[Archéologie] Les mégalithes du Morbihan

Gavrinis est l’un des sites archéologiques qui, avec la grotte de Niaux, a provoqué le plus d’émotion chez moi. Il s’agit d’un dolmen à couloir qui se trouve dans une petite île du golfe du Morbihan.

Il faut réserver quelques jours à l’avance pour le voir. En effet, le site n’est accessible qu’en visite guidée, compte tenu de l’étroitesse du couloir et la présence des gravures. Ce n’est pas très onéreux, cela permet de faire un petit tour en bateau et la visite vaut vraiment la peine.

Ce qui frappe à Gavrinis c’est cette saturation des gravures sur les piliers, basées sur des demi-cercles concentriques et des spirales, mais pas uniquement. Le tout dans des compositions admirables.

Des recherches récentes montrent que ces motifs curvilignes sont associés à des signes pouvant être interprétées comme des bateaux. Il s’agirait donc de représentation d’eau en mouvement, probablement la mer.

Associé à d’autres représentations : lames de haches polies, arcs, crosses, les pierres de Gavrinis racontent probablement un ou des récits mythiques dont la teneur nous reste inconnu.

Pas de photos personnelles car elles sont interdites (effectivement, le couloir étant étroit, les touristes risqueraient de frotter les gravures avec le dos). Voici donc quelques reproductions figurant sur le net (à ce sujet, le Conseil départemental du Morbihan, propriétaire du site, et/ou l’Etat, le site étant classé Monuments historiques, pourraient mettre en ligne des photos de chacune des dalles gravées)

Le cairn, semblable à beaucoup d’autres, si ce n’est que le couloir menant à la chambre est très long.

Les gravures



Sur celle-ci, de mauvaise qualité, on voit les lames de haches


Le monument de Gavrinis a été construit en réutilisant des stèles antérieures. Figurez-vous que la dalle de couverture de la chambre recolle exactement avec celle de la Table des marchands à Locmariaquer (le quadrupède dont on a les pattes à Locmariaquer, on a le reste du corps à Gavrinis). Etonnant, non ?

Les recherches récentes tentent, grâce à des relevés très précis, de reconstituer les gestes du grand artiste qui a travaillé à Gavrinis vers 3500 ans avant J-C
Gavrinis : site magique et envoûtant. Si vous ne pouviez en voir qu’un seul dans le Morbihan, c’est bien celui-ci !

Un grand merci Arensor ! je vais lire tout ça !
La Bretagne qui vient chez moi, c'est plus simple !

Su-per.. Merci !

c'est magnifique !

merci pour le commentaire Arensor !

Associé à d’autres représentations : lames de haches polies, arcs, crosses, les pierres de Gavrinis racontent probablement un ou des récits mythiques dont la teneur nous reste inconnu.

Récits mythiques qui dateraient donc de 3500 ans avant J-C?

Ou je n'ai rien compris, ce qui est possible!!

Marie a écrit:

Associé à d’autres représentations : lames de haches polies, arcs, crosses, les pierres de Gavrinis racontent probablement un ou des récits mythiques dont la teneur nous reste inconnu.

Récits mythiques qui dateraient donc de 3500 ans avant J-C?

Ou je n'ai rien compris, ce qui est possible!!

C'est bien cela. Tu as tout compris Marie

Comme vous l’avez compris, de nombreux monuments mégalithiques, cairns, tumulus, dolmens et autres sont à vocation funéraire.
Mais alors qu’a-t-on trouvé dans ces lieux : des ossements ? des objets ?
Paradoxalement la question n’est pas simple. Depuis longtemps ces architectures intrigantes ont attiré la curiosité des chercheurs.

Ainsi dans les années 1850, la société polymathique du Morbihan a fouillé la plupart des dolmens et tumulus de la région.


Gardons nous de jeter la pierre à ces précurseurs (cette société existe toujours). Leur but était louable : établir que ces monuments n'étaient pas des autels druidiques mais des tombeaux Bien sûr, ils n’ont pas utilisé les méthodes de l’archéologie moderne : enregistrement précis des résultats de leurs explorations, relevés stratigraphiques. Le but principal était alors la récolte de beaux objets.

A ceci s’ajoute des conditions naturelles peu favorables. Par exemple, la nature acide des sols granitiques est peu propice à la conservation des ossements.

Alors de quelles informations disposons-nous aujourd’hui ? Force est de constater qu’elles sont assez réduites et consistent essentiellement en… beaux objets ?

C’est maintenant qu’il faut quitter les sites et se rendre au musée de Carnac et de Vannes (j’avoue n’avoir pas vu ce dernier) pour en savoir un peu plus.


Notre attention va être tout de suite attirée par de superbes haches effilées, remarquablement polies et qui peuvent dépasser 40 cm. de longueur.


