Ralph Waldo Emerson
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Ralph Waldo Emerson
Essayiste, philosophe, poète américain et chef de file du mouvement transcendantaliste américain du début du XIXe siècle.
"Figure dominante de son époque, Emerson avait un sentiment mystique de la mission qu’il s’était donnée. Beaucoup l’accusèrent de déformer le christianisme, mais il expliquait que, pour lui, « être un bon pasteur signifiait quitter l’Église ». Le discours qu’il prononça en 1838, à la faculté de théologie de Harvard, devait l’en bannir pendant trente ans. Il y accusait l’Église d’agir « comme si Dieu était mort » et de s’attacher au dogme en étouffant l’esprit.
On a dit que sa philosophie était contradictoire et il est exact qu’il mettait tous ses soins à éviter de construire un système intellectuellement logique, car un tel système aurait été la négation de sa croyance romantique en l’intuition et la souplesse. Dans un essai intitulé « Self-Reliance », il fait remarquer que « La cohérence imbécile est le spectre des petits esprits ». Et pourtant, il se montre remarquablement cohérent dans son appel à la naissance d’un individualisme américain inspiré par la nature. La plupart de ses grandes idées – nécessité d’une nouvelle vision nationale, utilisation de l’expérience personnelle, idée de l’ « Ame supérieure » cosmique et doctrine de la compensation – sont déjà apparentes dans son premier ouvrage, La Nature (1836), qui début ainsi:
Nous vivons dans une ère rétrospective qui construit les sépulcres de ses pères, écrit des biographies, des histoires, des critiques. Les générations précédentes voyaient Dieu face à face; nous ne le voyons que par leurs yeux. Pourquoi n’aurions-nous pas, nous aussi, une relation originale avec l’univers? Pourquoi ne pas avoir une poésie de l’intuition et non de la tradition, une religion qui se révèle à nous et non à leur histoire? Enfouis au sein d’une saison de la nature dont les flots de vie nous entourent et nous parcourent […] pourquoi devrions-nous errer parmi les ossements desséchés du passé […]? Le soleil brille aussi aujourd’hui. Les champs regorgent de lin et de laine. Il y a des terres neuves, des hommes nouveaux, des pensées inédites. Exigeons notre travail, nos lois, notre culte.
Emerson avait une passion pour le génie de Montaigne et il dit un jour à Bronson Alcott qu’il voulait écrire, comme lui, un livre « drôle, rempli de poésie, de théologie, de choses journalières, de philosophie, d’anecdotes, de scories ».
La vision spirituelle d’Emerson, son style émaillé d’aphorismes sont proprement enthousiasmants; l’un des transcendantalistes affirmait qu’à l’écouter on se sentait « aller au ciel sur une balançoire ». Une bonne part de ses intuitions lui viennent de son étude des religions orientales, notamment l’hindouisme, le confucianisme et le soufisme. Son poème « Brahma » puise à des sources hindoues pour entrevoir un ordre cosmique :
Si le tueur rouge croit avoir tué
Ou si la victime se croit assassinée,
C’est qu’ils ignorent les voies subtiles
Que je pratique pour passer et revenir.
Le lointain, l’oublié me sont proches
L’ombre et la lumière me sont unes;
Les dieux évanouis m’apparaissent;
La honte et la gloire me sont unes.
Ils se trompent quand ils croient m’abandonner;
S’ils passent près de moi, je suis les ailes;
Je suis celui qui doute, je suis le doute même,
Je suis l’hymne que chantent les brahmanes.
Les dieux puissants aspirent à mon séjour
Et les Sept languissent en vain,
Mais toi, tendre amant du bien!
Trouve-moi et tourne le dos au ciel.
Publié dans le premier numéro de l’Atlantic Monthly (1857), ce poème troubla les lecteurs peu familiers de Brahma. Emerson donna ce conseil à l’intention de ses lecteurs : « Dites-leur de lire Jéhovah au lieu de Brahma. »
Selon le critique britannique Matthew Arnold, les textes de langue anglaise les plus importants du XIXe siècle furent les poèmes de William Wordsworth et les essais de Ralph Waldo Emerson. Grand poète en prose, Emerson influença une longue lignée de poètes américains, parmi lesquels figurent Walt Whitman, Emily Dickinson, Edwin Arlington Robinson, Wallace Stevens, Hart Crane et Robert Frost. On pense en outre qu’il inspira les philosophies de John Dewey, George Santayana, Friedrich Nietzsche et William James."
