Malcolm Lowry
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Re: Malcolm Lowry
pas lu celui-ci, mais à mon souvenir, on manque s'y perdre mais on trouve toujours la porte d'entrée/ sortie dans cette écriture labyrinthique
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21164
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Malcolm Lowry
Merci à vous !
Je vais me répéter : lisez Ecoute notre voix o seigneur, son meilleur recueil de nouvelles et un
peu le pole positif de Au dessous du volcan.
S'il avait vécu davantage, il aurait relié tous les fragments de romans inachevés et ces nouvelles
et fragments de nouvelles au grand oeuvre.
Je vais lire Le Feu du ciel vous suit à la trace, monsieur, deux nouvelles qui sont justement
deux ilots à la dérive, mais indissociables du Voyage qui ne finit pas.
Et puis :
Lisez sa correspondance, elle fait partie de son oeuvre et le fait bien mieux connaitre.
Je vais me répéter : lisez Ecoute notre voix o seigneur, son meilleur recueil de nouvelles et un
peu le pole positif de Au dessous du volcan.
S'il avait vécu davantage, il aurait relié tous les fragments de romans inachevés et ces nouvelles
et fragments de nouvelles au grand oeuvre.
Je vais lire Le Feu du ciel vous suit à la trace, monsieur, deux nouvelles qui sont justement
deux ilots à la dérive, mais indissociables du Voyage qui ne finit pas.
Et puis :
Lisez sa correspondance, elle fait partie de son oeuvre et le fait bien mieux connaitre.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Malcolm Lowry
Oui, un univers implexe, composé de regret du paradis perdu et d'enfer sur terre, de culpabilité et de pulsions autodestructrices en face de l'amour oscillant toujours entre désir de constance et instabilité.
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Malcolm Lowry
Bix, je l'ai lu ce livre !
_________________
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Bédoulène- Messages : 21164
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Malcolm Lowry
Oui, j'ai vu que tu l'avais lu et...oublié. C'est aussi mon cas. D'où ma volonté de le relire. C'est aussi le cas d'autres livres.Bédoulène a écrit:Bix, je l'ai lu ce livre !
Qu'on me laisse le temps...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Malcolm Lowry
Un extrait d'une émission de Michel Polac de janvier 1971 au sujet de Lowry.
Et enfin Malcolm Lowry. Polac raconte que vient de sortir Sombre comme la tombe où repose mon ami (voir la critique de Camille Bourniquel dans le précédent numéro d'Esprit, ça c'est moi qui vous le dis c'est pas Polac bien sûr) mais qu'on est là surtout pour parler de l'ensemble de l'oeuvre de Lowry, parce qu'il est mal connu, surtout en France, et que pour apprécier ce livre il faut avoir lu les précédents, surtout Au dessous du volcan, le plus célèbre.
Et aussi Ultramarine, son premier roman, et Lunar Caustic, histoire d'une désintoxication (ratée d'ailleurs, comme le fait remarquer le barbu de Pont Aven) ratée puisque en sortant de la clinique on lui rend toutes ses affaires dont la bouteille de whisky dans sa poche. C'est le cycle de la bouteille, qui englobe déjà tous les grands thèmes chers à Lowry avec la mer et l'amour.
Il faut lire aussi les Lettres et le recueil de nouvelles Écoute notre voix, ô Seigneur, pour lesquelles Polac a beaucoup de tendresse (pas moi, je les trouve trop sobres, me méfie). "Bref le but de cette émission, dit Polac c'est d'essayer que vous vous précipitiez demain chez votre libraire", moi j'ajoute " et chez votre marchand de vin ", le barbu de Pont Aven dit " bravo bravo", Astruc précise "chez votre marchand de téquila", mais je trouve que " même le vin rouge fait très bien l'affaire quand on lit Lowry."
Alors un type, Jean Massin je crois, raconte une entrevue avec Lowry chez Clarisse Francillon, qui a traduit toute l'oeuvre de Lowry, qui est présente aussi ce soir mais qui malheureusement a trop peu parlé.
