Mikhaïl Iourievitch Lermontov
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Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Mikhaïl Iourievitch Lermontov
(1814 - 1841)
(1814 - 1841)
Poète russe (Moscou 1814-Piatigorsk, Caucase, 1841).
Influencé par Byron, il compose des poèmes romantiques (Boyard Orcha, 1835) avant d'être exilé au Caucase pour avoir écrit des vers vengeurs sur la mort de Pouchkine, qu'il rêve d'égaler. Sa poésie, inspirée par la nature qu'il découvre, prend un tour plus personnel (le Chant du tsar Ivan Vassilievitch, 1838 ; le Novice, 1839 ; le Démon, 1841). De retour à Moscou, il connaît à nouveau l'exil, alors que paraît son roman, Un héros de notre temps (1840). Il est tué dans un duel.
larousse.fr
Voir aussi : wikipedia.org
Bibliographie en français :
Romans et prose
- Panaroma de Moscou (1834) essai
- Vadim (1834)
- Je tiens à vous dire (1836)
- La Princesse Ligovskoï (1836)
- Ashik Kerib (1837) conte turc
- Un héros de notre temps (1841)
- Schtoss (1841)
Pièces de théâtre
- Les Tsiganes (1829) Esquisses
- Les Espagnols (1830)
- Des personnes et des passions (1830)
- Un homme étrange (1831)
- Mascarade ou le Bal masqué (1835)
- Deux frères (1836)
Ainsi qu'une kyrielle de poèmes.
Mort dans un duel à l'âge de 26 ans.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Un héros de notre temps, 351 pages (GF Flammarion, bilingue)
… Ce sont les mots de Nicolas 1er, le tsar en 1840, après avoir condamné Lermontov à l’exil. Cet écrivain mort un an plus tard, avait créé un personnage nommé Petchorine, capable de tout pour arriver à ses fins, par indifférence ou dégoût pour la vie aurait-il dit. "Peut-être certains lecteurs voudront-ils connaître mon avis sur le caractère de Petchorine ? Ma réponse, c'est le titre de ce livre. « Mais c'est une méchante ironie. » diront-ils. Je n'en sais rien.". "Un héros de notre temps. " Je comprends mieux, à la lecture de ce livre, des caractères tels que Pouchkine ou Dostoïevski en ont créé…Nicolas 1er a écrit:"Je viens de terminer le Héros [...] C'est avec ces romans-là qu'on gâte les mœurs et fausse les caractères [...]. Bon voyage à M. Lermontov. Qu'il aille se purifier la tête, si c'est possible."
Lermontov dépeint très finement, avec une ironie encore très dix-huitième (c'est très drôle), ces personnages qui se moquent des sentiments élevés, par désespoir. Le récit devient plus exclusif, centré sur Petchorine, quand son journal personnel commence. Il y a une légèreté qui disparaît, mais on s’y fait en pénétrant plus encore dans l’esprit de ce « Héros ». La beauté de ce roman m’a emporté, je l’ai trouvé plus émouvant qu’Eugène Onéguine (mais je dois relire ce dernier). On finit bien trop vite Un héros de notre temps.
"Aujourd'hui, je me suis levé tard. J'arrivai au puits : il n'y avait plus personne. Il commençait à faire chaud; de petits nuages blancs duveteux fuyaient rapidement les montagnes enneigées, promettant un orage; la tête du Machouk fumait comme un flambeau éteint; autour de lui s'enroulaient et rampaient, comme des serpents, des lambeaux gris de nuages, retenus dans leur élan et comme enchaînés par ses buissons épineux. L'air était chargé d'électricité. Je m'enfonçai dans une allée bordée de vigne qui conduisait à la grotte; j'étais triste. Je pensais à cette jeune femme au grain de beauté sur la joue, dont m'avait parlé le docteur. Pourquoi est-elle ici ? Et est-ce bien elle ? Et pourquoi crois-je que c'est elle ? Pourquoi en suis-je même si sûr ?... y a-t-il si peu de femmes qui aient des grains de beauté sur les joues !"
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Ils étaient un peu trop portés sur les duels, les russes de l' époque.
En tout cas, ils furent fatals à Pouchkine et à Lermontov...
Il faudra que je le relise, Lermontov, c' est court...
En tout cas, ils furent fatals à Pouchkine et à Lermontov...
Il faudra que je le relise, Lermontov, c' est court...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Une des plus belles lectures de ma vie. Je retrouverais bien Piétchorine dans La princesse Ligovskoï, tantôt.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Dreep a écrit:"Peut-être certains lecteurs voudront-ils connaître mon avis sur le caractère de Petchorine ? Ma réponse, c'est le titre de ce livre. « Mais c'est une méchante ironie. » diront-ils. Je n'en sais rien.".
