Mona Ozouf
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Mona Ozouf
Née en 1931
Née en 1931, Mona Ozouf est directrice de recherche émérite au CNRS. Après des études de philosophie, elle passe finalement à l’histoire. Pendant sa carrière universitaire, elle fait la connaissance des historiens Denis Richet, Emmanuel Le Roy Ladurie et François Furet. Membre du Centre de recherches politiques Raymond-Aron à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences jusqu’à sa retraite. Elle est chroniqueuse au Nouvel Observateur et participe à la revue Le Débat. Ses travaux portent pour l'essentiel sur les questions relatives à l'école publique et à la Révolution française, à la place des femmes dans la société et la littérature. Elle s'intéresse particulièrement aux rapports qu'entretiennent pédagogie, idéologie et politique.
Féminisme
Mona Ozouf considère que la généralisation de la contraception est la plus grande révolution moderne, et « la raison pour laquelle [elle] ne dira jamais que "c'était mieux avant" ».
Dans son ouvrage Les Mots des femmes : essai sur la singularité française, elle critique le féminisme égalitaire dit « à l’américaine », en opposant un commerce heureux entre les sexes à la judiciarisation excessive de leurs rapports telle qu’elle existe aux États-Unis. Selon elle, ce féminisme serait un apport étranger, en décalage avec la singularité des mœurs françaises issues du modèle aristocratique de la galanterie française.
Publications
• L'École, l'Église et la République 1871–1914, Paris, Armand Colin, 1962, réédition Points Histoire, 2007
• La Fête révolutionnaire 1789–1799, Paris, Gallimard, 1976.
• L'École de la France : essai sur la Révolution, l'utopie et l'enseignement (École laïque), Paris, Gallimard, 1984.
• Dictionnaire critique de la Révolution française Institutions et créations, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1993.
• Dictionnaire critique de la Révolution française Événements, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1993.
• Dictionnaire critique de la Révolution française Acteurs, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1993.
• L'Homme régénéré : essai sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989.
• Mona Ozouf et Jacques Ozouf, La République des instituteurs, Paris, Gallimard, 1989.
• La Gironde et les Girondins, Paris, Payot, 1991.
• Le Siècle de l'avènement républicain, en coll. avec François Furet, Paris, Gallimard, 1993
• Les Mots des femmes : essai sur la singularité française, Paris, Fayard 1995.
• Das Pantheon, Wagenbach, 1996
• La Muse démocratique, Henry James ou les pouvoirs du roman, Paris, Calmann-Lévy, 1998.
• Un itinéraire intellectuel, en coll. avec François Furet, Paris, Calmann-Lévy, 1999.
• Les Aveux du roman. Le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution, Paris, Fayard, 2001.
• Le Langage blessé : reparler après un accident cérébral, Paris, Albin Michel, 2001.
• Une autre République : 1791 : L'occasion et le destin d'une initiative républicaine, en coll. avec Laurence Cornu, Paris, L'Harmattan, 2004.
• Varennes. La mort de la royauté, 21 juin 1791, Paris, Gallimard, 2005.
• Jules Ferry, Paris, Bayard-Centurion, 2005.
• Varennes, la mort de la royauté, Paris, Gallimard, 2006.
• Composition française : retour sur une enfance bretonne, Paris, Gallimard, 2009.
• La Cause des livres, Paris, Gallimard, 2011.
• Jules Ferry : La liberté et la tradition, Paris, Gallimard, 2014.
• De Révolution en République : les chemins de la France, Paris, Gallimard, 2015.
• L’autre George : À la rencontre de George Eliot, Paris, Gallimard, 2018.
• Pour rendre la vie plus légère : les livres, les femmes, les manières, Stock, 2020.
