LC Gaétan Soucy
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Re: LC Gaétan Soucy
Cerains mots sont peut etre anciens et réintroduits.
D' autres certainement inventés, des néologismes.
Dans la bouche de la narratrice en tout cas, ils sont frais
et délicats comme des inventions d' enfant.
Grisants.
Et c' est comme dans la musique, il s' agit peut etre moins d' inventer
que de tenir la note et le ton.
Et de donner l' impression qu' on improvise
Le plaisir que je prends à ce livre, c' est qu'il me permet de retrouver
ce que j'aime tellement, les sentiers peu fréquentés -en fin de compte-
d' une liberté verbale assumée et réussie.
Ce livre ne conviendra peut etre pas aux esprits très rationnels, mais
certainement aux lyriques un peu fous.
Les citations ? Elles seraient vraiment trop nombreuses et il serait
dommage de les tronçonner ou de les mettre en exergue.
Mais peut etre en choisirai-je quelques unes.
D' autres certainement inventés, des néologismes.
Dans la bouche de la narratrice en tout cas, ils sont frais
et délicats comme des inventions d' enfant.
Grisants.
Et c' est comme dans la musique, il s' agit peut etre moins d' inventer
que de tenir la note et le ton.
Et de donner l' impression qu' on improvise
Le plaisir que je prends à ce livre, c' est qu'il me permet de retrouver
ce que j'aime tellement, les sentiers peu fréquentés -en fin de compte-
d' une liberté verbale assumée et réussie.
Ce livre ne conviendra peut etre pas aux esprits très rationnels, mais
certainement aux lyriques un peu fous.
Les citations ? Elles seraient vraiment trop nombreuses et il serait
dommage de les tronçonner ou de les mettre en exergue.
Mais peut etre en choisirai-je quelques unes.
Dernière édition par bix_229 le Dim 2 Sep - 17:35, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LC Gaétan Soucy
de belles images métaphoriques !
je vais poursuivre cet aprem !
je vais poursuivre cet aprem !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21912
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: LC Gaétan Soucy
Juste un extrait pour justifier ce qui me plait et m' exalte dans cette prose.
C' est la jeune narratrice qui parle :
"Tout cela m' avait épuisée et désemparée, et j' avançais avec la sensation que tout allait s' effondrer dans ma tete, dans une avalanche de cendres.
Et je me sentais fourbue avec des mals de coeur, comme si j' étais toute de travers dans ma santé. Je m' arretais pour rompre de petites branches que je piquais dans mes longs cheveux, et que je recourbais pour m'en faire une couronne d'épines, puis je marchais d'une façon qu'on aurait dit que je dansais
malgré ma tristesse.
Mes mains sont pleines de grace... semblables aux vagues d'ovembre sur
l'étang, car je connais aussi le nom des mois, tous mes amis sont des mots.
Je m' étonne toujours de constater qu'une fois la première rafale passée, je suis
capable d'une telle indifférence à ce qui peut m'arriver de terrible ici-bas....
Je tourne lentement sur moi-meme avec ma jupe de saturne qui est ma planète,
et je ris sans que ça paraisse dans le petit autel de mon silence...
Mes pieds vont légers à l'exemple des oiseaux qui font leur vol autour de mon corps et qui ont la couleur de mes yeux, car tous les oiseaux valsent avec moi,
c'est mon secret, meme ceux qui sont à l'autre bout de la terre.
J'ai souvent revé de pouvoir danser sur la cime des pins à la manière des elfes, tiède et légère comme la flamme des bougies, des jets de poudre d'or s' échapperaient de mes mains pour étoiler la campagne, j'étais née pour ça, mais je ne peux pas.
Et là, je vais vous dire, j' aurais voulu ne jamais rentrer, ne jamais revenir, demeurer à jamais dans le chemin de la pinède, entre domaine et village, etre
la divinité discrète de la distance qui sépare toutes choses, la petite fée des
sentiers qui ne mènent nulle part.
On pourrait déjà se laisser porter par la beauté envoutante du style, par l'étrangeté de l'histoire et des personnages qui débordent largement le cadre d'une histoire, quelle qu' elle soit.
Et qui semble s'inventer au fil de la narration meme.
