Thomas Pynchon

Jamais eu l'occasion de tester la sève de bouleau (en eau de vie, peut-être ?) !
Pour savoir si c'est bon, il faut essayer !

Suis pas persuadé que ce soit un lecture épanouissante pour toi églantine mais je me garderais bien de dire qu'il ne faut pas le ire.

Pynchon fait partie des écrivains qui comptent, mais j'ai bien du mal à en parler. Lecture jouissive de Vente à la criée du lot 49, et double lecture poussive de V.

Comme je l'ai dit sur le fil des lectures en cours, je trouve une forme d'âpreté à la lecture de Pynchon. Pourtant ça finit par prendre sens, on ne vire pas forcément dans l'absurde, même s'il sème une confusion et une profusion narratives permanentes. Le côté enquête et mystère m'a un peu gonflé, forcément. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir avec le personnage de Profane, et ses luttes.
Pynchon part quand même dans tous les sens avec ce roman. ç'a son charme mais c'est aussi un peu usant.
Une lecture éprouvante, qui nécessite attention et abnégation.

Merci Dreep et Hanta pour vos avis que je prends réellement en compte , vous me connaissez plutôt bien !

Vente à la criée du lot 49



Commentaire qui fait suite à une relecture de l'ouvrage.

un très très grand livre. On dit que c'est la porte d'entrée dans l'oeuvre de Pynchon, personnellement je ne sais pas. En effet il est peu volumineux mais il est très complexe et il y a plusieurs niveaux de lecture.
On se confronte déjà au style labyrinthique et érudit de l'auteur, on est déjà confrontés à une certaine vision de l'Amérique et de son lien avec l'Histoire. Et l'on retrouve aussi cette sorte d'existentialisme avec l'individu en lutte avec ses questions sur la réalité et la vérité.
Le roman fonctionne comme Perceval de Chrétien de Troyes. On a peu ou proue la même structure et le même personnage, un personnage dépassé par l'enjeu, parfois fade, qui n'a rien d'un héros ni d'une héroïne présentement mais quelqu'un de perdu qui change juste sa situation perdue pour une autre plus désespérée.
Perceval cherche le Graal, chez Pynchon c'est la recherche de la vérité. Perceval de la même façon n'osera pas poser la question décisive à l'instant T chez le Roi Pêcheur. Ici le personnage principal se retiendra toujours de poser les bonnes questions et regrettera de le faire puisque ce ne sera plus possible après. De la même manière la quête importe plus que l'objet de la quête et la solution n'est pas dans la réponse mais dans les questions sans cesse renouvelées.

La langue est brillante, riche mais directe, il y a une vraie autorité dans la narration et l'on obéit volontiers. Le récit est complexe, jamais ardu ni rebutant, il faut aimer se perdre et être guidé vers de l'inconnu toujours plus mystérieux.

Moi j'ai adoré.

Mason & Dixon

Bon faut se lancer... Après quelques semaines de lectures et un peu plus de 48h de décantation. Mason & Dixon ? Les deux types, anglais, un astronome et un géomètre qui ont "tracé" la Mason & Dixon Line qui sépare le Delaware et la Pennsylvanie des états "du sud" esclavagistes.

Cependant si c'est un élément du livre, ce n'en est pas tout à fait le but. Une manière XVIIIème siècle (j'ai pensé à Gulliver et au) peu que j'ai lu de ce siècle là) pour une succession d'épisodes. Des péripéties, des divagations, des digressions multiples, des élucubrations... au fil des pages et des ans.

Et il s'en passe des choses dans cette histoire racontée de façon indirecte dans un chaleureux salon familial américain par un secondaire protagoniste de l'aventure. Tellement que pour en savoir plus vous devrez lire le livre ?

D'autant que quoique long il laisse un goût d'inachevé (ce qui est son cas je crois). Beaucoup de choses, de répétitions, l'effet d'une vanité aux infinis détails : présence de la mort, mélancolie, la chair, l'alcool, les dérives de l'imagination, l'amour, la peur, la famille, le rêve. Une vision de condition humaine par un prisme plus bordélique et moins moderne (publié en 1997 !) qu'on aurait pu le penser et malgré les quelques "trips".

La condition humaine dans tous ses flous et ses errements qui sert de trame éclatée à une histoire plus grande, quelque chose des Etats-Unis, quelque chose des certitudes (et du rêve là encore) scientifique ou scientiste. Une mixité de cultures (pas forcément directement étalées) en porte à faux d'une envahissante culture "européenne" qui du coup est aussi un peu américaine. Beaucoup beaucoup de choses et encore le Temps qui passe.

Pour ces ingrédients là aussi j'ai pensé à Swift et Louis-Sébastien Mercier. Pour le pittoresque aussi parfois des rencontres et compagnonnages.

Pas sans charme en tant que tel ou dans les personnages, cette amitié tordue qui revient dans les dernières pages ! Mais c'est bourratif, confus, confusant (bien que documenté aussi) et souvent on ne sait pas trop où ça veut en venir. 930 et des miettes de pages, il faut dire que ça laisse le choix. Un principe qui a son charme aussi quand on prend le temps d'y penser.

