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LCI - Enzensberger - Le bref été de l'anarchie

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Message par shanidar Lun 26 Déc - 15:07

LCI - Enzensberger - Le bref été de l'anarchie Anarch10


Comme nous sommes deux à lire : Le bref été de l'anarchie - La vie et la mort de Buenaventura Durruti - Roman de Hans Magnus Enzensberger (on ne pouvait faire plus court), et qu'il y en a des choses à dire sur ce 'roman' ; nous avons choisi la formule LCI*

* Lecture Commune Impromptue

N'hésitez pas à réagir si le sujet ou nos divagations vous intéressent !


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Message par shanidar Lun 26 Déc - 15:12

Première remarque : on reviendra sûrement sur l'appellation 'Roman' qui se trouve dans le titre puisque de roman, il ne s'agit pas vraiment, mais plutôt d'une accumulation d'extraits qui mis ensemble cherchent à raconter une histoire.

Deuxième remarque : le livre sous-titré Vie et mort de Buenaventura Durruti commence par... les funérailles du héros ! Et quelles funérailles !! à l'espagnole ! ce qui me rappelle inévitablement la réflexion de Georges Bataille qui lors d'un séjour en Espagne (il a 25 ans) découvre avec fascination la ferveur, la luminosité, en d'autres termes 'la vie' que les espagnols parviennent à insuffler dans la mort.

La mort, en Espagne, est une sorte d'amie, de camarade, un travailleur rencontré au détour d'un champ ou à l'atelier. (Kaminski)

(je vais essayer de retrouver la citation exacte de Bataille).
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Message par bix_229 Lun 26 Déc - 15:47

Oui, et qui a tué Durruti ? Déjà on l' a forcé de quitter les postions qu' il tenait sur le Front d' Aragon pour aller défendre en première ligne Madrid et la cité unversitaire assiégée  par les franquistes. Selon certains témoignages, ce sont les communistes qui l' ont tué, profitant de la situation confuse qui régnait. En tout cas c' est ce que pensent les anarchistes de la CNT/FAI. Même s' ils ne l' ont pas fait, ça ne pouvait que les arranger. Leur but étant de s'associer dans un premier temps avec les alliés et les compagnons  de route et ensuite de les liquider. Je vous envie de lire ce livre que j' ai lu deux fois et je vous écoute.
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Message par bix_229 Lun 26 Déc - 15:52

Quelques impressions à propos du livre et du contexte historique.

LE BREF ETE DE L' ANARCHIE

Travail biographique très original, histoire de l'un des personnages principaux de la Guerre civile d'Espagne, l'anarchiste Buenaventura Durruti. C' est un livre poétique et lyrique, le récit d' une aventure avortée et qui aurait pu peut-être changer l'histoire de l' Espagne. Mais l' époque était chaotique, et les rancoeurs contre l'église, les grandes propriétaires terriens et le patronat très forte.

L' armée avait brisé dans le sang les grèves ouvrières dans les Asturies en 1931. La rebellion de Franco prit de court tout le monde en 1936. Avec l' aide efficace d' une grande partie de l' armée et des tabors marocaiins, la lutte était déjà inégale, d'autant que l' Italie de Mussolini et surtout du régime nazi qui faisait ses premières armes. En face il y avait un gouvernement républicain, démocratique mais faible, et les partis de gauche, notamment, le syndicat anarchiste de la CNT, le seul syndicat révolutionnaire européen. Et les communistes très minoritaires au début et dont le but était de transformer l'Espagne en "démocratie populaire" dans le genre de ce qu' on connut plus tard en Tchécoslovaquie et ailleurs. Ils s' allièrent au début avec les organisations de gauche, puis commencèrent à les éliminer. Orwell et d' autres ont décrit l' événement. La suite est connue. Franco gagna et la répression s'abattit sur l'Espagne pendant près de 40 ans.

