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Henry James

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Message par ArenSor Mar 6 Déc 2016 - 13:29

Henry James
(1843-1916)

Henry James 220px-10

Henry James, né le 15 avril 1843 à New York et mort le 28 février 1916 à Chelsea, est un écrivain américain, naturalisé britannique le 26 juillet 1915  
Figure majeure du réalisme littéraire du XIXe siècle, Henry James est considéré comme un maître de la nouvelle et du roman pour le grand raffinement de son écriture. On le connaît surtout pour une série de romans importants dans lesquels il décrit la rencontre de l'Amérique avec l'Europe. Ses intrigues traitent de relations personnelles et de l'exercice du pouvoir qu'elles impliquent, ainsi que d'autres questions morales. En adoptant le point de vue d'un personnage central de l'histoire, il explore les phénomènes de conscience et de perception. Le style de ses œuvres tardives l'ont fait comparer à un peintre impressionniste.

Henry James voulait convaincre les écrivains britanniques et américains de présenter leur vision du monde avec la même liberté que les auteurs français. Son usage imaginatif du point de vue narratif, du monologue intérieur et du narrateur mensonger dans ses propres nouvelles et romans apporta une nouvelle profondeur et un regain d'intérêt à la fiction réaliste, et préfigure les œuvres modernes du XXe siècle. Outre son imposante œuvre de fiction, cet auteur prolifique produisit également de nombreux articles, des livres de voyage, de biographie, d'autobiographie et de critique littéraire, mais aussi des pièces de théâtre, dont certaines furent montées de son vivant avec un succès relatif. Son œuvre dramatique aurait profondément influencé ses dernières productions littéraires.
(source Wikipedia)
Deleuze et la littérature 2/4 Henry James, l'art du secret

Pour accéder à la bibliographie de cet écrivain prolifique, cliquer ici :

màj de l'index le 05/02/2023


Dernière édition par ArenSor le Sam 10 Déc 2016 - 17:44, édité 3 fois
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Message par ArenSor Mar 6 Déc 2016 - 13:32

Henry James Images17

Roderick Hudson

Curieusement, je crois n’avoir jamais lu de romans de James alors que je connais un certain nombre de nouvelles. « Roderick Hudson » est le deuxième roman écrit par l’auteur,  mais je crois qu’il le considérait comme son premier « vrai » roman. Il s’agit d’une savante composition d’un quintette comprenant un mécène, un artiste de génie et trois femmes, la mère du génie, sa fiancée et une jeune beauté fatale.

L’action se passe en Italie, principalement à Rome. James oppose le génie intuitif  à la pensée rationnelle, le talent au labeur, l’Italie à la Nouvelle-Angleterre, les Américains aux Européens, etc. En réalité, de nombreuses thématiques s’entremêlent créant une sorte de suspens pour le lecteur, bien qu’on devine rapidement que l’histoire se terminera de manière dramatique.

Ce roman de jeunesse présente probablement un aspect allégorique trop marqué, des oppositions trop contrastées, une vision des choses trop romantique. N’empêche, il dresse des portraits de femmes, notamment l’une d’entre elles, qui m’ont séduit par leur subtilité et leur complexité. James est vraiment un excellent analyste de la psychologie féminine, c’est l’un de premiers (il me semble) à leur accorder une place égale à celle de l’homme. Enfin, il y a dans « Roderick Hudson » tout ce charme particulier que met l’auteur  dans la description des paysages, cette manière particulière de nous faire participer aux flâneries dans une Rome baignée de soleil automnal.
J’enchaîne avec « Les Européens ». Very Happy
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Message par ArenSor Mar 6 Déc 2016 - 13:33

Henry James 51vihg10

Les Européens

Ce court roman, qualifié d’esquisse, est une aimable fantaisie de Henry James sur la rencontre entre deux européens, un frère et une sœur, avec leurs parents puritains de Nouvelle-Angleterre. Le ton est léger, comme dans une pastorale shakespearienne ou une comédie de Marivaux, avec notamment le personnage énigmatique et fascinant de la Baronne qui ne dit jamais complètement la vérité mais qui ne ment jamais complètement. C’est une très bonne lecture d’été.
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Message par ArenSor Mar 6 Déc 2016 - 13:34

