Joseph Kessel

mouhahaharf

Précisions pour ceux qui ne rient pas : le décollage, c'est le shot de rhum qu'on s'envoie (s'envoyait selon la coutume) le matin pour remettre les idées en ligne ; l'amerrissage, c'est comme chez SpaceX, qu'on suit beaucoup ici à Kourou.

Une amie proche vient de m'offrir "Les mains du miracle" en ne m'en disant que du bien, et là, après 100 pages pendant lesquelles je me suis littéralement accroché...j'ai dit STOP !

Comment peut-on écrire si platement une si forte histoire ? Elle ne méritait pas ce traitement aussi simpliste, aussi peu littéraire, aussi fade !

Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu du Kessel. Est-ce toujours écrit ainsi ?

je n'ai pas d'opinion sur "Kessel en général". Mais si tu lis la page 1 de ce fil, animal et moi avions aussi été dépité.es par le style (mais emporté.es par le sujet).

Peut-être la nécessité ou la volonté de dépersonnalisé ce qui est de/à quelqu'un d'autre ou pour l'exercice documentaire/journalistique ?

" Né dans l'Aisne à Aubenton le 9 décembre 1901 et disparu en 1936 à bord de l'hydravion Croix du Sud au large des côtes de Dakar, Mermoz a eu un destin unique : il fut le plus prestigieux et le plus aimé des pilotes à l'époque où l'aviation comptait encore des aventures qui tenaient de l'épopée et inspiraient au monde entier une admiration sans borne.

Kessel, son ami et son biographe dit de lui : " Archange glorieux, neurasthénique profond, mystique résigné, païen éblouissant, amoureux de la vie, incliné vers la mort, enfant et sage, tout cela était vrai chez Mermoz, mais tout cela était faux si l'on isolait chacun de ces éléments. Car ils étaient fondus dans une extraordinaire unité."


Jean Mermoz ! Homme exceptionnel ! Que rien ne destinait à son parcours admirable...pas très bon en maths, attiré par le dessin, la littérature, le voici soudain, un peu par hasard, aspiré par la passion de l'aviation : " Le bruit des moteurs, les prodiges de la mécanique n'entraient pas dans ce domaine. Jean Mermoz, à seize ans, n'était pas loin de considérer l'avion comme une automobile perfectionnée. Cela ne le touchait guère."

Peu argenté, vivant avec sa mère qu'il adorait,  infirmière-chef à Pontoise, à 18 ans, il considérait qu'il était une charge pour celle-ci ;  sans travail, il prend la résolution de s'engager..il hésite entre la cavalerie et l'infanterie alpine. A quoi tient le destin...à son seul ami, un ex chanteur d'opérette,  Max Delty, le double de son âge, soigné par sa mère à son propre domicile " Pourquoi n'essaies-tu pas d'être aviateur ? demande Max Delty. C'est l'arme la plus libre avec la meilleure solde. Et puis, j'y ai un ami qui pourra peut-être t'aider. "

Pourquoi pas ? Dit Jean Mermoz.

En juin 1920, âgé de 18 ans, il s'engagea.

Et voilà, l'aventure peut commencer. Conditions très dures au départ, au camp d'entraînement d'Istres, des corvées à répétition, coltiner des pierres, vider les lieux d'aisance, etc....il ne se découragea pas....s'accrocha malgré l'hécatombe parmi les aspirants pilote " Cependant, on se tuait beaucoup à Istres. Beaucoup trop. On donnait aux élèves des appareils à bout de souffle, épuisés par la guerre, mal refaits, mal réparés. Ils tenaient par miracle. Ils ne pardonnaient pas la moindre faute. Ils n'attendaient même pas qu'on en fit. Dans les débris de ces machines, criminellement mises à leur disposition, les jeunes hommes mouraient par dizaines. "

Une fois son brevet de pilote passé : direction Le Levant, Beyrouth.....

On ne descend guère d'avion, la Syrie, le Maroc, Dakar, des aventures extraordinaires, la Syrie, la rencontre avec Didier Daurat, le fondateur de l'aéropostale, ensuite l'Amérique du sud, le survol de la Cordillère des Andes, etc....

Quelle vie ! Quel homme ! Ce qui m'a le plus sidérée est le décret du Ministère de l'Air français qui interdisait toute traversée de l'océan sur un avion terrestre , dans les années 30....Mermoz avait 27 ans ! Il en fut outré : " Il nous faudrait, cria-t-il, des audacieux réfléchis et nous n'avons que des réfléchis avachis. Il clament à la plus grande gloire de l'aviation française du plus profond d'un rond de cuir. Ils s'occupent du changement de ministre susceptible de porter atteinte à leur propre intérêt plutôt que d'encourager les initiatives."

Quelques années plus tard, après le succès des routes aériennes sud-américaines qu'il avait ouvertes, le voici de retour en France !

Son désir le plus intense, traverser l'Atlantique : " Puisque l'avion est défendu, pourquoi ne pas utiliser l'hydravion ? Quelle différence entre les deux ? On décolle sur l'eau et on se pose sur l'eau au lieu de le faire sur sol ferme ? Et bien, il n'y a qu'à remplacer  les roues par des flotteurs.................."

Beaucoup de difficultés, mais il y est parvenu.

Et à l'époque, ni radio, ni double moteur, du moins au début et pendant de longues années, etc.........

Et dire que tout ceci était pour transporter le courrier plus vite !  

Impossible de décrire ici tous ses exploits, ses aventures, un grand amateur de femmes aussi, sportif, gourmand, bel homme, un grand sens de l'amitié....

Son dernier vol à bord de la croix du sud, avec ses co-équipiers, tombé en mer, jamais retrouvé, sans doute la mort qu'il aurait choisie.

Voilà, une vie bien trop riche pour en faire un résumé quelconque. Le style de Kessel est un peu pénible parfois....pourtant j'avais apprécié ses romans.....mais l'essentiel est là : Jean Mermoz qui fut un de ses amis et à qui il rend hommage.

Un homme passionnant ! On a du mal à atterrir

merci Simla !