Une narration pleine de surprises et d'énigmes.
Qui offre d'autres plaisirs, d'autres découvertes. D'autres interprétations.
C' est la jeune narratrice qui parle :
"Tout cela m' avait épuisée et désemparée, et j' avançais avec la sensation que tout allait s' effondrer dans ma tete, dans une avalanche de cendres.
Et je me sentais fourbue avec des mals de coeur, comme si j' étais toute de travers dans ma santé. Je m' arretais pour rompre de petites branches que je piquais dans mes longs cheveux, et que je recourbais pour m'en faire une couronne d'épines, puis je marchais d'une façon qu'on aurait dit que je dansais
malgré ma tristesse.
Mes mains sont pleines de grace... semblables aux vagues d'ovembre sur
l'étang, car je connais aussi le nom des mois, tous mes amis sont des mots.
Je m' étonne toujours de constater qu'une fois la première rafale passée, je suis
capable d'une telle indifférence à ce qui peut m'arriver de terrible ici-bas....
Je tourne lentement sur moi-meme avec ma jupe de saturne qui est ma planète,
et je ris sans que ça paraisse dans le petit autel de mon silence...
Mes pieds vont légers à l'exemple des oiseaux qui font leur vol autour de mon corps et qui ont la couleur de mes yeux, car tous les oiseaux valsent avec moi,
c'est mon secret, meme ceux qui sont à l'autre bout de la terre.
J'ai souvent revé de pouvoir danser sur la cime des pins à la manière des elfes, tiède et légère comme la flamme des bougies, des jets de poudre d'or s' échapperaient de mes mains pour étoiler la campagne, j'étais née pour ça, mais je ne peux pas.
Et là, je vais vous dire, j' aurais voulu ne jamais rentrer, ne jamais revenir, demeurer à jamais dans le chemin de la pinède, entre domaine et village, etre
la divinité discrète de la distance qui sépare toutes choses, la petite fée des
sentiers qui ne mènent nulle part.
On pourrait déjà se laisser porter par la beauté envoutante du style, par l'étrangeté de l'histoire et des personnages qui débordent largement le cadre d'une histoire, quelle qu' elle soit.
Et qui semble s'inventer au fil de la narration meme.
Une narration pleine de surprises et d'énigmes.
Qui offre d'autres plaisirs, d'autres découvertes. D'autres interprétations.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LC Gaétan Soucy
j'ai un peu avancé et je me perds dans un jeu de devinettes, il y a de quoi car le narrateur (ou la narratrice mais je ne suis plus très sure) s'est instruit seul dans les "dictionnaires", en fait des livres et son langage est des plus éclectiques et s'avère souvent inapproprié, ludique, mais non sans sens. Si lui se perd dans l'éthique de Spinoza moi je me perds agréablement dans cette écriture et cette histoire.
à suivre
- Spoiler:
- oh la la quelle histoire ! certaines éléments me font penser parfois que le narrateur est un garçon castré car il se souvient du temps où il avait tout le bataclan entre les cuisses. L'autre frère joue lui toujours avec ces couilles ! quelle couillonnade !
cependant le père qui a été prêtre missionnaire au Japon, il me semble, se punit en demandant aux enfants de le pendre en croix, de quoi se punit-il ? d'avoir fauté ? quel est ce Juste Châtiment ?
Les enfants qui semblent impressionner physiquement les gens sont-ils métissés ?
la chèvre mange des herbes, des champignons et des fleurs...................le narrateur aussi !
à suivre
_________________
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21912
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: LC Gaétan Soucy
Comme je suis contente de lire cela, Bédoulène !Bédoulène a écrit: moi je me perds agréablement dans cette écriture et cette histoire.
Louvaluna- Messages : 1682
Date d'inscription : 19/03/2017
Re: LC Gaétan Soucy
Passage adoré (pages 53-56), extraits :
La foule se mua en un long animal onduleux, une sorte de serpent qui aurait des pattes et pour museau un cercueil d'où à chaque instant il me semblait qu'allait darder une langue bifurque, bien qu'il soit rare que les boîtes à trou s'ouvrent d'elles-mêmes de l'intérieur, à ce que j'ai pu lire. L'extrême queue dont je n'étais pas, parce que je gardais mes distances vous pensez bien, ne s'était pas encore mise en branle que déjà la tête luisante du reptile pénétrait à l'intérieur de l'église dont une seule cloche cognait jusque dans mes tempes, doooong... doooong...