Katharyn VanSpanckeren, Esquisse de la littérature américaine, p. 28-29. Publié par l’Agence d’information des Etats-Unis (document du domaine public)
source : agora.qc.ca
Bibliographie en français (wikipedia.org):
- Spoiler:
- - Sept essais d'Emerson. Trad. de J. Will, avec une préface de Maurice Maeterlinck, Bruxelles, P. Lacomblez, 1899, 295 p.
- Société et Solitude. Trad. de Marie Dugard. Paris, Armand Colin, 1911, VIII-293 p. Comprend : La civilisation; - L'art; La vie domestique; Les travaux et les jours; Le courage; Le succès; La vieillesse (Bibliothèque nationale de France, Gallica, format PDF)
- Essais choisis. Trad. d'Henriette Mirabaud-Thorens, préface d'Henri Lichtenberger. Paris, F. Alcan, 1912, XVI-156-36 p. (Bibliothèque nationale de France, Gallica, format PDF)
- Trois volumes d'Essais, chez Michel Houdiard Éditeur :
I : Nature, Confiance et autonomie, Cercles, L’Âme suprême, 1997
II : Le Transcendantaliste, L’Intellectuel américain, Le Poète, L’Art L’Intellectuel américain, L’Art, Le Poète, traduction d'Anne Wicke, 2000 (ISBN 978-2-35692-000-3)
III : Histoire, Compensation, Expérience, Destin, préface de Sandra Laugier, traduction de Christian Fournier, 2005 (ISBN 978-2-91267336-7)
- Pages choisies. Traduction de Marie Dugard. Librairie Armand Colin, Paris 1908 - réédité aux éditions Astra, Paris, 1976.
- La Confiance en soi et autres essais . Trad. de Monique Bégot, postface de Stéphane Michaud, Rivages poche/Petite Bibliothèque, 2000.
- Essais : Nature, Confiance et autonomie, Cercles, L’Âme suprême, Le Transcendantaliste, L’Intellectuel américain, Le Poète, L’Art, Michel Houdiard Éditeur, 2000
- L'Amitié. Postface et trad. de Thomas Constantinesco, Éditions Aux forges de Vulcain/Essais, 2010.
- Anatomie des Anglais. Trad. de Pierre Chavannes. Paris, Rivages poche/Petite Bibliothèque, 2010.
- Société et Solitude. Trad. de Thierry Gillybœuf. Paris, Rivages poche/Petite Bibliothèque, 2010.
- Les travaux et les jours. Trad. de Jean-Paul Blot. Éditions Fédérop, 2010.
- David Henry Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Correspondance, éd. bilingue, Paris, Édition du Sandre, 2010
- Le discours aux étudiants en théologie de Harvard. Trad. de Raphaël Picon. Nantes, Éditions Cécile Defaut, 2011.
- La Nature. Ed. Allia, 2011
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Keep on keeping on...
Re: Ralph Waldo Emerson
Relecture de ce que j'écrivais il y a pas loin de quatre ans, pas relecture du texte. Aujourd'hui je me sens toujours fort distant avec ça mais ça m'a aidé à caler ma vision, ma lecture de ces influences américaines.
En avant la récup pour une lecture de Nature, pour le texte (en vo) : clic
lecture curieuse mais rapide parce que fatigue et parce qu'une partie du texte... tout en reconnaissant que c'est le genre de lecture qui bien que courte pose entre autres questions celle de la distance culturelle : un océan, une langue et bientôt 200 ans. Une distance qui va se mesurer pas tant sur des faiblesses démonstratives (on peut en lire de très actuelles) que sur des références (et encore) surtout un cadre de pensée, des images toutes faites auxquelles il est bien difficile d'échapper : visions standards sur la nature versus une vision standard d'athée sur la religion et sa place dans le monde des idées !
Donc... Nature. ça serait une heureuse manifestation de Dieu. La vision de la nature est positive voire positiviste avec bienfaits matériels et bienfaits pour l'âme de qui sait voir. La nature représente une source innée d'inspiration et d'images pour le langage, une nourriture essentielle. Le langage lui se doit par justice de revenir à la nature, une réalisation active donc qui apparaît sous plusieurs formes dans l'essai. C'est le mélange de retour à un état originel et une réalisation nouvelle... et sans fin à proprement parler. Il reste une place infinie pour l'intuition.