- Ce qui m'a frappé chez Lowry, ce fut d'abord sa petite taille, des bras assez courts, des mains potelées, un visage cramoisi, un oeil vif, et en me parlant, sans cesse sa main descendait vers une table basse, vers une carafe dans laquelle il y avait du vin coupé d'eau (qu'est-ce que je disais, l'eau c'est une des ruses innombrables de Lowry pour réussir à boire sans culpabiliser. Bien sûr. ).
- Je lui ai posé une question un peu bête :
- Pourquoi écrivez-vous ?
Alors il m'a répondu après réflexion avec un petit sourire :
- J'écris par désespoir.
Puis il a réfléchi assez longtemps et a dit:
- J'écris pour les désespérés en général
Alors il a ajouté :
- Je suis toujours désespéré, alors j'essaie d'écrire toujours. J'écris toujours sauf quand je suis trop désespéré.
Puis après, il a effacé tout ça avec un peu de silence, parce qu'il avait déjà pas mal bu, moi j'étais intimidé, alors je ne posais presque plus de questions. Mais j'ai quand même demandé :
- Est-ce que l'acte d'écrire vous soulage ?
Il a ri franchement :
- Oh ! pas le moins du monde.
Il a ajouté après:
- J'écris parce que je suis un humoriste.
Voilà peut-être la clé de Lowry, et on n'y pense jamais, on ne veut voir en lui que le désespéré. Mais il a dit lui-même quelque part que "l'humour est une sorte de pont entre le naturel et le transcendant ".
JOURNAL A PLUSIEURS VOIX
POST-SCRIPTUM MALCOLM LOWRY
par Gaëlle le Doze
Outre ce qui est dit au cours de l'émission, apparait le caractère bordélique mais tellement sympa des émissions de Polac !
Enfin c'était le reflet d'une époque, d'un moment de cette époque, qu'on l'aime ou qu'on la déteste. B
Et enfin Malcolm Lowry. Polac raconte que vient de sortir Sombre comme la tombe où repose mon ami (voir la critique de Camille Bourniquel dans le précédent numéro d'Esprit, ça c'est moi qui vous le dis c'est pas Polac bien sûr) mais qu'on est là surtout pour parler de l'ensemble de l'oeuvre de Lowry, parce qu'il est mal connu, surtout en France, et que pour apprécier ce livre il faut avoir lu les précédents, surtout Au dessous du volcan, le plus célèbre.
Et aussi Ultramarine, son premier roman, et Lunar Caustic, histoire d'une désintoxication (ratée d'ailleurs, comme le fait remarquer le barbu de Pont Aven) ratée puisque en sortant de la clinique on lui rend toutes ses affaires dont la bouteille de whisky dans sa poche. C'est le cycle de la bouteille, qui englobe déjà tous les grands thèmes chers à Lowry avec la mer et l'amour.
Il faut lire aussi les Lettres et le recueil de nouvelles Écoute notre voix, ô Seigneur, pour lesquelles Polac a beaucoup de tendresse (pas moi, je les trouve trop sobres, me méfie). "Bref le but de cette émission, dit Polac c'est d'essayer que vous vous précipitiez demain chez votre libraire", moi j'ajoute " et chez votre marchand de vin ", le barbu de Pont Aven dit " bravo bravo", Astruc précise "chez votre marchand de téquila", mais je trouve que " même le vin rouge fait très bien l'affaire quand on lit Lowry."
Alors un type, Jean Massin je crois, raconte une entrevue avec Lowry chez Clarisse Francillon, qui a traduit toute l'oeuvre de Lowry, qui est présente aussi ce soir mais qui malheureusement a trop peu parlé.
- Ce qui m'a frappé chez Lowry, ce fut d'abord sa petite taille, des bras assez courts, des mains potelées, un visage cramoisi, un oeil vif, et en me parlant, sans cesse sa main descendait vers une table basse, vers une carafe dans laquelle il y avait du vin coupé d'eau (qu'est-ce que je disais, l'eau c'est une des ruses innombrables de Lowry pour réussir à boire sans culpabiliser. Bien sûr. ).
