Temur Babluani
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Temur Babluani
Temur Babluani
Né en 1948
Né en 1948
Temur Babluani, (en géorgien : თემურ ბაბლუანი), parfois Teïmouraz Bablouani1, né le 20 mars 1948 à Tchagouri en Svanétie (Géorgie, à l’époque en URSS), est un cinéaste géorgien, acteur, scénariste, réalisateur et producteur de longs métrages.
Le soleil, la lune et les champs de blés est son premier livre (vendus à 45000 exemplaires et a également été publié en Azerbaïdjan et en Russie, où il va être adapté en série.)
Dernière édition par Bédoulène le Mer 7 Aoû - 10:03, édité 1 fois
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Re: Temur Babluani
Ce livre est un petit pavé (en ebook 540 p) qui se lit très facilement, prose cinématographique (d'après certains lecteurs)
Personnellement j'ai beaucoup apprécié cette fresque qui se déroule sur plusieurs décennies dans l'URSS, puis après sa chute.
Certains épisodes politiques sont relatés au narrateur après son retour en Géorgie.
Joseph Andronikachvili, dit Djoudé vient de réussir son diplôme. Manouchka et lui sont amoureux et envisagent la vie avec bonheur comme tous les couples. Hélas le destin en décide autrement qui plonge Djoudé dans une tourmente qui durera environ 50 ans.
Par amitié il accepte une mission que lui confie son ami juif Haïm dont il ne connaîtra la conclusion que des années plus tard. Dans la ville de Tbilissi et particulièrement dans le quartier où vit Djoudé plusieurs religions sont présentes, les chrétiens, les juifs, les arméniens et comme dans toutes les villes il y a aussi les bandits, les voleurs, tueurs.........
Djoudé est condamné 10 ans pour un meurtre qu'il n'a pas commis et envoyé dans un camp en Sibérie, il s'évadera et devra traverser la Taïga avec tous les dangers quelle représente, humains et animaux. Espérant rejoindre Manouchak et son père Djoudé, sans pièces d'identité dérobe le passeport d'un homme qui lui ressemble comme un frère, mal lui en prend car l'homme était recherché pour divers délits, dont crime ; voilà Djoudé arrêté, et envoyé à nouveau dans un camp du Nord pour un crime qu'il n'a pas commis.
Le sort s'acharnant sur Djoudé, alors qu'il avait accepté son sort et travaillait dans le camp comme cordonnier (le métier de son père) il se trouve que le nouveau directeur, ancien soldat dans l'ancien camp de Sibérie, le reconnait.
Djoudé pour se faire un peu d'argent dessine et vends ses dessins, il avait d'ailleurs fait un dessin pour ce soldat. Mis au cachot avant d'être exécuté Djoudé est aidé par un détenu, son ami russe, il s'évade avec 2 autres détenu, un Ouzbek et un bandit, son ami russe l'a averti que pour ces 2 hommes, quand il ne sera plus utile et quand il n'y aura plus de quoi se nourrir, il sera leur réserve alimentaire.
Djoudé après de nombreux kms décide que c'est le moment pour lui de quitter les 2 hommes, il s'enfuit en catimini, doit à nouveau traverser forêts, rivières.......... avant d'arriver dans une ville.
Mais encore une fois son destin le trahit, une bagarre dans un bar où il se désaltérait attire la police, emmené au poste de police l'un des policiers s'aperçoit qu'il est Joseph Andronikachvili, enfuit du camp de Sibérie et recherché pour meurtre (encore une fois dont il est innocent) emprisonné et condamné est envoyé dans un fourgon avec d'autres détenus vers la ville d'exécution, le Lieutenant qu'il connait puisque celui-ci venait jouer aux échecs dans sa cellule et lui avait dit être celui qui ferait le tir fatal ; ce Lt donc prend un raccourci qui conduira le fourgon sur un lac, bref la glace se brise et fourgon et hommes s'enfonce dans le lac glacial, Djoudé étant assis contre la porte parvient à s'extraite et fait surface, le Lt tente de s'accrocher et appelle Djoudé au secours et Djoudé le sauve, ils seront récupérés par un camion de cirque. Arrivés à la ville le Lt promet à Djoudé de lui donner un permis de circulation avec lequel il ne sera pas ennuyé ; il devra attendre le Lt ce soir dans la gare.