Hitler avait testé les démocraties occidentales. Elles avaient reculé. Il pouvait donc ouvrir les hostilités. La Deuxième Guerre Mondiale commençait. Ces éléments sont nécessaires pour mieux comprendre les éléments de cette histoire complexe et tragique. Et l' histoire particulière de Durruti.
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Message par Bédoulène Lun 26 Déc - 16:35

les chapitres sont introduits par une "glose" qui dresse la situation du pays sur un thème particulier

Ière glose :  "Sur l'histoire considérée comme fiction collective"

"Cependant, l'ensemble de ces propos anonymes et contradictoires se confond et acquiert une qualité nouvelle : ces histoires deviennent l'Histoire. C'est ainsi que depuis la plus haute antiquité "Elle" nous a été transmise : sous forme de légendes, d'épopées, de romans collectifs."

Cette définition nous l'avons retrouvée aussi dans le livre de Gaudé (Ecoutez nos défaites)

Dès la première grève de 1917 le clivage sociale-démocratie et anarchisme se décrypte, les uns agissent pour les compagnies de chemins de fer, les autres souhaitent un changement radical et un syndicat résolument révolutionnaire.


2ème glose Sur les racines de l'anarchisme Espagnol

1868 un Italien nommé Giuseppe Fanelli arriae à Madrid et dénonce "les tyrans, les exploiteurs"  il criait Cosa orribile ! Spaventosa !  (chose horrible ! Effrayant !et distribua les statuts de l'Internationale. Cet homme était un disciple de Bakounine. Il apportait un message l'Anarchie!

jusqu'en 36 la majorité du peuple laborieux vivaient à la campagne et c'est là que furent les conflits.

La Catalogne était la région la plus riche.

Les anarchistes vouent un haine implacable au capitalisme, bien au-delà des autres partis et syndicats.

"Ils se défendent désespérement contre un système qui leur parait inhumain et contre l'aliénation qu'il apporte"

Les chefs d'industrie et l'autorité créèrent des bandes armées, les Pistoleros qui devaient liquider les travailleurs activistes de Barcelone. Durruti et ses amis défendirent les travailleurs armes au poing.
Les Pistoleros étaient financés par le Cardinal Soldevila (qui paiera de sa vie)

En opposition les anarchistes formèrent un groupe "Les Solidarios". C'était le temps de la défensive. "Chaque jour un ouvrier mourrait : le lendemain c'était le tour d'un bourgeois ou d'un policier." La bourgoisie, petite ou grande n'avaient qu'un but exploiter les travailleurs, comme le faisaient les propriétaires terriens, les patrons des mines....

Il ressort une amitié indéfectible entre Durruti et ses proches amis (Ascosa, Jover, Garcia principalement) une confiance illimité qui ont permis à la CNT d' être majoritaire pami les travailleurs jusqu'à la guerre civile. Bien qu'ils aient eu à commettre des actes répréhensibles (vols, meurtres, leur seul but était la défense des travailleurs c'est la raison pour laquelle ils furent aimés, Durruti un Robin des Bois ? il ne prélevèrent jamais aucun argent des fonds "récupérés" qui ne fut employé à la cause, à aider les travailleurs.

à suivre

Ascosa, Durruti et Jover  
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Juan Garcia Oliver

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Ricardo Sanz

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Message par shanidar Mar 27 Déc - 10:24

Merci de nous accompagner bix et de nous éclairer.

Je reviens juste sur un élément que je ne connaissais pas et que je découvre ici : Garcia Oliver, parla en tant qu'ami, qu'anarchiste et que ministre de la Justice de la République espagnole.

Ce qui veut dire (et cela ne va pas de soi pour moi) que des anarchistes du CNT ont participé au gouvernement de la République espagnole avec pour justifier leur présence la volonté de contrôler les activités du gouvernement, la République étant alors considérée comme une expérience politique hors de la pensée d'Etat. Je ne sais pas si le rapprochement est pertinent mais je le tente quand même avec le Parti Podemos qui au départ se construit autour d'une grogne insurrectionnelle contre les politiques libérales et de restrictions budgétaires et finit par devenir un parti intégré au 'jeu' politique espagnol.

Et je me suis arrêtée à la page 15 (Première glose) en retrouvant le nom d'Ilya Ehrenbourg parlant de Durruti :

"Aucun écrivain ne s'était risqué à écrire l'histoire de sa vie ; elle ressemblait trop à un roman d'aventures".