- Je lui ai posé une question un peu bête :
- Pourquoi écrivez-vous ?
Alors il m'a répondu après réflexion avec un petit sourire :
- J'écris par désespoir.
Puis il a réfléchi assez longtemps et a dit:
- J'écris pour les désespérés en général
Alors il a ajouté :
- Je suis toujours désespéré, alors j'essaie d'écrire toujours. J'écris toujours sauf quand je suis trop désespéré.
Puis après, il a effacé tout ça avec un peu de silence, parce qu'il avait déjà pas mal bu, moi j'étais intimidé, alors je ne posais presque plus de questions. Mais j'ai quand même demandé :
- Est-ce que l'acte d'écrire vous soulage ?
Il a ri franchement :
- Oh ! pas le moins du monde.
Il a ajouté après:
- J'écris parce que je suis un humoriste.
Voilà peut-être la clé de Lowry, et on n'y pense jamais, on ne veut voir en lui que le désespéré. Mais il a dit lui-même quelque part que "l'humour est une sorte de pont entre le naturel et le transcendant ".
JOURNAL A PLUSIEURS VOIX
POST-SCRIPTUM MALCOLM LOWRY
par Gaëlle le Doze
Outre ce qui est dit au cours de l'émission, apparait le caractère bordélique mais tellement sympa des émissions de Polac !
Enfin c'était le reflet d'une époque, d'un moment de cette époque, qu'on l'aime ou qu'on la déteste. B
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Malcolm Lowry
merci Bix !
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Bédoulène- Messages : 21164
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Malcolm Lowry
Chambre d’hôtel à Chartres
Quatre nouvelles écrites avant et après Au-dessous du volcan dont le Garde Fantôme commenté par Tristram (ou bien est-ce l'ensemble des 4 nouvelles, je n'ai pas vérifié)
La première qui donne son titre au roman raconte la discute et la réconciliation d’un couple
La deuxième évoque la rencontre entre deux Anglais dans le train Paris-Boulogne puis jusqu’à Londres en 1934. Ils discutent de tout et de rien mais aussi de la guerre de 14 et de celle qui semble se préparer.
La troisième très courte pose un regard « tendre » sur un Allemand alcolo qui finit par en mourir. Certainement, pour moi, le plus beau texte des quatre, le plus poignant.
Michel Waldberg, traducteur des nouvelles aux éditions de La différence, 2002.« Le « Récit de Krisbjorg : dans les Collines noires » est un texte d’un tout autre veine. On en a souligné l’aspect cinématographique : on dirait un western, mais sans autre action que le suicide d’un homme par l’alcool, dans un salon de misère. Mais, si l’on fait abstraction de son caractère anecdotique, et d’une « couleur locale » un peu trop convenue, l’on se trouve devant une perle : un texte majeur sur l’ivresse …aussi bouleversant, pathétique que « La Décennie perdue » de Fitzgerald. D’où il ressort que tout véritable alcoolique est inguérissable et, définitivement anonyme. »
La quatrième : Le Garde-Fantôme un texte non achevé et étrange entre rêve et réalité, dans la tête de l’écrivain/narrateur ou du narrateur/écrivain, on ne sait plus trop.
Une approche du "réel" que j'ai beaucoup apprécié.« Il y a peu d’écritures qui se conjuguent exemplairement la plus extrême lucidité et la plus extrême incertitude. L’incertitude qui vient des rêves. Certes. Mais, tout aussi bien, l’incertitude qui vient des êtres et des choses, l’irréalité du réel » Waldberg.
Pinky- Messages : 477
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Malcolm Lowry
C'est bien le même livre que Le Garde-Fantôme lu par Tristram
Pinky- Messages : 477
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Malcolm Lowry
Oui, et merci pour la ramentevance !
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Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Malcolm Lowry
Tiens, Pinky, je ne connaissais pas ce recueil très intriguant, merci !
Ce cher Malcolm...
Il faut aussi que je lise Sombre comme la tombe où repose mon ami.
Ce cher Malcolm...