Henry James 41q5wi10

Un portrait de femme

Certains disent que « Un portrait de femme » est l’un des meilleurs romans de James. N’en ayant lu jusqu’à présent qu’un petit nombre, je ne peux me prononcer sur ce jugement. Mais, incontestablement, il s’agit là pour moi d’un vrai chef-d’œuvre.
L’auteur a construit un livre ambitieux, remarquablement construit, centré sur le personnage d’Isabel Archer, autour de laquelle gravitent des individus aussi très intéressants. Comme souvent avec James, la personnalité de ces protagonistes s’élabore par petites touches successives, non sans laisser en réserve des zones d’ombre, certains paradoxes et ambiguïtés.

L’ouvrage peut se diviser en deux parties. Dans la première, la jeune Isabel Archer, belle, intelligente, spirituelle, éprise de liberté, est avide de découvrir le monde, elle vit une sorte de conte de fée en Angleterre puis en Italie. Presque grisée, elle décline deux demandes en mariages dont l’un émis par un lord fortuné et « qui lui plaît ». Ses dialogues avec son cousin Ralph sont de petites merveilles, sortes de duels virevoltants à fleurets mouchetés ou chacun se dévoile (pas trop), cherche à deviner l’autre, s’agace, touche où cela peut faire mal (mais pas trop) ; scènes à mi-chemin entre Marivaux et Laclos. Mais bientôt le piège va se refermer sur Isabel, sans qu’on puisse définir quel en est le ressort principal : la fortune qu’elle a reçue grâce à Ralph qui voulait lui donner les moyens de laisser libre cours à son imagination ?  Le complot de Me Merle ? Le propre choix d’Isabel ? Toujours est-il qu’elle assumera jusqu’au bout sa condition, objet de la seconde moitié du roman. Maintenant, face à une triste réalité, Isabel a mûri, elle sait masquer ses sentiments, tempérer sa nature bouillante, faire preuve de patience. Vaincue, elle n’est pas brisée, elle reste entière, conservant toute son intégrité, elle a surtout gagné en profondeur. La preuve en est dans la dernière rencontre avec Ralph, d’une intense émotion, où chacun se livre enfin complètement à l’autre.

Clin d’œil : il y a une histoire de fantôme au début du livre qu’Isabel souhaiterait voir mais qu’elle ne peut pas, cette apparition étant réservée, selon son cousin, à ceux qui ont souffert « Il faut d’abord avoir souffert, et souffert beaucoup, avoir acquis quelque douloureux savoir » ; très logiquement Isabel apercevra le fantôme à la fin.
Pour terminer, un bout de dialogue qui résume bien pour moi ce beau portrait de femme libre :

« Vous tenez trop à votre liberté.
- Oui, j’y tiens beaucoup, je crois. Mais cela ne m’empêche pas de toujours souhaiter savoir les choses qui ne se font pas.
- Pour les faire ? demanda sa tante.
- Pour choisir, répondit Isabel »


mots-clés : #conditionfeminine #psychologique
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Message par ArenSor Mar 6 Déc 2016 - 13:36

Henry James Compag10

Compagnons de voyage

Ce n'est pas à proprement parler une bluette car la relation entre les deux protagonistes et plus complexe qu'il n'y paraît à prime abord - Mr. James oblige ! mais surtout une occasion pour l'auteur de nous faire découvrir Milan, Venise, Padoue... les trésors artistiques mais aussi les paysages, les atmosphères. Certaines descriptions sont de jolis petits tableaux impressionnistes. C'est parfois un trop recherche de couleur locale et de pittoresque à mon goût, mais globalement c'est une nouvelle que j'ai eu plaisir à lire, bien que ne figurant pas parmi les meilleures d'Henry James  Smile
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Message par ArenSor Mar 6 Déc 2016 - 13:37

