Sur-évalués ; Sous-évalués

Content de voir Jean de la Varende enfin sorti de l’oubli.
On pourrait ajouter Michel de Saint Pierre avec « Les aristocrates » ou encore Maurice Sachs avec « Le Sabbat » qui est truculent mais malheureusement plus lu.
De même, je ne vois personne parler de Léon Bloy ou des mémoires de Léon Daudet rééditées par bouquins et malheureusement passées presque inaperçues.

Diogène a écrit:De même, je ne vois personne parler de Léon Bloy ou des mémoires de Léon Daudet rééditées par bouquins et malheureusement passées presque inaperçues.

Léon Bloy, lu il y a à belle lurette, une plume XIXème à ne pas ignorer c'est certain, toutefois pas sûr que j'ai envie d'y revenir aujourd'hui.

Le meilleur de mes souvenirs va plutôt au pamphlétaire polémiste au vitriol assez marquant, voire même exceptionnel dans cet exercice casse-figure dans lequel on ne se fait pas beaucoup d'amis.

En revanche le romancier, je dirais qu'il est à son meilleur meilleur quand il s'essaye néo-maniériste ou post-dandy à la façon de son vénéré Barbey d'Aurevilly (c'est via Bloy que je suis arrivé à la lecture de Barbey d'Aurevilly, et via Bernanos que j'étais arrivé à Bloy).
Sinon, en matière de reçu littéraire, j'étais un peu las de ses effets chocs, sujets sordides et violents et du rentre-dedans à plume acérée:
Pour tout dire, parfois Léon Bloy m'a semblé s'égarer un peu dans les marécages qu'il avait lui-même pris plaisir à inonder.

Pas encore lu Léon Daudet, ni Alphonse d'ailleurs... Bientôt, bientôt...
J'ai tenté Exégèse des lieux communs, de Bloy, quelques saillies intéressantes mais ça ne m'a pas tellement emballé. Coli m'a fait grand cas du roman Le désespéré, une prochaine lecture donc !

Arturo a écrit:Pas encore lu Léon Daudet, ni Alphonse d'ailleurs... Bientôt, bientôt...
J'ai tenté Exégèse des lieux communs, de Bloy, quelques saillies intéressantes mais ça ne m'a pas tellement emballé. Coli m'a fait grand cas du roman Le désespéré, une prochaine lecture donc !

A lire aussi « Le petit chose »
De Bloy effectivement « Le désespéré », autrement bouquin a édité son journal et aussi « Essais et pamphlets ».

Rosamond Lehmann

Alba de Céspedes (Le cahier interdit )

Deux belles plumes...

Léon Daudet, il faut bien avouer que c'est un styliste comme on en voit peu (je n'ai lu que les Souvenirs littéraires extraits de ses Mémoires). J'ai apprécié Les Lettres de mon moulin, d'Alphonse, mais sans le même enthousiasme.

Ça m'a tenté, Alba de Céspedes, mais le livre que j'aurais eu l'occasion d'emprunter m'a semblé trop triste et même sordide.

Quasimodo a écrit:Léon Daudet, il faut bien avouer que c'est un styliste comme on en voit peu (je n'ai lu que les Souvenirs littéraires extraits de ses Mémoires). J'ai apprécié Les Lettres de mon moulin, d'Alphonse, mais sans le même enthousiasme.

Je te recommande chaudement « Le petit chose » moins connu que « Les lettres de mon moulin » et c’est dommage.

Ai-je le droit de dire que Julien Gracq est sous-évalué ?

Et puis Hermann Broch ou Robert Musil, même si Kundera en parle dans ces essais j'ai pas forcément l'impression qu'ils sont très lus. Après peut-être que je rêve et que c'est le contraire en fait. Aucune idée.

N'est-ce pas finalement un privilège de se dire qu'on lit un écrivain obscur et qu'il n'y a peut-être qu'une personne ou encore personne à part nous-même qui lisons cet écrivain au même instant ou on le lit ? Moi je trouve ce sentiment assez classe. Même si bien évidemment par après il se peut que l'on partage nos lectures avec d'autres lecteurs comme nous le faisons ici même.

J'ai l'impression au contraire que Gracq fait partie des dieux de l'Olympe...
Je l'ai peu lu.
Il m'en reste une sensation...minérale !
C'est du roc, cette écriture-là.
Je ne suis pas trop pressée d'y retourner !

@Tatie

Que voulez-vous dire par :

" J'ai l'impression au contraire que Gracq fait partie des dieux de l'Olympe... "

Qu'avec vous donc lu de Gracq pour que cela vous fasse un tel effet ?
Je trouve ça intéressant la façon dont vous décrivez ce que vous avez lu de lui, les termes que vous employez : sensation...minérale, roc.
Pourriez-vous développer votre raisonnement ça m'intéresse ?
Merci.

@Quasimodo

A propos du chapitre "Taman" d'un "Héros de notre temps" de Lermontov.

J'ai lu quelque part que Tolstoï le considérait comme " Le joyau de la prose Russe."
Je pense même avoir lu quelque part que Tchekhov considérait ce passage du livre comme un véritable exemple de la façon dont une nouvelle doit être écrire.

Pour ma part considère "Un héros de notre temps" comme un roman qui grouille de vie, d'intelligence et d'humour typiquement Russe à la façon d'un Gogol ou d'un Dostoïevski et malgré sa brièveté peut-on dire qu'il est peu lu ? Ça je ne peux pas l'affirmer mais force est de constater que malgré le peu de pages (lu en édition bilingue) il arrive a distiller tellement d'éléments et de faits, que c'est réellement bluffant.
Après chacun ces goûts mais moi je le relirai avec grand plaisir.

C'est vrai Quasimodo que ce n'est pas un roman réellement connu dans nos pays, en tout cas j'ai cette impression.
Comment en êtes vous arrivé à lire ce livre ? Je me demande si ce n'est pas dans une page d'un immense roman de Dostoïevski que j'ai entendu parler de Lermontov pour la première fois. Qui sait ... Les livres qui parlent des livres, j'ai toujours trouvé ça intéressant.

Diomếdes a écrit:Comment en êtes vous arrivé à lire ce livre ? Je me demande si ce n'est pas dans une page d'un immense roman de Dostoïevski que j'ai entendu parler de Lermontov pour la première fois. Qui sait ... Les livres qui parlent des livres, j'ai toujours trouvé ça intéressant.

Voilà, c'est très exactement ainsi que j'en suis venu à le lire, après en avoir découvert l'existence dans Les Frères Karamazov
Je ne savais pas que Tolstoï et Tchekhov aimaient à ce point Lermontov. Quel dommage qu'il ne connaisse pas la même fortune posthume !

Je n'imagine pas que ceux qui connaissent et apprécient la littérature russe ignorent Lermontov.
D'avantage Biély et Blok. Ou Zamiatine.

Cela ne veut pas forcément dire grand-chose, mais cela peut être un facteur (pour un regain de reconnaissance ou de popularité) : Blok, Zamiatine et Biély (pour ce dernier, je ne suis pas sûr) ont récemment été réédités. Bon pour Blok, c'est chez "Mesures", maison encore "petite", récente en tout cas, créée par André Markowicz.

Vous parlez d'écrivains qui sont parfois difficiles à lire pour beaucoup de gens : Musil, au moins dans L'Homme sans qualités, ou Hermann Broch que je connais mal.

Pour Gracq, en dépit de l'admiration qu'il suscite chez ses lecteurs, je suis tenté de dire qu'il est sous-évalué, vu l'envergure de son talent.