid de l’énergie psychique, ou de l’affect, ou de la pulsion ?
- La guérison, est-ce aussi un fantasme ?
- Il y a une rumeur qui chante : si on jouit si mal, c’est qu’il y a répression sur le sexe, et c’est la faute à la famille, à la société, au capitalisme.
- D’où vous vient l’assurance de prophétiser la montée du racisme ?
- Trois questions résument pour Kant « l’intérêt de notre raison » : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Y répondre à votre tour, ou y trouver à redire.
- Titillez donc voir la vérité que Boileau versifie « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ». Votre style, etc.
Ce sont là quelques-unes des questions qui sont ici lancées à Jacques Lacan et sur lesquelles i parle, au nom de l’objet Télévision.
Lacan est passé à la téloche. La téloche, c'est ce qui a toujours fait fantasmer les intellectuels dans un rapport de fascination-rejet, donc c'est bien normal qu'il faille s'y plier d'une manière ou d'une autre. le rapport de Lacan à l'objet télé se fait sous le mode du ne-pas-céder à l'errement, comme il demandait d'ailleurs de ne pas céder sur son désir : « L'errement consiste en cette idée de parler pour que des idiots me comprennent ».
Quelques types posent des questions. On ne sait pas d'où ils sortent, mais les questions sont là, c'est un fait. On ne sait pas non plus quel est le rapport des réponses de Lacan à ces questions mais ça, c'est le principe de Lacan : comme les grands sages, il répond toujours à côté de ce qu'on attendait, et ça donne à réfléchir ou pas. de toute façon, Lacan semblait avoir un programme que même les questionneurs n'auraient pu lui faire abandonner, et je déclinerais ce programme sous les chapitres suivants : la vérité ; lalangue ; le saint ; la jouissance ; le mythe ; la femme. Et la conclusion, pour bien dire que c'est fini.
Ce qui est bien c'est que dans la retranscription écrite de l'émission, on peut à nouveau prendre le récepteur du message pour un con, ce que la télé, en déblatérant à toute allure sans nous laisser le temps de saisir ce qui vient d'être dit, ne permet pas. Il y a moins de complexe dans le rapport au livre que dans le rapport à la télé. Alors, des légendes sont parfois apposées dans les marges des paragraphes les plus abscons pour qu'en une phrase, se révèle ce qui en un paragraphe semblait du plus chtonien.
Ce que j'aime bien avec Lacan, c'est qu'il a une approche qui évoque la non-compréhension des spiritualités (extrême)-orientales. Je l'ai dit plus haut : Jacquot ne voulait pas être compris. Il préfère être interrogé, il préfère provoquer des mouvements de renvoi de l'autre à soi. « Celui qui m’interroge sait aussi me lire. »
Ou : « Nulle harmonie de l’être dans le monde s’il parle. »
Ou : « Il n’est éthique que du Bien-dire, savoir que de non-sens. »
Ou : « Mon discours n’admet pas la question de ce qu’on peut savoir, puisqu’il part de le supposer comme sujet de l’inconscient. »
Ou : « Point de discours qui ne soit du semblant. »
Ce court livre est peut-être une bonne introduction pour qui souhaite découvrir Lacan, sa façon de s'exprimer si particulière, faite de jeux de mots, d'apparentes contradictions, d'un néologisme riche et pertinent.
Re: Jacques Lacan
Parmi tant d'autres de tes billets tout aussi brillants sur Lacan .colimasson a écrit:Ah, tiens, il existe un fil pour Lacan !
J'ai lu quelques-uns de ses séminaires, je retiens celui sur le Transfert pour sa relecture sensationnelle du Banquet de Platon. Lu quelques Ecrits aussi. Mais bon, puisque j'ai sous la main ma note de lecture pour Télévision, je la partage avec vous.
églantine- Messages : 4431
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Re: Jacques Lacan
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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Bédoulène- Messages : 21642
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