Ehrenbourg, francophile et francophone, habitant à Paris est un leader d'opinion soviétique qui a toujour réussi à passer entre les purges staliniennes. Je l'ai 'rencontré' à plusieurs reprises dans le livre de M. Winock Le siècle des intellectuels ; dans lequel Winock raconte cette histoire :

Willy Müzenberg (que nous connaissons bien depuis nos lectures de Koestler) décide en 1935 d'organiser un Congrès des écrivains pour la Culture, ce doit être une grande messe antifasciste et prosoviétique. Pour se faire il s'allie à Ilya Ehrenbourg qui entre en contact avec Gide et Malraux.

Les Surréalistes et Breton en particulier (qui sont contre le rapprochement opéré par Laval et Staline avec la signature en 1934, d'un pacte d'assistance mutuelle) veulent être invité au Congrès avec la promesse de pouvoir faire une conférence (dite par Breton). Ce qu'ils obtiennent.

Les rencontres préparatoires sont assez houleuses entre Breton et Ehrenbourg. En effet, ce dernier  aécrit un livre sur certains écrivains français dans lequel il fustigeait les Surréalistes, 'amateurs de rêves et de pédérastie', 'ne voulant pas travailler' et 'profitant de l'argent de leurs femmes pour vivre'. Un soir Breton croise Ehrenbourg dans la rue et lui colle une gifle (il expliquera qu'il n'a rien trouvé d'autres pour lui dire sa façon de penser). C'est un scandale ! La délégation soviétique impose l'éviction des Surréalistes du Congrès, ce qu'elle obtient.

A ce moment, René Crevel, lui-même surréaliste et ne concevant pas un Congrès antifasciste sans la présence de sa troupe et alors qu'il vient d'apprendre la récidive de sa tuberculose, demande à Jean Cassou (poète et critique d'art) d'intercéder auprès des instances dirigeantes. Ce que fait Cassou avec pour seule réponse : NIET.

Le soir-même, totalement déprimé, Crevel se suicide.

Sa mort tragique, où l'entêtement d'Ehrenbourg n'est pas pour rien, entraînera l'acceptation par les Soviétiques d'une lecture de la communication du texte de Breton. Paul Eluard s'en chargera. in M. Winock.

C'était pour la petite histoire littéraire.
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Message par Bédoulène Mar 27 Déc - 10:56

merci Shanidar pour la petite histoire !

effectivement il a été ministre (décision de la CNT) et 3 autres avec lui dont nous avons aussi les paroles

"Bien qu'étant opposé à la participation de la CNT au gouvernement central, le 4 novembre 1936, lorsque la confédération décide d'entrer dans le gouvernement du Front populaire après d'intenses débats internes, García Oliver est l'un des quatre ministres anarcho-syndicalistes du gouvernement de Francisco Largo Caballero (1936-1937) : García Oliver à la Justice, Federica Montseny à la Santé et Assistance Sociale, Joan Peiró à l'Industrie et Juan López Sánchez au Commerce,"

dans un autre livre qui montre qu'Oliver était contre la participation mais qu'il a suivi la décision majoritaire de la CNT : « Il n’y avait d’alternative que celle-là : ou nous collaborions à un gouvernement sans le contrôler ou nous assumions la totalité des pouvoirs. La différence est de taille. Quitte à gouverner, il valait mieux que la CNT s’en charge seule. » (Juan García Oliver)

(wikipedia)

merci pour le rappel Müzenberg et Ehrenbourg

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Message par shanidar Mar 27 Déc - 11:00

(il a l'air rudement à l'aise sur sa chaise de ministre, Oliver...). Merci pour les infos supplémentaires.
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Message par Bédoulène Mar 27 Déc - 11:03

l 'anarchie chronologique m' a gênée, je tente un début de classement

1870 : premier congrès du mouvement des travailleurs espagnols : choix de suivre Bakounine plutôt que Marx

1873 : les soulèvements paysans se réclamaient de la Fédération Anarchiste

1910 : fondation de l’association des syndicats anarchistes C.N.T. (la confédération était le seul syndicat révolutionnaire du monde)

1917 : première grande grève générale Durruti travaille comme manuel il fait partie, avec des camarades du seul syndicat : le syndicat socialiste de Léon (la ville où il est né)
Le parti social-démocrate par la voix du syndicat des cheminots exclut Durruti et ses camarades

1918 : 80% de la classe ouvrière Catalane adhérait aux organisations anarchistes.