Djoudé se rend à la gare mais il ne voit pas le Lt, fatigue émotion, Djoudé s'évanouit, ce qui n'est pas étonnant chez lui.
Quand Djoudé reprend ses esprits il se retrouve dans un monastère d'hommes, hôpital psychiatrique, mais 14 ans plus tard. Le responsable du monastère lui explique que c'est une soeur qui l'a trouvé évanoui dans la gare, gare qui se trouve à 800 kms de celle où il attendait le Lt et l'a transporté dans ce monastère pour être soigné. Le moine lui dit qu'il connait son nom car il avait dans la poche un permis de circulation au nom de Dimitri Chostakovitch. Djoudé comprend que le Lt avait tenu parole, le trouvant évanouit il l'a mis dans un train avec le permis en poche.
Le moine lui fait avoir un passeport à son nom, celui du permis de circulation, Djoudé peut rentrer enfin en Georgie.
Sa ville a changé, la situation politique aussi, il apprend que l'URSS n'existe plus, que son père est décédé il y a 10 ans, et Manouchak est mariée à un Ezeri, mais elle est toujours en vie. Il la revoit.
Le destin sera enfin meilleur pour Djoudé qui revoit son ami Haïm à qui il avoue avoir tué Trokadero (un ami de longues dates d'Haïm) qu'il a retrouvé inopinément alors que celui-ci était kidnappé par la Confrérie, c'est lui qui a brisé sa vie et celle de ceux qu'il aimait, Manouchak et son père. Djoudé s'est fait justice.
Haïm comprend, et accepte, il sait que Djoudé s'est conduit comme un homme - c'est une notion importante surtout vis à vis des voyous et de ceux qui ont le pouvoir -comme il est très riche, il donne beaucoup d'argent, une maison, une voiture à Djoudé qui est resté son ami, malgré tout.
Il est dit que le destin de Djoudé sera encore une fois malchanceux, Manouchak meurt accidentellement, Djoudé s'occupera de sa petite-fille prénommée aussi Manouchak.
La politique en Géorgie devenant très instable et Djoudé craignant d'être rattrapé par son passé, part avec sa maisonnée en Turquie.
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C'est un périple intéressant dans l'ex-URSS, une vue sur les camps, et leur gestion, que je connaissais pour avoir lu plusieurs livres, notamment celui autobiographique de Evguenia Guinzbourg, mais toujours d'autres détails inconnus et les traversées de la Taïga, des forêts, les rivières, passages autant écriture que visualité.
La mentalité des différentes ethnies ainsi que bien sur l'insondable bureaucratie de la Russie, les brèves mais notables apparitions et rappel du KGB ; font souvenir de l'immensité geographique de l'ex URSS et du choc lors de sa chute.
Evidemment le destin tragique du personnage de Djoudé rappelle aussi l'implication du hasard, mais aussi des choix.
Une lecture qui m'a beaucoup intéressée.
extraits :
"— Vingt-cinq ans ont passé depuis, poursuivis-je. L’Union soviétique s’est désagrégée… Enfin, tu es réapparu. Ces trente millions de dollars sont restés murés dans la cave. Tu as acheté cette maison sans même négocier le prix. Puis, un jour, en présence d’un vieil homme respectable, tu as creusé le mur, sorti cet argent et tu l’as brûlé. Ainsi, les Juifs géorgiens ont mis fin à cette histoire. Je n’ai rien oublié, non ?
Il attendit un peu avant de me dire à voix basse :
— Pourquoi tu veux fourrer ton nez dans ces affaires, Djoudé ? Pourquoi tu en as besoin ?
— Je te rappelle que j’y ai apporté ma petite contribution…
— Je n’ai jamais dit que ça s’était vraiment passé comme ça… Peu importe… Mais je te signale que ça ne te regarde pas. Tu ferais mieux de tout oublier.