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
Mona Ozouf, spécialiste de la Révolution française mais aussi de ses suites au XIXe siècle, met en perspective De la démocratie en Amérique de Tocqueville et l’œuvre d’Henry James : une réflexion sur le passage du singulier au général auquel doit aboutir la mise en place égalitariste de la démocratie dans le Nouveau Monde, en opposition avec la société anglaise hiérarchisée voire la société française. En analysant plusieurs des grands romans de James, l’auteur affirme l’importance du roman comme éclairage de ces questions que la discipline historique ne peut pas complètement atteindre. Chaque chapitre aborde un sujet dans toute sa complexité : présentation des Américains en Europe, réflexion autour des Bostoniennes, rôle de la religion : catholicisme et protestantisme, la place de la France dans l’œuvre, le rôle de l’amour et enfin, la manière de boucler ou ne pas boucler un récit.
Pour qui connaît bien l’œuvre de James, c’est une façon d’approfondir, de modifier ou non sa propre perception des romans ou nouvelles. Mais c’est aussi la voix de Mona Ozouf que nous entendons, ces interrogations sur les limites de la démocratie, du peu de cas qu’elle fait parfois de l’art en privilégiant des approches sociales et économiques, sur la place des femmes et leur éducation au XIXe siècle aussi bien en Amérique qu’en Europe.
Ce livre est à rapprocher de celui que Mona a consacré à George Eliot : L’Autre George : A la rencontre de George Eliot, paru en 2018.
J’avoue que j’ai un faible pour les ouvrages de Mona Ozouf, aussi bien en histoire sur la Révolution (une position moins à gauche et plus critique que celle de Soboul. Il ne faut pas oublier que Mona Ozouf a quitté le parti communiste après Budapest en 1956), sur le féminisme, ce qui transparaît en particulier dans L’Autre George.
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
Il me faudrait approfondir cette allégation, tant j'ai l'impression que les États-uniens soient fort individualistes (ce qui n'empêche pas forcément la démocratie).Pinky a écrit:une réflexion sur le passage du singulier au général auquel doit aboutir la mise en place égalitariste de la démocratie dans le Nouveau Monde
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Re: Mona Ozouf
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Mona Ozouf
Il me faudrait approfondir cette allégation, tant j'ai l'impression que les États-uniens soient fort individualistes (ce qui n'empêche pas forcément la démocratie).
Il faudrait repartir du livre de Tocqueville que j'ai recherché en vain dans mes bouquins pour voir les rapprochements que fait Mona Ozouf avec la question du nivellement de la société mis en relation avec l'instauration de la démocratie au XIXe siècle aux Etats Unis. Elle évoque aussi le manque de passé (que l'on pourrait rapprocher du "du passé faisons table rase" de la Révolution française.) Je pense aussi que ce qui l'intéresse dans le roman c'est le fait qu'on a affaire à des individus et non à des groupes, même si elle les relie à des entités : les Américains, les Français tout en complexifiant à chaque fois ses analyses. Bref, il faut lire son livre et encore mieux, Tocqueville pour approfondir son approche. Cependant, son analyse de James se suffit à elle-même et ouvre des voies d'interprétation intéressantes, en tous cas à mon avis.
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
Sinon, c'est bien l'idée de la révolution, dans le mot lui-même, tout chambouler (pour revenir pas loin du point de départ, oublié avec le passé et l'histoire).
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Mona Ozouf
Pour mémoire je rappelle qu’Alexis de Tocqueville (1805-1859) est un magistrat, philosophe, politiste, précurseur de la sociologie et homme politique français. Il est allé aux Etats-Unis pour étudier le système carcéral de ce pays en 1830 et qu’il a rédigé De la Démocratie en Amérique en 1835 et 1840.
Voici quelques citations issues du livre d'Anne Baudart (petit livre conçu "pour étudiants et public cultivé")
…Tocqueville constate la fin d’un monde fondé jadis, sur la hiérarchie des valeurs d’une tradition forgeant un lien fort entre les générations. Abolition progressive de l’ordre aristocratique inégalitaire, brouillage des trois corps – noblesse, clergé, Tiers-Etat-, les mutations s’échelonnant sur sept siècles et donnant lieu au XVIIIe siècle, à la Révolution française, comme à l’aboutissement d’un processus lent et long, suivant une marche inexorable. Le fait démocratique, selon l’auteur, se reconnait à trois directions : l’égalisation progressive des conditions, l’affirmation de la souveraineté populaire et la puissance de l’opinion publique.
