Michel Pastoureau
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Michel Pastoureau
Michel Pastoureau
Né en 1947
Né en 1947
Michel Pastoureau, né le 17 juin 1947 à Paris, est un historien médiéviste français, spécialiste de la symbolique des couleurs, des emblèmes, et de l'héraldique.
Michel Pastoureau est le petit-cousin de Claude Lévi-Strauss, le fils d'Henri Pastoureau, proche des surréalistes et le neveu d'Henri Dubief (historien) ; archiviste paléographe, sa thèse de l'École des chartes, soutenue en 1972, porte sur le bestiaire héraldique du Moyen Âge. Le sujet est alors considéré comme peu porteur : l'héraldique passait alors pour une discipline archaïque, et les animaux pour un sujet puéril qui n'intéressait pas les historiens.
Il est historien, et directeur d'études à l'École pratique des hautes études (4e section), où il occupe depuis 1983 la chaire d'histoire de la symbolique occidentale. Il a été élu en 2006 correspondant français de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est membre de l'Académie internationale d'héraldique, président de la Société française d'héraldique et de sigillographie et enseigne régulièrement à l'École du Louvre.
Il a publié une quarantaine d'ouvrages, dont certains traduits dans plusieurs langues, consacrés à l'histoire des couleurs, des animaux et des symboles. Ses premiers travaux portaient sur l'histoire des emblèmes et les domaines qui s'y rattachent : héraldique, sigillographie et numismatique.
Le 3 novembre 2010, il reçoit le prix Médicis essai pour son ouvrage Les Couleurs de nos souvenirs.
En juillet et août 2015 il produit avec Mathilde Wagman l'émission "Les animaux aussi ont une histoire" sur France Culture qui a pour ambition de cheminer à travers de grands récits de l'histoire sociale, culturelle, religieuse et symbolique de notre civilisation afin de composer un petit bestiaire radiophonique enchanté.
En juin 2016, il écrit, pour la première fois, pour la jeunesse en éditant aux Editions Privat, un ouvrage destiné à expliquer la couleur noire aux enfants. "Pierre n'a plus peur du noir", Textes de Michel Pastoureau et illustrations de Laurence Le Chau.
Bibliographie :
1976 : La vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la table ronde
1976 : Les Armoiries
1979 : Traité d'héraldique (version revue et complétée à plusieurs reprises)
1981 : Les sceaux
1982 : L'hermine et le sinople, études d'héraldique médiévale
1984 : Jetons, méreaux et médailles
1986 : Figures et couleurs. Études sur la symbolique et la sensibilité médiévales
1989 : Couleurs, images, symboles. Études d'histoire et d'anthropologie
1991 : L'étoffe du diable, une histoire des rayures et des tissus rayés
1992 : Dictionnaire des couleurs de notre temps
1996 : Figures de l'héraldique
1998 : Les emblèmes de la France
1998 : Jésus chez le teinturier. Couleurs et teintures dans l'Occident médiéval
2001 : Les animaux célèbres
2002 : Bleu. Histoire d'une couleur
2004 : Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental
2005 : Le petit livre des couleurs (avec Dominique Simonnet)
2006 : La Bible et les Saints
2007 : L'ours. Histoire d'un roi déchu
2008 : Noir : histoire d'une couleur
2009 : L'art de l'héraldique au Moyen Âge
2009 : Le cochon. Histoire d'un cousin mal-aimé
2010 : Les couleurs de nos souvenirs
2011 : Bestiaires du Moyen Âge
2013 : Figures romanes
2013 : Les secrets de la licorne
2013 : Vert. Histoire d'une couleur
2015 : Le roi tué par un cochon
2016 : Rouge : histoire d'une couleur
Livre pour la jeunesse
2016 : Pierre n'a plus peur du noir
Dernière édition par bix_229 le Dim 11 Déc - 18:22, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Michel Pastoureau
Michel Pastoureau : L'ours, histoire d'un roi déchu. - Points/Seuil
Il y a quelques temps, j'ai vu un documentaire sur l'ours brun...
C'était sur Arte et c'était excellent.
Le film montrait longuement sa vie, avec des images surprenantes et toujours superbes sur la gestation des ourses.
Le film insistait sur les moyens de préserver l'espèce, parce que la conclusion était que leur avenir était précaire...
Un survol de l'Europe permet de se rendre compte que la situation de l'ours et le regard qu'on lui porte est différent selon qu'on est dans les Balkans, en Autriche, en Grèce, en Espagne ou ... en France.