Tout ça se noie petit peu dans le rapport au temps et à l'éternité entre spirituel et matériel, partie la moins convaincante et qui sert aussi à placer le rapport à Dieu et une certaine transcendance. Mais si on y regarde et même en y trouvant quelques bateaux. L'observation du besoin de nature, l'approche faite du langage et un positionnement vis à vis de l'art (révélation d'une vérité dans l'expression de la nature pour simplifier) c'est assez stimulant.
A coté de ça si on imagine que la vision d'un Dieu dépersonnifié et par là plus universel devait être point de litige on trouve une hiérarchie "moralisée" assez robuste avec de façon schématique ; Dieu, l'Homme puis la Nature. On retrouve une morale économique autour de l'exemple des dettes qui semble un peu rapide.
Je ne suis pas sûr de ne pas avoir commis quelques contresens dans ma lecture mais ça semble à sa manière contradictoire. L'ouverture de l'observation est en effet très limitée par le cadre donné qui n'est pas une interprétation mais un présupposé. On est aussi face à un monde dans lequel la volonté individuelle en somme l'emporte sur les circonstances extérieures (ce qui est une bizarre tentation face à la nature), il n'y a d'ailleurs pas encore de sélection naturelle ! La nature grandiose conforte une sorte de vision de réussite humaine qu'on peut éventuellement trouver éloignée de préoccupation humanistes.... alors même que plus loin l'homme se doit de se découvrir lui même dans la nature.
Étrange, déroutant. Porté par quelques énumérations et citations et de vibrantes envolées lyriques. Sans casser des briques du moins vu d'aujourd'hui et à travers un épais brouillard l'essai titille finalement assez pour que l'intérêt compense l'incompréhension et aussi le désaccord (presque le dédain). La vision de la nature est sommaire, de même que l'explication de mécanismes liées à la nature, mécanismes du langage et de la perception mais c'est vivant et met en avant bien que tout soit écrit d'avance une expérience et une vision dynamique de la nature.
Quelque chose qui rappelle de grands auteurs, Ramuz pour prendre un exemple qui me tient à cœur (mais qui renverse presque, presque, le sens des rapports), qui met en lumière une aspiration essentielle et son influence l'expression. Mais on ne sent pas franchement une pensée libre, volontaire. Ambitieuse certainement, mais pas libre, assez hiérarchique voire discriminante elle se prend dans son piège de tout expliquer.
On peut quand même tirer moult citations pratiques pour tout dire de façon un peu simple :
The corruption of man is followed by the corruption of language.
But wise men pierce this rotten diction and fasten words again to visible things; so that picturesque language is at once a commanding certificate that he who employs it, is a man in alliance with truth and God.
Parts of speech are metaphors, because the whole of nature is a metaphor of the human mind.
By degrees we may come to know the primitive sense of the permanent objects of nature, so that the world shall be to us an open book, and every form significant of its hidden life and final cause.
Idealism sees the world in God.
Alors pour en revenir à Thoreau, on le sent bien dans ce moule mais Walden ressemblerait à une mise en application du rapport décrit par Emerson dans Nature, c'est à dire qu'il tire de moins grandes conclusions et à travers la recherche d'un contact plus grand gomme le rapport de supériorité de principe de l'individu à son monde... sans le démunir de sa volonté.
Il y a une forme de romantisme barbare dans cette entreprise dont la durabilité culturelle serait à mettre au compte des grands espaces sauvages du continent/pays ?
mots-clés : #essai #nature #xixesiecle
En avant la récup pour une lecture de Nature, pour le texte (en vo) : clic
lecture curieuse mais rapide parce que fatigue et parce qu'une partie du texte... tout en reconnaissant que c'est le genre de lecture qui bien que courte pose entre autres questions celle de la distance culturelle : un océan, une langue et bientôt 200 ans. Une distance qui va se mesurer pas tant sur des faiblesses démonstratives (on peut en lire de très actuelles) que sur des références (et encore) surtout un cadre de pensée, des images toutes faites auxquelles il est bien difficile d'échapper : visions standards sur la nature versus une vision standard d'athée sur la religion et sa place dans le monde des idées !
Donc... Nature. ça serait une heureuse manifestation de Dieu. La vision de la nature est positive voire positiviste avec bienfaits matériels et bienfaits pour l'âme de qui sait voir. La nature représente une source innée d'inspiration et d'images pour le langage, une nourriture essentielle. Le langage lui se doit par justice de revenir à la nature, une réalisation active donc qui apparaît sous plusieurs formes dans l'essai. C'est le mélange de retour à un état originel et une réalisation nouvelle... et sans fin à proprement parler. Il reste une place infinie pour l'intuition.
