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Grazia DELEDDA

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Message par Cliniou Mar 19 Mar - 13:41

Grazia DELEDDA

1876/1936

Grazia DELEDDA 23080610


Née à Nuoro en Sardaigne, en 1876, auteur d’une oeuvre très abondante de couleur purement sarde, a reçu en 1927 le prix Nobel, en reconnaissance en quelque sorte de ce caractère d’universalité que Maurice Muret lui avait reconnu, dès 1903, dans une solide étude. Certes, l’art de Deledda est né sous le signe d’un vérisme folkloriste qui l’a conduite à faire, pour la Sardaigne, ce que Verga a fait pour la Sicile et d’Annunzio pour les Abruzzes, à savoir une peinture de milieux, forte et définitive.

Pourtant, dès ses débuts, la matière mise en œuvre par Deledda s’élevait de la simple ébauche d’un pittoresque tout extérieur à la Fucini, pour révéler son profond contenu d’épopée, travaillé par des passions primitives et élémentaires que domine un fatalisme écrasant, chargé de superstitions et d’influences ancestrales, – il faut que le péché soit suivi de l’expiation, – contre lequel il serait vain de se rebeller. « Nous sommes juste comme les roseaux au vent », fait-elle dire à l’un des protagonistes d’un de ses romans les plus parfaits et les plus beaux, intitulé précisément Roseaux au Vent. Cette phrase pourrait servir d’épigraphe à tout le « monde » de Deledda. Muret avait déjà senti cela aussi lorsqu’il écrivait : « C’est pourquoi les ouvrages de Mme Deledda exhalent un tel parfum de robuste poésie de la Bible, en effet, et de celle de l’Odyssée. Tantôt dans ses récits domine l’élément épique, tantôt – plus rarement – l’idyllique ; mais il y règne toujours comme une atmosphère d’antiquité, parfois je ne sais quel parfum de classicisme naïf. »

L’art de Deledda s’est perfectionné au fur et à mesure, évitant de tomber dans le danger de la répétition que la fidélité au milieu et au motif qui l’inspirait pouvait faire craindre ; il s’est approfondi et pour ainsi dire détaché de l’auteur. « Aujourd’hui, – dit Ravegnani, – Grazia Deledda se refuse l’émotion, et, en se la refusant, elle atteint mieux la plénitude de l’expression artistique. Le drame de son cœur est devenu celui des êtres qu’elle a créés ; ce qu’il y a d’humain en elle ne revendique plus un ciel connu géographiquement, limité par des coulisses fixes, au-dessus d’un décor qui, à certains moments où elle se laisse aller davantage, peut même avoir l’air d’être en papier mâché ; ce qu’il y a d’humain en elle s’élargit jusqu’à atteindre ce qui est commun à tous et universel : la portée de son art s’étend déjà au delà des particularités détaillées d’un milieu, et se greffe nettement sur l’action, c’est-à-dire sur la vie... Naturellement, par degrés et par développements, son style – et pas seulement son style – a suivi le processus de purification de la matière. Au début, ses romans abondaient en personnages, la trame était compliquée et exubérante ; les descriptions étaient trop explicitement ornementales et tracées pour le plaisir ; les personnages secondaires étaient trop souvent inopportuns ou même hors de propos. En 1920, avec La Mère, Deledda élagua l’arbre, l’émonda abondamment, chercha la sève du tronc vivant. Et, en même temps qu’elle procédait ainsi à cette recherche psychologique de vérité et d’action humaine, son style s’enrichissait de netteté et de lumière. »

BIBLIOGRAPHIE :
(romans, nouvelles et poésie)


Amour royal, 1892
Fleur de Sardaigne, 1892  
Âmes honnêtes, 1894
Contes sardes, 1894
Le Chemin du Mal, 1894
L’Hôte, 1898
Les Tentations, 1899
La Justice, 1899
Le Vieux de la Montagne, 1900
La Reine des Ténèbres, 1901
Après le Divorce, 1902
Elias Portolù, 1903
Cendre, 1904
Nostalgies, 1905
Les Jeux de la Vie, 1905
Notre Patron, 1910
Jusqu’à la Frontière, 1910
Dans le désert, 1911  
Clair-obscur, 1912
Colombes et Éperviers, 1912
La Robe du Veuf, 1913
Les Fautes des autres, 1914
Marianna Sirca, 1915
L’Enfant caché, 1916
Roseaux au Vent, 1917
L’incendie dans l’Olivette, 1918
Le Retour du Fils, 1919
La Mère, 1920
Le Secret de l’Homme solitaire, 1921
Mauvaises Compagnies, 1921  
Le Dieu des Vivants, 1922  
La Flûte dans le Bois, 1923
La Danse du Collier, 1924
La Fuite en Égypte, 1925  
Le Sceau de l’Amour, 1926
Annalena Bislini, 1927  
Le Vieux et les Enfants, 1928  
Le Trésor, 1928.

