Georges Didi-Huberman
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Georges Didi-Huberman
Georges DIDI-HUBERMAN
Né le 13 juin 1953 à St Etienne
Philosophe, historien de l'art, né en 1953. Après avoir été dramaturge à la Comédie Française, pensionnaire à la Villa Medicis à Rome, il devient en 1990 maître de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Il a publié une vingtaine d'ouvrages sur l'histoire de l'art. Il est notamment l'auteur de Images malgré tout (Editions de minuit, 2004).
Délibérément critique à l’égard d’une discipline trop aisément assurée de ces certitudes scientifiques, le projet de Didi-Huberman recouvre une double ambition : dévoiler, d’une part, les obscures ou triomphantes raisons qui ont pu amener l’histoire de l’art à une telle rhétorique de la certitude ; ouvrir, d’autre part, le regard sur les images de l’art aux illisibles déchirures qui les traversent.
Oeuvre
Invention de l’hystérie. Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière, Macula, 1982
Mémorandum de la peste. Le fléau d’imaginer, Christian Bourgois, 1983
La Peinture incarnée suivi du Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, Minuit, 1985
Fra Angelico. Dissemblance et figuration, Flammarion, 1990
Devant l’image. Questions posées aux fins d'une histoire de l'art, Minuit, 1990
Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Minuit, 1992
Le Cube et le visage. Autour d’une sculpture d’Alberto Giacometti Macula, 1992
L'Empreinte du ciel, présentation des Caprices de la foudre, Éditions Antigone, 1994
La Ressemblance informe, ou Le gai savoir visuel selon Georges Bataille, Macula, 1995
Phasmes. Essais sur l'apparition, Minuit 1998
L’Étoilement, sur Simon Hantaï, Minuit, 1998
La Demeure, la souche, sur Pascal Convert, Minuit, 1999
Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté, Gallimard, 1999
Devant le temps, Minuit, 2000
Être crâne, sur Giuseppe Penone, Minuit, 2000
L’Homme qui marchait dans la couleur, sur James Turrell, Minuit, 2001
Génie du non-lieu, sur Claudio Parmiggiani, Minuit, 2001
L’Image survivante, Minuit, 2002
Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé, Gallimard, 2002
Images malgré tout, Minuit, 2004
Gestes d’air et de pierre, Minuit, 2005
Le Danseur des solitudes, sur Israel Galván, Minuit, 2006
L'Image ouverte. Motifs de l'incarnation dans les arts visuels, Gallimard, 2007
La Ressemblance par contact, Minuit, 2008
Survivance des lucioles, Minuit, 2009
L'Œil de l'histoire
Tome 1 : Quand les images prennent position, Minuit, 2009
Tome 2 : Remontages du temps subi, Minuit, 2010
Tome 3 : Atlas ou le gai savoir inquiet, Minuit, 2011
Tome 4 : Peuples exposés, peuples figurants, Minuit, 2012
Tome 5 : Passés cités par JLG, Minuit, 2015 (ISBN 9782707328489)
Tome 6 : Peuples en larmes, peuples en armes, Minuit, 2016
Écorces, Minuit, 2011
L'Album de l'art à l'époque du « Musée imaginaire », Éditions Hazan, 2013
Sur le fil, Minuit, 2013 (ISBN 9782707322821)
Blancs soucis, Minuit, 2013 (ISBN 9782707322838)
Phalènes. Essais sur l'apparition, volume 2, Minuit, 2013
Sentir le Grisou, Minuit, 2014
Essayer voir, Minuit, 2014
Ninfa fluida. Essai sur le drapé-désir, Gallimard, coll. Art et artistes, 2015
chrysta- Messages : 568
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Re: Georges Didi-Huberman
Ce que nous voyons, ce qui nous regarde
Résumé
Ce que nous voyons ne vaut – ne vit – que par ce qui nous regarde. Si cela est vrai, comment penser les conditions esthétiques, épistémiques, voire éthiques, d’une telle proposition ? C’est ce que tente de développer ce livre, tissé comme une fable philosophique de l’expérience visuelle.
Nous y trouvons deux figures emblématiques, opposées dans un perpétuel dilemme. D’un côté, l’homme de la vision croyante, celui qui fait sienne, peu ou prou, la parole de l’évangéliste devant le tombeau vide du Christ : “ Il vit, et il crut ”. D’un autre côté, l’homme de la vision tautologique, qui prétend assurer son regard dans une certitude close, apparemment sans faille et confinant au cynisme : “ Ce que vous voyez, c’est ce que vous voyez ” comme disait le peintre Frank Stella dans les années soixante, pour justifier une attitude esthétique qualifiée de “minimaliste”.