[...]
Plus on n'est rien et plus on a besoin de support moral. D'où qu'il faut avoir des attentions délicates pour ceux qui ont l'arme à gauche, parce que c'est quand on est mort qu'on a besoin d'aide, quant aux vivants qu'ils s'aident tout seuls, on peut bien les laisser crever si vous voulez mon avis, et c'est exactement ce qui se passe, si j'en juge.
Louvaluna- Messages : 1682
Date d'inscription : 19/03/2017
Re: LC Gaétan Soucy
J'ai terminé ma lecture ; quand et comment peut-on glisser quelques remarques ?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 16029
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: LC Gaétan Soucy
J'attends l'avis de Bix et de Bédoulène sur ce point, qui ont plus l'habitude que moi des lectures communes.
Aurait-on tout à fait perdu Arturo en route ?
Aurait-on tout à fait perdu Arturo en route ?
Louvaluna- Messages : 1682
Date d'inscription : 19/03/2017
Re: LC Gaétan Soucy
Je risque quand même une question : peuchère, j’ai pas compris pourquoi la petite chèvre avait l’accent de Marseille !?
_________________
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Tristram- Messages : 16029
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: LC Gaétan Soucy
Je ne vois rien de plus à ajouter.
J' ai fait part de mes impressions, plutot enthousiastes.
Dans l' ensemble, les réactions ont été rares et plutot isolées.
Je n' en suis pas autrement surpris.
J' ai dit pourquoi ce texte ne pouvait faire l' unanimité.
Pour moi, cette relecture fut un plaisir et une confirmation.
J' ai fait part de mes impressions, plutot enthousiastes.
Dans l' ensemble, les réactions ont été rares et plutot isolées.
Je n' en suis pas autrement surpris.
J' ai dit pourquoi ce texte ne pouvait faire l' unanimité.
Pour moi, cette relecture fut un plaisir et une confirmation.
Dernière édition par bix_229 le Lun 3 Sep - 14:01, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LC Gaétan Soucy
Je ne maîtrise pas les conventions du genre LC, et ne savais pas trop comment intervenir avant perception globale de l'ouvrage.
Ce que je peux dire sans trop polluer la lecture de ceux qui seraient encore en cours, c'est que je n’avais pas l’humeur tournée à une lecture gore/ glauque, et ça m’a un peu plombé l'exercice ; peut-être parce que je sortais d'Esprit d’hiver, de Laura Kasischke, dont le procédé est d'ailleurs assez similaire. Le Rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, m'est aussi revenu en mémoire (« scribe » vs « secrétarien », les mots forgés pour le besoin, etc.)
Mais le galimatias mâtiné d'archaïsmes érudits, de religion, de vulgarité mal assimilés est bien sûr pour me plaire ! Les trouvailles de Soucy sont vivifiantes ; à ce propos, le québécois (comme d'autres variantes du français, mais peut-être plus encore) se confirme (après Ducharme) être une superbe source de renouvellement pour la langue.
Je me suis aussi interrogé (à la demande de l'auteur !) sur la distance, même minime, que créent des termes comme "prochain", "semblable".
Et je m'interroge encore sur le pourquoi-comment de cette narratrice (narrant à son chevalier au beau braquemart), cette adolescente voire jeune femme (« Seize ? Dix-sept ans ? »), crûment travaillée par l’éveil de sa sexualité.
Et j'ai bien sûr collecté nombre d'extraits... Juste deux petits pour le plaisir :
Ce que je peux dire sans trop polluer la lecture de ceux qui seraient encore en cours, c'est que je n’avais pas l’humeur tournée à une lecture gore/ glauque, et ça m’a un peu plombé l'exercice ; peut-être parce que je sortais d'Esprit d’hiver, de Laura Kasischke, dont le procédé est d'ailleurs assez similaire. Le Rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, m'est aussi revenu en mémoire (« scribe » vs « secrétarien », les mots forgés pour le besoin, etc.)