Ces haches sont en jadéite, une variété de jade, extrait du versant des Alpes sur l’Italie (mont Viso) !


Il s’agit donc d’objets hors du commun, provenant de loin, polis pendant des centaines d’heures, souvent repolis sur place à plusieurs reprises pour leur donner un aspect miroir et les amincir à l’extrême (pendant des rituels ou cérémonies ?). Les haches de ce type ne sont pas des objets usuels.
D’ailleurs on ne les retrouve jamais dans des sites d’habitats mais dans certaines sépultures ou bien enfouies au pied de certains menhirs, dans des zones de passage ; bref, dans des lieux à valeur symbolique. Souvent leur disposition n’est pas le fruit du hasard (voir infra)
Elles sont présentes sur les gravures comme à Gavrinis.


Assez récemment des touristes allant chercher des coquillages ont trouvés quatre de ces haches enfoncées dans le sol, le tranchant vers le haut. Beau geste des inventeurs, ils ont signalé leur découverte et les haches sont aujourd’hui  au musée de Carnac.


Les mêmes sites ont livré des anneaux-disques en jadéite.


Ce sont là encore des objets d’une grande pureté de forme qui évoquent les disques Bi de la civilisation chinoise. De toute façon, que ce soit en chine ou en Amérique du sud, le jade a toujours été une matière recherchée pour sa rareté, sa dureté, la qualité de son poli etc.



Et ce n’est pas tout, les sépultures du Morbihan ont livré également une belle quantité de colliers en perles de variscite, une variété de turquoise, dont la provenance est ibérique !


Mais qu’est ce qui a bien pu fonder la richesse des hommes du néolithique du Morbihan au point de collectionner des objets en jadéite (50 % des haches en jadéite trouvées en contexte funéraire en Europe !) ou en turquoise et de développer cette brillante culture ?

Trafic de crustacés, de kouign-amann. J’ai des doutes .  Allez, je vous laisse chercher un peu avant d’avancer sinon l’explication, du moins une hypothèse.

Transfert de technologie brassicole ?

une variété de jade, extrait du versant des Alpes sur l’Italie (mont Viso) !

Donc, ça a circulé des Alpes jusqu'en Bretagne?
Peut être les bretons avaient-ils des technologies avancées en matière de polissage ?
Non, aucune idée, j'attends la suite!

Tristram a écrit:Transfert de technologie brassicole ?

comme la nouvelle récente ( ?) d'un possible import de la technique en Chine il y a fort fort longtemps ?

ils faisaient déjà du commerce ?

ou c'étaient des migrants ?

Bidouille fiduciaire ? Blanchiment d'argent ?

Vous-ai je signalé que j'étais une enfant du Morbihan ?  Née à Vannes.

Je suis sans doute une descendante de ces si prospères civilisations... hugh hugh, (mais oui mais oui )

Je pense que ce qui fondit leur richesse c'est la situation géographique, il devait y avoir des gisements ou croisements géologiques propres à inspirer les mises en places de pouvoir de l'époque ? C'est ma proposition farfelue

Marie a écrit:

une variété de jade, extrait du versant des Alpes sur l’Italie (mont Viso) !

Donc, ça a circulé des Alpes jusqu'en Bretagne?
Peut être les bretons avaient-ils des technologies avancées en matière de polissage ?
Non, aucune idée, j'attends la suite!

Les haches ont été polies à proximité de leur lieu d'extraction (on a retrouvé des ateliers sur les pentes du mont Viso. Mais beaucoup ont été repolies en Bretagne pour leur donner une minceur extrême.

Sinon Tristram est à côté de la plaque (ni bière, ni cidre, ni pâtés ou jambons....)

Nadine en revanche est sur une bonne voie Il s'agit effectivement d'une ressource liée à la géographie. Maintenant, vous devriez trouver

le golf du Morbihan ? Ils naviguaient déjà ? Le granit ? Du fer ? Du cuivre ?

il y en a dans les alpes italiennes du jade mais en France ?

export de silex ?

animal a écrit:export de silex ?

Tu crois les néolithiques de l'arc alpin assez stupides pour échanger du jade contre des silex

L'une des hypothèses réside dans une matière qui ne vaut plus rien aujourd'hui mais qui à cette époque s'échangeait au prix de l'or :

"L'or blanc" = le sel

Vous vous souvenez de la civilisation de Hallstatt et de ses fabuleuses tombes princières. Le site de Hallstatt (en Autiche) avait justement fondé sa richesse et sa réputation sur l'exploitation du sel gemme.

Alors, les néolithiques du Morbihan : des Qataris ayant troqué mégalithes contre prestigieux buildings et haches en jade contre bagnoles de luxe. Je n'irais pas jusque là, mais...

Je fais avec mes très légers souvenirs du musée de la préhistoire du Grand Pressigny. ça avait l'air de pouvoir être une belle spécialité silex !

Oh mince.