Mais ce dilemme – constamment entretenu dans nos façons usuelles d’envisager le monde visible en général, et celui des œuvres d’art en particulier – est un mauvais dilemme. Il demande à être dépassé, il demande à être dialectisé. Comment, alors, regarder sans croire ? Et comment regarder au fond sans prétendre nous en tenir aux certitudes de ce que nous voyons ?
Entre deux paraboles littéraires empruntées à Joyce et à Kafka, c’est devant la plus simple image qu’une sculpture puisse offrir que la réponse à ces questions tente de s’élaborer. Un cube, un grand cube noir du sculpteur Tony Smith, révèle peu à peu son pouvoir de fascination, son inquiétante étrangeté, son intensité. Le regarder, c’est repenser le rapport de la forme et de la présence, de l’abstraction géométrique et de l’anthropomorphisme. C’est mieux comprendre la dialectique du volume et du vide, et la distance paradoxale devant laquelle il nous tient en respect.
Mais il aura fallu, pour l’appréhender, établir une notion plus fine de l’“image dialectique”, revisiter celle d’aura – prise à Walter Benjamin – ; et mieux comprendre pourquoi ce que nous voyons devant nous regarde toujours dedans. L’enjeu de tout cela : une anthropologie de la forme, une métapsychologie de l’image.
‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑
1. L’inéluctable scission du voir – 2. L’évitement du vide : croyance ou tautologie – 3. Le plus simple objet à voir – 4. Le dilemme du visible ou le jeu des évidences – 5. La dialectique du visuel, ou le jeu de l’évidement – 6. Anthropomorphisme et dissemblance – 7. La double distance – 8. L’image critique – 9. Forme et intensité – 10. L’interminable seuil du voir – Note bibliographique – Index des noms propres.
Ce livre fait partie d’un ensemble de livres qui interroge le voir, le regard, cela en parlant du regard posé sur une sculpture, une peinture, une œuvre d’art, regard de l’auteur et regard du spectateur, mais aussi ce qui, de l’oeuvre, nous regarde. Il emprunte pour déplier sa pensée des bribes de maints auteurs de différentes orientations, que ce soit Platon, Water Benjamin, Freud, Lacan, Derrida, Fédida, Judd… Il vient interroger ce qui, dans le regard, renvoie forcément à une perte. Il s’inscrit au fil de ce livre dans l’intervalle entre deux positions extrêmes que sont la tautologie et la croyance, dans ce qu’il appellera la visualité.
« L’acte de voir n’est pas l’acte d’une machine à percevoir le réel (…) l’acte de donner à voir n’est pas l’acte de donner des évidences visibles à des paires d’yeux (…) donner à voir, c’est toujours inquiéter le voir, dans son acte, dans son sujet. Voir, c’est toujours une opération de sujet, donc une opération refendue, inquiétée, agitée, ouverte. Tout œil porte avec lui sa taie , en plus des informations dont il pourrait à un moment se croire le détenteur. Cette scission, la croyance veut l’ignorer, elle qui s’invente le mythe d’un œil parfait (…) ; la tautologie l’ignore aussi »
« Il n’y a pas à choisir entre ce que nous voyons(…) et ce qui nous regarde(…). Il y a, il n’y a qu’à s’inquiéter de l’entre. Il n’y a qu’à tenter de dialectiser, c’est-à-dire tenter de penser l’oscillation contradictoire dans son mouvement de diastole et de systole (…) à partir de son point central, qui est son point d’inquiétude, de suspens, d’entre-deux. Il faut tenter de revenir au point d’inversion et de convertibilité, au moteur dialectique de toutes les oppositions. C’est le moment où ce que nous voyons commence juste à être atteint par ce qui nous regarde – un moment qui n’impose ni le trop-plein de sens (que glorifie la croyance), ni l’absence cynique de sens (que glorifie la tautologie). C’est le moment où s’ouvre l’antre de ce qui nous regarde dans ce que nous voyons. »
Il va aussi étayer cette recherche d’éléments du développement de l’enfant, de comment il construit l’absence et la présence, ce par la reprise du jeu de la bobine et de la constitution, par ce jeu, des premières images. Mais Didi Huberman va plus loin en étirant ce jeu dans différentes situations.
