Alejandra Pizarnik
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Alejandra Pizarnik
Alejandra Pizarnik
(1936-1972)

(1936-1972)

source : Chez Ypsilon, éditeur"Alejandra Pizarnik est née près de Buenos Aires le 29 avril 1936, à Avellaneda, dans une famille d’immigrants juifs de Galicie, arrivée en Argentine en 1934. Elle fait ses études sans vraiment trouver sa voie : de la faculté de Philosophie à celle des Lettres, de la faculté de journalisme à l’atelier de peinture de Juan Batlle Planas. Elle ne veut, elle ne peut qu’écrire. À 19 ans, elle publie son premier recueil de poèmes. Reconnue, admirée, amie de Jorge Luis Borges, Silvina Ocampo Bioy Casares, Olga Orozco, elle mène une vie littéraire et sociale intense, mais entrecoupée de hauts et de bas, et collabore à la fameuse revue SUR de Victoria Ocampo.
Entre 1960 et 1964, elle vit à Paris où elle est pigiste pour un journal espagnol et écrit dans plusieurs journaux et revues. Elle se lie d’amitié avec André Pieyre de Mandiargues, Octavio Paz, Julio Cortazar, Yves Bonnefoy, Henri Michaux… Elle traduit ses écrivains préférés : Artaud, Michaux, André Pieyre de Mandiargues, Breton, Éluard… Rentrée à Buenos Aires, sa vie se déroule entre les quatre murs de son petit appartement et les rues de la ville. Elle publie alors ses ouvrages les plus importants. En 1968, elle obtient une bourse Guggenheim et fait un bref séjour à New York. Après deux tentatives de suicide en 1970 et 1972 et un séjour à l'hôpital psychiatrique Pirovano de Buenos Aires, elle se donne la mort le 25 septembre 1972."
Principales traductions françaises :
L'Enfer musical, Payot, 1975.
L'autre rive, traduction de Jacques Ancet, Toulon, éditions Unes, 1983.
Poèmes, anthologie, préface d'Octavio Paz, Centre culturel argentin, 1983
Les Travaux et les Nuits, Œuvre poétique 1956-1972, Granit/ Unesco, 1986
À propos de la comtesse sanglante, Éditions Unes, 1999
Œuvre poétique, Actes Sud, 2005
Journaux. 1959-1971, José Corti, 2010
Cahier jaune, Ypsilon éditeur, 2012
L’Enfer musical, Ypsilon éditeur, 2012
Extraction de la pierre de folie, Ypsilon éditeur, 2013
Les travaux et les nuits, Ypsilon éditeur, 2013
La Comtesse sanglante, Ypsilon éditeur, 2013
Arbre de Diane, préface d'Octavio Paz, Ypsilon éditeur, 2014
Les perturbés dans les lilas, Ypsilon éditeur, 2014
Textes d'Ombre, Ypsilon éditeur, 2014
Correspondance avec Léon Ostrov, 1955-19661, Éditions des Busclats, 2016
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
Celle des yeux ouverts
la vie joue dans le jardin
avec l'être que je ne fus jamais
et je suis là
danse pensée
sur la corde de mon sourire
et tous disent ça s'est passé et se passe
ça va passer
ça va passer
mon cœur
ouvre la fenêtre
vie
je suis là
ma vie
mon sang seul et transi
percute contre le monde
mais je veux me savoir vivante
mais je ne veux pas parler
de la mort
ni de ses mains étranges
L'amoureuse
cette lugubre manie de vivre
cette obscure extravagance de vivre
t'entraîne alejandra ne le nie pas.
aujourd'hui tu t'es regardée dans la glace
et ce fut triste tu étais seule
la lumière hurlait l'air chantant
mais ton aimé n'est pas revenu
tu enverras des messages tu souriras
tu agiteras tes mains ainsi il reviendra
ton aimé tant aimé
entends-tu la démente sirène qui l'enleva
le bateau aux barbes d'écume
où moururent les rires
te souviens-tu de l'ultime étreinte
ô pas d'angoisses
ris dans le mouchoir pleure aux éclats
mais ferme les portes de ton visage
pour qu'après on ne dise pas
que cette femme amoureuse c'était toi
les jours te rongent
les nuits t'accusent
la vie te fait tant tant de mal
désespérée, où vas-tu ?
désespérée, c'est tout !
Chant
le temps a peur
la peur a du temps
la peur
se promène dans mon sang
arrache mes meilleurs fruits
dévaste ma pitoyable muraille
destruction de destruction
rien que destruction
et peur
beaucoup de peur
peur
Cendres
La nuit se fendilla d’étoiles
en me fixant hallucinée
l’air lance de la haine
son visage embelli
de musique.
Bientôt nous partirons
Rêve secret
ancêtre de mon sourire
le monde est décharné
et il y a un cadenas mais pas de clefs
et il y a la frayeur mais pas de larmes.