« Tocqueville va chercher à comprendre alors, comment passés les élans de ferveur révolutionnaire, les Français ont peu à peu oublié la liberté au profit de la seule égalité, faisant tout naturellement sortir l’Empire du sein même de la Révolution. La passion de l’égalité oublieuse de la liberté mène-t-elle nécessairement au despotisme ? Le régime de l’égalisation des conditions qu’est la démocratie pousse-t-elle à l’atomisation individualiste, au repli sur la sphère privée plus qu’à la vie communautaire orientée par le souci du bien commun ?
Centralisation du pouvoir et souveraineté du peuple formeraient une combinatoire inédite, non contradictoire, qui petit à petit rendrait nul et sans utilité aucune, « emploi du libre-arbitre ». Se forgerait alors un « despotisme doux », insidieux, sans visage, anonyme, administratif, prévoyant et prévenant, aliénant et sécurisant à la fois, pas encore un totalitarisme ! Le conditionnel de la prophétie masque mal l’adhésion plénière de l’auteur à sa thèse : un « despotisme légal » est en train de se constituer et constituera sans doute l’essentiel du processus démocratique à venir. La « tyrannie de la majorité » observée aux Etats Unis, atteste une « toute puissance », un « empire » que redoute Tocqueville.
La menace que met en évidence Tocqueville est celle d’une loi de la majorité sans contre-pouvoir qui pourrait aboutir à un « despotisme légal » car obtenu par le vote majoritaire des électeurs. Evidemment, il resterait beaucoup à approfondir pour en savoir plus mais cela m'a déjà aidée à commencer à mieux comprendre les arrières plans politiques et historiques de l'ouvrage de Mona Ozouf.
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
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Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Mona Ozouf
est-ce que la ségrégation raciale est évoquée ? car après la guerre d'indépendance et malgré la libération de milliers d'esclaves par les Anglais (wiki) nous savons que cela a continué.
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Bédoulène- Messages : 21642
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Mona Ozouf
Pour Tristram, c'est plutôt comment équilibrer égalité et liberté, non pas choisir mais avoir des garde fous pour éviter (si on se projette au XXe siècle) de considérer qu'arriver légalement au pouvoir permet toutes les négations de l’État de Droit, ce qui serait "le despotisme légal"
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Mona Ozouf
Je ne sais pas si ma réponse est claire
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
est-ce que la ségrégation raciale est évoquée ? car après la guerre d'indépendance et malgré la libération de milliers d'esclaves par les Anglais (wiki) nous savons que cela a continué.
J'ai trouvé cette mention dans la biographie de Tocqueville
…. il entame une carrière politique en étant élu député de la Manche (Valognes) en 1839, siège qu'il conserve jusqu'en 1851. Se positionnant initialement à gauche il défendra au Parlement ses positions anti-esclavagiste et libre-échangiste, et s'interrogera sur la colonisation, en particulier en Algérie24. Il soutient cette entreprise tout en exposant les conditions d'une "colonisation durable et satisfaisante".
Je continue à creuser, il va falloir pour finir ouvrir un fil Tocqueville !!
Pinky- Messages : 525
Date d'inscription : 28/11/2021
Re: Mona Ozouf
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Mona Ozouf
Elisabeth-Louise- Messages : 158
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Re: Mona Ozouf
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Re: Mona Ozouf
Elisabeth-Louise- Messages : 158
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Re: Mona Ozouf
Inquiétante vision, datée de 1840...« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul [… »
Alexis de Tocqueville, « De la démocratie en Amérique »
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Mona Ozouf
Elisabeth-Louise- Messages : 158
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Re: Mona Ozouf
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Tristram- Messages : 15927
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