Sadegh Tchoubak
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Sadegh Tchoubak
Sadegh Tchoubak

(1916 - 1998)

(1916 - 1998)
Tchoubak passe ses premières années à Bouchehr, où son père est un marchand aisé du bazar, puis il étudie à Chiraz et à Téhéran. Il est employé au ministère de l'Éducation comme enseignant et nommé à Khorramshahr, puis il travaille dans une compagnie pétrolière.
Il devient une des figures marquantes de la vie littéraire iranienne des années 1950 et 1960, grâce à la publications de deux romans et de quatre recueils de nouvelles. Ami intime de Sadegh Hedayat, il cesse d’écrire après son exil à Londres, puis aux États-Unis, en 1975.
Bibliographie :
- Nuit d'insomnie (recueil de nouvelles)
Non traduit
- Le Théâtre de marionnettes (recueil de nouvelles)
- Tangsir (Roman)
- Pierre de patience (Roman)
- La dernière offrande
- Le premier jour dans la tombe
Dreep- Messages : 1513
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Sadegh Tchoubak
Nuit d'insomnie

De loin la plus longue, la nouvelle ayant pour titre Le singe dont le maître était mort est aussi la plus belle du recueil : où un singe est confronté au difficile apprentissage de sa liberté… Il est toujours délicat d’imaginer en mots ce que peut ressentir un animal, mais Tchoubak s’en sort assez subtilement : toutes les fois où il y a expression d’une pensée élaborée, rien n’indique qu’elle soit du singe ; on parle en revanche de sa fatigue, ou de sa colère. De toute façon l’art de Tchoubak n’est pas dans les grandes phrases, ce sont de petits détails, quelquefois matériels, qui sont comme le clou vicieux autour duquel l’écrivain fixe le sens de toute la nouvelle. Sur vingt-cinq pages comme en trois, Tchoubak exploite les nuances et les échos pour atteindre son lecteur… tout a l’air si simple, mais mené d’une main de maître.
Mots-clés : #nouvelle

De loin la plus longue, la nouvelle ayant pour titre Le singe dont le maître était mort est aussi la plus belle du recueil : où un singe est confronté au difficile apprentissage de sa liberté… Il est toujours délicat d’imaginer en mots ce que peut ressentir un animal, mais Tchoubak s’en sort assez subtilement : toutes les fois où il y a expression d’une pensée élaborée, rien n’indique qu’elle soit du singe ; on parle en revanche de sa fatigue, ou de sa colère. De toute façon l’art de Tchoubak n’est pas dans les grandes phrases, ce sont de petits détails, quelquefois matériels, qui sont comme le clou vicieux autour duquel l’écrivain fixe le sens de toute la nouvelle. Sur vingt-cinq pages comme en trois, Tchoubak exploite les nuances et les échos pour atteindre son lecteur… tout a l’air si simple, mais mené d’une main de maître.
Mots-clés : #nouvelle
Dreep- Messages : 1513
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Sadegh Tchoubak
Découverte de la littérature iranienne pour moi, je te rejoins Dreep sur Nuit d'insomnie. Outre la nouvelle dédiée au singe (lire sur un singe qui se masturbe, une première pour moi) qui est, comme tu l'as dit, assez finement écrite, j'ai aussi beaucoup apprécié Feu de Bengale et L'Œil de verre.
Je retiens l'expression iranienne "Mes yeux sont sous tes pieds", marque de dévouement et d'humilité.
Je retiens l'expression iranienne "Mes yeux sont sous tes pieds", marque de dévouement et d'humilité.

Invité- Invité
Re: Sadegh Tchoubak
Et la mer s'était déchaînée

En marge d’un considérable travail de traduction en persan, Sadegh Tchoubak a écrit de nombreuses nouvelles qui, dans l’Iran des années 1940, lui ont valu quelques ennuis avec la censure, mais aussi d’être reconnu parmi les quelques écrivains emblématiques (dont Sadegh Hedayat ou Forough Farrokhzad) à l’affût de nouvelles formes pour la littérature persane. La prose de Tchoubak se caractérise par une assez singulière brièveté, ou d’une économie de moyens dans un seul et unique cadre narratif. Dans une situation d’expectative voire de prostration, les personnages font allusion à leur histoire ou à leur misère, racontent la poussière, des teintes ocres ou des éclats de haine, en égrenant les noms des « Douze imâms »* comme par révolte. Comme son ami Hedayat, Tchoubak évoque les conditions sociales de ses personnages dans ancrage naturaliste, mais avec cette même méthode allusive. De même et de sorte que tout s’exprime avec une extrême sobriété. Sauf… sauf la parole de l’auteur qui de façon impromptue, vient noyer l’histoire dans son lyrisme ou dans sa moquerie.
*: Citant une note du livre :

En marge d’un considérable travail de traduction en persan, Sadegh Tchoubak a écrit de nombreuses nouvelles qui, dans l’Iran des années 1940, lui ont valu quelques ennuis avec la censure, mais aussi d’être reconnu parmi les quelques écrivains emblématiques (dont Sadegh Hedayat ou Forough Farrokhzad) à l’affût de nouvelles formes pour la littérature persane. La prose de Tchoubak se caractérise par une assez singulière brièveté, ou d’une économie de moyens dans un seul et unique cadre narratif. Dans une situation d’expectative voire de prostration, les personnages font allusion à leur histoire ou à leur misère, racontent la poussière, des teintes ocres ou des éclats de haine, en égrenant les noms des « Douze imâms »* comme par révolte. Comme son ami Hedayat, Tchoubak évoque les conditions sociales de ses personnages dans ancrage naturaliste, mais avec cette même méthode allusive. De même et de sorte que tout s’exprime avec une extrême sobriété. Sauf… sauf la parole de l’auteur qui de façon impromptue, vient noyer l’histoire dans son lyrisme ou dans sa moquerie.
Sadegh Tchoubak a écrit:Les élèves étaient assis bien droit, en rang les uns derrière les autres, face au maître, et le regardaient, inquiets, avec leur mine apeurée d’enfants battus. Leurs visages n’étaient pas bien dessinés. Ils auraient eu besoin que le créateur les affine de sa main pour les rendre semblables à leurs pères. Si un artiste talentueux les avait sculptés, c’est sûr, il n’aurait autorisé à personne à les sortir de son atelier pour les exposer ainsi à la vue de tout le monde. Sans quoi, traité d’incompétent, sa réputation aurait été ruinée. Il aurait fallu aussi changer les nez de place ou tracer des lignes de visages. Les regards étaient sans expression. Ils ressemblaient plus à des chiots qu’à des petits d’homme. Il leur manquait encore quelque chose.
*: Citant une note du livre :
Les douze imâms sont des personnages historiques, descendants du prophète Mohammad, considérés par les chiites comme ses seuls héritiers spirituels et politiques. Ils occupent une place centrale dans les croyances religieuses et populaires.
Dernière édition par Dreep le Mar 5 Juil - 16:14, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1513
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Sadegh Tchoubak
Ne manque-t-il pas un mot dans ton dernier extrait Dreep
"Ils occupent une place centrale dans les ? religieuses et populaires."
"Ils occupent une place centrale dans les ? religieuses et populaires."
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Bédoulène- Messages : 20194
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: Sadegh Tchoubak
* croyances.
C'est corrigé. Merci Bédoulène !
C'est corrigé. Merci Bédoulène !
Dreep- Messages : 1513
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Sadegh Tchoubak
J'adore le premier extrait ! Tu sais attiser la curiosité, Dreep !

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Armor- Messages : 4589
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