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Robert Maynard Pirsig

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Message par Tristram Lun 29 Jan - 0:40

Robert Maynard Pirsig
(1928-2017)

Robert Maynard Pirsig Pirsig10

Robert Maynard Pirsig, né le 6 septembre 1928 à Minneapolis (Minnesota) et mort le 24 avril 2017 à South Berwick (comté de York, Maine), est un philosophe et écrivain américain.
Le Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes, livre autobiographique en grande partie basé sur une thèse de doctorat sur les présocratiques, est toujours un best-seller, quoiqu’il ait été refusé par 121 éditeurs avant sa publication.
En 1974, Pirsig reçut une bourse Guggenheim pour lui permettre d'écrire une suite, Lila.

Ouvrages traduits en français :

• Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes (Zen and the Art of Motorcycle Maintenance: An Inquiry into Values), 1974
• Lila : Enquête sur la morale (Lila: An Inquiry into Morals), 1991


Dernière édition par Tristram le Dim 2 Juin - 22:44, édité 1 fois

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Lun 29 Jan - 1:13

Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes

Robert Maynard Pirsig Traite10

Road trip de biker du Middle West au Montana en traversant les Grandes Plaines : le narrateur et son jeune fils sur une motocyclette, et un couple sur une autre. Le narrateur philosophe en roulant, se faisant son mental équivalent des Chautauquas, « spectacles ambulants », « causeries populaires à l’ancienne mode, conçues pour édifier et divertir, pour élever l’esprit par la culture » (soit une sorte d’équivalent d’origine amérindienne des contes à la veillée ‒ et le fil de ce récit).

« Et nous voilà repartis sur la route déserte. Je ne demande rien à ces prairies, je ne veux pas non plus les changer, je ne veux pas m’y arrêter, je ne tiens même pas à les traverser. Elles sont là simplement, et nous roulons. »

« "Tu essaies de voir où tu vas, où tu en es, et cela n’a pas de sens. Mais quand tu regardes d’où tu viens, une sorte de schéma général de ta vie semble se dessiner. Si tu extrapoles à partir de ce schéma, quelquefois, tu arrives à quelque chose. »

« On se préoccupait surtout de se nourrir, de s’habiller, de se loger ‒ et la technologie veillait à tout. Maintenant que ces besoins sont à peu près satisfaits, la laideur du monde devient de plus en plus criante. »

« La lame de l’instant délimite, ici et maintenant, la totalité de ce qui est. »

Robert Maynard Pirsig Pirsig11

Il se base sur l’entretien de sa motocyclette pour imager (avec une application et une rigueur qui ne sont pas anecdotiques) ses considérations sur les intelligences « classique » et « romantique », ou science (et son corollaire la technologie) versus « humanisme » (bizarrement les termes "sentiment", "ressenti" ou "émotion" n’apparaissent pas). Et il est poursuivi par Phèdre (celui de Platon, pas celle de Racine), fantôme de la structure interne rationnelle, Roi des Aulnes goethien, qui semble être le narrateur lui-même ‒ avant la folie.
On passe par une utopie pédagogique (on est en haute époque babacool), il achoppe sur la définition de la notion de Qualité, continue sa rhétorique en gravissant une montagne avec son fils et situe cette Qualité-Tao-Bouddha (ou valeur, vertu, Bien, dharma, excellence) à l’articulation du subjectif et de l’objectif, de la pensée et de la matière… pour sortir de la dualité (science-art ‒ et religion ?) :

« La morosité. Voilà le fond du problème. Quand on retire du monde la Qualité, on trouve un monde morose. L’absence de Qualité, c’est la morosité. »

« Tout objet conçu intellectuellement est toujours situé dans le passé ‒ et, par conséquent, irréel. La réalité n’est que l’instant de la vision qui précède la conscience. Il n’y a pas d’autre réalité. Cette réalité préintellectuelle n’est autre que la Qualité. Phèdre sentait qu’il avait touché juste en la définissant ainsi. Puisque tous les objets identifiables par l’intelligence émergent nécessairement de cette réalité préintellectuelle, la Qualité est la source et l’origine de tout sujet et de tout objet. »
Robert Maynard Pirsig Traity10

C’est aussi un manifeste anticonformiste :

« Démolir une usine, se révolter contre un gouvernement, refuser de réparer une moto, c’est s’attaquer aux effets et non aux causes. Et tant qu’on ne s’attaquera qu’aux effets, rien ne changera vraiment. Le vrai système, c’est notre système de pensée, c’est la rationalité elle-même. Qu’on détruise une usine en laissant debout le système de pensée qui l’a produite, celui-ci reconstruira une nouvelle usine. Qu’une révolution détruise un gouvernement en laissant intacts les modes de pensée qui lui ont donné naissance, on les retrouvera dans le gouvernement suivant. On parle beaucoup de système, mais on ne sait pas de quoi on parle. »

