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Message par bix_229 Mar 3 Jan - 22:07

C' est le hasard de l' exil qui les a réunis.
Le destin de Makhno aussi est interessant suivre., il combat
D' abord allié à l' Armée rouge de Trotski, il combat contre les armées blanches de Denikine te Wrangel.
Après leur défaite, l' Armée rouge se retourne contre lui, le combat et le force à l' exil.

www.socialisme-libertaire.fr/2016/09/nestor-makhno.htmlwww.socialisme-libertaire.fr/2016/09/nestor-makhno.html
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Message par Bédoulène Mar 3 Jan - 23:56

oui j' ai un peu fait des recherches sur Makhno

merci Bix

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Message par Bédoulène Jeu 5 Jan - 9:14

Shanidar as-tu enfin retrouvé une de nos connaissances qui est très lucide, comme toujours ??

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Message par shanidar Jeu 5 Jan - 11:00

Non. Les anarchistes viennent de remporter une victoire à Barcelone et en Catalogne mais ils ne savent pas quoi faire de cette victoire : prendre le pouvoir ou s'associer avec le gouvernement de Companys...

Je reviens...
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Message par shanidar Jeu 5 Jan - 16:49

Bédou, bix ?
Que savez-vous des élections de 1936 en Espagne ? Et surtout de la question du boycott qui semble le nœud de ce qui va se passer.

D'après ce que je comprends, les espagnols sont en 36, majoritairement (ou presque) affiliés à la C.N.T. (Parti anarcho-syndicaliste). Et y a ceux qui disent qu'en 36, les anarchistes poussent au boycott des élections et d'autres, qu'au contraire (et Durruti, le premier) ils ont demandé à leurs adhérents de voter ou de ne pas voter, en leur âme et conscience ; en gros pas de consigne. On voit alors l'arrivée au pouvoir de la gauche. Prise entre l'enclume (les fascistes) et le marteau (les anarchistes). Cette gauche libérale, démocratique sait qu'elle va se retrouver dans la guerre civile quoi qu'il se passe, la guerre.

Et dès juillet, les anarchistes prennent les armes en remportent Barcelone et la Catalogne.

Et là ! Quoi ?

Ils n'ont pas pensé qu'ils gagneraient si vite, si facilement et face à eux Companys (ancien de la C.N.T. passé à la gauche démocratique -si j'ai bien compris-) leur propose de s'allier à eux pour tenter de gouverner l'Espagne ! Qu'Est-ce qu'ils pouvaient faire ? Botter les fesses des démocrates de gauche, prendre le pouvoir et instaurer partout le communisme libertaire ? Avec quels moyens ? Quelles armes ? Quelle réussite ? Ou accepter la main tendue de Companys et tenter de faire front ensemble contre les fascistes (Franco est déjà là en embuscade) et se faisant rompre avec certains idéaux anarchistes comme le refus inconditionnel d'entrer dans le jeu politique des démocraties...

Dur dilemme.

Je suis sidérée par la manière dont les choses se font. Tellement simplement, humainement et en même temps dans le sang, dans la lutte, la réaction.
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Message par bix_229 Jeu 5 Jan - 18:04

16 février 1936 Le Frente Popular gagne les élections législatives en Espagne
vendredi 19 février 2016.
Source : http://progressistes72.com/


"Le Front Populaire, alliance rassemblant la gauche, des anarchistes jusqu’aux républicains, remporte, le 16 février 1936, les élections en Espagne.

Dans une Europe marquée par la montée des fascismes, le caractère historique de l’événement n’échappe à personne.

La victoire de la gauche espagnole confirme la stratégie de Front Populaire en France, en montrant le caractère payant de cette stratégie d’union.

Cette victoire est le fruit de mots d’ordre ambitieux. Depuis plusieurs années, l’Espagne est marquée par l’affrontement violent de la Gauche et de la Droite et la répression sanglante de la révolte ouvrière des Asturies en 1934 a profondément divisé le pays.

L’affirmation en toute priorité des mesures de réparation à l’égard des victimes de la répression, l’amnistie des délits politiques, la réintégration dans leurs postes de fonctionnaires « épurés » à la suite de l’insurrection et les indemnisations accordées aux familles des victimes convainc une grande partie de la population de voter pour la Gauche.

Mais le programme économique et social est beaucoup moins développé. Il reste vague : redressement économique, baisse des impôts, autonomie régionale.

Le système de la prime majoritaire confère au Front Populaire une large majorité, mais dissimule une victoire serrée et marquée par une très forte abstention.

