Daria Colonna
Page 1 sur 1 • Partagez
Daria Colonna
Daria Colonna
Daria Colonna est une poétesse en prose au sens standard du terme. Elle a commencé sa carrière littéraire en écrivant Nous verrons brûler nos demeures. Elle s'est rangée dans le fil de la poésie avec Ne faites pas honte à votre siècle. Étudiant à l'UQAM à la maîtrise en Études littéraires au volet recherche/création, elle est cofondatrice des Éditions de la Tournure. Nous pouvons la considérer comme une poétesse émergente dans la mesure où son oeuvre semble bien aboutie même malgré le fait qu'elle soit toujours aux études. Je soupçonne qu'elle écrira dans le domaine de la prose même si nous pouvons la comparer à l'oeuvre poétique d'un François Guerrette. Fait à noter : pour son premier roman, elle a pris la dénomination Daria Mailfait Colonna et ça fait deux fois que les Poètes de brousse modifient la graphie des écrivaines, l'autre étant Laurence Lola Veilleux.
Bibliographie
- Nous verrons brûler nos demeures, 2015 (roman)
- Ne faites pas honte à votre siècle, 2017 (poésie)
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Daria Colonna
Ne faites pas honte à votre siècle (2017) :
Le recueil vient tout juste de paraître à l'automne. Il m'apparaissait essentiel de parler de Daria Colonna car elle incarne le renouveau de la scène littéraire québécoise qu'on pourrait qualifier d'engagée. Dans ce premier recueil de poésie signé de sa plume, Daria Colonna y fait preuve de maîtrise. Nous pouvons toutefois sentir qu'elle provient de la contrée de la prose poétique. Il y a quand même certaines maladresses à l'occasion, mais je mets ceci davantage sur le compte de sa poésie qui a tendance à être ample, ce qui se rapproche plus des propriétés des blocs de prose poétique que des conventions propres aux vers libres.
Je tenais tout de même à vous présenter Daria Colonna. Elle s'inscrit dans les courants de notre époque post-2010 et elle mentionne Josée Yvon dans son recueil.
Je vous livre quelques pièces :
C'est très québécois comme poésie :
Comme je vous disais, le mot-clé est l'engagement :
Il y a une esthétique des Filles-missiles qui prend forme :
Entre Daphné b., Geneviève Desrosiers et Doctorak go, il y a toute une époque qui se dessine :
Daria Colonna n'est pas près de s'éclipser. Son oeuvre vient de naître sous nos yeux à l'instar de Daphné b.
Le recueil vient tout juste de paraître à l'automne. Il m'apparaissait essentiel de parler de Daria Colonna car elle incarne le renouveau de la scène littéraire québécoise qu'on pourrait qualifier d'engagée. Dans ce premier recueil de poésie signé de sa plume, Daria Colonna y fait preuve de maîtrise. Nous pouvons toutefois sentir qu'elle provient de la contrée de la prose poétique. Il y a quand même certaines maladresses à l'occasion, mais je mets ceci davantage sur le compte de sa poésie qui a tendance à être ample, ce qui se rapproche plus des propriétés des blocs de prose poétique que des conventions propres aux vers libres.
Je tenais tout de même à vous présenter Daria Colonna. Elle s'inscrit dans les courants de notre époque post-2010 et elle mentionne Josée Yvon dans son recueil.
Je vous livre quelques pièces :
vous êtes aussi mort aussi vous devenez poète
vous recensez toutes les marques d'alcool
vous dites «j'écris des poèmes»
dites «j'ai écrit un poème pour toi»
«j'ai écrit un poème sur la société»
insoumis dans les draps lavés par votre mère
agacé par les terres promises
vous souffrez Dieu
cherchez le pourquoi
de votre brutalité sexuelle
«de quoi écrire»
C'est très québécois comme poésie :
le café répand les couteaux
dans l'armoire vos émotions tassées
votre identité vous tourne autour
comme un mandat
vous embrassez des décisions policières
blanchi par les salariés du corps national
inquiet de votre place dans le hall des peuples
vous êtes torturé par la honte du siècle
qui est aussi mélancolie suprématiciste
esthétique du suicide
nostalgie postmoderne
vanité des symboles ou tentation
de purger sa haine
comme l'élite ses beaux quartiers
et l'incarcéré sa peine sans sursis
alors que les excités du consentement protectionniste
verront tôt ou tard brûler leur demeure
vous habitez votre liberté d'expression
pour éviter la rue
quand le désespoir est un peuple aisé
toute la fatigue se paye en espèces
ne faites pas honte à votre siècle :
branlez-vous dans les urnes
Comme je vous disais, le mot-clé est l'engagement :
Pour détruire mes parties modèles, je les fais
pénétrer. Je demande qu'on tue l'ovaire loin de la
fille, puis je licencie, un à un, les dieux de passe, de
trouées, de détroits.
Le spleen ouvre des odeurs de crevaison partout
où je cherche du travail. J'attends qu'on m'engage,
je calcule parce que l'enfant est au bout du lacet et
j'accuse les croix à la bouche du revolver.
Depuis qu'un été durant j'ai patienté pour redevenir
ce que j'étais, chaque matin, de nouveau, je déplie
mes années de mauvaise vie.
Il y a une esthétique des Filles-missiles qui prend forme :
J'ai les yeux dans les paumes. Je redistribue la
violence et les enfants jusqu'à l'éveil, la caution,
les sourires, les cachettes, le monde des insectes,
exister, courir à l'envers de l'ordre de la mort.
Je m'arrête et je bâille au milieu de mon époque.
Les années riment six pieds sous terre.
Entre Daphné b., Geneviève Desrosiers et Doctorak go, il y a toute une époque qui se dessine :
Nous aurons appris à crever pour accompagner
nos tumeurs. Nous enlèverons notre peau de métal
au moment de manger nos traités et nos pays.
Nous serons clémentes, c'est-à-dire artisanes du gel.
Nos brutalités seront des plaisirs consentis. Nous
serons les mots que nous aurons choisis, avec le
goût de la terre et le poids du recueilli.
Nous, les armes étonnantes.
Daria Colonna n'est pas près de s'éclipser. Son oeuvre vient de naître sous nos yeux à l'instar de Daphné b.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Daria Colonna
et bien quelle puissance, quelle liberté de paroles
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Daria Colonna
Je fais quelques piqûres de rappel de certain-e-s poètes de ma contrée. Il me paraissait à propos de vous rappeler Daria Colonna surtout dans la perspective où il y a eu plusieurs sorties poétiques récentes et qui sont tributaires de ce que Shawn Cotton a défriché comme sentier.
Je coupe au couteau les coins de ma bouche, je suis
tout sourire. Le siècle est un souper qui se trempe,
s'arrose, s'asperge, se douche, s'inonde. J'apprends
à respirer sous l'eau, à jurer du beau temps,
je fais mon âge et je l'entends gémir, chaque mois,
de corvée de culotte et de jours enclos. C'est par
considération que je meurs.
Daria Colonna, Ne faites pas honte à votre siècle, p. 64.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 43
Localisation : Montréal
Re: Daria Colonna
une belle manière de dire ce passage mensuel !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21745
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains du Canada
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum