Maria Fagyas
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Maria Fagyas
Maria Fagyas
1905/1985
1905/1985
Maria Fagyas est une écrivaine née le 14 février 1905 à Budapest alors en Autriche-Hongrie, et décédée le 24 juin 1985 à Palm Springs (USA). Naturalisée américaine après y avoir émigré en 1937 accompagnée de son mari László Bush-Fekete (dramaturge), elle a écrit après guerre une série de romans et de pièces de théâtre en anglais - je propose cependant de la garder dans la section Europe Centrale vu ses origines et le cadre de son oeuvre.
Romans traduits en Français
La Cinquième Femme (The Fifth Woman) 1963
Les Veuves du lieutenant Mikay (The Widowmaker) 1966
Le Lieutenant du diable (The Devil’s Lieutenant) 1970
Draga (The Dance of the Assassins), 1973
Jury d’honneur (Court of Honor), 1978
Krisz- Messages : 34
Date d'inscription : 19/10/2023
Localisation : Székesfehérvár-lez-Durance
Re: Maria Fagyas
Je me lance avec Le Lieutenant du Diable que je viens de découvrir et qui a fait l'objet d'une adaptation ciné, si je ne dis pas de bêtise.
Vienne, 1910. Quelques décénnies après avoir échoué à unifier sous sa coupe le monde allemand, l'empire Austro-Hongrois confronté à la montée en puissance du voisin russe, s'inquiète de sa survie qui repose sur l'invraisemblable cohabitation d'une dizaine d'ethnies dont la période romantique a mis en exergue les sentiments nationaux. Confrontée à la juxtaposition de centres culturels et scientifiques de niveau mondial et des régions paysannes atrocement sous-développées, l'administration tente de faire émerger un semblant d'unité nationale, par exemple en envoyant fonctionnaires et militaires aux quatre coins du territoire en priant pour d'improbables métissages. De ces décisions marquées par l'arbitraire, le népotisme et l'incohérence typique d'un cadre resté résolument d'ancien régime, donc en retard d'un siècle, naissent surtout les frustrations. Omniprésente, l'armée est le siège d'une lutte d'influence sur le point d'être gagnée par les partisans d'une guerre préventive contre les slaves du sud et leurs alliés russes.
Dans ce contexte, dix jeunes officiers fraichement nommés à l'Etat-Major - le graal, par comparaison à ceux qui croupissent en Galicie, à Nagykanizsa ou à Sarajevo - reçoivent par la poste une capsule d'un produit miracle supposé stimuler leurs performances sexuelles. L'un d'entre eux si essaie et succombe à la dose létale de cyanure qu'elle contient. Très vite, les soupçons se portent sur Peter Dorfrichter, classé 3 places derrière le dernier promu au classement de l'Ecole Supérieure de Guerre... . Pour le capitaine Kunze, à la fois enquêteur et procureur dans l'absurde système judiciaire en vigueur dans l'empire, il s'agira de prouver la culpabilité de cet homme aussi fascinant et intelligent qu'effrayant, mais aussi de faire face à plusieurs cas de conscience et aux pressions exterieures d'une armée peu encline à voir sa réputation salie par l'épisode.
Cette enquête policière, agréable à lire pour les amateurs du genre et inspirée d'une histoire vraie (l'affaire Hofrichter), intéressera aussi les amateurs d'histoire par le tableau riche qu'elle fait de la société austro-hongroise du début du siècle, encore si puissante mais aussi tellement proche de sa fin, et incapable de mettre sur le devant de la scène les hommes et les idées susceptibles de la sauver. Le duo Dorfrichter-Kunze, l'exalté visionnaire face au tempéré consciencieux, est très bien écrit mais n'écrase pas le roman pour autant, d'ailleurs tous les personnages sont décrits avec une certaine finesse et me semblent cohérents et profonds. Je trouve que l'ensemble est très bien dosé, le roman ne vit pas que par le suspense comme c'est souvent le cas des policiers "moyenne gamme" mais il y a quand même suffisament de tension pour tenir en haleine les lecteurs qui ne goûtent pas les récits psychologiques soporifiques. Les toutes premières et les toutes dernières pages me semblent particulièrement remarquables comme éclairage de la psychologie masculine.