Le pouvoir est rapidement confronté à une multiplication des troubles dans une Espagne où la République n’est pas acceptée de tous. Ces troubles servent de prétexte au coup d’Etat de Franco en juillet 1936.

Dominé par les républicains incapables d’assumer les réformes sociales permettant de mettre à bas l’oligarchie au pouvoir, le Front Populaire a démontré que la lutte contre les manifestations superficielles et non contre les causes profondes du fascisme ne suffit pas.

En France, au contraire, le poids électoral des socialistes et des communistes ainsi que la grève ouvrière ont permis au Front Populaire de ne pas dissocier la défense de la République de la lutte contre la misère et, tous les désordres sociaux qui font le lit du fascisme, et d’assurer une réponse de Gauche à la crise économique."

Patrice Perdereau

Le 18 juillet 1936 en Espagne L’armée, la droite, l’Eglise et les fascistes lancent un coup d’état contre la république espagnole

La violence de la lutte s' explique par le fait que, pour la première fois, la gauche et toutes ses composantes, accédait au pouvoir
démocratiquement.
Le  coup d' état franquiste ne pouvait qu' envenimer les choses.
Mais la violence couvait depuis longtemps contre les patrons mais aussi contre les grands propriétaires terriens et leurs alliés catholiques.
Et qui faisaient de l' Espagne un pays extremement pauvre pour toutes les classes populaires.
Norman Lewis a connu cette Espagne et il en parle parfaitemen,t dans Par un beau matin d' été.

Mais pour connaitre
l' état de l' Espagne juste avant le coup d' état.
il faut lire Le Labyrinthe espagnol : Gerald Brennan, un ouvrage fondamental pour mieux comprendre et la guerre

et l' aspect inévitable du conflit  auquel tu fais allusion, Shanidar. B

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Message par Bédoulène Jeu 5 Jan - 20:54

alors que pour les élections précédentes le boycott était le mot d'ordre de la CNT, en 36 les anarchistes n'auraient bénéficiés de rien et auraient été accusés d' avoir saboté l'avenir de la Catalogne, mais Durruti et Ascaso ont bien fait comprendre la part importante prise dans la victoire.



Shanidar tu n'a pas parlé de l'exil en France et à Paris, un épisode marquant quant à l'arrestation des 3 anarchistes Durruti, Ascaso et Jover (suite à leur intention de tuer le roi d'Espagne lors de sa visite)
après avoit été trahis. Durruti accusé par l'Argentine d'avoir voler les banques .

Le beau travail, le bel investissement de Lecoin afin de tirer Durruti et ses amis de la prison.

je suis un peu déconnectée, des petits contretemps aujourd'hui.

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Message par Bédoulène Jeu 5 Jan - 20:56

effectivement Bix je me souviens de l'extrême pauvreté décrite dans "par un beau matin d'été"

J'avais noté le labyrinthe Espagnol

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Message par shanidar Ven 6 Jan - 11:19

Bédoulène a écrit:alors que pour les élections précédentes le boycott était le mot d'ordre de la CNT, en 36 les anarchistes n'auraient bénéficiés de rien et  auraient été accusés d' avoir saboté l'avenir de la Catalogne, mais Durruti et Ascaso ont bien fait comprendre la part importante prise dans la victoire.



Shanidar tu n'a pas parlé de l'exil en France et à Paris, un épisode marquant quant à l'arrestation des 3 anarchistes Durruti, Ascaso et Jover (suite à leur intention de tuer le roi d'Espagne lors de sa visite)
après avoit été trahis. Durruti accusé par l'Argentine d'avoir voler les banques .

Le beau travail, le bel investissement de Lecoin afin de tirer Durruti et ses amis de la prison.

je suis un peu déconnectée, des petits contretemps aujourd'hui.

J'avoue que les différentes arrestations, condamnations à mort, exil et incarcérations ici et là, m'ont laissées un peu béante... comment des hommes (et pas seulement Durruti , Jover, Ascaso, etc.) ont pu être aussi souvent mis derrière les barreaux pour se retrouver ensuite en liberté ? C'est quelque chose qui m'échappe totalement. Y compris le voyage à Cuba, au Mexique et en Argentine où les anarchistes espagnols répandent le communisme libertaire de Bakounine, participent à quelques braquages de banque puis rentrent en Espagne pour être extrader sur un bateau qui n'arrivera jamais en Guinée mais les débarquent aux Canaries... Cette histoire-là, totalement rocambolesque me semble terriblement improbable... et pourtant, il semble bien que Durruti et ses amis l'ait vécue.