Il faut aussi que je lise Sombre comme la tombe où repose mon ami.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Malcolm Lowry
Sombre comme la tombe où repose mon ami est effectivement à lire aussi.
On y croise un Sigbjörn qui ramentoit le Kristbjorg de ce recueil.
On y croise un Sigbjörn qui ramentoit le Kristbjorg de ce recueil.
« La mort et son délire, la mort et sa folie, son apparence définitive. Si stupide portant d’en avoir peur, de supposer que tout se terminait là, si même c’était cela, la mort. Qu’entendait-on par là ? Sans parti pris aucun, assis sur sa chaise, il se demanda si au fond il n’était pas mort peu de temps auparavant. Il n’aurait pu préciser la date, ni s’il en était réellement ainsi, mais cela lui paraissait quand même évident. Il résidait dans la tour de sa propre création, environné des spectres du passé, de sa vie – de son rêve – et prêt à partir à la rencontre d’un de ses personnages. Par mort, on devait entendre quelque phénomène de cet ordre. La mort enclose dans la vie, car on pouvait mourir et poursuivre son existence sur terre, du moins à en croire Dante. Telle la mort, telle la vie, songea-t-il, assis sans mouvement au chevet du lit. »
Malcolm Lowry, « Sombre comme la tombe où repose mon ami », 8
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Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Malcolm Lowry
oui ne pas oublier Malcolm
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21164
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Malcolm Lowry
"D’où il ressort que tout véritable alcoolique est inguérissable et, définitivement anonyme."
C'est une phrase terrible !
C'est une phrase terrible !
ArenSor- Messages : 3377
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Malcolm Lowry
Phrase sans doute terrible mais qui n'est pas de Lowry mais de son traducteur et donc c'est à lui d'endosser ce genre d'affirmation...pas certain que Lowry l'aurait prononcé, ce qui m'a frappé dans ce texte c'est sa brièveté et l'humanité des "autres" qui se sentent impuissants et qui prendront soin de lui dans la mort.
Pinky- Messages : 477
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Malcolm Lowry
Lunar Caustic et Le Caustique lunaire
Récit composé suite à une cure de désintoxication de Lowry à l'Hôpital Bellevue de New York, il eut plusieurs versions : 1934, 1936, 1939, 1942, 1956, 1963 ; on aimerait pouvoir consulter tous les différents états ou variations sur le même thème…
Lunar Caustic
Déambulant ivre, Bill Plantagenet se rend à l’l'hôpital municipal qui surplombe l'East River. Il se prend pour un bateau, et subit d’abord le cauchemar des hallucinations, des visions, « les trépidantes, périodiques métamorphoses que son esprit faisait subir à presque tous les objets ».
Bourrelé de remords et d’angoisse, il demeure dans le monde de déchéance et de résignation des « lunatiques ». M. Battle, un Noir hyperactif, danse et s’agite sans cesse, fait le sémaphore ("porte-signal") en loufoque détresse. Bill devient ami du vieux M. Kalowsky, un octogénaire qui souhaite quitter cet univers carcéral pour un sanatorium ou sinon retourner en Russie, et de Garry, un gamin qui ne veut que « raconter des histoires », fasciné par une péniche échouée, « effondrée », qui symbolise le désastre et la ruine ambiants.
Il discute avec le médecin exténué.
Le Caustique lunaire
Récit composé suite à une cure de désintoxication de Lowry à l'Hôpital Bellevue de New York, il eut plusieurs versions : 1934, 1936, 1939, 1942, 1956, 1963 ; on aimerait pouvoir consulter tous les différents états ou variations sur le même thème…
Lunar Caustic
Déambulant ivre, Bill Plantagenet se rend à l’l'hôpital municipal qui surplombe l'East River. Il se prend pour un bateau, et subit d’abord le cauchemar des hallucinations, des visions, « les trépidantes, périodiques métamorphoses que son esprit faisait subir à presque tous les objets ».