Vienne, 1910. Quelques décénnies après avoir échoué à unifier sous sa coupe le monde allemand, l'empire Austro-Hongrois confronté à la montée en puissance du voisin russe, s'inquiète de sa survie qui repose sur l'invraisemblable cohabitation d'une dizaine d'ethnies dont la période romantique a mis en exergue les sentiments nationaux. Confrontée à la juxtaposition de centres culturels et scientifiques de niveau mondial et des régions paysannes atrocement sous-développées, l'administration tente de faire émerger un semblant d'unité nationale, par exemple en envoyant fonctionnaires et militaires aux quatre coins du territoire en priant pour d'improbables métissages. De ces décisions marquées par l'arbitraire, le népotisme et l'incohérence typique d'un cadre resté résolument d'ancien régime, donc en retard d'un siècle, naissent surtout les frustrations. Omniprésente, l'armée est le siège d'une lutte d'influence sur le point d'être gagnée par les partisans d'une guerre préventive contre les slaves du sud et leurs alliés russes.
Dans ce contexte, dix jeunes officiers fraichement nommés à l'Etat-Major - le graal, par comparaison à ceux qui croupissent en Galicie, à Nagykanizsa ou à Sarajevo - reçoivent par la poste une capsule d'un produit miracle supposé stimuler leurs performances sexuelles. L'un d'entre eux si essaie et succombe à la dose létale de cyanure qu'elle contient. Très vite, les soupçons se portent sur Peter Dorfrichter, classé 3 places derrière le dernier promu au classement de l'Ecole Supérieure de Guerre... . Pour le capitaine Kunze, à la fois enquêteur et procureur dans l'absurde système judiciaire en vigueur dans l'empire, il s'agira de prouver la culpabilité de cet homme aussi fascinant et intelligent qu'effrayant, mais aussi de faire face à plusieurs cas de conscience et aux pressions exterieures d'une armée peu encline à voir sa réputation salie par l'épisode.
Cette enquête policière, agréable à lire pour les amateurs du genre et inspirée d'une histoire vraie (l'affaire Hofrichter), intéressera aussi les amateurs d'histoire par le tableau riche qu'elle fait de la société austro-hongroise du début du siècle, encore si puissante mais aussi tellement proche de sa fin, et incapable de mettre sur le devant de la scène les hommes et les idées susceptibles de la sauver. Le duo Dorfrichter-Kunze, l'exalté visionnaire face au tempéré consciencieux, est très bien écrit mais n'écrase pas le roman pour autant, d'ailleurs tous les personnages sont décrits avec une certaine finesse et me semblent cohérents et profonds. Je trouve que l'ensemble est très bien dosé, le roman ne vit pas que par le suspense comme c'est souvent le cas des policiers "moyenne gamme" mais il y a quand même suffisament de tension pour tenir en haleine les lecteurs qui ne goûtent pas les récits psychologiques soporifiques. Les toutes premières et les toutes dernières pages me semblent particulièrement remarquables comme éclairage de la psychologie masculine.
Krisz- Messages : 34
Date d'inscription : 19/10/2023
Localisation : Székesfehérvár-lez-Durance
Re: Maria Fagyas
merci Krisz pour ce commentaire qui invite à la lecture, l'empire Austro-Hongrois sur sa fin est intéressant. J'ai lu 1 ou 2 livres sur le sujet (Joseph Roth notamment)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21628
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Maria Fagyas
Oui et ça peut éclairer l'actualité par ricochet.
J'en ai entendu parler, de Roth, mais pas lu.
J'en ai entendu parler, de Roth, mais pas lu.
Krisz- Messages : 34
Date d'inscription : 19/10/2023
Localisation : Székesfehérvár-lez-Durance
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