Karl Gjellerup
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Karl Gjellerup
Karl Gjellerup
1857 - 1919
1857 - 1919
Karl Gjellerup (2 juin 1857 à Præstø - 13 octobre 1919 à Dresde ) est un poète, dramaturge et romancier danois qui reçut avec son compatriote Henrik Pontoppidan le prix Nobel de littérature en 1917.
Karl Gjellerup est le fils d'un pasteur luthérien qui meurt lorsqu'il a trois ans. Il est élevé par un pasteur de sa famille qui était poète et connaissait plusieurs languesnote 2. Il passe son baccalauréat et s'inscrit à des études de théologie en 1874. Mais en cours de route, il perd peu à peu la foi, en raison de ses lectures d'œuvres contemporaines. Il se rapproche alors de Georg Brandes et devient l'un de ses partisans avant de s'en éloigner quelque temps après.
Pour la publication de ses premières œuvres, il utilise le pseudonyme Epigonos. Son œuvre est imprégnée d'un idéalisme et aussi de romantisme. Il s'est largement inspiré des auteurs allemands tels Schiller et Heine. Grand admirateur de Richard Wagner, il trouve aussi dans l'œuvre du compositeur allemand les thèmes de plusieurs de ses récits et pièces.
Il se marie en 1887, et dédie son premier roman Minna à sa femme. Son second roman, Le Moulin, paraît en 1896. Ces deux œuvres romanesques sont les plus publiées et traduites de l'auteur. Il a également traduit une partie de ses œuvres en allemand. Ses dernières titres sont plus imprégnés d'un mysticisme, qui le rapproche de Schopenhauer.
Il s'installe à Dresde en 1892 où il meurt en 1919.
Bibliographie traduite en français
1889 : Minna (Collection des prix Nobel de littérature, 1960)
1896 : Møllen (Le Moulin)
1897 : Ved graensen (À la frontière)
1906 : Pilgrimmen Kamanita (Le Pèlerin Kamanita)
1910 : Verdens-Vandrerne (Le Voyageur du monde)
1913 : Rudolf Stens landpraxis (Rudolf Stens, médecin de campagne)
1917 : Den Gyldne gren (Le Rameau d'or)
Nouvelles
1878 : En Idealist (sous pseudonyme Epigonos)
1879 : Det unge Danmark (Le jeune Danemark)
1883 : Romulus
1883 : G-Dur
Récits
1880 : Antigonos
1882 : Germanernes Laerling (Le Disciple des Germains)
1884 : En klassisk maaned (Un mois classique)
1885 : Vandreaaret (Un an de vagabondage)
1887 : En Arkadisk legende (Une légende d'Arcadie)
1893 : Ti koner og andere fortaellingen (Dix couronnes et autres histoires)
1894 : Pastor Mors
1910 : Villaen ved havet (La Villa au bord de la mer)
Recueils de poésie
1881 : Rødtjørn
1882 : Aander og tider (Esprits et temps)
1887 : Helikon
1887 : Kampen med Musarne (La lutte avec les Muses)
1889 : Min kaerligheds bog (Mon livre d'amour)
1898 : Fabler (Fables)
1910 : Fra vaar til høst (Du printemps à l'automne)
Essais
1890 : Richard Wagner i Hans Hovedvaerk « Niebelungenring »
1897 : Konvolutten (L'Enveloppe)
1916 : Guds venner (Amis de Dieu)
Theâtre sur wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Adolph_Gjellerup
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Karl Gjellerup
MINNA
Une histoire d’amour très romantique avec l’honneur et le drame inhérents.
Un jeune Danois qui fait des études à Dresde rencontre une très belle jeune fille alors qu’il passe son mois de vacance à Rathen dans la Saxe Suisse.
Ils tombent amoureux et envisagent de se marier, mais Minna lui confie qu’elle eu un amour platonique avec un des locataires de la maison de famille, un Danois comme lui, un peintre nommé Stephensen avec lequel elle entretien une relation épistolière. Elle écrit d’ailleurs à ce dernier pour lui faire part de son futur mariage.
Or Stephensen en est mécontent, il revient à Dresde, estime qu’il a un droit prioritaire sur Minna. Harald après un entretien avec lui consent à ce que Minna choisisse librement celui avec qui elle va s’unir ; librement car Stephensen affirme que lui étant absent la jeune fille n’a pas eu de choix.
Après un séjour de quelques jours chez un membre de sa famille Minna envoie une lettre à Harald lui disant que son choix s’est porté sur Stephensen, qu’elle a aimé avant lui.
Harald part en Angleterre travailler aux côtés de son oncle.
Quatre ans plus tard, Harald se rend à Copenhague où il s’informe sur le couple de Minna et du peintre Stephensen, il l’aperçoit dans un bar et voit sur son visage combien elle méprise son mari.
Alors qu’il voyage dans plusieurs pays européens pour le travail, il décide de passer par Dresde et poussant plus loin à Rathen pour retrouver les bons moments qu’il y a passés. Coïncidence Minna et Stephensen s’y trouvent aussi. A Dresde où Harald pense retrouver le couple, Stephensen débarque seul du train et apprend à Harald que Minna est à Sonnenstein où elle doit se soigner. Ce château est connu pour héberger des personnes souffrant de troubles mentaux. Harald accuse Stephensen d’être coupable de son état.
Harald part immédiatement là-bas, s’informe de l’état de Minna auprès du médecin, celui-ci dit qu’elle est malade cérébralement mais n’était pas en danger de devenir folle ; par contre sa maladie de cœur était inquiétante. Il est souhaitable que la jeune femme soit éloignée de la vie de couple qui était la sienne. Il restera donc à Dresde pour pouvoir la soutenir dans sa maladie mais quelques jours plus tard le médecin de Sonnenstein lui apprend que Minna a succombé à une crise cardiaque.
