René Char
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Re: René Char
J'arrive à «Partage formel». Il me semble que nous avons une autre lecture importante de Fureur et mystère ici. Je pense que ça pourrait être intéressant pour toi, Nadine...
Partage formel
Partage formel
III.
Le poète transforme indifféremment la défaite en victoire, empereur prénatal seulement soucieux du recueil de l’azur.
IV
Quelquefois sa réalité n’aurait aucun sens pour lui, si le poète n’influençait pas en secret le récit des exploits de celle des autres.
IX.
A DEUX MERITES. – Héraclite, Georges de La Tour, je vous sais gré d'avoir de longs moments poussé dehors de chaque pli de mon corps singulier ce leurre : la condition humaine incohérente, d'avoir tourné l'anneau dévêtu de la femme d'après le regard du visage de l'homme, d'avoir rendu agile et recevable ma dislocation, d'avoir dépensé vos forces à la couronne de cette conséquence sans mesure de la lumière absolument impérative : l'action contre le réel, par tradition signifiée, simulacre et miniature.
X
Il convient que la poésie soit inséparable du prévisible, mais non encore formulé.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
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Re: René Char
(Deuxième partie de ce que j'ai noté dans «Partage formel»)
XXVII
Terre mouvante, horrible, exquise et condition humaine hétérogène se saisissent et se qualifient mutuellement. La poésie se tire de la somme exaltée de leur moire.
XXVIII
Le poète est l’homme de la stabilité unilatérale.
XXXI
Certains réclament pour elle le sursis de l’armure; leur blessure a le spleen d’une éternité de tenailles. Mais la poésie qui va nue sur ses pieds de roseau, sur ses pieds de caillou, ne se laisse réduire nulle part. Femme, nous baisons le temps fou sur sa bouche, où côté à côté avec le grillon zénithal, elle chante la nuit de l’hiver dans la pauvre boulangerie, sous la mie d’un pain de lumière.
XXXIX
Au seuil de la pesanteur, le poète comme l’araignée construit sa route dans le ciel. En partie caché à lui-même, il apparaît aux autres, dans les rayons de sa ruse inouïe, mortellement visible.
XL
Traverser avec le poème la pastorale des déserts, le don de soir aux furies, le feu moisissant des larmes. Courir sur les talons, le prier, l’injurier. L’identifier comme étant l’expression de son génie ou encore l’ovaire écrasé de son appauvrissement. Par une nuit, faire irruption à sa suite, enfin, dans les noces de grenade cosmiques.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
(Troisième et dernière partie de ce que j'ai noté sur «Partage formel». Fait à noter, je ne sais pas pourquoi, mais on a tendance à citer le dernier poème, mais j'ai préféré noter l'avant-dernier...)
Je tiens à noter que j'ai apprécié les contributions suivantes dans ce que j'ai retranscrit en copie informatisée :
http://la-blanche-artine.over-blog.com/ren%C3%A9-char-partage-formel-seuls-demeurent
https://lyricstranslate.com/fr/ren%C3%A9-char-partage-formel-lyrics.html
http://www.sagesse-primordiale.com/forum/mystere-fureur-rene-char-t6131.html
XLV.
Le poète est la genèse d’un être qui projette et d’un être qui retient. A l’amant il emprunte le vide, à la bien-aimée, la lumière. Ce couple formel, cette double sentinelle lui donnent pathétiquement sa voix.
XLVI.
Inexpugnable sous sa tente de cyprès, le poète pour se convaincre et se guider, ne doit pas craindre de se servir de toutes les clefs accourues dans sa main. Cependant il ne doit pas confondre une animation de frontières avec un horizon révolutionnaire.
XLVIII
Le poète recommande : « Penchez-vous, penchez-vous davantage. » Il ne sort pas toujours indemne de sa page, mais comme le pauvre il sait tirer parti de l’éternité d’une olive.
XLIX.
A chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d’avenir.
LIV
Debout, croissant dans la durée, le poème, mystère qui intronise. À l’écart, suivant l’allée de la vigne commune, le poète, grand Commenceur, le poète intransitif, quelconque en ses splendeurs intraveineuses, le poète tirant le malheur de son propre abîme, avec la Femme à son côté s’informant du raisin rare.