Tout ça se noie petit peu dans le rapport au temps et à l'éternité entre spirituel et matériel, partie la moins convaincante et qui sert aussi à placer le rapport à Dieu et une certaine transcendance. Mais si on y regarde et même en y trouvant quelques bateaux. L'observation du besoin de nature, l'approche faite du langage et un positionnement vis à vis de l'art (révélation d'une vérité dans l'expression de la nature pour simplifier) c'est assez stimulant.
A coté de ça si on imagine que la vision d'un Dieu dépersonnifié et par là plus universel devait être point de litige on trouve une hiérarchie "moralisée" assez robuste avec de façon schématique ; Dieu, l'Homme puis la Nature. On retrouve une morale économique autour de l'exemple des dettes qui semble un peu rapide.
Je ne suis pas sûr de ne pas avoir commis quelques contresens dans ma lecture mais ça semble à sa manière contradictoire. L'ouverture de l'observation est en effet très limitée par le cadre donné qui n'est pas une interprétation mais un présupposé. On est aussi face à un monde dans lequel la volonté individuelle en somme l'emporte sur les circonstances extérieures (ce qui est une bizarre tentation face à la nature), il n'y a d'ailleurs pas encore de sélection naturelle ! La nature grandiose conforte une sorte de vision de réussite humaine qu'on peut éventuellement trouver éloignée de préoccupation humanistes.... alors même que plus loin l'homme se doit de se découvrir lui même dans la nature.
Étrange, déroutant. Porté par quelques énumérations et citations et de vibrantes envolées lyriques. Sans casser des briques du moins vu d'aujourd'hui et à travers un épais brouillard l'essai titille finalement assez pour que l'intérêt compense l'incompréhension et aussi le désaccord (presque le dédain). La vision de la nature est sommaire, de même que l'explication de mécanismes liées à la nature, mécanismes du langage et de la perception mais c'est vivant et met en avant bien que tout soit écrit d'avance une expérience et une vision dynamique de la nature.
Quelque chose qui rappelle de grands auteurs, Ramuz pour prendre un exemple qui me tient à cœur (mais qui renverse presque, presque, le sens des rapports), qui met en lumière une aspiration essentielle et son influence l'expression. Mais on ne sent pas franchement une pensée libre, volontaire. Ambitieuse certainement, mais pas libre, assez hiérarchique voire discriminante elle se prend dans son piège de tout expliquer.
On peut quand même tirer moult citations pratiques pour tout dire de façon un peu simple :
The corruption of man is followed by the corruption of language.
But wise men pierce this rotten diction and fasten words again to visible things; so that picturesque language is at once a commanding certificate that he who employs it, is a man in alliance with truth and God.
Parts of speech are metaphors, because the whole of nature is a metaphor of the human mind.
By degrees we may come to know the primitive sense of the permanent objects of nature, so that the world shall be to us an open book, and every form significant of its hidden life and final cause.
Idealism sees the world in God.
Alors pour en revenir à Thoreau, on le sent bien dans ce moule mais Walden ressemblerait à une mise en application du rapport décrit par Emerson dans Nature, c'est à dire qu'il tire de moins grandes conclusions et à travers la recherche d'un contact plus grand gomme le rapport de supériorité de principe de l'individu à son monde... sans le démunir de sa volonté.
Il y a une forme de romantisme barbare dans cette entreprise dont la durabilité culturelle serait à mettre au compte des grands espaces sauvages du continent/pays ?
mots-clés : #essai #nature #xixesiecle
Dernière édition par animal le Lun 20 Nov - 21:33, édité 1 fois
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Re: Ralph Waldo Emerson
de ce que j'ai compris (en fait pas grand chose) et voyant plus la Nature comme une créatrice (autocréatrice) que comme une création, je pense que cet auteur n'est pas pour moi.
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21098
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Ralph Waldo Emerson
Merci Animal, c'est très intéressant (pas [encore] lu cette "racine")
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15609
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Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Ralph Waldo Emerson
Merci pour le fil. J'avais pris du plaisir à la lecture d'Emerson, mais je ne saurais trop dire ce qu'il m'en reste.
Invité- Invité
Re: Ralph Waldo Emerson
Je récupérerai ceci de l'autre forum...