En effet, alors que partout ailleurs, on le respecte, on l'admire, on cohabite sans problèmes, et on cherche à le protéger, pourquoi la France est elle le seul pays où l'ours soulève une polémique ?
Les intérêts des éleveurs sont-ils seuls en cause et leur rejet de l'ours est-il réellement fondé ?
C'est la question qu'on peut se poser apès avoir vu ce film.
Mon intention n'est pas de polémiquer sur la question. Je dirais même que si l'opposition et le rejet de l'ours trop vifs en France, mieux vaut ne pas essayer de le réintroduire...
Les rapports avec l'ours ont été pourtant meilleurs dans notre pays. Incontestablement.
Au Moyen Age, l'ours était à la fois craint et admiré. On le considérait même comme le roi des animaux avant qu'on connaisse le lion.
Des nobles familles cherchaient des parentés avec l'animal et on le retrouvait dans leur nom et sur leurs armes. A commencer, à tout seigneur tout honneur, par le roi Arthur.
Si on remonte encore plus loin dans le temps, on découvre que l'ours et l'homme ont partagé les mêmes grottes pour s'abriter.
Les peintures rupestres en témoignent et elles sont nombreuses dans toute l'Europe.
Et c'est ce qu'on apprend en lisant le livre de Michel Pastoureau :
L'ours. Histoire d'un roi déchu (Seuil, 2OO6).
J'ai lu une histoire splendide sur l'ours racontée par l'explorateur danois Knud Rasmussen. Et je n'oublie ni le le loup ni les abeilles...
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mots-clés : #historique
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Michel Pastoureau
Le Roi tué par un cochon
Michel Pastoureau est un conteur redoutable. A partir de ce qui ne semble à première vue qu’un épisode historique secondaire, il nous entraîne dans une enquête quasi policière pour un voyage fascinant parmi la symbolique du Moyen Age.
A point de départ, un évènement dramatique : le 13 octobre 1130, le cheval que montait le jeune Philippe, roi de France, fils aîné de Louis VI le Gros, chute dans une rue de Paris à cause d’un cochon. Le roi est projeté sur une pierre et écrasé sous le poids du cheval. Il meurt quelque temps plus tard.
Philippe ne figure pas dans la numérotation des rois de France. Toutefois, comme tous les fils aînés du roi régnant jusque Philippe-Auguste, il a été sacré à Reims afin d’assurer un principe dynastique (les Capétiens n’oublient pas que le premier d’entre eux Hugues Capet doit son pouvoir à l’élection). Oint du saint chrême, Philippe participe donc bien au caractère sacré des rois de France. Il est qualifié dans les textes de « Rex junior ». Il est d’ailleurs rapidement inhumé dans la basilique royale de Saint-Denis. Quelques jours plus tard, son frère Louis est sacré à Reims. On ne plaisante avec la continuité royale !
Que ce jeune héritier ait été tué à la chasse par un sanglier, gibier royal à l’époque, passe encore. Mais par un vulgaire porc gyrovague, bête immonde entre toutes, un « porcus diabolicus » comme en parle Suger, voilà qui entache la dynastie d’une souillure indélébile.
L’avènement au trône de Louis VII, frère de Philippe, mal préparé à la fonction, semble confirmer la malédiction qui frappe la famille royale. C’est en effet un règne calamiteux marqué par l’échec de la 2e croisade, celui du mariage avec Aliénor suivi d’un divorce désastreux qui va livrer l’Aquitaine à l’Angleterre, et j’en passe. Trois personnes entrent alors en jeu : l’abbé de Saint-Denis, le fameux Suger, saint Bernard de Clairvaux et bien sûr le roi. Tous vouent une dévotion profonde envers la Vierge Marie. Bientôt les attributs de la Vierge, la fleur de lys, symbole de pureté, et la couleur bleue vont devenir ceux du roi de France, le fameux « d’azur semé de lis d’or ». Coup de génie qui place à nouveau le roi de France dans une position particulière, ses armes étant de nature divine, par rapport à ses confrères d’Europe. L’hypothèse séduisante, remarquablement argumentée par Michel Pastoureau, bien qu’elle ne puisse malheureusement être confirmée par aucun document, est que l’adoption des attributs mariaux lave la souillure due au porc errant. De l’animal infâme aux lis d’or sur azur il n’y aurait donc qu’un pas !
Et qu’est-il advenu de ce « porcus diabolicus ». Nous l’ignorons. Dans un passage limpide sur les procès d’animaux et leurs enjeux, l’auteur nous apprend qu’ils n’apparaissent qu’un peu plus tard. Le régicide a donc évité le jugement et probablement une condamnation à mort.