Je note également avec intérêt les différents portraits qui nous sont proposés de Durruti : un ouvrier, qui n'est pas un bon orateur mais que la foule suit aveuglément pour son charisme, la chaleur de ses mots, la force de ses convictions. Il est tout à la fois présenté comme une tête brûlée, un homme dangereux, armé et un rêveur un peu naïf. Et il forme avec Ascaso une paire parfaite de révolutionnaires décidés et fonceurs.

Et merci bix pour les infos supplémentaires.
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Message par Bédoulène Ven 6 Jan - 13:31

Durruti c'est "le fils du Peuple" . Tous les portaits faits sur lui montrent c'est vrai une certaine naïveté (je préfère un excès de confiance en lui) mais beaucoup de courage et de générosité ; bien entendu cela dépend aussi de l'honnêteté du commentateur.

c'est quand même bien sa vie les emprisonnements, les exils, les rencontres dans les autres pays...........................les voyages forment la jeunesse !   LCI - Enzensberger - Le bref été de l'anarchie - Page 2 1384701150

Durruti n' a jamais perdu de vue la Révolution mais il fallait pour la continuer abattre les franquistes.

Il n'a cessé de réclamer des armes car des hommes il en avait dans sa colonne, tous des ouvriers, tous concernés ; à noter que les internationaux qui s'étaient joints à sa colonne n'étaient pas recrutés par le PC.

LCI - Enzensberger - Le bref été de l'anarchie - Page 2 Colonn10

Une observatrice à l'esprit affuté suit quelque temps la colonne Durruti. Elle va dressé un constat et faire une analyse de la situation très lucide
Spoiler:
J' admire surtout son honnêteté dans les propos qu'elle tient aux camarades français par rapport à leur attitude vis à vis de la guerre d'Espagne.


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Message par shanidar Sam 7 Jan - 14:39

Ah oui, voilà, j'ai été très heureuse de retrouver Simone Weil, notre chère philosophe, transformée en soldate et en révolutionnaire ! Quel beau personnage !
Et cela permet de soulever rapidement la question de la femme dans l'univers anarchiste. Emilienne Morin, la femme de Durruti, explique très bien que pour les révolutionnaires les femmes n'avaient pas besoin d'être libérées et étaient très bien dans leurs rôles de mère, d'épouse et de... cuisinière (c'est qui qui part au Front sans emmener de ravitaillement ? les nanars !).

Ceci dit, ça me parait tout à fait logique que les libertaires espagnols n'aient pas poussé jusqu'aux femmes leur idée de révolution, parce que je pense que seuls ceux qui sont touchés par un problème peuvent se soulever afin de le résoudre. La révolte des esclaves ne pouvaient être que celle des esclaves, ainsi des ouvriers, ainsi des femmes et de tous les opprimés sur terre. Personne ne peut se battre à votre place, car personne ne sait ce que vous ressentez, vraiment.

Si le témoignage de Simone Weil est particulièrement intéressant, c'est qu'elle annonce, avec, comme tu le soulignes Bédou, cette lucidité (de femme prévoyante) que la révolution espagnole est en train d'être dévoyée par les politiques. Franco en faisant appel à l'Italie et à l'Allemagne plonge les espagnols dans une guerre qui n'est plus seulement une guerre civile contre les fascistes espagnols mais bien contre les fascismes du monde européen.

Et Durruti, qui a très bien compris que la dictature du prolétariat en URSS était purement et simplement une dictature, qui emprisonne, tue et possède une élite, ne reconnait aucun droit aux communistes étrangers. Cependant, malgré la fermeture des frontières aux étrangers (ce que je ne savais pas, d'ailleurs) les brigades internationales vont arriver et avec elles la puissance de feux des 'Rouges'.

On voit bien d'ailleurs toutes les difficultés rencontrées par les révolutionnaires (et pas seulement dans l'approvisionnement en armes), avec l'idée qu'un anarchiste ne peut évidemment pas faire régner l'ordre et la discipline comme un officier, qu'il n'est de toute manière pas un soldat de métier et qu'il n'a aucune idée de la manière dont une guerre se gagne. C'est terrible ce moment de prise de conscience. Terrible aussi ce que dit Enzensberger (parce que cela fait écho à notre actualité) que les civils espagnols ont (pour certains) choisi le fascisme parce qu'il apportait l'Ordre, ce concept qui rassure et qui ligote, qui materne et qui guide, plutôt que de se lancer dans l'aventure de la révolution anarchiste, sans dieu, sans maître, sans lois...