Je tiens à noter que j'ai apprécié les contributions suivantes dans ce que j'ai retranscrit en copie informatisée :
http://la-blanche-artine.over-blog.com/ren%C3%A9-char-partage-formel-seuls-demeurent
https://lyricstranslate.com/fr/ren%C3%A9-char-partage-formel-lyrics.html
http://www.sagesse-primordiale.com/forum/mystere-fureur-rene-char-t6131.html
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
merci Jack !
je relève : "Au seuil de la pesanteur, le poète comme l’araignée construit sa route dans le ciel. En partie caché à lui-même, il apparaît aux autres, dans les rayons de sa ruse inouïe, mortellement visible.
"
je relève : "Au seuil de la pesanteur, le poète comme l’araignée construit sa route dans le ciel. En partie caché à lui-même, il apparaît aux autres, dans les rayons de sa ruse inouïe, mortellement visible.
"
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21161
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: René Char
Char, je l'appréciais davatage étant plus jeune.
Sa poésie est comme frappée dans le marbre. Trop solennelle et péremptoire pour moi désormais.
Sa poésie est comme frappée dans le marbre. Trop solennelle et péremptoire pour moi désormais.
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: René Char
Eh bien oui , il y a de ça pour moi , aujourd"hui aussi ..bix_229 a écrit:Char, je l'appréciais davatage étant plus jeune.
Sa poésie est comme frappée dans le marbre. Trop solennelle et péremptoire pour moi désormais.
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: René Char
Pourrais-tu préciser ce point de vue, livrer un poème de René Char ou bien en indiquer un qui donne un côté solennel et péremptoire, Bix...? J'avais trouvé qu'il pouvait effectivement être comment dire, assez assumé, revendicateur dans la manière d'affirmer la parole poétique. Il est mystérieux, mais il y a quelque chose qui perd de son mystère dans l'action de son verbe.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
Je vais revenir bientôt avec des extraits des Feuillets d'Hypnos. J'attendrai ce que les gens disent à propos de l'échange en cours.
Char pourrait avoir l'air un peu «sorti du temps», mais bon, la France a vécu ses épisodes avec le Général De Gaulle... on pourrait dire que ça ressort dans la verve et le propos résistant.
Char pourrait avoir l'air un peu «sorti du temps», mais bon, la France a vécu ses épisodes avec le Général De Gaulle... on pourrait dire que ça ressort dans la verve et le propos résistant.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
En attendant, Le nu perdu :
Une prose de la suite poétique «Contre une maison sèche» :
«Le ramier»
Il gît, plumes contre terre et bec dans le mur.
Père et mère
Le poussèrent hors du nid quadrillé,
L'offrirent au chat de la mort.
J'ai tant haï les monstres véloces
Que de toi j'ai fait mon conscrit à l'oeil nu
Jeune ramier, misérable oiseau.
Deux fois l'an nous chantons la forêt partenaire,
La herse du soleil, la tuile entretenue.
Nous ne sommes plus souffre-douleur des antipodes
Nous rallions nos pareils
Pour éteindre la dette
D'un volet qui battait
Généreux, généreux.
«Le baiser»
Massive lenteur, lenteur martelée;
Humaine lenteur, lenteur débattue;
Déserte lenteur, reviens sur tes feux;
Sublime lenteur, monte de l'amour :
La chouette est de retour.
Une prose de la suite poétique «Contre une maison sèche» :
Nos orages nous sont essentiels. Dans l’ordre des douleurs la société n’est pas fatalement fautive, malgré ses étroites places, ses murs, leur écroulement et leur restauration alternés.
On ne peut se mesurer avec l’image qu’autrui se fait de nous, l’analogie bientôt se perdrait.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
«La rive violente»
Promptes à se joindre, à se réconcilier
dans la destruction du corps de notre maison,
Immuables sont les tempêtes.
L’une se lève sur mes talons, à peine la nuit dissipée,
Exigeante, sédentaire, sûre d’elle.
L’autre, la fugueuse, roule vers nous des monstres en
bouillie et les projets des humains.
Avant que ne commençât la veillée des millénaires
Les Pascuans surent que leurs sculpteurs, taillant dans
l’île,
Ouvraient devant les morts les portes de la mer.
Nous n’avons plus de morts, plus d’espace;
Nous n’avons plus les mers ni les îles;
Et l’ombre du sablier enterre la nuit.
«Rhabillez-vous. Au suivant.» Tel est l’ordre.
Et le suivant, c’est aussi nous.
Révolution qu’un astre modifie,
Avec les mains que nous lui ajoutons.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
la poésie "le ramier" ; nous sommes comme lui poussés hors du nid, abandonnés à la société, à nous de trouver comment survivre.