Mais le galimatias mâtiné d'archaïsmes érudits, de religion, de vulgarité mal assimilés est bien sûr pour me plaire ! Les trouvailles de Soucy sont vivifiantes ; à ce propos, le québécois (comme d'autres variantes du français, mais peut-être plus encore) se confirme (après Ducharme) être une superbe source de renouvellement pour la langue.
Je me suis aussi interrogé (à la demande de l'auteur !) sur la distance, même minime, que créent des termes comme "prochain", "semblable".
Et je m'interroge encore sur le pourquoi-comment de cette narratrice (narrant à son chevalier au beau braquemart), cette adolescente voire jeune femme (« Seize ? Dix-sept ans ? »), crûment travaillée par l’éveil de sa sexualité.
Et j'ai bien sûr collecté nombre d'extraits... Juste deux petits pour le plaisir :
« …] c’est lourd un corps quand il n’y a plus personne dedans [… »
« Je veux dire que nos semblables ont tendance à stupéfier en présence de ce qui est disparu nulle part, en raison de leur fonds humain, ça les incline à ruminer l’herbe des morts, qui rend imaginatif. Et le premier soleil d’une religion, à moins que je ne me trompe, c’est toujours un cadavre qui bouge. »
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Tristram- Messages : 16029
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: LC Gaétan Soucy
je n'ai pas encore terminé (hier j'ai re-re-revu "African Queen") mais d'un coup à la découverte du Juste Châtiment brrrrrr j'ai eu froid dans le dos, quelle horreur, mais surtout stupéfiant l'attitude de la narratrice.
oui Tristram le "peuchère" et "bonne mère" m'a étonnée
je n'en sais pas encore assez, je vais continuer.
"Ce qui lui en bouchait un coin à l'"horizon- de -notre -vie."
"Le quêteux, quoi. Il portait sa houppelande, crasseuse est le mot, ainsi que sempiternelle, et je vais vous dire, on avait bien besoin de celui-là dans cette tourmente, ah la la. Il allait son train de sénateur cossu en s'amenant. Sa canne qu'on aurait dit une jambe joyeuse, soûle d'indépendance et de liberté, il interrompait parfois sa marche, debout sur son manche du milieu, son manche fidèle à chaque pas au rendez-vous des herbes et de la terre battue, et comme un paon sa queue, il faisait la roue à sa canne avant de repartir, c'est la syntaxe de Saint-Simon. Voilà un prochain à l'humeur dégagée, le quêteux, je ne sais pas si j'ai songé à le marquer. Les gens qui se tracassent sous la croûte, ils ne logent pas à son enseigne, garanti."
"Juste avait pris tout le silence sur elle-même, pour nous en libérer, et nous permettre de parler, et que serais-je sans les mots, je vous le demande un peu. Bravo le Juste, c'est de la belle ouvrage. Voyez-vous ça. On dirait de la souffrance à l'état pur, toute dans un seul paquet. Elle est de la douleur qui n'appartiendrait à personne. On ne sait même pas si elle a de la comprenette dans le chapeau. Je serais portée à penser que oui, un peu, quand même."
d'où le choix du texte en exergue. (n'appartiendrait à personne, parce que le Juste n'est pas considéré comme une personne ? et que c'est la représentation de la souffrance, comme la boite d'allumettes ?)
donc là où j'en suis je ne peut encore que me questionner
Tristram, oui tu peux intervenir, c'est même recommandé, sinon par de partage. Vous pouvez aussi contredire les interventions (les miennes par exemple)
à suivre
oui Tristram le "peuchère" et "bonne mère" m'a étonnée
je n'en sais pas encore assez, je vais continuer.
"Ce qui lui en bouchait un coin à l'"horizon- de -notre -vie."
"Le quêteux, quoi. Il portait sa houppelande, crasseuse est le mot, ainsi que sempiternelle, et je vais vous dire, on avait bien besoin de celui-là dans cette tourmente, ah la la. Il allait son train de sénateur cossu en s'amenant. Sa canne qu'on aurait dit une jambe joyeuse, soûle d'indépendance et de liberté, il interrompait parfois sa marche, debout sur son manche du milieu, son manche fidèle à chaque pas au rendez-vous des herbes et de la terre battue, et comme un paon sa queue, il faisait la roue à sa canne avant de repartir, c'est la syntaxe de Saint-Simon. Voilà un prochain à l'humeur dégagée, le quêteux, je ne sais pas si j'ai songé à le marquer. Les gens qui se tracassent sous la croûte, ils ne logent pas à son enseigne, garanti."
