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Mikhaïl Boulgakov

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Message par Invité Mar 12 Sep - 14:49

Mikhaïl Boulgakov
(1891-1940)



Mikhaïl Boulgakov 220px-10

Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov, né le 15 mai (3 mai) 1891 à Kiev et mort le 10 mars 1940 à Moscou, est un écrivain et médecin russe puis soviétique.

Mikhaïl Boulgakov travaille d'abord comme médecin durant la Première Guerre mondiale, la Révolution russe et la guerre civile russe. À partir de 1920, il abandonne cette profession pour se consacrer au journalisme et à la littérature, où il est confronté, tout au long de sa carrière, aux difficultés de la censure soviétique.

Mort à seulement 48 ans, il a écrit pour le théâtre et l'opéra, mais il est surtout connu pour des œuvres de fiction comme les romans La Garde blanche, paru en 1925, et Le Roman de monsieur de Molière, achevé en 1933 (publié en URSS, de manière expurgée, en 1962 et de manière intégrale en 1989), ou la nouvelle Cœur de chien achevée en 1925, mais publié en URSS en 1987.

Son œuvre la plus connue est Le Maître et Marguerite, roman plusieurs fois réécrit et retravaillé entre 1928 et 1940, publié en URSS dans son intégralité pour la première fois en 1973, dans lequel il mêle habilement le fantastique et le réel, de telle sorte que le fantastique passe pour réel, et le réel pour fantastique, ainsi que les époques et les lieux, Jérusalem au Ier siècle, sous Ponce Pilate, et Moscou, dans les années 1930, sous la dictature stalinienne.

source : Wikipédia


Bibliographie en français :


Romans
La Garde blanche - 1925 et 1927-1929 (publié en URSS en 1966)
La Vie de monsieur Molière ou Le Roman de monsieur de Molière - achevé en 1933 (publié en URSS, de manière expurgée, en 1962, de manière intégrale en 1989)
Le Roman théâtral, également publié sous le titre : Les Mémoires d'un défunt - inachevé, rédigé en 1936-1937 (publié en URSS en 1965 et, en volume, en 1966)
Le Maître et Marguerite - dernières corrections du 13 février 1940 (publié en URSS, de manière intégrale, en 1973)

Nouvelles
Notes sur des manchettes - 1922-1924 (publié en URSS, de manière intégrale, en 1982)
La Bohème - janvier 1925 (réédition en URSS en 1986)
Endiablade - 1924 (réédition en URSS en 1987)
Les Œufs du destin ou Les Œufs fatidiques, 1925 (réédition en URSS en 1988)
Cœur de chien - achevé en 1925 (publié en URSS en 1987)
Carnets d'un jeune médecin (publié en URSS en 1963)
Morphine - décembre 1927 (réédition en URSS, de manière intégrale, en 1988)
Articles de variété et récits parus dans la presse soviétique de 1919 à 1927

Théâtre
Autodéfense, sketch en un acte, joué à Vladikavkaz le 3 juin 1920
Les Frères Tourbine, drame en quatre actes, joué le 21 octobre 1920
Les Communards de Paris, pièce en trois actes créée à Vladikavkaz entre janvier et mars 1921
Le Perfide paternel, pièce créée à Vladikavkaz en 1921
Les Prétendants d'argile, comédie-bouffe jouée en 1921
Les Fils du mollah, pièce créée le 15 mai 1921.
Les Jours des Tourbine - 1926 (publié en URSS en 1955)
L'Appartement de Zoïka - deux versions : 1926 en quatre actes et 1935 en trois actes (publié en URSS en 1982)
L'Île pourpre - 1927 (publié en URSS en 1987)
La Fuite - 1928 (publié en URSS en 1962)
Adam et Ève - 1931 (publié en URSS en 1987)
Béatitude - 1934 (publié en URSS en 1966)
Alexandre Pouchkine - 1935 (publié en URSS en 1955)
Molière ou la Cabale des dévots - achevé en 1929 (publié en URSS en 1962)
Ivan Vassilievitch - 1935 (publié en URSS en 1965)
Batoum - achevé en 1939 (publié en URSS en 1988)