Que ferai-je de moi-même ?
Parce qu’à Toi je te dois ce que je suis
Mais je n’ai pas de lendemain
Parce qu’à Toi je te…
La nuit souffre.
Que ferai-je de moi-même ?
Parce qu’à Toi je te dois ce que je suis
Mais je n’ai pas de lendemain
Parce qu’à Toi je te…
La nuit souffre.
mots-clés : #poésie
Dernière édition par bix_229 le Jeu 31 Mai - 14:58, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
merci Bix, mais stp fais un trait de séparation entre les poèmes pour plus de lisibilité, merci
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20016
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Re: Alejandra Pizarnik
bix, stp, c'est illisible !
Tous ces espaces, tout mélangé, on ne s'y retrouve pas !
J'ai essayé de remettre en page le début, quand j'ai réussi à trouver les textes sur le net. Mais ils n'y sont pas tous, du coup, parfois il est bien difficile de déterminer où commence et où finit un poème.
Stp, reprends ton message sur le modèle de ce que j'ai fait au début, ça nous permettra de pouvoir profiter de ces poèmes (désespérés !)
Tous ces espaces, tout mélangé, on ne s'y retrouve pas !
J'ai essayé de remettre en page le début, quand j'ai réussi à trouver les textes sur le net. Mais ils n'y sont pas tous, du coup, parfois il est bien difficile de déterminer où commence et où finit un poème.
Stp, reprends ton message sur le modèle de ce que j'ai fait au début, ça nous permettra de pouvoir profiter de ces poèmes (désespérés !)
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 41
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Alejandra Pizarnik
L’absent
Sans toi
je me prends dans mes bras
et m’emmène vers la vie
mendier de la ferveur.
schabrieres.wordpress.com
je me prends dans mes bras
et m’emmène vers la vie
mendier de la ferveur.
schabrieres.wordpress.com
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
Merci d'aimer, Isa ! J'en mettrai d'autres.
Vivante, elle aurait eu besoin de consolations et de compassions.
Ca ne l'aurait peut-être pas sauvée...
Il y a des être comme elle, pour qui il n'y a pas de chemin.
Seulement des impasses.
Vivante, elle aurait eu besoin de consolations et de compassions.
Ca ne l'aurait peut-être pas sauvée...
Il y a des être comme elle, pour qui il n'y a pas de chemin.
Seulement des impasses.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
Isa, si tu aimes la poésie, tu peux jeter un coup d'oeil à Roberto Juarroz et à Wislawa Szymborska.
Deux de mes préférés.
Deux de mes préférés.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
Elle n'a pas encore croisé ma route, mais je pense qu'elle devrait me plaire !
Invité- Invité
Re: Alejandra Pizarnik
Alejandra Pizarnik manque à ma «culture» de poète. Mais pour l'avoir lue brièvement, ce poème me parle beaucoup, pour utiliser un exemple sur Esprits nomades. Je l'ai d'ailleurs souvent croisée sur les étagères de la librarie Port de tête à Montréal, mais je n'osais pas... Merci Bix d'en avoir parlé et de nous avoir relancés là-dessus sur le fil Poésie.
Il y a des filles et des femmes sourdes aveugles qui sont célèbres telles Helen Keller et Ludivine Lachance. Cette poésie me parle beaucoup dans la mesure où elle se réfère aux mains. Les sourds aveugles suivent les signes qu'on leur fait sous les mains. Les Sourds ont souvent vécu des privations de toutes sortes en lien avec le fait qu'ils s'exprimaient avec une langue et qu'on la leur refusait.
«Dans l’attente de l’obscurité»
Ce moment que tu ne peux pas oublier
Tellement ton vide profond fut renvoyé par des ombres
Tellement ton vide fut rejeté par les montres
Ce pauvre instant que je pris pour tendresse
Nues toutes nues les ailes de sang
Sans les yeux souviens-toi des angoisses d’antan
Sans les lèvres pour recueillir le jus de la violence
Perdue dans le chant des clochers de glace.
Jeune fille aveugle de mon âme protège-toi
Jette des cheveux couverts de givre dans le feu
Serre contre toi la petite statue de la terreur
Plie à tes pieds le monde convulsé
à tes pieds là où meurent les hirondelles
tremblantes de peur de l’avenir qui vient
Dis que le soupir de la mer
humidifie les mots uniques
fait que la vie vaut la peine d’être vécue.
Mais de cet instant suinte le néant
Blottis-toi dans la caverne du destin
Sans des mains pour dire jamais
Sans des mains pour offrir des papillons
Aux enfants morts.