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Bédoulène- Messages : 21161
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: René Char
J'ai extrait ceci de la notice de René Char sur Esprits nomades :
Bourru, colérique connaissant toutes les fleurs de sa petite montagne, le Lubéron, autour de l’Isle sur Sorgue, et vous maudissant si vous ne saviez point les appeler vous aussi par leur petit nom, il se posait presque en imprécateur et ne comprenait pas ces poètes qui dévidaient quasiment au mètre leur production, lui qui par son artisanat furieux polissait chaque mot, jusqu’à ce qu’il ait la patine de l’éternité.
Il demeure parmi nous plus par ses aphorismes, ciselés au couteau du soleil, que par ses poèmes. On aime à le citer, encore faudrait-il le lire et le relire.
À celui qui a écrit « que la blessure la plus rapprochée du soleil était la lucidité », il faudrait faire allégeance à sa lucidité et rendre un respect infini à ce bel homme qui savait claquer la porte au nez des officiels. Le Panthéon préféra accueillir André Malraux que ce compagnon de route du communisme.
La France préfère les tribuns aux prophètes, les petits réalistes aux surréalistes.
[...]
On tombe sur ses poèmes comme sur des éclats de silex et l’on n’arrive pas toujours à réaliser des outils avec ses prophéties enflammées. Mais on sait en le quittant qu’il a allumé des feux en nous dont on comprendra plus tard l’usage, mais qui déjà ont fait reculer les ombres.
[...]
Sa poésie pulvérisée est coupante comme des lames de rasoir. À ceux qui pensent que la source de la poésie est l’aphorisme, René Char est l’infinitude. Pour d’autres il est l’artisan violent et furieux d’une poésie qui prend ses sources dans la prophétie et en atteint les limites. Son plus proche frère en poésie, Hölderlin, s’en est sorti par la folie. Heidegger qui l’a si fortement marqué ( tout autant qu’Héraclite), s’en sort par le mépris de l’humanité.
[...]
Elle porte en elle son obscurité et sa flamme. Elle est représentative de cette forme faite plus d’oracles que de véritables poèmes. Elle en fait la grandeur et ses limites. Lire Char n’apaise pas la soif, elle l’attise, elle ne satisfait pas le désir, elle le fouette. René Char ne nous comble pas, il nous creuse. Chaman autoproclamé il est le derviche tourneur du destin de l’humanité. Il est la figure de proue du courage face aux renoncements et au silence complice. Il se veut foudre et tonnerre. Il est parfois purement sonore.
Source : https://www.espritsnomades.net/litterature/rene-char-le-veilleur-insoumis-notre-frere-en-fureur/
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
merci Jack !
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Bédoulène- Messages : 21161
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: René Char
À propos de la prophétie, je sais bien que ce qui concourt à faire dans la poésie militante et qui voudrait s'inscrire dans une tangente visionnaire est parfois laissé sur le chemin de ce qui fait les «poncifs» de l'époque. Pour qu'il y ait un réel dépassement des perspectives, il faut avoir une connaissance des classiques, s'inscrire dans la durée et garder cet éclat de la fureur, même froide...
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
Fureur froide, ça le décrit tout à fait !
La bio Esprits nomades est bien inspirée.
Et tous ces extraits de Char dessinent de plus en plus clairement son oeuvre dans mon esprit.
La bio Esprits nomades est bien inspirée.
Et tous ces extraits de Char dessinent de plus en plus clairement son oeuvre dans mon esprit.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15644
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
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Re: René Char
"Yvette Szczupak-Thomas. Un nom pareil, ça ne s'invente pas. Un destin pareil, non plus. Une découverte, une vraie : non seulement ce qui est rapporté dans ce livre - la vie d'une gamine de l'Assitance , qui passe, sans presque de transition, des familles d'accueil du Morvan à un couple d'éditeurs d'art, les Zervos, qui connaissent et reçoivent tous les peintres et poètes de l'époque - mais la manière dont cela est rapporté - une écriture extrêmement forte dans laquelle se mêlent réalisme et onirisme, crudité de l'expression et poésie de certaines évocations, inventions verbales. C'est peu dire que la quête de l'identité est au centre de ce livre : de mère naturelle à mère de substitution et à mère adoptive, de famille d'accueil à refus de la famille, de fratrie à géométrie et affection variables à des images sororales incorporées pour qu'elles ne soient pas soumises aux démentis de la vie : la gamine a du mérite à ne pas s'y perdre ; elle sera d'ailleurs à deux doigts d'y laisser la santé et la vie. Mais cette description de la misére n'est pas misérabiliste, car elle se bat, cette toute petite fille, elle a en elle une volonté de vivre incroyable, un regard d'une lucidité effrayante et la certitude que le bonheur n'est pas pour elle.