Michel Pastoureau a le privilège d’une plume claire et simple qui fait de son récit un livre abordable par tous et vraiment agréable à lire, tout en gardant une rigueur historique sans faille. C’est un historien aussi plein d’humour. Il nous dit par exemple de nous méfier de la prose de Suger, maniant mal le latin, aux phrases ampoulées, cherchant à imiter Lucain. Il nous explique également les difficultés qu’il rencontrait lors de son service militaire pour replier le drapeau tricolore selon les règles et faire en sorte que le bleu recouvre les autres couleurs !
Qui a dit que nous n’avions plus de grands historiens en France ?
mots-clés : #historique #moyenage
Michel Pastoureau est un conteur redoutable. A partir de ce qui ne semble à première vue qu’un épisode historique secondaire, il nous entraîne dans une enquête quasi policière pour un voyage fascinant parmi la symbolique du Moyen Age.
A point de départ, un évènement dramatique : le 13 octobre 1130, le cheval que montait le jeune Philippe, roi de France, fils aîné de Louis VI le Gros, chute dans une rue de Paris à cause d’un cochon. Le roi est projeté sur une pierre et écrasé sous le poids du cheval. Il meurt quelque temps plus tard.
Philippe ne figure pas dans la numérotation des rois de France. Toutefois, comme tous les fils aînés du roi régnant jusque Philippe-Auguste, il a été sacré à Reims afin d’assurer un principe dynastique (les Capétiens n’oublient pas que le premier d’entre eux Hugues Capet doit son pouvoir à l’élection). Oint du saint chrême, Philippe participe donc bien au caractère sacré des rois de France. Il est qualifié dans les textes de « Rex junior ». Il est d’ailleurs rapidement inhumé dans la basilique royale de Saint-Denis. Quelques jours plus tard, son frère Louis est sacré à Reims. On ne plaisante avec la continuité royale !
Que ce jeune héritier ait été tué à la chasse par un sanglier, gibier royal à l’époque, passe encore. Mais par un vulgaire porc gyrovague, bête immonde entre toutes, un « porcus diabolicus » comme en parle Suger, voilà qui entache la dynastie d’une souillure indélébile.
L’avènement au trône de Louis VII, frère de Philippe, mal préparé à la fonction, semble confirmer la malédiction qui frappe la famille royale. C’est en effet un règne calamiteux marqué par l’échec de la 2e croisade, celui du mariage avec Aliénor suivi d’un divorce désastreux qui va livrer l’Aquitaine à l’Angleterre, et j’en passe. Trois personnes entrent alors en jeu : l’abbé de Saint-Denis, le fameux Suger, saint Bernard de Clairvaux et bien sûr le roi. Tous vouent une dévotion profonde envers la Vierge Marie. Bientôt les attributs de la Vierge, la fleur de lys, symbole de pureté, et la couleur bleue vont devenir ceux du roi de France, le fameux « d’azur semé de lis d’or ». Coup de génie qui place à nouveau le roi de France dans une position particulière, ses armes étant de nature divine, par rapport à ses confrères d’Europe. L’hypothèse séduisante, remarquablement argumentée par Michel Pastoureau, bien qu’elle ne puisse malheureusement être confirmée par aucun document, est que l’adoption des attributs mariaux lave la souillure due au porc errant. De l’animal infâme aux lis d’or sur azur il n’y aurait donc qu’un pas !
Et qu’est-il advenu de ce « porcus diabolicus ». Nous l’ignorons. Dans un passage limpide sur les procès d’animaux et leurs enjeux, l’auteur nous apprend qu’ils n’apparaissent qu’un peu plus tard. Le régicide a donc évité le jugement et probablement une condamnation à mort.
Michel Pastoureau a le privilège d’une plume claire et simple qui fait de son récit un livre abordable par tous et vraiment agréable à lire, tout en gardant une rigueur historique sans faille. C’est un historien aussi plein d’humour. Il nous dit par exemple de nous méfier de la prose de Suger, maniant mal le latin, aux phrases ampoulées, cherchant à imiter Lucain. Il nous explique également les difficultés qu’il rencontrait lors de son service militaire pour replier le drapeau tricolore selon les règles et faire en sorte que le bleu recouvre les autres couleurs !
Qui a dit que nous n’avions plus de grands historiens en France ?
mots-clés : #historique #moyenage
ArenSor- Messages : 3428
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