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Message par Invité Mar 12 Sep - 15:03

Vous n'avez qu'à jeter un oeil à sa bibliographie pour vite vous rendre compte que Boulgakov ne fut pas prophète en son pays. Il en a fallu du temps avant que ses oeuvres soient autorisées par la Parti soviétique.
La force de l'auteur a aussi été de contourner les règles, et jouer de la métaphore, du "cryptogramme". Ainsi, on peut le lire à différents niveaux et ses textes sont sujets à interprétations. On peut penser aussi à Orwell, et La ferme des animaux.
Je considère Le maître et Marguerite parmi mes sommets littéraires, aussi car c'est un livre qui m'a ramené vers la littérature, à une époque où mes lectures étaient d'un autre ordre. Malheureusement, lecture un peu trop lointaine pour en parler.

Je ressors de sa nouvelle, Morphine.

Mikhaïl Boulgakov 41n3db10

Là aussi, on peut le lire au premier degré, et on est tout de suite embarqué par sa prose puissante, son style prenant, qui nous poussent à avancer dans ce court récit. Il entretient le suspens sur la maladie de cet homme mystérieux, puis très vite le voile se lève ...
L'addiction à la morphine, la solitude, le désespoir, l'angoisse ...
C'est fort !

Et puis, on peut lire la postface, où les interprétations sont multiples. Cette nouvelle prend lieu et place en Russie à partir d'Octobre 1917 ... Arrivée de la révolution Russe, et là on reprend le journal du morphinomane, en fonction des dates, et on essaie de lire le cryptogramme laissé par l'auteur ...

mots-clés : #addiction #solitude

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Message par bix_229 Mar 12 Sep - 16:08

Dommage pour lui qu' il ait du écrire malgré et contre la censure.
Ou se taire.
Sinon, on aurait connu autre chose que ce chef d' oeuvre qu' est
Le Maitre et Marguerite.
Meme si ses autres oeuvres ne sont pas toutes mineures.
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Message par Bédoulène Mar 12 Sep - 18:54

j'ai lu aussi le Maître et Marguerite il y a un certain temps et le Roman Théatral

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Message par Marie Mar 12 Sep - 21:19

J'ai lu Le maître et Marguerite il y a 100 ans. Et plus récemment, Récits  d'un jeune médecin et Morphine.

Mikhaïl Boulgakov 97822512

Récits d'un jeune médecin
traduit du russe par Hélène Gibert

Ce sont donc six récits inspirés du séjour qu'a fait lui même Mikhaïl Boulgakov dans un hôpital civil de la province de Smolensk , où il avait été affecté en 1916. Situation un peu extrême du fait de l'isolement géographique et des conditions climatiques pour un jeune médecin fraichement diplômé mais sans aucune expérience pratique. Comme tous, donc.
A partir de cas cliniques rencontrés , Boulgakov construit des récits d'un réalisme parfait, on s'y croirait..
Et surtout, parvient à transmettre ( peut être que cela parlera plus à certains qui ont déjà fait ce genre d'expériences d'une angoisse infinie, où on se sent tellement nuls)la différence entre savoir théorique et confrontation à des situations concrètes.
Avec, dans la progression de ces récits, un cheminement qui est finalement toujours le même, la peur et l'obligation de l'affronter sous le regard de ceux qui vous prennent pour quelqu'un qui, du fait de ses pseudo-compétences , va dominer le problème ( et de là, l'intelligence de comprendre, il l'explique très bien, que finalement, les diplômes ça ne sert pas à grand chose, et qu'il faut absolument accepter l'aide de ceux qui n'ont pas le bout de papier, mais qui ont l'expérience), puis la réussite une fois, quelquefois par le plus grand des hasards.Et après une reprise de confiance en soi qui se termine toujours par une surestimation, et là, l'échec ( il n'y en a pas beaucoup, d'échecs vraiment graves dans ces récits, c'est dommage) , le retour sur terre et la nécessité de redémarrer .