Henry James 41ztt510

Le Regard aux aguets

"Watch and Ward" (littéralement : regarder et garder, appellation que je préférerais au titre adopté en français) est le premier roman d'Henry James publié en volume en 1878. Toutefois, l'auteur ne l'a pas retenu considérant que son premier roman était "Roderick Hudson".
Un jeune homme, quelque peu falot, mais au coeur d'or, en vient, à la suite d'un événement rocambolesque, à adopter une petite fille et à l'élever. Il décide bientôt de l'épouser lorsqu'elle aura atteint la majorité, mais en lui laissant le libre-arbitre de le faire ou non. Nora, l'héroïne, est une de ces jeunes femmes qui fascinent l'auteur : belle, intelligente et doté d'un sens moral sans reproche. Très rapidement, quelques loups, se parant de leurs plus beaux atours, vont venir rôder auprès de la belle, avec des motifs plus ou moins avouables. Celle-ci, malgré son innocence qui risque de l'égarer à plusieurs reprises, devine la réalité des choses.

C'est certes encore un peu maladroit dans la construction du récit, rudimentaire dans l'analyse des sentiments, mais "Le Regard aux aguets" est un livre qui se lit avec plaisir et qui annonce les romans de la maturité, notamment "Un portrait de femme". Stock avait publié les deux oeuvres ensemble dans les années 70 et ce n'était pas un hasard. Il est toujours très intéressant de découvrir un auteur dans l'ordre chronologique des ses ouvrages. Smile
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Message par ArenSor Jeu 23 Fév 2017 - 20:23

Henry James Captur25

Confiance

« Confiance » est un roman peu connu des débuts de la carrière littéraire de James. Il se situe entre « Les Européens» et « Washington square ». C’est l’histoire de la rencontre de deux amis américains, riches cultivés et oisifs qui parcourent l’Europe et de deux jeunes femmes, également américaines, moins riches, mais qui elles aussi voyagent. De Sienne à Paris en passant par Baden-Baden, New-York et la côte normande, il faudra beaucoup de temps et de péripéties au quatuor, dont les personnalités sont bien différentes, pour découvrir qui aime qui et sortir des faux-semblants ou des erreurs de jugement!
« Confiance » est un aimable chassé-croisé amoureux qui vaut pour ses quiproquo, ses échanges verbaux pleins d’esprit. Angela est l’une de ces femmes, souvent décrites par James et que je trouve particulièrement séduisante : intelligence, esprit, indépendance de caractère et probité sans faille.
Et pour une fois, Bix, Angela, qui est le véritable point focal du roman, ne paye pas cher le prix de sa liberté.  cheers
Une très agréable lecture.  Smile
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Message par Bédoulène Jeu 23 Fév 2017 - 20:51

Henry James Maisie10


Ce que savait Maisie

le sujet : une fillette dont les parents sont divorcés et chacun remarié ce qui fait dire à la fillette qu'elle a 2 maman et 2 papa. Elle sera un prétexte que chacun accaparera ou se renverra pour se mieux haïr et ce n'est qu'auprès d'une gouvernante vieille, laide qu'elle trouvera l'affection dont elle a toujours manqué. Son beau-père et sa belle-mère l'aimeront aussi, mais cette dernière plus égoïstement, le beau-père, de faible caractère prouvera cependant son amour en lui laissant décider avec qui elle veut vivre.

L' innocente fillette comprendra assez rapidement la situation dans laquelle elle se trouve, l' abandon de ses parents au profit des beaux-parents et se découvrira le "sens moral" dont la gouvernante l'accuse de manquer après bien des revirements, des emballements, des peurs et des situations inconfortables. Les enfants contraints de "partager" les vicissitudes de la vie des adultes mûrissent vite et Maisie est une fillette intelligente.

En fond une critique sur une certaine société de l'époque ; en effet on ne peut comprendre la situation de la fillette et des différents personnages qu'en se référant aux moeurs et les lois de la société Anglaise à cette époque (fin 19ème siècle). La distinction des classes est très sensible.

