Danilo Kiš
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Danilo Kiš
Biographie :
Bibliographie :Né en Voïvodine, de mère monténégrine et de père juif de langue hongroise (que parlait Danilo Kiš : il traduisit en serbe des œuvres d'écrivains hongrois notamment de Dezső Kosztolányi). Il est marqué très jeune par la mort à Auschwitz d'une partie de sa famille, après quoi il se réfugie à Cetinje. Après des études de lettres à Belgrade, il s'installe en France en 1962, enseignant le serbo-croate à Strasbourg où il écrit son roman Jardin, cendre, puis à Bordeaux et Lille. Le Sablier (1972) vient clore une trilogie autobiographique qui fut publiée par la suite sous le titre Le Cirque de famille. En 1979, il s'installe à Paris (16 rue Arthur-Groussier) où il vivra jusqu'à sa mort, des suites d'un cancer.
Son œuvre, considérée comme l'une des plus importantes des lettres yougoslaves de l'après-guerre, comprend notamment sa trilogie romanesque Le Cirque de famille et deux recueils de nouvelles dénonçant le goulag ; la controverse à laquelle donnèrent lieu ces publications est à l'origine d'une réflexion sur la nature de la littérature (La Leçon d'anatomie).
Il est enterré dans le Nouveau cimetière de Belgrade.
- Mansarda: satirična poema, roman, 1962
La Mansarde, Grasset, 1989
- Bašta, pepeo, roman, 1965
Jardin, cendre, traduction française de Jean Descat, Gallimard, 1971
- Rani jadi, roman, 1970
Chagrins précoces, traduction française de Pascale Delpech, 1984
- Peščanik, roman, 1972
Sablier, traduction française de Pascale Delpech, Gallimard, 1982
- Grobnica za Borisa Davidoviča: sedam poglavlja jedne zajedničke povesti, nouvelles, 1976
Un tombeau pour Boris Davidovitch, traduction française de Pascale Delpech, Gallimard 1979
- Čas anatomije, essai, 1978
La leçon d'anatomie, traduction française de Pascale Delpech, Fayard, 1998
- Enciklopedija mrtvih, roman, 1983
Encyclopédie des morts, traduction française de Pascale Delpech, Gallimard, 1985
- Noć i magla, drame, 1983
- Homo poeticus, essais, 1983
- Gorki talog iskustva,interviews, 1990
- Život, literatura,interviews et essais, 1990
- Pesme i prepevi, poèmes, 1992
- Lauta i ožiljci, nouvelles, 1994
- Skladište, 1995
- Varia, (essais, articles et nouvelles), 1995
Varia (1945-1970), traduit par Pascale Delpech
- Pesme, Elektra, poèmes et adaptation du drame Elektra, 1995
Dreep- Messages : 1539
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Age : 32
Re: Danilo Kiš
Jardin, cendre
Avec Le Sablier et Chagrins précoces, ce roman de Danilo Kiš publié en 1965 constitue une trilogie, racontant la vie d’Andréas Sam. Danilo Kiš évoque les couleurs, les objets et les figures familiales de cette enfance assez singulière et en fait plutôt difficile, sans pourtant s’étendre là-dessus, ne nous le faisant comprendre que par quelques allusions extrêmement discrètes : Le froid ― la faim ― les camps ― un incendie. Le roman de Danilo Kiš n’est nullement structuré par des circonstances précises, par des événements ou des dates : Jardin, cendre contient des récits de sensations, de rêves ou de sentiments. Il n’y a pas de progression narrative, mais plutôt un mouvement d’aller-retours sur certains épisodes cruciaux, cruciaux par ce qu’ils représentent dans la pensée de ce narrateur, transformés, agrandies de façon démesurée. L’image, fruit d’un fantasme, de l’angoisse ou de l’imagination, a plus d’importance que l’histoire. Danilo Kiš semble reconstituer une série de vitraux, images figées d’une époque ou d’une autre.