On ne pourra jamais dire ce qu'aurait été l'Espagne et même le monde si les anarchistes avaient gagné... mais comme cette défaite semble dure pour des hommes qui se sont donnés corps et âme à leur Idéal !
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Message par bix_229 Sam 7 Jan - 15:29

Je vais te dire, Shanidar. Les anars au fond d' eux memes ont toujours dénoncé le pouvoir sachant très bien qu' il change les hommes. Quelle que soit leur intégrité initiale, leur idéalisme et leur sincérité du moment.
"Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument."
Ceux parmi les anarchistes. qui tentèrent de faire partie du gouvernenement républicain, prouve bien que l' attrait du pouvoir
change les hommes.
Mais ils auraient peut etre pu sans doute apporter quelque chose de nouveau en temps de paix. Avec le P.O.U.M. et d' autres forces démocratiques.

On ne le saura jamais...

Meme sans Franco et ses alliés, les anarchistes n' auraient pas gagné, mais les staliniens. Et l' Espagne aurait été la première
"démocratie populaire."
C' est exactement ce qui s' est passé en Tchécoslovaquie quelques années plus tard.
Dans un premier temps on s' allie avec les démocrates et les compagnons de route. Dans un deuxième temps, on les
élimine. Meme schéma, meme conclusion.

Une dernière mention pour les Brigades Internationales.
Pour moi, ce fut un moment extraordinaire et sans doute sans précédent dans l' histoire humaine. Des hommes allèrent se battre
et risquer leur vie par idéalisme.
Non pas des mercenaires mais des volontaires courageux. Ils se battirent dans les pires conditions, faisant preuve de témérité et restèrent loin des manoeuvres du Komintern et des staliniens crapuleux stationnés à Albacete.
Ils se battaient pour un idéal. Alors que les soldats italiens envoyés par Mussolini n' avaient aucune motivation.
D' où leur déroute à Guadalajara.

Il est interessant aussi de noter que les historiens actuels reconnaissent que la guerre d' Espagne était un banc d' essai pour Hitler et une répétition générale pour la Guerre.
Qu' on aurait pu empecher.
Les démocraties reculèrent devant les diktats d' Hitler, refusèrent d' aider la République, à part le Mexique et la France
mais bien trop peu.
Le Pacte Germano soviétque montra que les forces apparemment les plus antagoniques peuvent provisoirement s' allier.
Mais les leçons d' hier ne servent pas à grand chose finalement.
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Message par Bédoulène Sam 7 Jan - 18:22

bien sur Bix, les Brigades internationales on ne peut qu'admirer. On sait combien on perdu la vie et surtout comment les membres des Brigades  ont été refoulées par Staline à leur départ d'Espagne.

Ces anarchistes étaient des ouvriers, pas des soldats et leur idéaux n'admettaient aucune hiérarchie, commandements .....  communisme libertaire il y a bien le terme de libertaire. Leurs modèle Bakounine était un insoumis.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Emilienne Blondin parle de la condition féminine, mais parmi ceux qui racontent l'un dit que Durruti pendant que sa femme travaille fait le ménage ce qui est remarquable à cette époque et pour un Espagnol de plus.

" Beaucoup de celles qui occupaient un emploi salarié – la plupart dans l’industrie textile – travaillaient à domicile, payées à la pièce, et n’étaient pas syndiquées. Les femmes qui travaillaient et avaient des familles continuaient à exercer un « double emploi » comme femmes au foyer et mères. Les formes particulières de l’oppression des femmes en Espagne les maintenaient concrètement subordonnées aux hommes même au sein du mouvement révolutionnaire anarchiste."
N'oublions pas les "mujeres libres"

LCI - Enzensberger - Le bref été de l'anarchie - Page 2 Mujere10

LCI - Enzensberger - Le bref été de l'anarchie - Page 2 Lola_i10

"Elle est l'administratrice du journal Mujeres Libres où elle écrit sous le pseudonyme de Kiralina. Militante active, elle participe à la création de la Casa de la dona treballadora et à la campagne menée par Mujeres Libres en faveur de la réinsertion des prostituées dans les Liberatorios de prostitucion4.

En juillet 1936, lors du coup d'État franquiste, elle fait partie de la rédaction de Solidaridad Obrera, le journal emblématique de la CNT en Catalogne.