Il y a des filles et des femmes sourdes aveugles qui sont célèbres telles Helen Keller et Ludivine Lachance. Cette poésie me parle beaucoup dans la mesure où elle se réfère aux mains. Les sourds aveugles suivent les signes qu'on leur fait sous les mains. Les Sourds ont souvent vécu des privations de toutes sortes en lien avec le fait qu'ils s'exprimaient avec une langue et qu'on la leur refusait.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2477
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 41
Localisation : Montréal
Re: Alejandra Pizarnik
Merci pour le rappel Jack Hubert !
Tant mieux si elle t'apporte quelque chose qui nous échappe peut etre.
Elle le mérite vraiment. Tellement douée et tellement désespérée.
Tant mieux si elle t'apporte quelque chose qui nous échappe peut etre.
Elle le mérite vraiment. Tellement douée et tellement désespérée.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
p 49 Je n'appartiens tout simplement pas à ce monde. J'habite la Lune avec frénésie. Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de cette terre étrangère, agressive. Je n'arrive pas à penser aux choses concrètes, elles ne m'intéressent pas. Je ne sais pas parler comme tout le monde. Mes mots sont bizarres et viennent de loin, d'un endroit où personne ne se rencontre. Que ferais-je une fois plongée dans mes mondes fantastiques et incapable de remonter à la surface ? Parce que c'est bien ce qui risque de m'arriver. Je partirai et ne saurai pas revenir. Je ne saurai d'ailleurs pas qu'il existe un "savoir revenir". Et je n'en aurai peut-être tout simplement pas envie.
Une citation qui met en exergue sa solitude. Quel bonheur d'expression !
Une citation qui met en exergue sa solitude. Quel bonheur d'expression !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
Ombres du jour à venir
Demain je m'habillerai de cendres à l'aube
Me remplirai la bouche de fleurs
Dans la simple mémoire d'un mur
J'apprendrai à dormir
Dans la respiration
D'un animal qui rêve.
( " Oeuvres poétiques")
Demain je m'habillerai de cendres à l'aube
Me remplirai la bouche de fleurs
Dans la simple mémoire d'un mur
J'apprendrai à dormir
Dans la respiration
D'un animal qui rêve.
( " Oeuvres poétiques")
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Alejandra Pizarnik
merci pour vos choix Jack et Bix !
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20016
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Re: Alejandra Pizarnik
Je viens de parcourir Textes d'Ombre qui est un ensemble d'écrits inachevés au moment de la mort d'Alejandra Pizarnik. L'ensemble est plutôt inégal même s'il y a des saillies. Je reprendrai des lectures.
Pour l'instant, je vais citer ceci d'Approximations :
Il est dommage que ses livres qui ne sont pas publiés en format poche soient hors de prix... Ce sera bientôt le 50e anniversaire de sa mort... va-t-on finir par publier un recueil rétrospectif dans une édition poche abordable?
Pour l'instant, je vais citer ceci d'Approximations :
Enlaçant ton ombre dans un rêve
Mes os se courbaient comme des fleurs.
Les bords de silence des choses
Le tu qui parcourt la présence des choses.
Ces yeux
Ne s'ouvrent que
Pour évaluer l'absence.
Qui m'a perdue
Dans le silence fantôme des mots.
Il est dommage que ses livres qui ne sont pas publiés en format poche soient hors de prix... Ce sera bientôt le 50e anniversaire de sa mort... va-t-on finir par publier un recueil rétrospectif dans une édition poche abordable?
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2477
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 41
Localisation : Montréal
Re: Alejandra Pizarnik
Repêché ce que j'ai pu lire de poésies dans Textes d'Ombre, mais ces textes mettant Ombre en scène sont en poésie en prose. J'ai pris la liberté de piger sur Esprits nomades et c'est une autre traduction...
J'ai tendance à reconnaître un peu le style de Geneviève Desrosiers derrière ces mots...
I-
nul ne me connaît je parle la nuit
nul ne me connaît je parle mon corps
nul ne me connaît je parle la pluie
nul ne me connaît je parle les morts
II-
rien que des mots
ceux de l’enfance
ceux de la mort
ceux de la nuit des corps
III-
le centre
d’un poème
est un autre poème
le centre du centre
est l’absence
au centre de l’absence
mon ombre est le centre
du centre du poème
XIII-
une idée fixe
une légende enfantine
une déchirure
le soleil
comme un grand animal sombre
il n’y a que moi
il n’y a quoi dire
XVIII-
tu reflètes des paroles qui parlent seules
dans des poèmes stagnants je fais naufrage
tout en moi parle avec son ombre
et chaque ombre avec son double
(Alejandra Pizarnik, Los pequeños cantos, 1971, Les petits chants, 1971, traduit par Silvia Baron Supervielle et Claude Couffon)
J'ai tendance à reconnaître un peu le style de Geneviève Desrosiers derrière ces mots...
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2477
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 41
Localisation : Montréal
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