Dans leur immobilité, les images s’accumulent par l’énumération, seule la lumière ― le regard change : bonheurs sensuels, palpables ou âge d’or perdu à jamais. Ce ne sont pas des personnages mais bien des figures esquissées ou dessinées qui illustrent le roman. Le père, notamment : figure messianique, paranoïaque, extrêmement bizarre ― le père toujours présent y compris lorsque le narrateur évoque sa disparition. Ce dernier même s’efface complètement pour lui ; eu égard à toutes les folies, les frasques répétées du père qui font du récit une ritournelle un peu monotone, lancinante sans qu’elle ait pour autant plus de profondeur. Jardin, cendre est un roman hanté par ses figure, une drôle de façon de tourner autour de soi ; mais j’ai aimé suivre cet Andréas à vélo et dans cette lumière changeante, enivrante.
Avec Le Sablier et Chagrins précoces, ce roman de Danilo Kiš publié en 1965 constitue une trilogie, racontant la vie d’Andréas Sam. Danilo Kiš évoque les couleurs, les objets et les figures familiales de cette enfance assez singulière et en fait plutôt difficile, sans pourtant s’étendre là-dessus, ne nous le faisant comprendre que par quelques allusions extrêmement discrètes : Le froid ― la faim ― les camps ― un incendie. Le roman de Danilo Kiš n’est nullement structuré par des circonstances précises, par des événements ou des dates : Jardin, cendre contient des récits de sensations, de rêves ou de sentiments. Il n’y a pas de progression narrative, mais plutôt un mouvement d’aller-retours sur certains épisodes cruciaux, cruciaux par ce qu’ils représentent dans la pensée de ce narrateur, transformés, agrandies de façon démesurée. L’image, fruit d’un fantasme, de l’angoisse ou de l’imagination, a plus d’importance que l’histoire. Danilo Kiš semble reconstituer une série de vitraux, images figées d’une époque ou d’une autre.
Danilo Kiš a écrit:Les sous-verre sur le mur, l’ange gardien au-dessus de notre lit, la table de nuit, le bâillement des vases vides : tout cela est maintenant un vide énorme et lourd dépourvu de sens et même dépourvu de rêve, car, dans la pénombre, on distingue à peine la place où ils se trouvent et, à vrai dire, je ne fais que les deviner d’après un souvenir qui date d’hier et qui semble bien lointain.
Dans leur immobilité, les images s’accumulent par l’énumération, seule la lumière ― le regard change : bonheurs sensuels, palpables ou âge d’or perdu à jamais. Ce ne sont pas des personnages mais bien des figures esquissées ou dessinées qui illustrent le roman. Le père, notamment : figure messianique, paranoïaque, extrêmement bizarre ― le père toujours présent y compris lorsque le narrateur évoque sa disparition. Ce dernier même s’efface complètement pour lui ; eu égard à toutes les folies, les frasques répétées du père qui font du récit une ritournelle un peu monotone, lancinante sans qu’elle ait pour autant plus de profondeur. Jardin, cendre est un roman hanté par ses figure, une drôle de façon de tourner autour de soi ; mais j’ai aimé suivre cet Andréas à vélo et dans cette lumière changeante, enivrante.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Danilo Kiš
Un bon souvenir de lecture, et tu m'incites à retourner à cet auteur (je n'ai pas encore lu Chagrins précoces).
Et je n'oublie pas :
J'avais surtout été impressionné par Sablier.« Tout à fait indifférente à mes lectures, considérant que tous les livres servent également à oublier (sur ce point elle [sa mère] ne se trompait pas) [… »
Danilo Kiš, « Jardin, cendre »
Et je n'oublie pas :
« Et je leur dis de ne pas les déchirer car une multitude de livres n’est jamais dangereuse, mais un livre seul est dangereux ; et je leur dis de ne pas les déchirer car la lecture de nombreux livres mène à la sagesse et la lecture d’un seul à l’ignorance armée de folie et de haine. »
Danilo Kiš, « Chiens et livres » in « Un tombeau pour Boris Davidovitch, Sept chapitres d’une même histoire »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15959
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Danilo Kiš
Merci pour l’ouverture de ce fil dédié à Danilo Kis.
J’avais en main vendredi dernier L’Encyclopédie des morts et…..j’ai changé d’avis mais j’y reviendrai très bientôt.
Enfin si j’arrive à faire tout ce que je dis.,..
J’avais en main vendredi dernier L’Encyclopédie des morts et…..j’ai changé d’avis mais j’y reviendrai très bientôt.
Enfin si j’arrive à faire tout ce que je dis.,..
Cliniou- Messages : 916
Date d'inscription : 06/12/2016
Age : 54
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