J’avais une insulte au bout de la langue, mais je la retins.
— Tu ne reconnais donc pas mon mérite !
— Tu demandes quoi ?
— Tu penses que je peux réclamer quelque chose ?
— Parle !
— Je ne demande rien. Simplement, je ne veux pas que tu me prennes pour un pigeon.
— C’est tout ?
Je voulus lui dire : « Si tu n’étais pas mon meilleur ami, alors j’aurais une autre vie ! » Mais je ne dis rien. Il le savait très bien.
Je lui lançai une injure puis ajoutai avec regret :
— À cette époque lointaine, je te considérais comme mon frère…
Il pencha la tête en arrière.
— Est-ce que tu as déjà pensé à me tuer ?
— Oui… avant que je revoie Manouchak.
Il réfléchit.
— Tu n’as pas à t’inquiéter.
Et il respira profondément.
— Si ta mort pouvait ressusciter Trokadero, alors je ne sais pas ce que je ferais. Mais maintenant, tu peux être tranquille. Rien ne te menace, personne ne te touchera.
Pendant une seconde, une étincelle de compassion allumée dans ses yeux me rappela le Haïm d’autrefois, celui qui m’offrait le reste de sa glace en me disant : « Tiens, mange ! »
engage une nounou pour la petite-fille de Manouchak :
"Enfin, mon choix s’arrêta sur une femme que je présentai à la petite. Seul son avis comptait pour moi. La petite Manouchak l’aima.
La femme était une réfugiée. Le seul être qui lui restait au monde était son chien boiteux. Elle vivait sous un escalier, sans travail fixe. Malgré sa misère, elle partageait son pain avec son chien. Vous voyez ce genre de personnes ? Certains les prennent pour des barjos, mais moi, je les préfère aux gens raisonnables. Donc, j’étais sûr que je ne trouverais pas meilleure nounou pour la petite.
Je l’autorisai à prendre son chien avec elle.
— Mais à une condition : il doit rester dans la cour. Je ne veux pas l’avoir dans la maison.
Elle hésita.
— Je vais lui construire une belle niche, ajoutai-je.
Elle réfléchissait encore.
— Il aura largement de quoi se remplir le ventre, continuai-je.
Enfin, elle accepta.
— Je suis d’accord.
Son mari et ses fils avaient été tués par des Cosaques. Elle avait survécu par hasard. N’ayant plus rien à manger, elle ramassait des mollusques au bord de la mer"
Djoudé peind :
"Actuellement, je travaille sur un tableau qui représente Haïm et Trokadero assis sur un banc du square, en pleine conversation. Trokadero est nerveux, affirme quelque chose les mains levées, comme à son habitude. Haïm, les jambes croisées, esquisse un sourire ironique. Ils portent des manteaux. C’est l’hiver. Près du banc, la neige couvre par endroits la terre et les branches dénudées des arbres.
Je ne sais pas combien de temps il me faudra pour finir ce tableau. Quand je le terminerai et manierai le pinceau avec plus d’aisance, je commencerai à peindre un autre tableau. J’ai choisi son sujet sur le chemin allant du Kazakhstan à la Géorgie. Au premier abord, il n’est pas compliqué.
Au-dessus de hautes collines arides, la lune éclaire un coin du ciel. Dans un autre coin, le soleil brille. La route descend d’une colline vers un champ de blé. Manouchak s’y tient debout. Elle porte le gilet brodé de lila, que je lui avais offert et regarde la route, le visage impatient. Manifestement, elle attend quelqu’un.
Tout mon tableau ne sera que ça.
Si quelqu’un qui connaît notre histoire voit ce tableau, il comprendra sans doute que c’est moi que Manouchak attend."
\Mots-clés : #aventure #captivite #regimeautoritaire
Dernière édition par Bédoulène le Jeu 8 Aoû - 11:04, édité 1 fois
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Bédoulène- Messages : 21631
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Temur Babluani
Voilà une fresque épique qui paraît étonnante !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
Date d'inscription : 09/12/2016
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