Pendant la guerre d'Espagne, elle participe aux hôpitaux de campagne, membre de la Milice Antifasciste, correspondante sur le front d'Aragon et porte-parole confédérale de la revue théorique Tierra y Libertad4.

Après les affrontements des journées de mai 1937 à Barcelone, elle intègre les services juridiques de la CNT où elle œuvre pour la libération des militants de la CNT et du POUM emprisonnés par les communistes" (wikipedia)

Mika Etchébéhère dont j'ai lu le livre parle des prostituées qui étaient aux côtés des hommes, à aider, se battre.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Je ne sais pas Shanidar si tu as lu les deux lettres que Durruti a adressé aux ouvriers Russes, je les ai trouvé très justes ; il savait bien ce qui se passait là-bas.

Encore un terme que j'estime péjoratif qui m'a interpellé : le sous-prolétariat : des immigrés ?


Tuen es où ?

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Message par bix_229 Sam 7 Jan - 19:17

Sous prolétaires, c' est la traduction de Lumpenproletariat. La définition est de Marx qui n' avait de
considération que pour le prolétariat et non pour les marginaux, déclassés, clodos, voleurs, SDF et autres miséreux...
Qui pourtant, à l' époque de Marx étaient plus que nombreux..
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Message par shanidar Dim 8 Jan - 13:26

Juste un mot pour revenir à ce que dit bix un peu plus haut à propos de la tactique stalinienne en Espagne. Parce que je ne comprenais pas pourquoi les soviétiques ne jouaient pas le jeu des révolutionnaires anarchistes ; ça me semblait abérant de leur part de défendre la démocratie de gauche et donc un Etat bourgeois et capitaliste.

mais

Enzensberger donne cette explication qui me semble très juste :

si l'Espagne était devenue une 'démocratie populaire' à l'image de l'URSS, l'Europe entière se serait levée contre elle pour la combattre et les soviétiques n'auraient pas pu la protéger à l'époque parce qu'ils manquaient de moyens ; ce qui explique le 'repli au centre' des communistes.

L'autre raison semble être la lutte interne entre communistes (stalinien), trotskistes (du P.O.U.M) et les anarchistes espagnols ; sans compter les démocrates bourgeois fidèles au gouvernement pour lesquels les anarchistes ne voulaient pas combattre.

C'est très clair dans le texte d'Enzensberger : à la mort de Durruti, les anarchistes renoncent à combattre contre le fascisme en se mettant au service de la démocratie. Ils veulent la victoire de la révolution, c'est pour cela qu'ils ont pris les armes mais ils n'ont aucune confiance dans le gouvernement de gauche (et ils avaient sans doute raison).

Je viens de finir ce livre.

Il faut maintenant parler des différentes versions qui expliquent la mort de Durruti... et la manière dont celle-ci a atomisé les anarchistes espagnols.
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Message par bix_229 Dim 8 Jan - 15:30

Les militants du POUM n' étaient pas trotskistes. Sauf une minorité mais qui ne se réclamaient pas de Trotski.
 C' est l' image  que leur collaient les staliniens pour mieux les discréditer et les éliminer.
La CNT, Shanidar n' était pas un parti mais le plus grand syndicat d' Espagne en 26. Le parti anarchiste c' était
la FAI (Federacion de anarquistas ibericos).

A propos de Staline. Son aide militaire à la République fut tout à fait insuffisante pour gagner la guerre.
Son aide consista surtout à implanter le PCE qui était très peu nombreux au départ et d' envoyer des
commissaires politiques et agents du NKVD pour noyauter et exécuter.
Par contre, quand la République sentit venir la défaite, elle demanda à Staline de prendre en charge
le trésor de la banque d' Espagne.
A ma connaissance, l' argent n' a jamais été restitué.

La politique de Staline à l' époque, c' était le socialisme dans un seul pays, l' URSS.
Staline était paranoiaque. Toute sa vie, il craignit d' etre victime d' un complot et c' est pour cela
qu' il inventa les "procès" de 1936 qui décapita les bolcheviks de la première heure.
(Les alliés du début, socialistes révolutionnaires, anarchistes, etc. ayant été éliminés d' entrée en 1917).
Ils étaient accusés de griefs insensés. "Trotskistes", agents de la CIA et de l' Occident, etc.
Ne participèrent aux procès que ceux qui acceptaient d' avouer publiquement.
Les autres furent exécutés.
ça fait penser à l' Inquisition.