Habile et agréable alternance de la réflexion et du voyage, les démonstrations abstraites lassent cependant. On passe par Hume et Kant, Einstein, Locke, Hegel, Lao-Tseu, Poincaré, Riemann, puis Aristote, Platon et les présocratiques dont les sophistes (une fois arrivés en Californie). Il serait intéressant d’avoir l’avis de quelqu’un avec un bagage philosophico-logique pour apprécier la valeur de ce développement ; c’est une condition utile pour lire ce livre, si le lecteur ne veut pas se débattre dans une sorte de panachage de raccourcis spécieux et d’assertions sans lien entr’elles. Le procédé est hasardeux dans la mesure où les prémisses, postulats, définitions et conditions de base de ses exposés ne sont pas explicités (par exemple, le vocable de "qualité" a plusieurs acceptions) ‒ bref, manquent les conventions de départ (sur lesquelles l’auteur s’étendra arrivé à la moitié du livre…) ; ce n’est pas présenté comme un essai ou un texte scientifique, mais on se retrouve dans un flou pas loin de l’amphigouri. Les raisonnements sont douteux quand on n’a pas les références. Curieusement, ce défaut est reproché à l’Université (l’auteur règle manifestement ses comptes avec l’enseignement) :

« Mais ce qu’il y avait de plus étonnant, c’était une prolifération exubérante de concepts abstraits, qui semblaient chargés d’une signification très particulière, mais jamais explicités. Ces concepts s’accumulaient dans un tel enchevêtrement que Phèdre comprit vite qu’il ne saisirait jamais le fond de la pensée ‒ et qu’à plus forte raison il était incapable d’en discuter les thèmes essentiels. » (IV, XXVIII)

En prime, des incohérences et contradictions légères mais agaçantes augmentent la confusion (impression donnée de n’avoir pas relu son texte !) ; en plus il y a l’écran de la traduction (ici par Maurice Pons, Andrée et Sophie Mayoux).
Il y a d’autres limites à l’exercice, comme la foi totale dans le progrès, qui serait plus nuançable aujourd’hui (livre publié en 1974) : affirmer qu’ « Une technologie qui produit des détritus peut trouver aussi ‒ et trouve en effet ‒ les méthodes nécessaires pour s’en débarrasser, sans bouleversement écologique » (I, XI) est en effet assez "daté".
Le tout est teinté de zénitude hippy-orientale :

« Tout n’est qu’invention de l’homme ‒ y compris l’idée que les lois existent en dehors de l’homme. En fait, le monde n’a aucune existence réelle en dehors de l’imagination humaine. »

On y trouvera aussi l’esquisse d’une méthodologie du dépannage que je n’ai jamais trouvée ailleurs, qui à ma connaissance n’est pas enseignée (et qui se rapproche de la démarche expérimentale de Poincaré telle qu’elle nous est présentée). Ce type de théorie serait adaptable à de nombreux domaines, pas forcément techniques, comme l’aide à la décision, au choix (je regrette de ne pas m’y être penché lorsque mon expérience était fraîche) :

« Le véritable but de la méthode scientifique est de s’assurer qu’on ne s’imagine pas savoir ce qu’en fait on ignore. Il n’y a pas un mécanicien, un technicien ou un savant qui n’ait été victime de cette illusion, et qui ne se tienne maintenant sur ses gardes. »

On aboutit à l’éloge de la sérénité et du zèle (variante de l’enthousiasme), à un panégyrique de la belle ouvrage (artisanale, individuelle).
En plus de sa "schizophrénie", l’auteur/ narrateur a un problème relationnel avec son fils ‒ et tout paraît s’arranger à la fin.
Cette lecture m’a ramentu celle, bien lointaine, d’Alan Wilson Watts (sans surprise).
Last but not the least, Pirsig se demande si la gravitation universelle existait avant Newton : voilà peut-être un jalon archéologique du fameux défi existentialo-métaphysique : les arbres font-ils du bruit en tombant quand personne n’est là pour les entendre ?


mots-clés : #spiritualité

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Message par Bédoulène Lun 29 Jan - 8:24

merci Tristram ! la Nature n'a donc aucun impact sur sa pensée ? mais cet homme qui prône la sérénité, est-il serein ?

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Message par topocl Lun 29 Jan - 9:42

Tristram a écrit:
Cette lecture m’a ramentu celle, bien lointaine, d’Alan Wilson Watts

ramontu confused ?

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Message par Bédoulène Lun 29 Jan - 10:01

c'est un terme  dont Tristram se sert souvent et qui me plait bien !

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Message par Tristram Lun 29 Jan - 11:01

Oui, ramentu, de ramentevoir, un verbe qui mérite à mes yeux (et à mes oreilles) de survivre !
Pas si serein que ça, Pirsig, avec ses terreurs de son ancienne "folie" et ses problèmes relationnels avec son jeune fils. Quant à la nature, il aime bien, mais moins peut-être que la moto !... C'est fort anthropocentré, finalement...

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Message par Bédoulène Lun 29 Jan - 11:15

merci Tristram pour ta réponse

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Message par Nadine Dim 2 Juin - 22:35

J'ai chopé sans trop savoir Lila , dans une ressourcerie. Je découvre ce fil : et bien cela ne me donne pas envie. Arf. Bon. On verra si je me lance.
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