"Juste avait pris tout le silence sur elle-même, pour nous en libérer, et nous permettre de parler, et que serais-je sans les mots, je vous le demande un peu. Bravo le Juste, c'est de la belle ouvrage. Voyez-vous ça. On dirait de la souffrance à l'état pur, toute dans un seul paquet. Elle est de la douleur qui n'appartiendrait à personne. On ne sait même pas si elle a de la comprenette dans le chapeau. Je serais portée à penser que oui, un peu, quand même."
d'où le choix du texte en exergue. (n'appartiendrait à personne, parce que le Juste n'est pas considéré comme une personne ? et que c'est la représentation de la souffrance, comme la boite d'allumettes ?)
donc là où j'en suis je ne peut encore que me questionner
- Spoiler:
- le Juste Châtiment est-elle née handicapée ? ou bien a-t-elle été accidentée ? maltraitée ?
Tristram, oui tu peux intervenir, c'est même recommandé, sinon par de partage. Vous pouvez aussi contredire les interventions (les miennes par exemple)
à suivre
_________________
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Bédoulène- Messages : 21912
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: LC Gaétan Soucy
fini !
oui c'est glauque comme tu le dis Tristram.
"D'accord, d'accord ! J'ai dit les mots : "des poupées de cendres" mais c'est trompeur aussi puisque certains quand ils sont bien rangés en phrases on reçoit un véritable choc à leur contact, comme si on posait la paume sur un nuage au moment juste où il était gonflé de tonnerre et va se lâcher. Il n'y a que cela qui m'aide moi. A chacun ses expédients."
"On se nourrirait du lait des chèvres, des légumes et des herbes qui sont la paix sur terre, ou de champignons de ma connaissance, on ne passerait pas notre temps à assassiner des animaux pour se goinfrer de leurs cadavres qui ne nous ont rien fait."
J'ai apprécié la liberté des mots, des mots qui vivent par et pour eux-mêmes, leur bon sens dans l'inventivité, le fait d' être invité à imaginer puisque c'est une histoire à indices.
Mais la découverte du Juste Châtiment a plombé l'histoire dont j'espérais un dénouement fantaisiste.
Mais ne serait-ce que et surtout pour l'écriture j' apprécie la lecture et je te remercie Louvaluna d'avoir porté cet auteur à ma connaissance.
je compte sur vous pour le commentaire !
oui c'est glauque comme tu le dis Tristram.
- Spoiler:
- donc le Juste Châtiment est la jumelle d' Alice, elle a du jouer avec les allumettes et a été gravement brûlée, mais c'est horrible que le père la tienne enchaînée, à l'abri des regards au lieu de la faire soigner. A-il toujours été "dérangé" ce père richissime ou bien sont-ce la disparition de sa femme et le drame de la fillette qui ont provoqué cet état ? est-ce le fait que ce soit le frère qui ai engrossé la soeur qui l'a poussé à ce suicider, lui un homme de foi ?
une note d'espoir avec cet enfant à naître et la prise de conscience de la narratrice, son mûrissement pendant ces deux jours dramatiques ? j' aimerais le penser mais la consanguinité va peut-être frapper ?
"D'accord, d'accord ! J'ai dit les mots : "des poupées de cendres" mais c'est trompeur aussi puisque certains quand ils sont bien rangés en phrases on reçoit un véritable choc à leur contact, comme si on posait la paume sur un nuage au moment juste où il était gonflé de tonnerre et va se lâcher. Il n'y a que cela qui m'aide moi. A chacun ses expédients."
"On se nourrirait du lait des chèvres, des légumes et des herbes qui sont la paix sur terre, ou de champignons de ma connaissance, on ne passerait pas notre temps à assassiner des animaux pour se goinfrer de leurs cadavres qui ne nous ont rien fait."