Et puis, le miracle, ce couple de parisiens qui s'entiche d'elle, la kidnappe presque pour la plonger dans un monde qui est aux antipodes de celui qu'elle a connu. La voici nourrie, choyée, gâtée, rien ne semble trop beau pour elle. La voici aimée, admirée parce qu'elle n'a pas la langue dans sa poche et qu'elle exprime, aux yeux de ces gens hypercultivés, la vérité primitive elle-même ; il faut dire qu'elle a aussi cette aptitude à vouloir donner d'elle l'image que ses parents adoptifs attendent d'elle.
Toute une galerie défile - Paul Eluard et Nush, Braque, Picasso ( qui lui donne des leçons de peinture et qui l'a percée à jour " Parmi les amis des Zervos, seul Picasso avait décelé le bouillonnement fielleux intérieur de la pupille de l' Assistance, haine et fureur vit volcaniques escamotées maintenant derrière des manières citadines, policées. Le qualificatif "Assassin" qu'il m'avait jeté au front m'empêchait de mentir ...parce qu'il svait qui j'étais."), Luis Fernandez, Modigliani, la fille de Chagall, René Char, tant d'autres. Elle montre certains sous un jour assez peu glorieux, mais sans porter sur eux un jugement définitif ; elle ne dénigre jamais, elle n'oublie jamais leur oeuvre et elle sait admirer - ce qui est la marque d'une véritable créatrice . Les relations avec les Zervos sont tumultueuses, amour-haine avec Yvonne, soumission aux désirs de Christian. Tout comme avec leurs amis ( oh! le portrait de René Char ... ses dévots vont frémir !!!). Il y a la guerre, les restrictions, le marché noir, les lâchetés, les compromissions, les amitiés intéressées, - elle, elle se veut résistante et elle l'est réellement - la défense de Vézelay est héroïco-comique, mais il y a des morts et cette scène qu'on croirait sortie d'un film de Jean Oury où le clan Zervos arrive à travers champ parce qu'ils n'ont plus de ses nouvelles, Yvonne transportant dans sa culotte l'or qu'elle a pu sauver...
Il y a l'après-guerre où les affaires reprennent, elles n'avaient jamais vraiment cessé, certaines sont très douteuses, d'autres sont carrément folles. Yvonne veut faire d'elle une actrice de cinéma et l'impose dans un film de Char dont elle est la productrice, ce n'est pas vraiment un succès, malgré ses efforts.
Et puis, c'est la fuite, un peu avant sa majorité, elle laisse derrière elle tout ce que les Zervos lui ont donné, tous les cadeaux de leurs amis peintres, elle part en Israël - c'est le choc, elle s'y découvre juive, elle se convertira et une nouvelle vie est alors pour elle possible - épouse, peintre, et mère.
Un très beau livre publié aux éditions Métaillé."
Médiapart
Je vous conseille la lecture de ce livre, riche d'une vie très exposée à la violence, à la solitude, mais d'un courage exemplaire.
Et puis ce témoignage sur les artistes qu'elle cotoya pendant la période
de guerre.
Certains en prennent un méchant coup qui détruit leur auréole héroique,
dont René Char.
D'autres moments sont très droles dont les personnages sont Eluard,
Picasso et Nusch. B
Et puis, le miracle, ce couple de parisiens qui s'entiche d'elle, la kidnappe presque pour la plonger dans un monde qui est aux antipodes de celui qu'elle a connu. La voici nourrie, choyée, gâtée, rien ne semble trop beau pour elle. La voici aimée, admirée parce qu'elle n'a pas la langue dans sa poche et qu'elle exprime, aux yeux de ces gens hypercultivés, la vérité primitive elle-même ; il faut dire qu'elle a aussi cette aptitude à vouloir donner d'elle l'image que ses parents adoptifs attendent d'elle.