La lecture de ces récits devrait être rendue obligatoire à tous les étudiants en médecine, ils sont très fins, très bien écrits bien sûr et même si l'on n'est plus dans la Russie de 1916, cela n'a aucune importance, la leçon donnée , l'expérience racontée n'ont ni âge ni lieu.

( récup)


mots-clés : #autobiographie #initiatique #medecine
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Message par Invité Mar 12 Sep - 21:37

Plutôt répétitifs alors ces récits d'un jeune médecin ?

Morphine vaut vraiment la lecture, et pour le coup c'est incisif.

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Message par tom léo Mer 13 Sep - 21:56

Comment ne pas me joindre aux éloges pour „Le maître et Marguerite » ? L’auteur utilise largement les moyens de la satire, si repandus dans la littérature soviétique (et russe). C’est à se demander si ce n’est pas un moyen par excellence de parler de choses qu’on ne peut pas nommer ouvertement ?! Mais je vais me concentrer à présenter un peu plus:

Mikhaïl Boulgakov 00029010

La garde blanche


CONTENU :
C’est l’histoire fortement imprégnée par des traits autobiographiques de trois frères et sœurs (Alexandre, Hélène, Nikolka) en Décembre 1918. En Russie c’est la guerre civile et des restes de troupes allemandes et d’autres forces tiennent des larges parties de l’Ukraine. Kiev rassemble des gens venus de partout et de toutes les origines : des banquiers, des aristocrates, des gens douteux fuyant les forces bolchéviques.  Sous l’assaut des troupes nationalistes de Petlioura les Allemands et leurs alliés, comme le « Hetman », prennent la fuite. Jusqu’à l’arrivée de l’Armée Rouge en Février 1919 s’écouleront seulement deux mois. L’histoire « personnelle » des trois figures principales est imbriquée dans la « grande Histoire » : Hélène va être abandonné par son mari « collaborateur et faisant confiance dans les Allemands. Alexandre (sous certains égards l’Alter Ego de Boulgakov) se met à disposition en sa qualité de médecin et sera blessé. Nikolka va s’engager dans les combats tandis que Hélène attend avec crainte à la maison.

IMPRESSIONS :
Des grandes confusions et mélanges, des combats sans fins, des changements de front marquaient la situation de ces années dans le pays de la révolution d’Octobre. Et on pressent fortement que les changements en Russie n’étaient pas le résultat d’un seul jour, mais que les conflits s’allongeaient, se compliquaient pendant des longues périodes (et au-delà par d’autres formes de résistance et de combats). Et quelques fois il y en avait bien plus que deux partis en questions, ainsi en Ukraine ! Je suis reconnaissant entre autre que ce livre fait connaître un peu de cette complexité des années révolutionnaires. Cela reste presque impensable, quel chaos ce pays a traversé…

Il me semble que ce livre n’est pas de la même veine si fortement satirique que d’autres livres de Boulgakov, même si aussi ici on trouvera l’une ou l’autre situation grotesque. Au centre de ce livre si marqué par les événements historiques est quand même l’individu, la personne, ces trois frères et sœurs Tourbine (nom de la famille maternelle de Boulgakov !) et leurs amis proches.  C’est comme si pour le lecteur attentif on lit que l’individu n’est pas aboli. Au milieu de ces turbulences politiques ils continuent à chercher pour ce qu’on pourrait appeler un peu pathétiquement « le sens et la vraie vie ». Et en fait : au tout début paraît cette grande question universelle et typiquement russe à la fois : « Comment vivre ? » Cela me semble une vraie perspective de lire ce roman avec la question comment on peut bien survivre de tels temps de conflits et de désespoir. Qu’est-ce qui pourra nous sauver ? Ici c’est certainement le rôle de chacun, la contribution de chacun : ils prennent part actif à l’histoire…

mots-clés : #autobiographie #famille #historique #premiereguerre #revolution
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Message par Tristram Mer 13 Sep - 22:15

Tom >Léo a écrit:L’auteur utilise largement les moyens de la satire, si repandus dans la littérature soviétique (et russe). C’est à se demander si ce n’est pas un moyen par excellence de parler de choses qu’on ne peut pas nommer ouvertement ?!