J'ai apprécié la liberté des mots, des mots qui vivent par et pour eux-mêmes, leur bon sens dans l'inventivité, le fait d' être invité à imaginer puisque c'est une histoire à indices.
Mais la découverte du Juste Châtiment a plombé l'histoire dont j'espérais un dénouement fantaisiste.
Mais ne serait-ce que et surtout pour l'écriture j' apprécie la lecture et je te remercie Louvaluna d'avoir porté cet auteur à ma connaissance.
je compte sur vous pour le commentaire !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21912
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: LC Gaétan Soucy
Point crucial sur le personnage de "cheval" :
- Chapitre 10 (deuxième partie):
- « Cheval me suivait et s’attardait devant certains cadres, perplexe ou désabusé. Je ne sais incidemment pas quel âge cheval pouvait avoir de son vivant. On croit connaître les êtres et on ne connaît pas même leur date de péremption. Selon toute apparence papa l’avait pétri bien avant de nous pétrir nous-mêmes, mon frère et moi, si tant est qu’il l’ait jamais pétri, père et cheval ont peut-être toujours été ensemble depuis que l’éternité existe, comme des modes corrélatifs exprimant une même essence, si l’on se fie à l’éthique. Ce ne sont là que suppositions et consorts, toutes barbouillées de religion. Je me penchai avant de sortir de la galerie de portraits parce qu’il y avait quelque chose par le plancher que je n’avais jamais vu avant et qui m’intriguait. Ce n’était rien. Le cadavre desséché d’un raton-laveur, la patte prise dans un piège à con. »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 16029
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: LC Gaétan Soucy
Je mets le clignotant, et je vous abandonne en route. Mais je vous lis.
Je suis plutôt attiré par les essais en ce moment.
Je suis plutôt attiré par les essais en ce moment.
Invité- Invité
Re: LC Gaétan Soucy
Lorsqu' on est séduit et médusé par un tour de magie, l' erreur est de vouloir
l' explication rationnelle du tour.
Elle existe évidemment, mais là où l' explication apparait, la magie s' évanouit.
"C'est le livre le plus étonnant, surprenant, déconcertant que j'ai eu à lire et c'est cela qui fait toute sa force et sa beauté... Il faut savoir sortir de temps à autre de la logique et de la pensée linéaire et se laisser entrainer dans un récit imaginaire et dans une langue qui nous déroute."
Telle est la réaction d' un lecteur québécois à la sortie du livre.Et il y en a eu énormément.
J' ai remarqué que ceux qui l' avaient le plus apprécié étaient ceux qui s' étaient
laissés embarquer, tandis que les autres -minoritaires- renaclaient devant l' obstacle, refusant d' avancer sans garanties ni garde fous.
Que sont la syntaxe, la définition sricte des mots tels qu' elle apparait dans les
dictionnaires, le détournement des mots et du récit à des fins inventives.
L' utilisation d' expressions et d' images volontiers provocatrices.
Je comprends tout à fait ce genre de réactions.
Si je devais répondre à une critique de ce genre, je dirai que ce texte est une
sorte d' exercice de funambulisme, remarquable, extraordinaire, meme s' il
n' est pas tout le temps réussi.
Mais on peut aimer malgré des défauts. Ou sans tout comprendre.
La réussite du livre est sans doute le résultat d' un travail de recherche constant et d' un état de grace providentiel, unique. Et les lecteurs québécois ont réalisé les premiers que cette réussite-là ne s' était pas répétée.
Gaetan Soucy a continué certes à écrire, mais avec de plus en plus de mal, avec
des écipses de plus en plus longues.
Et il a fini dans la dépression, l' alcoolisme et le suicide.
Il n' en reste pas moins que ce livre est une grande réussite dans le genre.
Et qu' il s' inscrit dans le renouvellement de la langue et de la fiction au Québec.
Et il s' agit bien de la langue du Québec et non de la langue française.
Une langue qui, comme celle des anciennes colonies est en train de saffranchir
et de devenir peu à peu autonome.
l' explication rationnelle du tour.
Elle existe évidemment, mais là où l' explication apparait, la magie s' évanouit.
