Victor Paskov
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Victor Paskov
(source : bibliomonde)Musicien et écrivain bulgare
Victor Paskov vit à Sofia (Bulgarie) où il est né en 1949. Il est l'auteur de plusieurs romans dont trois ont été traduits en français dans les années 1990 : Ballade pour Georg Henig, Allemagne, Conte cruel et Big Business.
Ouvrages traduits en français :
Ballade pour Georg Henig
Allemagne
Conte cruel
Big Business
Ballade pour Georg Henig
C'est en fouillant dans de vieux papiers de famille que le narrateur retrouve 2 lettres qui font ressurgir une partie de son enfance. Le père de Victor est un pauvre musicien Valaque et sa mère la fille de riches terriens, rejetée par sa famille pour cette union. La famille vit dans un appartememnt situé dans une vieille maison. Les autres appartements de la maison sont aussi habités par des familles pauvres, de cette pauvreté qui détruit les esprits et les corps. Au fil des ans les difficultés financières pertubent les relations du couple. Les regrets de la mère qui coud à domicile pour améliorer les revenus, se changent en amertume et se concrétisent sur l'absence d'un buffet, buffet qui était un bien présent dans sa famille. Le père décide alors de construire le buffet qu'il ne peut acheter, il mettra plusieurs mois à cette réalisation. Ce buffet sera travaillé dans l'atelier d'un vieux Maître luthier Georg Henig, qui lui avait fabriqué un huitième de violon 5 ans auparavant. Le vieux Maitre survit misérable, malade dans une pièce. Devant tant de dénuement la famille se charge d'aider le vieux Henig, lequel est harcelé par un voisin indigne et s'attache à lui.
Le jeune Victor trouve en ce vieil homme un ami. Un ami qui l'appelle "roi Victor" et qui l'entraine dans un monde fascinant où les ombres des morts viennent les visiter, où le bois sait parler à qui sait l'entendre. Sentant que son chemin n'est plus très long le vieux luthier créé un violon pour Dieu, Dieu qui pourtant a travaillé trop rapidement à faire le monde.
Le vieux luthier mourra quelque temps après dans un hospice.
C'est bien écrit, l'amour pour la musique à travers le métier du père, le travail de lutherie est sensible ; même le bois joue sous les mains du vieux luthier ou sous celles du père qui fabrique le buffet.
La misère est évoquée sans rehausser mais accompagne ces familles vivant dans la vieille maison et dans ce quartier de la ville.
L'amitié qui nait entre le jeune Victor et le vieux Georg est très palpable, elle nourrit et mûrit l'enfant.
Un très bon moment de lecture. Merci à la personne de m'avoir adressé le livre et fait connaître cet écrivain.
"Il me faisait fermer les yeux, effleurer le bois et promener lentement l'extrémité de mes doigts sur sa surface. J'avais l'impression qu'il réagissait à ce contact.
-Sentir ?
-oui !
-Quoi sentir ?
- Il est très lisse....comme la peau
-chaleur, sentir ?
Une légère chaleur émanait du bois et elle pénétrait en moi, m'emplissait, s'arrêtait sous le creux de l'estomac et s'accroissait doucement, envahissant tout mon être.
-d'où vient-elle ?
-Bois avoir recueilli soleil de Bohême, deux cents ans, trois cents ans ; avoir respiré vent chaud...
- l'air chaud
- pas air, vent ! après, mon père avoir trouvé bois et demandé si bois vouloir venir avec lui. Etre d'accord, venir avec lui dans notre maison.
- après ?
- père avoir fait maison pour bois, sèche et chaude, comme avoir été là-bas. Pour que bois pas avoir d'eau.
- comment peut-il vivre sans eau ?
- vivre ! Bois plus vivant que vieux Henig. Quand pas avoir d'eau, chanter plus fort, plus... comment dire ? Le vieillard commença à s'agiter sur son divan pour que je devine comment chantait le bois.
-plus pleinement ?
- oui ! belle voix ! entendre ? Il frappait doucement le bois, de son doigt recourbé : celui-ci faisait entendre un tintement cristallin.
- j'entends !
- entendre... bonne oreille. moi, avoir dit : toi roi. pas croire ! rire !
(message rapatrié)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
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Localisation : En Provence
Re: Victor Paskov
Ballade pour Georg Henig
Ou comment la musique et l'amour de son art permet de transfigurer le présent.
Victor s'est fait un ami en ce maître luthier que ses propres élèves renient. Tous les jours, il lui porte le repas et reste avec lui pour visiter l'imaginaire et l'écouter parler de son pays, de sa femme aimée Bojenka, de son frère Anton décédé qu'il voit chevauchant un magnifique cheval fougueux, de son père Yossif qui lui a transmis son art. Et voilà ce petit garçon enrichi de la présence de ce vieil homme qu'il préfère à celle de ses camarades de classe.
J’avais enfin découvert un grand-père à mon goût : extrêmement pauvre, infiniment bon, il semblait sorti tout droit d’un conte de fées, détenait des secrets, venait d’un pays lointain et inconnu, parlait une langue magique, exerçait un étrange métier et vivait dans la misère comme un saint
Les pensées et les souvenirs tournoyaient autour de sa tête blanche, comme des papillons autour d’une lampe qui éclaire pour elle-même, sans se préoccuper de ce qui se passe autour d’elle.
Tout autant que la fabrication d'un violon exceptionnel, le livre raconte également la lutte permanente de ces bulgares pour fuir la pauvreté matérielle qui les oppresse. Maître Georgui n'a rien pour vivre, son logis est pitoyable, il ne mange pas à sa fin et sa vie s'achèvera dans la noirceur d'un hospice mais il transmet à Victor la richesse d'aimer un art qui emporte vers la rêverie : les passages sur le bois du violon qui doit parler au luthier sont magnifiques.
Même si le livre est baigné d'une certaine tristesse , la phrase du maître à ses deux élèves ingrats devant un Victor bouleversé, est certainement une des plus belles leçons du livre : ce sont eux qui sont pauvres car ils ont tourné le dos à leur art, ne le respectant plus et l'ayant rendu juste mercantile.
A eux, le bois ne parlera plus....
Une si belle lecture.
mots-clés : #creationartistique #enfance
Invité- Invité
Re: Victor Paskov
merci Kashmir tu fais ressurgir de bons moments !
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Bédoulène- Messages : 21645
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