Staline fit exécuter la plupart des communistes qui avaient été en Espagne, accusés d' avoir été
"contaminés" par la propagande de l' Occident.
Pire, à la veille de la Guerre, il fit exécuter une grande partie de son état major. Y compris ceux
qui avaient été ses proches, comme le maréchal Toukatchevski. Accentuant ansi les faiblesses de
l' armée à la veille du conflit.
Evidemment, des complots il y en eut. Tout comme contre Hitler. Il n' est pas exclu qu' il n' ait été finalement
assassiné.
Il régnait vraiment une atmosphère shakespearienne sous le règne de Staline.
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Message par Bédoulène Dim 8 Jan - 23:13

L'argent, l'Espagne l'avait donné en paiement pour le matériel de l'urss c'est ce que j'ai entendu il n'y a pas longtemps dans un documentaire historique .(ce qui m'a étonné d'ailleurs)

Si le POUM n'était pas Trotkiste il était encore moins stalinien, mais comme NIN connaissait Trotski oui c'était facile de s'en sevir
Bien surt Bix Staline a fait tué tous ceux qui le dérangeaient et en premier lieu les vieux Bolchéviques, puis petit à petit tous les autres.


oui Shanidar la mort de Durruti a bien atomisé les anarchistes, d'ailleurs l'un d' eux a dit qu'après ceux qui restaient ne s'étaient plus réunis comme ils le faisait auparavant.

Quant aux versions de sa mort j'ai du mal à croire qu'un de ses hommes ait pu, ça restera un mystère.

Quoi qu'il en soit la révolution a été volée à ceux qui l'avaient faite. L'important pour Staline c'était bien de battre Hitler c'est pour cela qu'il ne voulait pas d'une révolution en Espagne, surtout que la France et l'Angleterre avaient dit "non intervention"

Les communistes étaient dès le début avec la social-démocratie et la bourgeoisie ce qui bien sur est déroutant mais ils comptaient si peu, ils étaient si faibles.

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Message par shanidar Lun 9 Jan - 11:17

Quatre versions, pas moins, pour la mort d'un seul homme. Laquelle croire ?

1) Il a été tué par les fascistes planqués dans un immeuble.
2) Il a été tué par les communistes (dans un guet apens)
3) Il a été tué par un de ses gardes du corps (par peur d'un rapprochement avec les communistes)
4) Il s'est tué par accident en sortant de sa voiture.

A la fin du livre d'Enzensberger, celui-ci semble indiquer que la dernière proposition est celle retenue par les personnes les plus proches de Durruti (sa femme, ses amis, ses gardes du corps) mais on voit bien la confusion qui existe dans les différentes versions données par le chauffeur de Durruti. Un élément matériel accrédite la thèse d'un coup de feu à bout portant, c'est la chemise de Durruti brûlée par le coup de feu (tiré dans son dos). Nous ne saurons sans doute jamais le fin mot de l'histoire.

Au bout du bout, la mort de Durruti est présentée comme l'évènement qui règle un compte définitif à la révolution libertaire espagnole. Le gouvernement de gauche abandonne Madrid et fuit à Valence. Les révolutionnaires qui se savent désormais dans le viseur des communistes s'éclipsent également.

Le corps de Durruti est transporté jusqu'à Barcelone où des milliers de personnes se rassemblent pour l'accompagner jusqu'au cimetière. La foule est si dense que l'inhumation est remise au lendemain.

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Message par bix_229 Lun 9 Jan - 13:58

Mais Durruti reste une légende.
L' époque suscite toujours des commentaires et des regrets.
Il y a quelques années, un artisan est venu faire quelques travaux dans ma maison.
Il avait lu tout ce qu' il avait trouvé sur les anarchistes espagnols en général et sur Durruti
en particulier.
Il doit continuer parce que les ouvrages continuent de paraitre, notamment les témoignages.
Et les historiens mettent en lumière tout ce qui avait été occulté délibérément.
Non seulement sur la guerre elle-meme, mais aussi sur l' après guerre.
Notamment les ignobles camps de rétention édifiés par la France d' alors et destinés aux républicains, hommes, femmes et enfants qui fuyaient la guerre et la répression.
Le Front Populaire était loin.
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Message par Bédoulène Lun 9 Jan - 18:58

j'ai encore un livre à lire "les plages du silence" de serge Mestre


oui en effet, sa femme et ses amis proches disent que c'est un accident, on peut comprendre que pour ne pas ternir l' image de Durruti en expliquant une mort stupide à l'époque un doute fut laissé planer

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