Indubitablement, et rien que chez nous on remonte à Érasme et Rabelais pour arriver à Houellebecq et Charlie Hebdo en passant par Molière et Voltaire... Toujours aussi efficace (surtout si on ne s'enfonce pas dans le cynisme) !

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Message par Tristram Ven 16 Aoû - 13:09

Le roman de monsieur de Molière

Mikhaïl Boulgakov Le-rom10


Il s'agit d'une biographie romanesque, où l’importance du vécu dans la création chez le fameux dramaturge m’a marqué ; il est vrai que la part de l’observation, sans même parler d’autobiographie, ne peut être que majeure chez un satiriste, a fortiori doué d'autodérision.
Passage notoire chez les précieuses ridicules, terrain particulièrement propice à l’ironie de Boulgakov :
« Il y eu Bossuet, qui se rendit par la suite célèbre en ne laissant pas passer un cadavre de quelque renommée en France sans prononcer sur la tombe de celui-ci un sermon inspiré. »
En connaisseur, Boulgakov se permet une appréciation personnelle :
« Molière avait bien raisonné : les censeurs du roi ignorent que tous les remaniements qu’on peut apporter à une œuvre ne changent pas d’un iota son sens profond et n’affaiblissent en rien l’indésirable influence qu’elle peut avoir sur le spectateur. »

Mots-clés : #ancienregime #biographie #historique #théâtre

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Message par Invité Ven 16 Aoû - 18:04

Je l'ai dans ma PAL, à lire un de ces jours...

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Message par Armor Mar 6 Oct - 22:16

Ah je n'avais jamais entendu parler de ce livre. Intéressant. (J'ai le maître et Marguerite et Carnets d'un jeune médecin sur ma PAL, il serait temps que je les lise).

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Message par Tristram Lun 12 Oct - 1:59

Intéressant (y compris la seconde partie) : ma relecture de Le Maître et Marguerite sera dans la traduction Markowicz et Morvan.
À propos des vers de Quevedo :
Un andar solitario entre la gente
un amar solamente ser amado
qui sont ainsi traduits :
Marcher solitaire en la foule
Aimer juste aimer qu’on vous aime
je propose
Quand on marche solitaire parmi les gens
On aime seulement être aimé...
Et je précise aussi avoir apprécié Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq.
« Il y a un système basé sur la domination, l'argent et la peur _ un système plutôt masculin, appelons-le Mars ; il y a un système féminin basé sur la séduction et le sexe, appelons-le Vénus. Et c'est tout. Est-il vraiment possible de vivre et de croire qu'il n'y a rien d'autre ? »

« Cette notion de vieillissement et de mort est insupportable à l'individu humain ; dans nos civilisations, souveraine et inconditionnée elle se développe, elle emplit progressivement le champ de la conscience, elle ne laisse rien subsister d'autre. Ainsi, peu à peu, s'établit la certitude de la limitation du monde. Le désir lui-même disparaît ; il ne reste que l'amertume, la jalousie et la peur. Surtout, il reste l'amertume ; une immense, une inconcevable amertume. »
Michel Houellebecq, « Extension du domaine de la lutte »

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Message par Dreep Jeu 27 Mai - 17:00