Une lecture intéressante à laquelle une écriture mesurée qui ne dévoile que peu et laisse la place à l'imagination, celle de la fillette et celle du lecteur, est efficace.


mots-clés : #famille #initiatique #xixesiecle

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Bédoulène Jeu 23 Fév 2017 - 20:52

je vois que tu continues à apprécier Arensor ! je reviendrais aussi certainement

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Message par bix_229 Dim 26 Fév 2017 - 16:01

Henry James Henry_10

Il y a dans La Maison natrale, une nouvelle vraiment remarquable. Et peut-être même autobiographique, même si James ne se livre pas, ou très peu.
Il s'agit de Les Années médianes.
L'histoire est celle d'un écrivain au milieu de son âge, -d'où le titre-. Un écrivain connu et reconnu. Il vient de publier son dernier livre et il vient de le recevoir.
Il est en convalescence sur une plage anglaise à la mode, Bournemouth, "station climatique".
Il réalise que l'essentiel de sa vie est passé, que son oeuvre est derrière lui et qu'il n' a pas atteint le niveau qu'il s'était fixé. Il se sent frustré et vaincu.

"Il se traîna jusqu'à un banc qu'il avait souvent fréquenté déjà... Quand il l'eut atteint, il était assez las et pendant quelques instants, il se sentit déçu.

Certes, il allait mieux, mais somme toute, mieux que quoi ? Jamais plus, comme en deux ou trois grands moments du passé, il ne serait mieux que lui-même. L'infini de la vie s'était écoulé, il n'en restait que la valeur d'un petit verre gradué comme un thermomètre.
Il demeura assis, les yeux fixés sur la mer qui semblait tout en surface et en paillettes, bien plus superficielle que l'esprit humain.
C'était l'abîme de l'illusion humaine qui constituait la vraie profondeur, immuable."


Mais il rencontre fortuitement un jeune homme qui vient de lire son livre et qui en pense le plus grand bien. Cette rencontre providentielle lui redonne goût à la vie, d'autant que le jeune homme ne tarit pas d'éloges quand il apprend qu'il vient de rencontrer l'auteur.
En plus, le jeune homme est docteur, et promet de veiller sur lui. Et il encourage l'écrivain à poursuivre son oeuvre et le convainc qu'une seconde chance lui est offerte d'écrire enfin l'oeuvre qu'il a tant espérée en vain.

Mais le sort en décide autrement. Le jeune homme était, en tant que docteur "l'homme de compagnie" attaché à une vieille dame riche et excentrique qui lui payait ses services et sa bonne mine...
Quand elle apprend qu'il veut vivre avec l'écrivain, elle en devient malade de jalousie au point qu'elle en meurt en le déshéritant.
Le pauvre écrivain en est navré et quand le  jeune docteur lui avoue que peu lui importe l'argent et qu'il restera auprès de lui, l'émotion est trop forte et il en meurt. Mais consolé.
Il était non seulement reconnu  mais aimé par un homme dont il attendait tout.
Cette fin m'a rappelé celle de Mort à Venise, et tout aussi révélatrice sur son auteur.

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Message par bix_229 Dim 26 Fév 2017 - 16:13

Henry James Maud1010

Maud Evelyn


Je ne voudrais pas dévoiler le déroulement de l'histoire, mais je peux difficilement passer sous silence ce qui constitue l'interêt  principal de la nouvelle.

Un homme peut-il aimer une morte ? Peut-il vivre et assumer une passion amoureuse posthume pour une fille morte quinze ans auparavant ? A cela il faut ajouter que le protagoniste ne l'a pas connue de son vivant. Mais seulement par l'entremise de ses parents qui lui vouent un culte absolu.
Les témoins de l'histoire jugent le héros fou ou, à tout le moins déraisonnable.

"Etait-il complètement assoté, ou entièrement vénal ?"

Pourtant si l'on se fie à eux, ils finissent par reconnaître qu' il n'est pas cupide mais tout à fait sincère. Et que la situation lui profite visiblement. Comme l'écrit l'un d'eux, il a l'allure d'un "qui aurait une situation et une histoire."
Et d'ailleurs, contrairement à L' Autel des morts, cette passion n'est pas morbide.
Jamais il n'a recours aux mediums. Il n'en a pas besoin. Tout ce qu'il vit est simplement réel.
Cette histoire est-elle un triomphe de l'imagination et de l'amour fou ?

Le lecteur -moi-même- pourrait ajouter que la passion amoureuse  est une pulsion irrationnelle. Et il est intéressant de voir jusqu'où elle peut conduire.
Dans le cas du personnage, son histoire amoureuse se poursuit normalement, du début à la fin. Et je n'en dis pas plus.
Sinon que le pouvoir des morts sur les vivants est un thème récurrent dans l'oeuvre de James.
Et que, la fréquentation des morts peut être dangereuse et que parfois, les morts saisissent et entraînent les vivants.