Une lecture qui m'a demandé de l'endurance, à laquelle je n'ai pas pris de plaisir particulier - il y a quand même de bons/beaux passages régulièrement, probablement gêné par les répétitions : un coup d'aventure, un coup de picole, un coup de débauche, un coup de divagation, ... gêné aussi par "l'indéfini" de la proposition ? ... Et puis le truculent et moi, aïe, mauvais client qui plaide coupable. Aussi je crois que ça fait beaucoup pour pas grand chose de neuf ?

Ceci dit dans la masse il en restera forcément et il en reste déjà certainement quelque chose dans l'expérience du lecteur que je suis. Bonus, avoir lu un Nom de la littérature américaine (attention aux allergiques de la Majuscule impromptue ou significative).

Copieux pour une chaîne de lecture Mais merci à Hanta parce que c'était une bonne occasion de jouer le jeu et que les livres qui se risquent être livres somme ne sont pas si nombreux.

(A finir de décanter)

PS : Forcément avec les Etats-Unis le point d'interrogation, la force, le mystère, de l'Ouest est de la partie aussi. Le Cap est là aussi remarquez. Et les Indes, et les pôles en fait. "Bref", ... Ah. On peut ajouter Mythologies à la liste de mots. Et d'autres.

Oui : côté XVIIIe, pas si moderne dans la forme, mythes USA et scientiste, truculent, ample mais "long" !
Bon souvenir de ce périple pour ma part, mais j'hésite à me lancer dans L'Arc-en-ciel de la gravité (768 pages)...

Je tergiverse un peu devant Contre-jour, depuis quelques années, et pourtant c'est pas mon premier Pynchon. J'ai aussi Mason & Dixon chez moi, non-lu encore... et L'homme qui apprenait lentement.
L'Arc-en-ciel de la gravité c'est du lourd, je n'ai même pas pu le terminer. V et Vente à la criée du lot 49 sont un peu plus évidents à lire.

Ouaip, je vais encore attendre un peu...

Ce qui me passe par-dessus aussi avec Pynchon c'est ses références incessantes à la culture pop de son époque, rock et tutti quanti. Je m'en cogne un peu. Peut-être que Wallace en fait autant, mais c'est inséré avec tellement plus de naturel et d'à-propos.

Désolé Animal pour cette lecture mitigée.

Oh il ne faut pas, sorti de ses sentiers battus fait est un des intérêts de la chaîne.

Je vous admire. J'ai dû tenter 2 livres de cet auteur. Jamais rien capté !!

Je reconnais volontiers que j'ai décroché d'un bon nombre de passages. ça pourrait être fait pour ?

J'ai aussi souvent eu des difficultés à appréhender l'écriture de Thomas Pynchon, mais je conserve un souvenir ému de Mason & Dixon. Il subsiste un rapport à la mélancolie, au voyage, qui captive jusque dans ses innombrables digressions. Un livre-monde, où l'érudition invite à l'évasion.

L'homme qui apprenait lentement



Cinq nouvelles de jeunesse, avec une introduction peu autosatisfaite de l’auteur (d’où le titre du recueil).
Petite pluie est plutôt anodine, dans le registre "souvenirs de l’armée" (dans la marine) et bitures inhérentes.

Basses-Terres part du même thème, mais avec un glissement dans le fantastique avec cette fascination pour les décharges que je partage depuis que j’ai pu m’ébahir devant leurs sédimentations vertigineuses (au Caire).

Entropie : ter repetita, beuverie qui débouche sur une évocation de la thermodynamique avec variations musicales.

« …] sa culture connaîtrait une sorte de mort calorique ; les idées, comme l’énergie calorique, ne seraient plus transmises, chaque élément ayant finalement la même quantité d’énergie. Par conséquent, le mouvement intellectuel s’arrêterait. »

(Je pense qu’on devrait plutôt dire « thermique », ou « calorifique », à la place de « calorique » ; sinon, de même que Pynchon l’avoue pour sa part, je comprends de moins en moins les développements de cette théorie sur laquelle je me suis beaucoup penché.)

Sous la rose est une histoire d’espionnage en Alexandrie puis au Caire, à la fin du XIXe : jeu entre agents européens en avant-guerre (ambiance guide Baedeker et agence Cook).

Intégration secrète : Grover Snodd est un gamin surdoué, ce qui n’est pas toujours facile.

« …] (il fallait toujours qu’il hurle – après les murs, ou n’importe quoi de massif qui se trouvait là – simplement pour montrer que ce n’était pas à vous qu’il en avait, mais à autre chose, à l’échelle démesurée du monde des adultes dont il était exclu, à l’inertie et à l’entêtement de cet univers qu’il ne pouvait vaincre qu’à l’intérieur de lui-même) [… »

Il est à la tête d’une organisation clandestine de petits plaisantins, les « réfractaires », qui préparent une action contre le monde des adultes, les « manœuvres Spartacus » : les membres en sont notamment Tim, Étienne, et « Carl Barrington, un petit Noir de leurs amis », plus ou moins imaginaire : c’est qu’ils sont dans une société (leurs parents) violemment raciste…

me semble l'avoir tenté, sans le retenir