Le Maître et Marguerite

Mikhaïl Boulgakov Couv-maitremarguerite-bnf

Trois mondes ― ou trois romans ― dans un seul : le monde soviétique (années 20-30) le monde de Ponce Pilate, et celui, passionnel, du Maître et Marguerite, sans oublier l'intervention du diable dans ce curieux chaos. Mais cette intervention, en quoi consiste-t-elle au juste ? Et même, qui est et où se trouve-t-il ? Son apparition à Moscou et sa nature restent fondamentalement énigmatique, et ce n'est pas la seule incertitude à laquelle on sera confronté. Tout ― je dis bien tout ― est douteux dans le roman de Mikhaïl Boulgakov ; que penser de ce narrateur qui nous donne du "allez savoir pourquoi" au moins deux fois par pages ? et qui est-il lui-même ? (Le diable ? bien essayé... mais il aurait eu l'air plus malin) que penser de ces tours de passe-passe à n'en plus finir dans lesquels les personnages changent de rôle comme de chemise (ou n'en portent pas, tout simplement) ?

Le Maître et Marguerite est le roman du sens dessus dessous, et une façon de caractériser l'action du diable (ou le style de Boulgakov) est peut-être de parler d'un miroir déformant sur la société et l'homo sovieticus. Les gens disparaissent, les gens ont peur, le gens se méfient les uns des autres ou deviennent fous. Le cirque se transforme en cauchemar ou inversement. Tout semble comme tiré d'un chapeau pour en mettre plein la vue alors que Boulgakov n'est pas si disert que cela sur l'effet produit. Les sketchs se poursuivent et se répètent dans une dynamique du diable (ah ah) mais qui finit par tourner en roue libre, tout a l'air caricatural et la satire perd de sa puissance ou de sa méchanceté, devient seulement triste. Tristes mondes que ceux du Maître et Marguerite de toute façon. À charge de revanche, la différence avec le stalinisme, c'est que chez le diable, le certificat ni toute autre forme d'attestation n'a aucune valeur. Le roman du maître devient une pièce maîtresse, un point de fuite dans ce monde où l'empire (Tiberius ou Stalinius) supplante et détruit toute possibilité de vie privée.

Quant à la passion entre le Maître et Marguerite, je suppose, mon cher André, que j'ai oublié d'évoluer de l'orang-outan*, car je n'ai pas pleuré. Toute révérence gardée aux orang-outans, aux chats ou aux hippopotames, aux divers pantonymes du roman ou à le diable sait quoi d'autre encore.

* : Je fais référence à ce qu'il dit à la fin de cette interview (22:50) :

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Message par ZeBebelo Dim 3 Juil - 9:01

Je n'ai effectivement pas versé une larme sur le final, bien que l'ami qui m'a conseillé ce roman m'avait prévenu que le final était fort en émotion et qu'il l'avait versé, lui, sa petite larme.

La scène phare de ce roman, à mon sens, est la scène qui se déroule durant la pièce de théâtre. Pièce perturbée par Woland et sa clique où tout l'égoïsme, la bassesse et surtout l'idiotie de l'être humain, encore plus quand il est fondu dans une foule, transpirent à chaque ligne. C'est à la fois jouissif et d'une tristesse absolue...

C'est dans l'ensemble un roman que j'ai apprécié même si le volet se déroulant du temps de Jésus ne m'a trop emballé !
C'est un livre qui mérite d'être relu et que je relirai très probablement.
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Message par Albert Mar 20 Fév - 8:04

Sur les conseils d'une amie d'origine russe, je viens de lire Le maître et Marguerite.
Ce livre m'a rappelé le livre de John Kennedy Toole "la conjuration des imbéciles"
Dans les deux récits, une ville est essentielle, Moscou et La Nouvelle-Orléans; C'est une critique par l'absurde d'une société dont les personnages montrent la fragilité, si on ne rentre pas dans leur logique.
Je dois être trop terre à terre  pour adhérer totalement à leurs délires, mais les images du livre de Boulgakov sont fortes et m'ont fait penser aux peintures de Chagall, avec ses femmes qui volent, ses animaux humanisés et un monde fait de torsion et d'explosion de couleurs.

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Message par Bédoulène Mar 20 Fév - 10:23

merci Albert, la lecture m'avait déroutée au début ; je trouve que ta réflexion quant aux peintures de Chagall est justifiée

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