Bourrelé de remords et d’angoisse, il demeure dans le monde de déchéance et de résignation des « lunatiques ». M. Battle, un Noir hyperactif, danse et s’agite sans cesse, fait le sémaphore ("porte-signal") en loufoque détresse. Bill devient ami du vieux M. Kalowsky, un octogénaire qui souhaite quitter cet univers carcéral pour un sanatorium ou sinon retourner en Russie, et de Garry, un gamin qui ne veut que « raconter des histoires », fasciné par une péniche échouée, « effondrée », qui symbolise le désastre et la ruine ambiants.
Il discute avec le médecin exténué.
La référence à Moby Dick et Melville est omniprésente. Reviennent aussi Dieu, sa femme Ruth, l’affolement des bêtes sauvages chargées sur un cargo, la musique dont il joue sur un piano. Étant Anglais, l’hôpital ne peut le garder, et il repart dans la ville, et les bars.« Je ne suis qu'un passager sur un navire. Pour tous ceux-là, Garry et M. Kalowsky, c'est diablement sérieux. Ils font partie de l'équipage. »
Le Caustique lunaire
Globalement les faits rapportés sont les mêmes, vague de chaleur sur New York, journée précédente à rôder autour de l’hôpital, vacarme ressenti tandis qu’il sort de son ivresse avec l’impression d’être sur un bateau (même évocation du rugissement des fauves épouvantés « au milieu de la tempête, dans la Baie du Bengale »), tremblements, dispersion de son orchestre de jazz (son nom, « Sept Cantabs Hot » fait sans doute référence à Cambridge, l’érudition de Bill étant fréquemment sous-entendue, et rappelle le Mar Cantabrico, navire qui constitue une lueur d’espoir à la fin de cette version), départ de Ruth, spectacle de marionnettes (où est mise en abîme l’histoire de Bill, dans « un pays hostile, privé d'ami, en des ténèbres toujours plus denses, des lieux toujours plus lointains », « intime Afrique » où peut se reconnaître Au cœur des ténèbres) ; les faits semblent plus clairement restitués. Paraît plus évident son désir d’aider ses deux amis de rencontre, Garry et M. Kalowsky, comme il intercède pour eux auprès du docteur, qui est ici son cousin. À la déambulation obligatoire des patients dans la salle d'observation fait écho la vie de pérégrination de M. Kalowsky, « Juif errant ».« Quand il buta contre une poubelle où il avait jeté une bouteille, il comprit qu'il se soûlait pour la deuxième fois de la matinée. Quand il buta contre une deuxième poubelle où il avait jeté une deuxième bouteille, il se reprocha ce fait étonnant qu'il devait être au moins deux personnes en train de boire. La première, jugeant cette façon de continuer à vivre parfaitement exécrable, buvait dans les recoins obscurs et de préférence au goulot ; la seconde, grégaire et allègre, s'enivrait au bar. N'eût été l'existence de la première personne, il ne serait pas, lui sembla-t-il, occupé à se dégager de cette poubelle, bien que ce fût sans doute très heureux que la troisième personne, celle qui avait bu au piano, ne se sentît pas assez en forme pour réapparaître après cette dernière nuit. »
« Il contemplait l'eau et son angoisse fut comme un œil morne, sans paupière. Le jour baissait. Les étoiles perçaient la brume qui se dissipait. Au-dessus de la ligne d'horizon brisée rampait le Scorpion. Il y avait Antarès, ce rouge soleil mourant. Au sud-ouest, la Retraite du Grand Chien. Les étoiles qui s'allumaient une à une lui parurent autant de plaies vives dans son être, les multiples dédoublements de son angoisse, cet œil. Les constellations étaient peut-être les monstruosités du délire de Dieu. Le désastre devait mâchurer tout l'univers. Vivait-il la préexistence de quelque inimaginable catastrophe ? Un instant, il s'appuya au rebord de la fenêtre ; il sentait tituber la terre, elle-même condamnée, haletante, au rythme spasmodique de sa fuite vers le Vautour-Lyre d'Hercule. »
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Tristram- Messages : 15648
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Malcolm Lowry
faudrait que je revienne du côté de Lowry, mais choisir le moment, c'est chargé Lowry
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Re: Malcolm Lowry
Oui, à lire en dilettante !
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