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Message par shanidar Mar 27 Déc - 11:10

Bédou, je ne vais pas pouvoir beaucoup avancer aujourd'hui mais je fais mon possible.
En tout cas, cette lecture me renforce dans l'envie de lire un peu plus de livres traitant de l'anarchisme... Le 80% de la classe ouvrière catalane adhérant aux organisations anarchistes donne à réfléchir.
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Message par bix_229 Mar 27 Déc - 15:40

On le dit, et ce n' est pas faux, il y a presque autant d' anarchismes que d' anrchistes et
surtout à cette époque militante et combattantes.
Les individualistes et les collectivistes. Les non violents et ceux qui acceptent la violence
révolutionnaire.
Leur gout marqué pour l' individualisme, contre l' état, l' ordre, la discipline et la hiérarchie les désservirent cruellement dès le début de la guerre.
D' autant plus qu' ils manquaient d' armes et de moyens matériels.

Contre une armée de métier, celle de Franco, appuyée par les tabors marocains, puis par
l' Italie fasciste et l' Allemagne nazie, ils ne faisaient pas le poids.
D' autant qu' ils étaient forcés de se défendre contre les communistes, très minoritaires au départ,
mais dont le but était de s' allier avec leurs "alliés" provisoires et le gouvernement de Front populaire,
avant de les combattre, appuyés par l' Union Soviétique.
Puis par les Brigades Internationales dont le poids dans la lutte fut loin d' etre n' etre négligeable.

Et puis les anarchistes sont aussi des hommes. Certains d' entre eux furent tentés par le pouvoir
et l' exercice du pouvoir. C' est pourquoi une partie d' entre eux décidèrent  de participer au gouvenement de la gauche modérée.
En se déconsidérant aux yeux des militants qui les considéraient comme des traitres.
L' histoire leur donna tort.
Mais ce fut une guerre qui montra les divisions irréconciliables de la gauche modérée et révolutonnaire.
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Message par shanidar Lun 2 Jan - 12:20

Merci de m'avoir attendue Bédou !
Je reprends donc là où je m'étais arrêtée, à la première glose avec quelques idées intéressantes sur la manière dont se construit l'Histoire. Si ArenSor passe par ici nous serions ravis d'avoir son point de vue sur les intuitions suivantes :

D'où viennent les histoires, d'où viennent les rumeurs, se demande Enzensberger à propos de Durruti :

Ce sont des inconnus, d'obscurs êtres sans nom : une bouche collective. Cependant, l'ensemble de ces propos anonymes et contradictoires se confond et acquiert une qualité nouvelle : ces histoires deviennent de l'Histoire. C'est ainsi que depuis la plus haute Antiquité "Elle3 nous a été transmise : sous forme de légendes, d'épopées, de romans collectifs.
L'Histoire considérée comme une science n'existe que depuis que nous ne sommes plus uniquement tributaires de la tradition orale, depuis qu'il existe des "documents" : échanges de notes, textes de traités, publication d'actes. Mais personne n'a en tête l'Histoire des historiens. L'aversion qu'elle suscite est élémentaire : elle paraît insurmontable. Elle est, chez nous tous, faite de souvenirs scolaires. Pour les peuples, l'Histoire est et demeure un amas d'histoires. Elle est ce que l'on peut se remémorer et ce qui vaut la peine d'être constamment conté et raconté : un récit.


C'est ce que dit également Hyvernaud à propos de l'Histoire et des historiens, pour lui (et il le dit en termes plein de colère) l'Histoire est faite par les hommes et ensuite elle est agencée par les Historiens et donc forcément violée, frelatée, affadie ou transformée par le regard du scientifique, de l'extérieur, de celui qui n'a pas participé, ne sait pas, n'a jamais su.

J'aime cette idée que l'Histoire, si elle était enseignée comme une suite d'histoires seraient peut-être moins insurmontable !