Il déplie la question du visible et de l’invisible, du voir et du regarder, ce à partir de nombreuses idées glanées telle celle de l’aura de Benjamin, à partir de la notion de temporalité et de traces, à partir de l’eidos et de morphè, à partir de l’inquiétante étrangeté, à partir du mythe de la porte…
Je ne vais pas faire ici une description exhaustive de ce livre riche en développement argumenté autour de la question du regard, je vous laisse plutôt le découvrir pour ceux qui seraient intéressés.
Je l’ai beaucoup apprécié, avec des parties qui m’ont plus interpellée, parlée, et d’autres dans lesquelles j’ai eu du mal à m’intéresser, plus hermétiques pour moi, venant moins faire écho à des points d’intérêt ou de questionnement personnel.
C’est en tous les cas un auteur découvert avec plaisir, et pour lequel j’ai déjà vu que quelques autres ouvrages sauraient m’intéresser.
« Il en est du voir comme de la loi : chacun y aspire. Chacun y est aspiré. Et chacun devant l’image – si nous nommons image l’objet, ici, du voir et du regard – se tient comme devant une porte ouverte dans le cadre de laquelle on ne peut pas passer, on ne peut pas entrer : l’homme de la croyance veut y voir quelque chose au-delà ; l’homme de la tautologie se tourne dans l’autre sens et prétend qu’il n’y a rien à chercher. Regarder, ce serait prendrez acte que l’image est structurée comme un devant-dedans : inaccessible et imposant sa distance, si proche soit-elle – car c’est la distance d’un contact suspendu, d’un impossible chair à chair. »
chrysta- Messages : 568
Date d'inscription : 15/01/2017
Age : 52
Localisation : Var
Re: Georges Didi-Huberman
J'avais lu un livre de lui... et laisser tombé un autre (sans trop de regrets) :
Ouvrir Vénus
pratique ce genre présentation assez complète pour un livre relativement compliqué. dit autrement un clic par ici : www.artclair.com
Compliqué et pas aidé par une lecture par petits morceaux surtout qu'il y a beaucoup de références que je ne possède pas. L'articulation du livre m'a donc été délicate à suivre convenablement avec des thématiques qui semblent se succéder sur la base d'interprétations essentiellement freudiennes, freudiques... freudistes ? des images proposées (se reporter au résumé pour les images en question). Toujours est-il qu'au delà de ce flou qui me reste et du fait que certaines des analyses peuvent ne pas être partagées (ou suivies), il y a que l'auteur, Georges Didi-Huberman, développe une lecture très référencée (et historiques pour beaucoup) des images et incite donc, ou force carrément, la remise en question d'une perception aveugle ou trop rapide, qui dans le cas de cette Vénus peuvent en plus être un peu trop attendue et schématique. Il y a donc une lecture culturelle qui se double d'une lecture interprétative (et plus picturale en fin de compte ?).
Le constat du manque de savoir et de repères pour laperception compréhension de l'œuvre apparait donc sensiblement au fil des pages et paradoxalement, malgré une interaction mal définie mais forte, l'attrait, l'instinct voire la fascination, ce qui est sans temps propre est à ce moment aussi mis en mouvement dans son rapport au corps, avec dans ce livre une série d'œuvres marquantes comme possible reflet de ce même tiraillement et conjugué par l'art .
Une sorte de construction de l'idée ou d'état de la beauté. Quelque chose à creuser encore. Un livre pas facile à suivre et ambitieux avec des illustrations choisies dont le texte est celui d'un séminaire de l'auteur et une de ces sources pour d'autres occasions et à ce que j'ai compris des explications de mon libraire une des pièces de la réflexion de cet homme qui s'intéresse aux images et à leur vision/réception.
Intéressant car bien construit et sur des bases énoncées et nombreuses et d'abord pour le néophyte parce que sans rien enlever à l'intrigue et au plaisir du regard simple il emmène derrière, plus loin, en amenant à regarder encore, à réfléchir et à questionner aussi le regard porté avec tant d'impatience et de nécessité.
(récup pour le livre lu).
Ouvrir Vénus
l'éditeur a écrit:Botticelli, poète et orfèvre de Vénus : c'est ainsi que nous regardons encore, et à juste titre, le célèbre tableau que Laurent de Médicis commanda au peintre vers 1484, La Naissance de Vénus.
C'est ainsi que nous nous représentons l'idéal du nu que la Renaissance florentine fit revivre à partir de modèles antiques, telle la Vénus des Médicis. Ce livre propose un contre-motif : Botticelli, bourreau de Vénus. A travers un réexamen des sources littéraires, le lecteur découvrira comment, dès le Quattrocento, l'image de la nudité forme un ensemble impur, inquiet, menacé et menaçant tout à la fois.