Mais ceci est une autre histoire.



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Message par shanidar Lun 27 Fév 2017 - 11:49

Tu vois bix, a priori ce que tu dis de La maison natale me donnerait plutôt envie de fuir, le côté morts en série romantique, brrr... et pourtant j'ai bien envie après l'excellent Tour d'écrou de revenir à James... Peut-être avec un 'gros' roman ?
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Message par bix_229 Lun 27 Fév 2017 - 15:17

Shani, tu as du oublier la discussion qu' on avait eu dans la LC.

Quelques remarques à propos de Maud Evelyn.

On trouve dans cette nouvelle quelques constantes dans l' oeuvre de James...
Chaque évènement est vu et commenté à travers la vision de quelqu' un d'autre. On n' apprend quasiment jamais quelque chose
directement.
Ainsi dans Maud Evelyn, le narrateur écoute les confidences d' une dame qui a l' avantage de connaitre les deux protagonistes de l' histoire.
Mais elle n' est pas la seule source d' informations.
James aimait et cultivait cette vision indirecte. Il ne s' agit pas de montrer en pleine lumière l' objet de la perception. Mais de le laisser
deviner (Cf L' Image dans le tapis)
Et tant pis s' il est dans l' obscurité. Ou tant mieux. James écrit :

"Je trouve plus de vie dans ce qui est obscur, dans ce qui se prete à l' interprétation plutot que dans le fracas grossier du premier plan."

Dans sa thématique sur la mort, James pousse le paradoxe jusqu' à montrer dans Maud Evelyn que l' absence de la morte est nécessaire
à l' intrigue. La présence physique tue l' amour. Et l' absence devient alors présence pour l' amoureux qui peut dès lors développer
librement ses sentiments et son imagination.
Meme si elle est délirante pour les autres.
La mort est véritablement source de vie et l' amour nait de la mort au lieu de le détruire.
Dans quelle mesure, James croyait-il à sa thématique ?
Je l' ignore, mais elle est suffisamment présente dans son oeuvre pour qu' on se pose la question.

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Message par bix_229 Lun 27 Fév 2017 - 15:20

Pour James, on, l' a vu, la vie et la mort sont souvent associés. Suffisamment pour que ce soit autre chose qu' un thème littéraire.
Mais dans le cas de Poe, la mort est une obsession constante. La mort est plus forte que l' amour. La mort est ce qui le fascine le plus.

"Je ne pouvais aimer que là où la mort melait son souffle".

Ou encore :

"Le plus beau sujet du monde est la mort d' une jeune femme."

L' homme est responsable de la mort de la femme qu' il aime et c' est pour cela qu' elle vient le hanter.
Poe est non seulement morbide , mais voyeur et nécrophile dans sa vie comme dans son oeuvre.
Ce qui peut réunir James et Poe -et tant d' autres personnes- c' est d' avoir vu précocement la mort de proches et d' aimés au point d' en garder une trace ineffaçable.

Cette différence entre les deux auteurs apparait clairement à la lecture de leurs textes.

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Message par bix_229 Lun 27 Fév 2017 - 15:23

A propos de James, un texte qui m' a paru interessant de Tzvetan Todorov.