On retrouve aussi ici de manière éclatante, l'idée d'une histoire collective qui prédomine sur l'individu.
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Message par bix_229 Lun 2 Jan - 15:29

Mais l' Histoire, ce sont les vainqueurs qui l' écrivent.
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Message par Bédoulène Lun 2 Jan - 16:58

Pas seulement Bix, les perdants et les morts en témoignent aussi.


Shanidar tu as relevé le même passage que moi ; je disais que Gaudé dans le livre que nous avons lu tenait le même raisonnement.

On voit très tôt que les chefs de la social-démocratie avaient pris prétexte de la grève pour ce débarrasser des ouvriers qui échappaient à leur contrôle et les livraient aux patrons des Chemins de fer Les anarchistes, Durruti y compris, furent exclus du syndicat, perd sa place et émigre en France, où il apprit la lutte des classes chez les anarchistes parisiens.

Ce qui m'amène à rappeler que plusieurs anarchistes ont voyagé dans d' autres pays (au gré d'exils, après emprisonnement ou pour trouver des soutiens) où ils ont rencontré les anarchistes du pays avec lesquels ils ont partagé idées, actions.

Durruti a été recherché dans certains pays car accusé de vol (à préciser que si Durruti et ses amis ont délesté certaines banques ce ne fut qu' au profit de la cause ; ils créèrent d'ailleurs, écoles, librairie pour le peuple, ce peuple auquel ils appartiennent)








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Message par shanidar Lun 2 Jan - 19:32

Je n'avais pas du tout fait le rapprochement avec le livre de Gaudé, Bédou !

Je trouve passionnante la deuxième glose et cette tentative d'explication au fait que les travailleurs espagnols ont choisi l'anarchie plutôt que le communisme, Bakounine plutôt que Marx. Tout serait lié à un clivage bien plus important des mondes dans lesquels la bourgeoisie espagnole serait quasiment inexistante en terme de classe moyenne (remettant ainsi en cause le schéma marxiste). Et les travailleurs espagnols seraient mieux capables d'assimiler (parce que plus souvent confrontés à cette population en particulier en Catalogne et à Barcelone) les travailleurs émigrés ou les journaliers des campagnes, cela aboutirait à une relation aux biens matériels, à la propriété, à l'argent, très différent de celui des autres révolutionnaires et conforterait les anarchistes catalans dans leur refus de toute forme de capitalisme (y compris de rêve d'embourgeoisement) ainsi qu'un refus de toute hiérarchie verticale.
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Message par shanidar Lun 2 Jan - 19:36

En gros les syndicalistes 'classiques' (non-révolutionnaires) se battent ou acceptent des compromis et des discussions pour obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail alors que les anarchistes veulent tout réformer en possédant leur propre moyen de production qu'ils pourraient gérer comme ils l'entendent, avec une configuration horizontale des pouvoirs (tous égaux ; un homme = une voix) ; (si j'ai bien compris).
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Message par Bédoulène Mar 3 Jan - 9:27

(pour Gaudé, c'est sa définition de l'Histoire qui est la même que l'auteur )

je crois que le terme révolution implique un changement de fond, donc les anarchistes sont forcément de véritables révolutionnaires.

et oui tu dis bien un homme = une voix.

dès le départ nous voyons le clivage entre l'attitude de l'UGT et celle de la CNT

Notons aussi la faiblesse des communistes (très peu d'adhérents) contrairement à la CNT

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Message par bix_229 Mar 3 Jan - 15:57

Sur le site de Noam Chomsky, le linguiste américain, le point de vue de l'auteur sur l' anarchisme en général et en Espagne en particulier.