Humiliation ou damnation chrétiennes (Botticelli a écouté les sermons de Savonarole, illustré l'Enfer de Dante), sadisme ou métamorphoses des thèmes païens : une analyse de quatre panneaux illustrant un conte cruel de Boccace fera découvrir comment, chez le grand peintre, la nudité se tresse de cruauté et la beauté de malaise, en un travail formel qui puise dans le rêve et dans le fantasme ses opérations fondamentales. Botticelli repensé avec Freud, avec Bataille, voire avec Sade ? L'anachronisme n'est qu'apparent.
Car c'est d'un même instrument que le peintre se montre tout à la fois l'orfèvre et le bourreau de Vénus : c'est bien avec son style qu'il incise et qu'il ouvre, froid et cruel, l'image du corps féminin. De plus, l'humanisme médicéen, dans la longue durée de son histoire, révèle ici toute son ambivalence, déjà notée par Aby Warburg : entre la Vénus des Médicis du musée des Offices et la Vénus des médecins du musée anatomique de Florence (1781) il n'y a que le mouvement structural, historique et esthétique d'une nudité offerte transformée inexorablement en nudité ouverte.
pratique ce genre présentation assez complète pour un livre relativement compliqué. dit autrement un clic par ici : www.artclair.com
Compliqué et pas aidé par une lecture par petits morceaux surtout qu'il y a beaucoup de références que je ne possède pas. L'articulation du livre m'a donc été délicate à suivre convenablement avec des thématiques qui semblent se succéder sur la base d'interprétations essentiellement freudiennes, freudiques... freudistes ? des images proposées (se reporter au résumé pour les images en question). Toujours est-il qu'au delà de ce flou qui me reste et du fait que certaines des analyses peuvent ne pas être partagées (ou suivies), il y a que l'auteur, Georges Didi-Huberman, développe une lecture très référencée (et historiques pour beaucoup) des images et incite donc, ou force carrément, la remise en question d'une perception aveugle ou trop rapide, qui dans le cas de cette Vénus peuvent en plus être un peu trop attendue et schématique. Il y a donc une lecture culturelle qui se double d'une lecture interprétative (et plus picturale en fin de compte ?).
Le constat du manque de savoir et de repères pour la
Une sorte de construction de l'idée ou d'état de la beauté. Quelque chose à creuser encore. Un livre pas facile à suivre et ambitieux avec des illustrations choisies dont le texte est celui d'un séminaire de l'auteur et une de ces sources pour d'autres occasions et à ce que j'ai compris des explications de mon libraire une des pièces de la réflexion de cet homme qui s'intéresse aux images et à leur vision/réception.
Intéressant car bien construit et sur des bases énoncées et nombreuses et d'abord pour le néophyte parce que sans rien enlever à l'intrigue et au plaisir du regard simple il emmène derrière, plus loin, en amenant à regarder encore, à réfléchir et à questionner aussi le regard porté avec tant d'impatience et de nécessité.
(récup pour le livre lu).
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Re: Georges Didi-Huberman
Et rétrospectivement, ça fait plus de six ans maintenant, je ne sais pas trop ce qu'il m'en reste. ?
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Re: Georges Didi-Huberman
Survivance des lucioles
Texte brillant. Un chef d’œuvre de la philosophie qui même philosophie politique avec l’esthétique.
Le titre provient de divers textes et souvenirs de Pasolini, couplant son souvenir de l’apparition de lucioles dans la banlieue romaine avec un vers de Dante décrivant la Bolge des esprits corrompus et des politiciens perfides. Les lucioles sont les fulgurances politiques du peuple, les survenances intellectuelles de l’espace public contre un pouvoir fasciste corrompu et un pouvoir absolutiste de l’image et des médias principalement.
La problématique va donc se résumer à comprendre s’il y a une extinction de la parole politique populaire ou s’il demeure une capacité de survivance de cette parole politique malgré les pouvoirs qui lui sont antagonistes.
En passant par Agamben, Warburg, ou Benjamin, Didi-Huberman ne cesse de tenter d’évoluer de manière dialectique dans une évolution de la pensée politique et de l’espace au travers de l’art ou simplement du langage et des comportements sociaux.