C’est une écriture des plus poétiques, les descriptions sont vraiment belles, précises, détaillées, notamment celles de la ville de Dresde.
De la culture aussi avec les évocations de Goethe, Schiller, l'opéra, des philosophes de la littérature, la peinture...
Quant à l’histoire d’amour, son romantisme monte en tension au fil du temps jusqu’ au dénouement.
La couverture du livre est illustrée par Picasso et les autres illustrations qui figurent dans le livre sont de May Néama.
\Mots-clés : #amour #xixesiecle
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Bédoulène- Messages : 21622
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Localisation : En Provence
Re: Karl Gjellerup
Il n'y aurait pas un petit extrait pour y goûter ?Bédoulène a écrit:C’est une écriture des plus poétiques, les descriptions sont vraiment belles, précises, détaillées, notamment celles de la ville de Dresde.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15922
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Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Karl Gjellerup
"Je ne me dirigeai pas vers l'allée de bouleaux, mais à travers le petit bois apparemment formé de noisetiers et d'aubépines. L'herbe, pleine de marguerites et de boutons d'or, tapisssaait les intervalles entre les buissons éparpillés, jusqu'à un sentier caillouteux. De l'autre côté de ce sentiers, la pente herbeuse descendait, assez rapidement, vers une petite vallée tapissée d'une jeune forêt de conifères et de bouleaux, tandis qu'à droite, le sentier de cailloux se transformait bientôt en une modeste piste qui se perdait à travers les sapins."
"D'autres fois, nous visitions notre divine hôtesse de Rathen, La Mère-Elbe, dans la résidence où elle est logée, au milieu de la ville, dans une splendide demeure divisée en deux longues galles par les arches de trois ponts. Nous nous grisions sur la fameuse terrasse du Café Brühl, à l'heure du couchant, de la féérie des couleurs qui brillaient et vibraient dans les trourbillons du fleuve, jusqu'à l'endroit où il s'infléchit en une courbe éclatante, en face des collines bleues couvertes de vignes. Ou bien nous marchions sur le quai agrémenté d'une longue rangée de petits peupliers frisés paraissant empruntés à la boite de jouets d'un enfant de Brobdingnag."
"Au-dessus de nos têtes, le ciel transparaissait d'un bleu lilas ; plus loin, ce bleu tournait au vert pâle et, à l'horizon, des bandes dorées apparaissaient vers l'ouest. Entre les nuages bas, de teinte plombée ou rougeâtre, on pouvait apercevoir de plus élevés détachant leur crête embrasée ou cernée de rose. Du côté de Lilienstein la courbe irisée d'un arc-en-ciel s'accusa rapidement. Tout au bout du long plateau un petit nuage isolé restait suspendu au ras des sapins, telle une fumée de tabac soufflée sur les boucles d'un enfant. Seul un morne rayon de soleil éclairait les collines au-dessus des longues carrières et tous les rochers escarpés d'alentour étaient baignés d'une brume bleuâtre. La courbe de la rivière s'y insérait, d'abord d'une teinte brune opaque, mais plus loin retrouvant sa transparence et son éclat. De temps à autre, de faibles éclairs luisaient du côté de la plaine et des roulements prolongés de tonnerre réveillaient les échos dans les montagnes.
- Regardez, s'exclama Minna, quelle coloration ! C'est un vrai Poussin."
Des vers de Heine accompagnent souvent les sentiments des personnages, des phrases sorties des livres de Schiller.
"D'autres fois, nous visitions notre divine hôtesse de Rathen, La Mère-Elbe, dans la résidence où elle est logée, au milieu de la ville, dans une splendide demeure divisée en deux longues galles par les arches de trois ponts. Nous nous grisions sur la fameuse terrasse du Café Brühl, à l'heure du couchant, de la féérie des couleurs qui brillaient et vibraient dans les trourbillons du fleuve, jusqu'à l'endroit où il s'infléchit en une courbe éclatante, en face des collines bleues couvertes de vignes. Ou bien nous marchions sur le quai agrémenté d'une longue rangée de petits peupliers frisés paraissant empruntés à la boite de jouets d'un enfant de Brobdingnag."
- Spoiler:
- Brobdingnag est un royaume où vit un peuple de géants, les Brobdingnags, dont parle Jonathan Swift dans son roman Les Voyages de Gulliver
"Au-dessus de nos têtes, le ciel transparaissait d'un bleu lilas ; plus loin, ce bleu tournait au vert pâle et, à l'horizon, des bandes dorées apparaissaient vers l'ouest. Entre les nuages bas, de teinte plombée ou rougeâtre, on pouvait apercevoir de plus élevés détachant leur crête embrasée ou cernée de rose. Du côté de Lilienstein la courbe irisée d'un arc-en-ciel s'accusa rapidement. Tout au bout du long plateau un petit nuage isolé restait suspendu au ras des sapins, telle une fumée de tabac soufflée sur les boucles d'un enfant. Seul un morne rayon de soleil éclairait les collines au-dessus des longues carrières et tous les rochers escarpés d'alentour étaient baignés d'une brume bleuâtre. La courbe de la rivière s'y insérait, d'abord d'une teinte brune opaque, mais plus loin retrouvant sa transparence et son éclat. De temps à autre, de faibles éclairs luisaient du côté de la plaine et des roulements prolongés de tonnerre réveillaient les échos dans les montagnes.
- Regardez, s'exclama Minna, quelle coloration ! C'est un vrai Poussin."
Des vers de Heine accompagnent souvent les sentiments des personnages, des phrases sorties des livres de Schiller.
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Bédoulène- Messages : 21622
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Re: Karl Gjellerup
Merci !
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Tristram- Messages : 15922
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