LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
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LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Le récit décrit une journée de Clarissa Dalloway, dans l'Angleterre d'après la Première Guerre mondiale1, en juin 19232. Elle se rend d'abord chez le fleuriste, mais loin de se centrer sur ce seul personnage, Virginia Woolf offre une fresque de la ville de Londres et de ses habitants, vie rythmée pour tous par Big Ben3. Peu après, Mrs Dalloway revient chez elle, et alors qu'elle fait le point sur le choix qu'elle a fait des années plus tôt d'épouser Richard Dalloway au lieu de Peter Walsh, elle reçoit la visite impromptue de ce dernier soupirant. Leur conversation est émaillée par le ressac d'anciens souvenirs qui jaillissent dans l'esprit de Clarissa.
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Faut-il relire Virginia Woolf ?
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Pour approcher la femme écrivain, un petit texte de Viviane Forrester (1973) m'avait marqué.
Dès que j'ai mis la main sur Mrs Dalloway dans le fatras de mes bouquins (ni tunnels, ni cavernes, ni effondrement... mais des cartons de livres à moitié déballés), je me joins avec plaisir à la Lecture Commune.
Laurentides- Messages : 211
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Fancioulle- Messages : 215
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
ArenSor- Messages : 3425
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Venez petits Choisiens
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
les feuilles étaient vivantes; les arbres étaient vivants. Et les feuilles, reliées par des millions de fibres à son corps sur le banc, l'éventaient de haut en bas; quand la branche s'étirait, il en faisait autant. Les moineaux qui battaient des ailes, qui s'élevaient et retombaient en cascades dentelées, faisaient partie de cet ensemble; tout comme le blanc et le bleu, barrée de branches noires
Le fameux point virgule de Woolf !
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
C’est poétique, déroutant et étourdissant, tout à la fois.
On se retrouve dans les pensées de chacun, tour à tour, dans leurs discours intérieurs, leurs interrogations, leurs présupposés sur ce que pense l’autre, on a envie de leur crier « mais communiquez b*rdel ! » oups
« Ce fut tout ; mais pour lui [Peter], ce fut comme si elle avait déclaré, « avec vous je me distrais, voilà tout ; avec Richard Dalloway, j’ai une véritable entente. » C’est ainsi qu’il l’avait pris.
On ressent beaucoup de solitude chez chacun, chacun est dans sa bulle et ne comprend pas vraiment le reste, où plutôt le comprend avec son propre prisme (quasi tout le temps déformant).
J’ai une grosse accroche avec Septimus, revenu de la guerre en syndro post-traumatique semble-t-il (je ne suis pas une pro du sujet, n’hésitez pas à me reprendre).
Je me retrouve beaucoup dans sa façon d’être déconnecté du réel, de voir et d’apprécier les toutes petites choses qui peuvent paraître si futiles aux autres (le ciel, les oiseaux, les feuilles) :
« Mais ici, là-haut, cela tonnait de rocher en rocher, cela se divisait, se heurtait en chocs sonores qui s’élevaient en colonnes lisses (que la musique fût visible, c’était une découverte). »
« Regarder une feuille trembler au moindre souffle d’air était une joie exquise. Là-haut dans le ciel, des hirondelles fonçaient, tournoyaient, filaient vers l’horizon, et se remettaient à tourner, sans jamais perdre le contrôle, comme si elles étaient retenues par des élastiques. »
Une lassitude extrême face au monde et à ses absurdités, ses guerres … C’est tellement d’actualité, quand je regarde le monde j’ai envie de pleurer entre les guerres, le dérèglement climatique et tout ce que ça induit…
« La brutalité s’étalait dans les gros titres des journaux. Des hommes étaient bloqués dans des mines ; des femmes brûlaient vives ».
Etonnée aussi de retrouver un discours children free pour l’époque !
« On ne peut pas mettre des enfants au monde dans un monde tel que celui-ci. On ne peut pas perpétuer la souffrance ».
Le personnage de Peter est tout sauf féministe, j’ai envie de le gifler, c’est normal ?
« le bonheur de voir un joli visage, et le comble du malheur de voir un laideron. »
« à propos des droits des femmes ‘ce sujet antédiluvien »
Il est déprimant aussi sur sa vision de l’amour :
Dites moi que l'amour à 50 ans c'est pas ça ! Sinon je vais commencer à chercher plus activement dès maintenant ^^« Tout le monde en dirait autant, si les gens étaient honnêtes : à partir de cinquante ans, on ne veut plus de partenaires ; on ne veut plus continuer à dire aux femmes qu’elles sont jolies »
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Virtuosité du jeu des points de vue : on passe d'un personnage à l'autre avec rapidité lors de la déambulation matinale dans Londres. Ces changements de points de vue allègent la sensation qu'on a de personnages très seuls, enfermés avec leur flux de pensées, embarrassés dans leurs gestes, maladroits dans leurs échanges, pris dans le jeu des conventions sociales, prisonniers aussi parfois de leurs ruminations mentales (la folie de Septimus qui monte en puissance et l'impuissance affolée de sa compagne Lucrezia, le monstre de la haine qui tente de nouveau de "planter ses sabots" dans l'âme de Clarissa...). Les retrouvailles, après cinq ans d'absence, de Clarissa et Peter sont un modèle du genre ! C'est comme un redoublement pathétique du ratage de leur rencontre de jeunesse... et chacun de se sentir un "raté" de l'existence. Une grande mélancolie affleure devant la fragilité des êtres et des "instants de vie" si fugitifs et pourtant si décisifs parce qu'ils forment la trame de l'existence...