Je ne crois pas que ce soit de l'ironie, pas entière, parce que Piétchorine est un personnage insaisissable, il a quelque chose d'ample et de fabuleux, hors l'ennui et le cynisme. Une énergie désespérée, (une industrie sans pareille), et une sorte d'équilibre dans la folie et les passions, qu'il partage un peu avec Stavroguine d'ailleurs (caractère cousin ?) et qui ne laissent pas de me toucher, voilà ses atouts, et tous ses défauts ne me le rendent que plus sympathique. J'ai dit "passions", oui, je le crois vraiment passionné. Dommage qu'il ait tant besoin, pour le sentir, de courir toute forme de danger et d'excès.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Un peu de poésie :
La voile (1832, traduit par Charles Dobzynski) :
Blanchit la voile solitaire,
Sur la mer le brouillard bleuit.
Que cherche-t-elle loin des terres,
Que laisse-t-elle en son pays ?
Les vagues jouent, le vent siffleur
Courbe le mât qui craque et bruit ;
Vole-t-elle vers le bonheur,
Est-ce le bonheur qu'elle fuit ?
L'azur limpide au-dessous d'elle,
Au-dessous l'or solaire luit,
Elle attend l'ouragan, rebelle,
Comme si la paix était en lui !
La voile (1832, traduit par Charles Dobzynski) :
Blanchit la voile solitaire,
Sur la mer le brouillard bleuit.
Que cherche-t-elle loin des terres,
Que laisse-t-elle en son pays ?
Les vagues jouent, le vent siffleur
Courbe le mât qui craque et bruit ;
Vole-t-elle vers le bonheur,
Est-ce le bonheur qu'elle fuit ?
L'azur limpide au-dessous d'elle,
Au-dessous l'or solaire luit,
Elle attend l'ouragan, rebelle,
Comme si la paix était en lui !
Invité- Invité
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Un héros de notre temps, suivi de Le Démon
Le personnage de Petchorin n’apparaît vraiment qu’un peu avant la moitié du livre ; je suis devenu légèrement maniaque à ce propos : le renvoi de l’intérêt du lecteur loin après le début de l’ouvrage, qui n’est à mon sens ni un hasard, ni même un défaut. Il me semble que c’est un procédé qui va à l’encontre de ce qui est préconisé en cours de Creative Writing (comment dire ça en français ? langage de la publicité ? formatage littéraire ?), où l’accroche originale et le tambour battant sont de rigueur. Ici, les trois premiers récits (sur cinq) ne nous mènent que de façon méandreuse à ce héros dont on a déjà appris la mort, et dont on découvre une sorte de journal.
Petchorin est emblématique d’un ennui blasé vaguement romantique ‒ byronien ‒, uniquement distrait par les femmes et les chevaux.
Solipsiste :
Le personnage de Petchorin n’apparaît vraiment qu’un peu avant la moitié du livre ; je suis devenu légèrement maniaque à ce propos : le renvoi de l’intérêt du lecteur loin après le début de l’ouvrage, qui n’est à mon sens ni un hasard, ni même un défaut. Il me semble que c’est un procédé qui va à l’encontre de ce qui est préconisé en cours de Creative Writing (comment dire ça en français ? langage de la publicité ? formatage littéraire ?), où l’accroche originale et le tambour battant sont de rigueur. Ici, les trois premiers récits (sur cinq) ne nous mènent que de façon méandreuse à ce héros dont on a déjà appris la mort, et dont on découvre une sorte de journal.
Petchorin est emblématique d’un ennui blasé vaguement romantique ‒ byronien ‒, uniquement distrait par les femmes et les chevaux.
C’est un séducteur, un briseur de cœurs, qu’il ravisse Béla, la Princesse Marie, ou même Tamara. Il est réellement épris de Viéra, et Marie n’est d’abord qu’un prétexte pour la revoir. C’est aussi un manipulateur, un calculateur et un cynique ; il y a un aspect Liaisons dangereuses dans ses menées, et quelque chose de baudelairien dans cette incarnation du mal…« J’ai une âme gâtée par le monde, une imagination sans repos et un cœur insatiable. Tout me paraît petit ; je m’habitue facilement à la souffrance comme au plaisir et mon existence devient plus monotone de jour en jour. Il ne me reste plus qu’une ressource : c’est de voyager. »
« Ah ! quel ennui que de vivre ! et on vit tout de même… par curiosité. On attend quelque chose de nouveau… C’est ridicule et absurde ! »
Solipsiste :
Et animé de la volonté de domination :« Je ne songe à la souffrance et à la joie des autres que par rapport à moi ; j’y trouve l’aliment nécessaire à l’entretien des forces de mon âme. »
Le tort de Lermontov aura été de blâmer la haute société d’avoir rendu Petchorin ce qu’il est…« Et n’est-ce pas en effet la plus grande preuve et le plus grand triomphe de la puissance, que d’être pour le premier venu, une cause de souffrance ou de plaisir, sans avoir au-dessus de lui un droit positif ! »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
se laisser séduire parfois ? !
merci Tristram
merci Tristram
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Je suis ravi de lire ça !Tristram a écrit:Il me semble que c’est un procédé qui va à l’encontre de ce qui est préconisé en cours de Creative Writing (comment dire ça en français ? langage de la publicité ? formatage littéraire ?), où l’accroche originale et le tambour battant sont de rigueur.