"C'est le livre le plus étonnant, surprenant, déconcertant que j'ai eu à lire et c'est cela qui fait toute sa force et sa beauté... Il faut savoir sortir de temps à autre de la logique et de la pensée linéaire et se laisser entrainer dans un récit imaginaire et dans une langue qui nous déroute."
Telle est la réaction d' un lecteur québécois à la sortie du livre.Et il y en a eu énormément.
J' ai remarqué que ceux qui l' avaient le plus apprécié étaient ceux qui s' étaient
laissés embarquer, tandis que les autres -minoritaires- renaclaient devant l' obstacle, refusant d' avancer sans garanties ni garde fous.
Que sont la syntaxe, la définition sricte des mots tels qu' elle apparait dans les
dictionnaires, le détournement des mots et du récit à des fins inventives.
L' utilisation d' expressions et d' images volontiers provocatrices.
Je comprends tout à fait ce genre de réactions.
Si je devais répondre à une critique de ce genre, je dirai que ce texte est une
sorte d' exercice de funambulisme, remarquable, extraordinaire, meme s' il
n' est pas tout le temps réussi.
Mais on peut aimer malgré des défauts. Ou sans tout comprendre.
La réussite du livre est sans doute le résultat d' un travail de recherche constant et d' un état de grace providentiel, unique. Et les lecteurs québécois ont réalisé les premiers que cette réussite-là ne s' était pas répétée.
Gaetan Soucy a continué certes à écrire, mais avec de plus en plus de mal, avec
des écipses de plus en plus longues.
Et il a fini dans la dépression, l' alcoolisme et le suicide.
Il n' en reste pas moins que ce livre est une grande réussite dans le genre.
Et qu' il s' inscrit dans le renouvellement de la langue et de la fiction au Québec.
Et il s' agit bien de la langue du Québec et non de la langue française.
Une langue qui, comme celle des anciennes colonies est en train de saffranchir
et de devenir peu à peu autonome.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LC Gaétan Soucy
merci Bix de tes explications, mais tu as lu où les réactions des Québécois ?
(il m'a manqué l'humanité et l'empathie que j'ai trouvé dans Ducharme)
(il m'a manqué l'humanité et l'empathie que j'ai trouvé dans Ducharme)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21912
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: LC Gaétan Soucy
Le Combat des livres, organisé par Radio Canada, sans doute pour l'année 1998.Bédoulène a écrit:merci Bix de tes explications, mais tu as lu où les réactions des Québécois ?
(il m'a manqué l'humanité et l'empathie que j'ai trouvé dans Ducharme)
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LC Gaétan Soucy
Au fait pour les détails narratifs, les deux enfants ont 15 ans.
L' accent de Marseille ? L' inspecteur des mines le fait remarquer
à la narratrice.
"Galimatias" est un terme péjoratif et dévalorisant, mais bon...
L' accent de Marseille ? L' inspecteur des mines le fait remarquer
à la narratrice.
"Galimatias" est un terme péjoratif et dévalorisant, mais bon...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: LC Gaétan Soucy
Tristram a écrit:Point crucial sur le personnage de "cheval" :A noter aussi que les personnes n'ont pas droit à la majuscule initiale, pas même Saint-Simon (un peu comme pour certain-e-s sur le forum ?? encore un truc qui m'intrigue...)
- Chapitre 10 (deuxième partie):
« Cheval me suivait et s’attardait devant certains cadres, perplexe ou désabusé. Je ne sais incidemment pas quel âge cheval pouvait avoir de son vivant. On croit connaître les êtres et on ne connaît pas même leur date de péremption. Selon toute apparence papa l’avait pétri bien avant de nous pétrir nous-mêmes, mon frère et moi, si tant est qu’il l’ait jamais pétri, père et cheval ont peut-être toujours été ensemble depuis que l’éternité existe, comme des modes corrélatifs exprimant une même essence, si l’on se fie à l’éthique. Ce ne sont là que suppositions et consorts, toutes barbouillées de religion. Je me penchai avant de sortir de la galerie de portraits parce qu’il y avait quelque chose par le plancher que je n’avais jamais vu avant et qui m’intriguait. Ce n’était rien. Le cadavre desséché d’un raton-laveur, la patte prise dans un piège à con. »
j'ai bien aimé "la date de péremption" !
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Bédoulène- Messages : 21912
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