"Dans son chapitre « Le secret du récit : Henry James » [2], Tzvetan Todorov s’intéresse à ce qui déroute lecteurs et critiques dans l’œuvre d’Henry James. Ceux-ci reconnaissent en général à ses nouvelles et romans une perfection technique mais un « manque de grandes idées, l’absence de chaleur humaine. […] James était rangé parmi les auteurs inaccessibles au lecteur commun ; on laissait aux professionnels le privilège de goûter son oeuvre par trop compliquée ». Todorov explique que ce qui déroute ainsi le lecteur d’aujourd’hui est à ses yeux ce qu’il appelle « le secret du récit jamesien » (surtout dans ses œuvres conçues entre 1892 et 1903) : James fait reposer ses histoires sur « une cause absolue et absente », qu’il s’agisse d’un personnage, d’un événement, d’un objet dont le récit est une conséquence et une recherche, mais qui n’est jamais entièrement dévoilé, sauf dans quelques rares cas. Le lecteur qui attend que lui soient dévoilés les ressorts – même superficiels – de la réalité ne peut donc qu’être désarçonné par la plupart des nouvelles et romans de James.
Todorov termine son analyse en s’intéressant à une variante du récit, « où la place qu’occupaient successivement le caché, le fantôme et le mort se trouve prise par l’œuvre d’art », faisant des nouvelles de James sur l’art « de véritables traités de doctrine esthétique ». Dans la nouvelle La Mort du lion (1894), l’intérêt que porte le public à un écrivain célèbre s’attache uniquement à sa vie et non à son œuvre. Or, pour le narrateur, rien ne sert de connaître la vie pour comprendre l’œuvre. Le thème est similaire dans La Maison natale (1903), où les conservateurs de la maison natale d’un poète, transformée en musée, s’interrogent sur la vraisemblance et l’utilité des traces laissées dans la maison par la vie du poète. « En fait, il n’y a pas d’auteur […] Il y a tous ces gens immortels – dans l’œuvre ; mais il n’y a personne d’autre », dit le conservateur, qui, pour pousser plus loin la logique de l’absurde, invente des moments faux mais vraisemblables de la vie du poète… et voit son salaire doubler !"

Tzvetan Todorov : L' Art du récit.

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Message par bix_229 Lun 27 Fév 2017 - 15:30

Toujours au fil de cette LC, qui nous avait permis de creuser certaisn aspects d' une oeuvre en
particulier et un peu plus généralement.


"Tranquille, James ? Jamais. Sous l' apparence d' un style plutot lisse on a, vite fait de déceler, la cruauté, la perversité meme, la dissimulation, le calcul, l' ambition, le mensonge.
Tout au long des pages de son oeuvre, on voit des personnages s' acharnant à vouloir résoudre des énigmes qui les renvoient à l' échec.
Et à eux-memes. On a meme accusé James d' etre "cachottier".
Alors meme que son style est parfaitement clair, James évite de dévoiler la face cachée des choses. Et plus encore les intentions cachées de l' auteur.

Il y a peu de certitudes dans le dénouement des histoires (jamais James ne pourrait envisager une conclusion à son oeuvre comme "Le Temps retrouvé", mais beaucoup d' hypothèses, de possibilités, de causes, parfois si infinitésimales qu' elles sont inaperçues par le lecteur surpris.

Au point qu' il peut se sentir frustré. Avoir l' impression d' avoir affaire à un illusionniste qui cache le secret de ses tours, sinon un mystificateur.
Mais c' est un peu le drame de ceux qui sont trop intelligents. Et James l' était. Je dis le drame, parce que je ne crois pas que James ait été heureux.
En tout cas c' est ce qu' on ressent en lisant Le Maitre de Colm Toibin."

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Message par bix_229 Lun 27 Fév 2017 - 15:39

James n' écrit jamais simplement, meme si, comme l' écrit ArenSor, son écriture a évolué tout au long de sa carrière.
Je dirai que James n' a jamais écrit simplement comme l' aurait fait un Zola par exemple.
Je pense meme que ce ne fut jamais son but.

Et c' est ce qui me permet de nuancer un peu les éloges jusqu' ici sans mélange..
James a énormément écrit. Et comme tout écrivain, il a eu des moments moins inspirés. Il n' a jamais céssé d' écrire pour autant.
Parce que la solution était pour lui dans le travail, dans la continuité de son travail.
Pour progresser, retravailler la trame de l' oeuvre.
J' ai lu ou relu presque toute l' oeuvre de James au cours de ma vie et il m' est arrivé de trouver des passages ou des nouvelles entières qui péchaient par un excès de sophistication, voire d' obscurité qui ne sont pas toutes le fait du lecteur et de ses failles intellectuelles.
Et dans ces cas il m' est arrivé de penser qu' on avait affaire à des faiblesses. Des moments de faiblesse.
Où l' auteur donne l' impression de se parodier.
Où le style semble trop maniéré et meme désuet.