(Curieux : je n'avais pas fait le rapprochement avec Baudelaire et Laclos !)
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
C'est que tu as bon goût, comme ta maman (qui pourtant croit à l'utilité du formatage des écrivains) !
Je pense cependant ne point avoir rêvé la manipulation cynique en amours et le blasement malsain chez Petchorin !
Je pense cependant ne point avoir rêvé la manipulation cynique en amours et le blasement malsain chez Petchorin !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
La Princesse Ligovskoï
On apprécie ce délicieux Petchorine, si prompt à vouloir décortiquer les émotions du regard de son amante et si peu subtil quand il s'agit de lui rappeler l'inanité du choix de s'être mariée à un vieux croulant.
Si prompt aussi à laisser les émotions parler à sa place :
Et pourtant, les soirées de Saint-Pétersbourg (edit : opposées à celles de Moscou, de ce que j'ai compris d'un certain antagonisme culturel entre les 2 villes) sont pour lui un vaste terrain de chasse et en parallèle de cet amour inabouti avec la princesse, il y a le calcul avec les autres.
L'écriture est toute en finesse, le cynisme partout. Le personnage du petit fonctionnaire est également extrêmement marquant, très enflammé, miroir pauvre et (donc) raté de Petchorine, prêt à provoquer celui-ci en duel alors qu'il n'a aucune chance et se ravisant à la pensée de sa vieille mère sans-le-sou.
Cela donne envie de lire de ce pas Un héros de notre temps.
On apprécie ce délicieux Petchorine, si prompt à vouloir décortiquer les émotions du regard de son amante et si peu subtil quand il s'agit de lui rappeler l'inanité du choix de s'être mariée à un vieux croulant.
« [...] mais non, il ne se peut pas qu’elle l’aime, cela, j’en réponds sur ma tête. »
Si prompt aussi à laisser les émotions parler à sa place :
« […] cette loge, qu’il s’était juré de ne pas regarder… C’était la princesse qui s’y trouvait, c’était sa main rose qui reposait sur le velours écarlate ; ses yeux, peut-être, s’étaient fréquemment posés sur lui sans qu’il songeât même à se retourner, la puissance magnétique du regard de la femme aimée n’avait pas agi sur ses nerfs de brute… ô rage ! il ne se le pardonnerait jamais ! »
Et pourtant, les soirées de Saint-Pétersbourg (edit : opposées à celles de Moscou, de ce que j'ai compris d'un certain antagonisme culturel entre les 2 villes) sont pour lui un vaste terrain de chasse et en parallèle de cet amour inabouti avec la princesse, il y a le calcul avec les autres.
« Et de fait, dites, de quoi peuvent parler des jeunes hommes ? La provision de nouveautés est bientôt épuisée, la politique, le bon sens interdit de s’y lancer, le service, on n’en parle que trop, et les femmes, en notre siècle barbare, elles ont perdu la moitié de leur influence générale d’autrefois. S’amouracher paraît déjà honteux, en parler ridicule. »
L'écriture est toute en finesse, le cynisme partout. Le personnage du petit fonctionnaire est également extrêmement marquant, très enflammé, miroir pauvre et (donc) raté de Petchorine, prêt à provoquer celui-ci en duel alors qu'il n'a aucune chance et se ravisant à la pensée de sa vieille mère sans-le-sou.
Cela donne envie de lire de ce pas Un héros de notre temps.
Dernière édition par Secrètement le Dim 2 Mai - 0:05, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Tiens, merci de me rappeler que je dois le lire
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
merci Secrètement, ça me tente !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
De rien !
Vous pourriez avant de vous coucher ce soir, c'est assez court.
Vous pourriez avant de vous coucher ce soir, c'est assez court.
Invité- Invité
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
C'est curieux : donc une préfiguration d'Un héros de notre temps, ou une ébauche du personnage peut-être.
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Tristram- Messages : 15964
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Mikhaïl Iourievitch Lermontov
Voui, je ne saisis pas trop le lien exact entre les deux œuvres non plus
Invité- Invité
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains Russes
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