Laurentides- Messages : 211
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
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Bédoulène- Messages : 21556
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Un article fouillé à lire, après la lecture du roman, sur ces questions :
http://www.larevuedesressources.org/le-fou-visionnaire-de-virginia-woolf,656.html
Portrait restauré de Virginia Woolf à 20 ans (Wikipédia)
Laurentides- Messages : 211
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Richard vient contredire un instant ce que j’ai dit plus haut sur la communication (je crois d’ailleurs que c’est la seule fois où nous sommes dans ses pensées ?).
Mais au final il ne communique pas plus que les autres ...« Car c’est mille fois dommage de ne jamais dire ce qu’on ressent »
Il semble très doux, très empathique :
Je trouve Woolf "très juste" sur sa façon de voir le monde (bon parce qu'elle le voit comme moi ^^"), avec des petites punchlines glissées ça et là ...« Et les prostituées, Dieu sait que ce n’était pas à elles qu’il fallait s’en prendre, ni aux jeunes gens, mais à notre système social détestable, etc »
Puis on retombe, aussitôt après (l’espoir n’est donc pas permis!) sur ce que j’avais déjà ressenti plus tôt dans le roman :
« Et il y a chez les gens une dignité ; une solitude : même entre mari et femme, un abîme »
Quelqu’un peut m’expliquer cette … expression ? « ses gros yeux couleur de groseille à maquereau » ?
On est aussi une seule fois dans l’esprit d’Elizabeth pour une escapade en omnibus, un petit passage très drôle, une emphase du voyage (chacun vit les aventures qu’il peut!)
« La monture impétueuse – un pirate- démarra en catastrophe, fila bon train […] car c’était bien un omnibus-pirate, téméraire, sans scrupule, qui fonçait hardiment, esquivait l’obstacle à la dernière seconde, attrapait un voyageur par-ci, en laissait un autre en rade se faufilait comme une anguille, maître du monde »
Avec la misogynie on retrouve aussi l’inverse, un homme doit être viril et évidemment ne pas pleurer, encore moins si c’est un soldat :
@Laurentides, je comprends mieux ton commentaire sur Septimus, même si je n’ai pas trouvé de dégradation dans sa folie. Il y a même eu un moment de répit non ?« c’était pour elle la pire des choses, de voir un homme comme Septimus, qui s’était battu, pleurer ».
Je me suis demandée si Clarissa n’avait pas un petit problème psychique aussi, lors de sa réception, je n’ai pas compris en quoi le fait qu’un invité touche au rideau soit un bon signe ?
Et aussi pour ce passage :« Ils allaient vers quelque chose qui avait pris forme, maintenant que Ralph Lyon avait rabattu le rideau ».
Paradoxe entre le voyage et le pilier, à moins qu’elle ne parle du voyage de la vie ? Petite référence à Peter aussi j’imagine !« une étape du voyage, ce pilier qu’elle avait l’impression d’être devenue »
(Après coup, en lisant/écoutant des analyses j’ai compris qu'elle aussi avait des problèmes d’angoisses, je n’ai sûrement pas été assez attentive pendant ma lecture).
Les personnages se mentent entre eux et aussi (surtout ?) à eux même ; après une longue tirade de compliments que Peter fait intérieurement sur Clarissa :
Pourquoi devoir se le préciser, si ce n’est plus vrai ? Se justifier à soi même …« mais il n’était plus amoureux. »
Ils font les comptes, maintenant qu’ils sont « vieux », le thème de la vieillesse revient beaucoup, ils regardent le passé, leurs choix, ce qui aurait pu être fait différemment, beaucoup de regrets non dit.
Savoir s’ils ont réussi leurs vies, comment le savoir ? Est-ce dans le fait de donner des réceptions mondaines où l’ont reçoit le premier ministre ? Mais où n’on est pas vraiment là ? Pas vraiment heureux ?
On retrouve à quelques pages de la fin un très bon résumé de l’œuvre et c’est Sally qui nous la donne :
« Que peut-on savoir des gens, même lorsqu’on partage leur vie quotidienne ? Ne sommes-nous pas tous prisonniers ? […} Désespérant de toutes les relations humaines (les gens étaient si compliquées) »
J’ai un peu oublié que l’ouvrage se passe sur une journée seulement, ça m’a paru plus long, je ne pourrais pas dire pourquoi, pas assez attentive encore ?
Mais c’est une réussite et je relirai Woolf ! Et il y’aura sûrement une relecture de Mrs Dalloway aussi.
Silveradow- Messages : 676
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15904
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Re: LC Virginia Woolf : Mrs. Dalloway
Silveradow- Messages : 676
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