Chef d’œuvre. Didi-Huberman l’un des intellectuels les plus importants du XXe siècle et du siècle actuel permet de mettre en perspective un questionnement sur le déclin hypothétique ou avéré de notre société. En passant par des chemins inédits, en questionnant des disciplines artistiques telles que la poésie le philosophe procède par enquête et constitue une synthèse de notre évolution post guerre mondiale.
Ouvrage peu accessible de par les références qui le constituent il n’en demeure pas moins qu’il est indispensable de le lire, le relire, le re-relire jusqu’à épuisement du sujet et digestion de celui-ci. Le style est agréable, et l’observation suffisamment ludique pour permettre à tous de comprendre le message principal. Une dernière chose importante, ce livre donne envie de penser et de lire les références. Un ouvrage réussi.
Texte brillant. Un chef d’œuvre de la philosophie qui même philosophie politique avec l’esthétique.
Le titre provient de divers textes et souvenirs de Pasolini, couplant son souvenir de l’apparition de lucioles dans la banlieue romaine avec un vers de Dante décrivant la Bolge des esprits corrompus et des politiciens perfides. Les lucioles sont les fulgurances politiques du peuple, les survenances intellectuelles de l’espace public contre un pouvoir fasciste corrompu et un pouvoir absolutiste de l’image et des médias principalement.
La problématique va donc se résumer à comprendre s’il y a une extinction de la parole politique populaire ou s’il demeure une capacité de survivance de cette parole politique malgré les pouvoirs qui lui sont antagonistes.
En passant par Agamben, Warburg, ou Benjamin, Didi-Huberman ne cesse de tenter d’évoluer de manière dialectique dans une évolution de la pensée politique et de l’espace au travers de l’art ou simplement du langage et des comportements sociaux.
Chef d’œuvre. Didi-Huberman l’un des intellectuels les plus importants du XXe siècle et du siècle actuel permet de mettre en perspective un questionnement sur le déclin hypothétique ou avéré de notre société. En passant par des chemins inédits, en questionnant des disciplines artistiques telles que la poésie le philosophe procède par enquête et constitue une synthèse de notre évolution post guerre mondiale.
Ouvrage peu accessible de par les références qui le constituent il n’en demeure pas moins qu’il est indispensable de le lire, le relire, le re-relire jusqu’à épuisement du sujet et digestion de celui-ci. Le style est agréable, et l’observation suffisamment ludique pour permettre à tous de comprendre le message principal. Une dernière chose importante, ce livre donne envie de penser et de lire les références. Un ouvrage réussi.
Hanta- Messages : 1596
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 36
Re: Georges Didi-Huberman
Petite fusion avec un fil existant et je me rappelle aussi avoir commencé à lire Phasmes mais j'avais décroché ?
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Re: Georges Didi-Huberman
Suite à la chaîne de lecture, j'ai lu sur conseil de Hanta, Survivance des lucioles.
Tout d'abord, je te remercie pour ton choix. La lecture fut plaisante, prenante. Et j'étais forcément intéressé par tous les commentaires relatifs à Dante, Pasolini (surtout), ou encore Debord et Benjamin ...
Ça m'a donné envie de lire Agamben, que je ne connais pas encore (quoique ?). De ce qu'il en ressort, j'aurais tendance à le catégoriser "pessimiste de droite", je ne sais pas si c'est le cas, mais certaines de ses positions me faisaient penser à Julius Evola (ou un Finkielkraut )
Dans le fond je suis d'accord avec ce livre. Mais j'ai trouvé ça assez évident comme propos. Enfin, ptet que y a des trucs qui m'ont échappé ...
Bien sûr que dans l'obscurité, il y a quelques lucioles ... C'est toujours bon de le rappeler.
Néanmoins, l'obscurité ou la lumière aveuglante semblent dominer et occuper le paysage.
Difficile de contredire cet état de fait les rares fois où j'allume une tv et que je zappe. La lumière aveuglante (société du spectacle) domine et irradie (assomme les esprits).
Pourquoi je prends l'exemple de la tv ? car ça me semble un révélateur de "l'opinion publique", concept qui est devenu ce qu'était par le passé l'acclamation des foules devant les tyrans (bien expliqué dans le livre). Alors la tv est sans doute un média révolu, mais tout de même, et puis est-ce mieux sur internet ?
Bref, ça me semble un peu léger pour tordre le coup à la société du spectacle. On a l'impression d'une goutte d'eau dans l'océan.
En tout cas, après cette lecture je dirais que Didi-Huberman est un bon commentateur de grands philosophes / intellectuels. Mais je ne vois pas ce que lui apporte vraiment d'original. ça me paraît assez ténu.
Invité- Invité
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