Le scholar américain :
Il est peu d'ouvrages qui nous disent avec force l'esprit qui les anime. Ralph Waldo Emerson a prononcé une conférence en 1837 intitulée «The American Scholar». A posteriori, je devrais faire cette comparaison avec «Le savant et le politique» de Max Weber. Nous disons même que Max Weber fut largement influencé par la branche sociologique états-unienne. Toutefois, il est important d'établir une distinction : Emerson avait un intérêt pour l'histoire états-unienne et était soucieux du patrimoine littéraire. Il est lui-même un poète en prose. Ça transparaît dans sa conférence. Nous pourrions situer ce texte quelque part entre l'essai et la prose poétique. Pierre Monette parle de «scholar» et de l'importance de distinguer ce terme de quelque connotation intellectuelle au sens français du terme.
Le texte est relativement court, comptant trente pages. Nous pouvons aisément le comprendre d'autant plus qu'il s'agit d'une conférence. Dans cette même conférence, Emerson livre un plaidoyer en faveur de la curiosité et de l'importance de savoir dépasser ses propres maîtres. Je retiens un passage fort évocateur qui livre sa philosophie commune :
Nous parlons souvent du transcendantalisme lorsqu'il s'agit d'Emerson. Il nous est permis d'en voir l'expression au cours de cette conférence qui plaide pour l'indépendance intellectuelle de la nation états-unienne par rapport aux contrées étrangères, plus particulièrement en Europe. Nous pouvons sentir une certaine communauté d'esprit avec Les Essais de Montaigne. Emerson prend fait et cause pour le «scholar» qui est détenteur d'un savoir spécialisé. Cette assertion s'oppose à l'intellectuel qui se mêle des choses qui ne le regardent pas à l'instar de la version proposée par Jean-Paul Sartre.
Je le répète ici, Emerson est tellement empreint du sentiment d'appartenir à la littérature américaine. Ça se sent jusqu'au choix de ses termes. Il est si recherché dans sa réflexion que nous flairons les astuces de l'essayiste et du poète qui sommeillent en lui.
mots-clés : #essai #xixesiecle
Le scholar américain :
Il est peu d'ouvrages qui nous disent avec force l'esprit qui les anime. Ralph Waldo Emerson a prononcé une conférence en 1837 intitulée «The American Scholar». A posteriori, je devrais faire cette comparaison avec «Le savant et le politique» de Max Weber. Nous disons même que Max Weber fut largement influencé par la branche sociologique états-unienne. Toutefois, il est important d'établir une distinction : Emerson avait un intérêt pour l'histoire états-unienne et était soucieux du patrimoine littéraire. Il est lui-même un poète en prose. Ça transparaît dans sa conférence. Nous pourrions situer ce texte quelque part entre l'essai et la prose poétique. Pierre Monette parle de «scholar» et de l'importance de distinguer ce terme de quelque connotation intellectuelle au sens français du terme.
Le texte est relativement court, comptant trente pages. Nous pouvons aisément le comprendre d'autant plus qu'il s'agit d'une conférence. Dans cette même conférence, Emerson livre un plaidoyer en faveur de la curiosité et de l'importance de savoir dépasser ses propres maîtres. Je retiens un passage fort évocateur qui livre sa philosophie commune :
«La littérature du pauvre, les sentiments de l'enfant, la philosophie de la rue, le sens de la vie domestique sont les sujets du jour. C'est un grand pas en avant. N'est-ce pas le signe d'un regain de vigueur lorsque les extrémités se mettent à bouger, lorsque les chauds battements de la vie se font sentir jusqu'au bout des pieds et des mains.»
Ralph Waldo Emerson, Le scholar américain (1837), 2013, Montréal : Triptyque, p. 91.
Nous parlons souvent du transcendantalisme lorsqu'il s'agit d'Emerson. Il nous est permis d'en voir l'expression au cours de cette conférence qui plaide pour l'indépendance intellectuelle de la nation états-unienne par rapport aux contrées étrangères, plus particulièrement en Europe. Nous pouvons sentir une certaine communauté d'esprit avec Les Essais de Montaigne. Emerson prend fait et cause pour le «scholar» qui est détenteur d'un savoir spécialisé. Cette assertion s'oppose à l'intellectuel qui se mêle des choses qui ne le regardent pas à l'instar de la version proposée par Jean-Paul Sartre.
Je le répète ici, Emerson est tellement empreint du sentiment d'appartenir à la littérature américaine. Ça se sent jusqu'au choix de ses termes. Il est si recherché dans sa réflexion que nous flairons les astuces de l'essayiste et du poète qui sommeillent en lui.
mots-clés : #essai #xixesiecle
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
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