"Chomsky : Les courants de la pensée anarchiste qui m’intéressent (il y en a beaucoup) ont leurs racines, je pense, dans les Lumières et le Libéralisme classique, et même remontent de façons intéressantes à la révolution scientifique du XVIIe siècle en incluant des aspects qui sont souvent considérés comme réactionnaires, ainsi le rationalisme cartésien. Il existe des ouvrages sur ce sujet (déjà l’historien des idées Harry Bracken ; j’ai écrit là-dessus aussi). Je n’essaierai pas de reprendre cela ici, sinon pour affirmer mon accord avec l’important auteur et militant anarcho-syndicaliste Rudolf Rocker pour qui les idées du libéralisme classique furent ruinées par les écueils du capitalisme industriel sans jamais qu’elles puissent s’en relever (je me referre au Rocker des années trente, des décennies plus tard il pensait autrement). Mais ces idées ont été continuellement réinventées ; à mon avis parce qu’elles reflètent de réels besoins et sentiments humains. La Guerre Civile Espagnole est peut-être l’événement le plus important, bien que nous devrions nous souvenir que la révolution anarchiste qui s’étendit sur une bonne part de l’Espagne en 1936, prenant différentes formes, ne fut pas une poussée spontanée, mais avait été préparée par des décennies d’éducation, d’organisation, de luttes, de défaites et quelques fois de victoires. Ce fut vraiment significatif. Suffisamment pour appeler la répression de tous les systèmes majeurs de pouvoir : stalinisme, fascisme, libéralisme occidental ; la plupart des courants intellectuels et leurs institutions idéologiques – toutes unies pour condamner et détruire la révolution anarchiste ; c’est un signe de sa portée à mon avis."


Dernière édition par bix_229 le Mar 3 Jan - 18:54, édité 1 fois
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Message par shanidar Mar 3 Jan - 17:26

C'est parfait. Je voulais justement rebondir sur ce que dit Bédoulène à propos de la manière dont les anarchistes utilisent les subsides qu'ils 'volent' aux banques (ce que faisait également Staline, pilleur de trains avant de devenir Staline)...

Ils utilisent cet argent pour créer des écoles et des librairies anarchistes. On peut lire que des anarchistes parcouraient les campagnes pour répandre les idées anarchistes et qu'un colossal processus d'enseignement des masses se mit en branle ; ou bien que Durruti en exil à Paris en 1923, après l'arrivée au pouvoir de Primo de Rivera, s'attache à faire vivre une librairie anarchiste internationale publiant dans toutes les langues une encyclopédie anarchiste.

Je trouve ça formidable et je me demande ce qu'il reste des grands meetings (Jaurès, etc.) dont on entend parler (mais aussi dans la littérature indienne avec la très forte influence du politique sur la vie indienne dans Vikram Seth par exemple). J'avoue n'avoir jamais assisté à un rassemblement politique même si j'ai participé à des mouvements étudiants... (qui m'ont d'ailleurs permis d'affiner mes positions politiques). Et je me demande ce qu'il reste de ces nouveaux 'prophètes' et de ce savoir qui se propageait de manière orale, investissant les campagnes, les hommes, les exploités... pourquoi aujourd'hui le discours politique a-t-il autant de mal à être entendu, diffusé, discuté ?

Je suis également très étonnée de lire à quel point ces anarchistes espagnols étaient armés, prêts à se battre, à prendre leurs fusils, pour se défendre, pour attaquer une banque, une caserne... Je n'avais pas conscience de la manière dont cette lutte armée avait été meurtrière dès les années de la Première guerre mondiale, à une époque où l'armée n'hésitait pas à tirer dans la foule mais où la foule osait répliquer...
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Message par Bédoulène Mar 3 Jan - 21:05

oui prêt à se servir de leur arme, mais pour la bonne cause, les anecdotes sur la vente aux enchères du matériel d' imprimerie (le pistolet dans les côtes de celui qui voudrait renchérir sur la modique somme proposée par un anarchiste)

ou le boycott de la bière Damm dans les bars parce que le patron avait renvoyé les ouvriers qui protestaient contre leur bas salaire.


Pour la librairie, le gouvernement français craignait que les idées se répandent. Durruti et Ascaso voulait la transférer à Barcelone mais les gendarmes français ont tout détruit. Et des arrêtés d'expulsion ont été émis.

Ils avaient choisi Paris "centre du monde intellectuel" .

A noter que Durruti sympatise avec Makhno le célèbre guerillero Russe en exil aussi.

La visite du Roi d'Espagne étant annoncée, nos anarchistes veulent s'en saisir mais ils sont trahis, arrêtés, de plus l'Argentine accuse Durruti de braquages de banques dans leur pays.

à suivre

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