Ces moments dans l' oeuvre, je ne les ai pas éprouvés souvent. Et j' ai pensé que le lecteur -moi en l' occurence- n' est pas toujours au niveau de l' auteur qu' il lit. Et dans le cas de James, ça ne pardonne pas.
D' où le fait que je ne lis pas James tous les jours.
Ce que je pense par ailleurs, c' est qu' on peut aimer quelqu' un, pas seulement un écrivain, pour ses ses qualités, pour ce qu' il vous apporte, et malgré les imperfections qu' on peut trouver.
Un écrivain aussi grand soit-il est un etre humain. Et c' est pourquoi on l' estime et on l' admire.

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Message par ArenSor Lun 24 Avr 2017 - 18:47

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Les Bostoniennes

« Les Bostoniennes » est un gros roman, manifestement ambitieux, de James qui suit « Portrait de femme ».
L’histoire se passe dans les milieux féministes de la fin du 19e siècle. Une jeune femme de bonne famille de Boston, Olive Chancellor, voue sa vie à la cause des femmes. Lors d’une réunion, elle rencontre la jeune et jolie Véréna Tarrant, fille d’un magnétiseur charlatan, qui enflamme le public par une présence et un don oratoire hors du commun. Totalement subjuguée, Olive décide de compléter l’éducation de Véréna destinée à devenir son alter ego pour délivrer la bonne parole aux Etats-Unis et au-delà.
Mais voilà bientôt un grain de sable qui se met en travers de ce couple quasi fusionnel (le roman a donné l’expression « Mariage de Boston ») et de son projet. Il a nom Basil Ransom, cousin d’Olive. C’est un sudiste réactionnaire qui a bataillé lors de la guerre de Sécession et dont la famille a perdu sa fortune du fait de la défaite. Basil essaie tant bien que mal (plutôt mal) de vivre comme avocat à New-York. Il rencontre Véréna et tombe également sous le charme de la jeune femme, sa présence, sa franchise, son intelligence, mais certainement pas du fond des discours qu’elle prononce, Basil les considérant comme un tissu d’inepties. Rapidement, il ébranle les convictions de Véréna en lui disant qu’elle n’est qu’un instrument dans les mains d’Olive et que son engagement n’est fondé sur rien.
Alors va s’ouvrir une sorte de lutte à mort entre Basil et sa cousine Olive pour la possession de Véréna.

Puisqu’il faut donner ses impressions personnelles, j’ai été un peu déçu par ce roman de James.
Une déception qui est peut-être à mettre en rapport avec l’enthousiasme que j’avais ressenti à la lecture de « Portrait de femme ». J’ai eu l’impression, probablement subjective, que James avait voulu faire encore plus fort que ce précédent ouvrage.
J’ai trouvé toute la première partie longue, parfois ennuyeuse ; la seconde partie est plus intéressante, malgré une fin quelque peu mélodramatique.
Olive est une personne intéressante, intelligente, émotive et aux convictions farouches mais elle n’est pas vraiment sympathique. Il en est de même pour Basil, parfois présomptueux et, comme sa cousine, arque bouté sur ses positions.
Heureusement, il en est tout autre de Véréna, la vraie héroïne du roman, un très beau portrait de femme comme James sait si bien en présenter. Malheureusement, la pauvre n’a que le choix entre une vie passée auprès d’Olive à prôner la libération des femmes et la haine des hommes ou d’être une traditionnelle femme au foyer aux côtés de Basil. Triste destin ! Henry James 2441072346
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Message par Bédoulène Lun 24 Avr 2017 - 19:06

ah déception !  dommage mais tu vas continuer à le lire je pense eu égard aux précédentes lectures ?

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Message par ArenSor Lun 24 Avr 2017 - 19:49

Bédoulène a écrit:ah déception !  dommage mais tu vas continuer à le lire je pense eu égard aux précédentes lectures ?
Bien sûr. De toute manière, c'est un écrivain qui me fascine. Peu importe que j'aie été plus ou moins sensible à l'un de ses ouvrages. Même si "Les Bostoniennes" m'a un peu déçu, j'ai pris un grand plaisir à le lire. Je continue dans l'ordre chronologique : "La Princesse Casamassima" publié dans les années 60 ne se trouvant en occasion qu'à des prix délirants, je vais passer directement à "Reverberator" Smile
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