Toute une galerie défile - Paul Eluard et Nush, Braque, Picasso ( qui lui donne des leçons de peinture et qui l'a percée à jour " Parmi les amis des Zervos, seul Picasso avait décelé le bouillonnement fielleux intérieur de la pupille de l' Assistance, haine et fureur vit volcaniques escamotées maintenant derrière des manières citadines, policées. Le qualificatif "Assassin" qu'il m'avait jeté au front m'empêchait de mentir ...parce qu'il svait qui j'étais."), Luis Fernandez, Modigliani, la fille de Chagall, René Char, tant d'autres. Elle montre certains sous un jour assez peu glorieux, mais sans porter sur eux un jugement définitif ; elle ne dénigre jamais, elle n'oublie jamais leur oeuvre et elle sait admirer - ce qui est la marque d'une véritable créatrice . Les relations avec les Zervos sont tumultueuses, amour-haine avec Yvonne, soumission aux désirs de Christian. Tout comme avec leurs amis ( oh! le portrait de René Char ... ses dévots vont frémir !!!). Il y a la guerre, les restrictions, le marché noir, les lâchetés, les compromissions, les amitiés intéressées, - elle, elle se veut résistante et elle l'est réellement - la défense de Vézelay est héroïco-comique, mais il y a des morts et cette scène qu'on croirait sortie d'un film de Jean Oury où le clan Zervos arrive à travers champ parce qu'ils n'ont plus de ses nouvelles, Yvonne transportant dans sa culotte l'or qu'elle a pu sauver...
Il y a l'après-guerre où les affaires reprennent, elles n'avaient jamais vraiment cessé, certaines sont très douteuses, d'autres sont carrément folles. Yvonne veut faire d'elle une actrice de cinéma et l'impose dans un film de Char dont elle est la productrice, ce n'est pas vraiment un succès, malgré ses efforts.
Et puis, c'est la fuite, un peu avant sa majorité, elle laisse derrière elle tout ce que les Zervos lui ont donné, tous les cadeaux de leurs amis peintres, elle part en Israël - c'est le choc, elle s'y découvre juive, elle se convertira et une nouvelle vie est alors pour elle possible - épouse, peintre, et mère.
Un très beau livre publié aux éditions Métaillé."
Médiapart
Je vous conseille la lecture de ce livre, riche d'une vie très exposée à la violence, à la solitude, mais d'un courage exemplaire.
Et puis ce témoignage sur les artistes qu'elle cotoya pendant la période
de guerre.
Certains en prennent un méchant coup qui détruit leur auréole héroique,
dont René Char.
D'autres moments sont très droles dont les personnages sont Eluard,
Picasso et Nusch. B
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: René Char
et si tu lui ouvrais un fil à cette Yvette, Bix ?
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Bédoulène- Messages : 21161
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: René Char
Je ne sais pas si ça vaut le coup, c'est tout ce qu'elle a écrit.Bédoulène a écrit:et si tu lui ouvrais un fil à cette Yvette, Bix ?
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: René Char
Il y a des subjectivités qui s'assument. Les écrivains qui écrivent ont été des humains et avec leurs défauts. Ils se sont inscrits au coeur d'une époque. Il y a des écrivains comme Francis Ponge, dont je découvre le sexisme sous-jacent de son oeuvre. Par rapport à René Char, je ne peux point en parler dans la mesure où je n'ai pas lu l'autobiographie en question. Tu serais bien gentil d'inclure quelques choses que tu as appris par rapport à cette autobio, bix.
Je n'ai pas tendance à voir un héros en René Char comme tel, sauf que ce qu'il a écrit est peu commun à mon sens. On parle à forte raison d'une tendance aphoristique dans son oeuvre et d'une portée oraculaire... je pense que c'est juste pour décrire le ton de son oeuvre, et elle sera difficilement reproduisible car le grain de ce qu'il a avancé a été effectué avec labeur et recherche. Quant à la postérité de la proposition poétique comme telle, je pense qu'il faut avant tout voir son oeuvre comme une amorce de l'intention poétique.
Je n'ai pas tendance à voir un héros en René Char comme tel, sauf que ce qu'il a écrit est peu commun à mon sens. On parle à forte raison d'une tendance aphoristique dans son oeuvre et d'une portée oraculaire... je pense que c'est juste pour décrire le ton de son oeuvre, et elle sera difficilement reproduisible car le grain de ce qu'il a avancé a été effectué avec labeur et recherche. Quant à la postérité de la proposition poétique comme telle, je pense qu'il faut avant tout voir son oeuvre comme une amorce de l'intention poétique.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: René Char
Pas vu ça ; peux-tu préciser ?JHB a écrit:Il y a des écrivains comme Francis Ponge, dont je découvre le sexisme sous-jacent de son oeuvre.
En ce qui concerne Char, comme les autres, c'est l'oeuvre en elle-même qui prime ; je ne sais pas s'il y a plus d'un témoignage à charge contre Char, et d'ailleurs quelle charge ?
Mais je dois reconnaître (toujours en général) que fréquenter l'oeuvre d'un sale type est gênant.
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Tristram- Messages : 15644
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
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