(source: Lionello FIUMI et Eugène BESTAUX,
Anthologie des narrateurs italiens contemporains,
Delagrave, 1933.)
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Message par Cliniou Mar 19 Mar - 13:44

Le Pays sous le Vent

Grazia DELEDDA Cvt_le13

Nous sommes à Nuoro, dans le centre de la Sardaigne. Nina est une jeune fille de 17 ans qui aime rêver en contemplant la nature et passe ses moments secrets cachée dans le grenier à lire des livres. Ses parents, de condition modeste, louent quelques chambres à des personnes de passage, un peu comme une pension de famille, afin de vivre un peu plus aisément.
Parmi les clients, un notaire, ami du père, loge régulièrement et fait l'éloge de son fils Gabriele qui fait des études de médecine. Les deux pères envisagent le mariage de leurs enfants. Un jour, Gabriele vient loger chez Nina. La jeune fille qui avait beaucoup entendu parler du jeune homme en tombe amoureuse secrètement. Leur rencontre ne durera que le temps d'une soirée et sera assez maladroite, emplie de non-dits. Nina aura beau l'attendre, Gabriele ne donnera plus jamais signe de vie.
Huit ans après, un nouveau pensionnaire est de passage chez Nina: Attilio, homme de la trentaine, riche et de bonne famille. Il va très vite demander la main de Nina et les voilà partis en voyages de Noces à la côte. C'est là que par hasard Nina va retrouver Gabriele, complètement miné par la maladie, à tel point qu'il ressemblera à un fantôme, l'Ombre.
Ces retrouvailles vont ébranler Nina, lui remémorer sa passion amoureuse qu'elle avait dû refouler et qui l'avait fait souffrir.

Comme on le voit, on est dans un roman “gentil” d'amour de jeune fille que l'on oubliera vite.
C'est un peu mièvre, un peu simple sur le développement psychologique. Un vocabulaire qui se repète beaucoup, ne donnant pas beaucoup de densité aux personnages. Seules les descriptions de la Sardaigne sauvent un peu la mise.
Le style de Grazia Deledda a malheureusement vieilli et pourtant il y a beaucoup d'authenticité dans ce qu'elle écrit, beaucoup de justesse sur la condition de la femme en Sardaigne à son époque (fin XIXe – début XXe S ).

Je vais quand même lire un de ces jours Elias Portolu ou La Mère.

P.S: Les éditions Cambourakis sont occupées a ressortir de l'oubli certains romans de Grazia Deledda.


mots-clés : #amour #insularite
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Message par bix_229 Mar 19 Mar - 14:45

D'accord avec toi, Cliniou, le style de G. Deledda a vieilli et il est un peu désuet
comme ce qu'elle raconte.
De la meme époque à peu près, je te suggère Maria Messina, féministe avant
l'heure et pour cela courageuse et surtout Silvio D'Arzo, auteur d'un chef d'oeuvre, Maison des autres.
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Message par Cliniou Mar 19 Mar - 20:13

Merci Bix mais ce qui m’intéressait chez Grazia Deledda, c’est d’abord une femme sarde (et à son époque, ça n’a pas dû être facile), et ensuite un prix Nobel de littérature femme.
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Message par bix_229 Mar 19 Mar - 21:02

Maria Messina vivait en Sicile et la situation des femmes était aussi désastreuse
qu'en Sardaigne.
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Message par Dreep Mer 4 Nov - 15:40

Elias Portolu

Grazia DELEDDA 41ext810

Ce qu'il y a de plus convainquant chez Grazia Deledda, c'est sa manière de saisir les couleurs, les sons, les odeurs, pour composer un tableau des mœurs d'une localité sardes (Nuoro). Par-delà les sentes et dans les foyers, crépitent les cris et les paroles bourrues d'une communauté où l'on divise les gens en deux catégories : les hommes et ceux qui ont du fromage de chèvre à la place du sang.

De la même manière, Elias Portolu n'envisage que deux choix (im)possibles : fuir la femme avec laquelle il nourrit des sentiments réciproques, la femme de son frère, ce qui revient pour lui à quitter le monde (ou entrer en religion) ; ou agir, c'est-à-dire bouleverser l'équilibre sur lequel sa famille repose. Cette sorte d'entité supérieure qu'est l'amour n'est pas plus remis en question que la famille et ses lois : dans ce contexte, ni la réflexion ni la liberté n'ont d'amplitude, mais Grazia Deledda mêle parfois superbement les états d'âme de cet imbécile au tableau qu'elle a créé. La beauté de la nature agit ici comme une graisse autour du cœur, fruit aussi amer que L'Été d'Edith Wharton.
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Message par Bédoulène Mer 4 Nov - 16:38

merci Dreep, je ne connais pas cette auteure mais j'apprécie Wharton

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Nadine Mer 4 Nov - 17:38

Cliniou sera encouragée, c'est bien, à continuer la découverte.. Ton commentaire, Dreep, a un style qui m'impressionne Ses deux dernières phrases sont denses et superbes. Merci.
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