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Lucien Jerphagnon

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Message par ArenSor Jeu 31 Oct - 8:42

Lucien Jerphagnon
(1921- 2011)

Lucien Jerphagnon Lucien10

Philosophe français. Lucien Jerphagnon est né à Nancy en 1921. En 1943, réfractaire au S.T.O., il est dénoncé et déporté dans une usine d'armements près de Hanovre, où il restera jusqu'en 1945. Après la Libération, il entame une thèse sous la direction de Vladimir Jankélévitch, qu'il soutient en 1965. Elle sera publiée en 1966 sous le titre « De la banalité. Essai sur l'ipséité et sa durée vécue ». Il restera très proche du philosophe auprès duquel il enseigne de 1962 à 1966, en tant que chargé de cours à la Sorbonne, et lui consacrera par la suite un ouvrage (« Entrevoir et vouloir : Vladimir Jankélévitch », 2008). De même, la rencontre de Jean Orcibal, spécialiste du mysticisme, le marque profondément. De 1966 à 1984, Lucien Jerphagnon est conseiller à l'Institut international de philosophie. Par la suite, de 1970 jusqu'à sa retraite en 1984, il enseigne la philosophie antique et médiévale à l'université de Caen-Basse Normandie. La philosophie antique représentera pour lui la passion d'une vie et le conduira, dans le mouvement de redécouverte qui a vu naître les œuvres de Paul Veyne ou de Pierre Hadot, à lui consacrer une grande partie de son œuvre. Ce travail passe notamment par la figure centrale de saint Augustin (« Saint Augustin, le pédagogue de Dieu », 2002 ; « Augustin et la sagesse », 2006), et c'est sous la direction de Lucien Jerphagnon qu'est menée à bien la belle édition des « Œuvres » du philosophe et théologien dans la Bibliothèque de la Pléiade (1998-2002). On lui doit également plusieurs ouvrages de synthèse sur le monde antique et son système de pouvoir (« Vivre et philosopher sous les Césars », 1980 ; « Julien, dit l'Apostat », 1986 ; « Histoire de la Rome antique », 1987 ; « Le Divin César », 1991).

Encyclopædia Universalis. JERPHAGNON LUCIEN (1921-2011) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/lucien-jerphagnon/ (consulté le 30 octobre 2024)

Publications

• « Le Mal et l'Existence : réflexions pour servir à la pratique journalière », 1955
• « Pascal et la souffrance », 1956
• « Prières pour les jours intenables »,1956
• « L'Homme et ses questions »,1958
• « Servitude de la liberté ? : liberté - providence – prédestination »,1958
• « Pascal »,1969
• « Qu'est-ce-que la personne humaine ? : Enracinement, nature, destin »,1961
• « Le Caractère de Pascal, Essai de caractérologie littéraire »,1962
• « De la banalité. Essai sur l'ipséité et sa durée vécue », 1966
• « Introduction à la philosophie générale »,1968
• « Vladimir Jankélévitch, ou de l'Effectivité »,1969
• « Dictionnaires des grandes philosophies »,1973
• « Histoire des grandes philosophies »,1980
• « Vivre et philosopher sous les Césars »,1980
• « Vivre et philosopher sous l'Empire chrétien »,1981
• « Julien, dit l'Apostat », 1986
• « Histoire de la Rome antique »,1987
• « Histoire de la Pensée », Tome 1 "Antiquité et Moyen Âge",1989
• « Les Divins Césars. Étude sur le pouvoir dans la Rome impériale », 1991
• « Œuvres de saint Augustin »,1998-2002
• « Saint Augustin. Le pédagogue de Dieu », 2002
• « Les dieux ne sont jamais loin », 2002
• « Le Petit Livre des citations latines », 2004
• « Augustin et la sagesse », 2006
• « Au bonheur des sages », 2007
• « La Louve et l'Agneau », 2007
• « Laudator temporis acti », 2007
• « Entrevoir et Vouloir : Vladimir Jankélévitch », 2008
• « La Tentation du christianisme », 2009
• « La… Sottise ? (Vingt-huit siècles qu'on en parle) », 2010
• « De l'amour, de la mort, de Dieu et autres bagatelles », 2011
• « Les Armes et les mots », 2012
• « Connais-toi toi-même… Et fais ce que tu aimes », 2012
• « L’Homme qui riait avec les dieux », 2013
• « Les Miscellanées d'un Gallo-Romain », 2014
• « À l'école des Anciens », 2014
• « Mes Leçons d'antan : Platon, Plotin et le néoplatonisme », 2014
• « Entrevoir et vouloir : Vladimir Jankélévitch », 2016
• « L'Au-delà de tout », ( 2017
• « L'Astre mort », 2017
• « L'Absolue Simplicité », 2019


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Message par ArenSor Jeu 31 Oct - 8:50

Julien dit l'Apostat

Lucien Jerphagnon Julien10

Lucien Jerphagnon a parfois des rapprochements osés. Ainsi, il qualifie Eusébios, l’eunuque chef de la maison civile de l’empereur Constance, de Reinhard Heydrich du IVe siècle ; plus loin, il affirme que Modestus, préfet de Constantinople, « eût fait en d’autres temps un SS-Standartenführer très convenable » !   Ces comparaisons anachroniques, qui peuvent faire sursauter des historiens sourcilleux, ont du moins le mérite d’être parlantes. Ce caractère pédagogique est certainement le principal attrait de cette biographie de l’empereur Julien. Et il en fallait pour ne pas perdre le lecteur dans les méandres d’une histoire aussi complexe que celle du Bas-Empire romain.
Retenons une date : 337. Cette année là, l’empereur Constance, fils de Constantin, fait zigouiller tous les membres d’une branche de sa famille. Seul Julien, âgé de six ans et son frère ainé Gallus, échappent au massacre. Pourquoi un tel bain de sang ? Il Faut remonter à l’ascendance de Constantin, fils de Constance Chlore et d’Hélène. Or, Constance Chlore a répudié Hélène pour épouser une autre femme avec laquelle il a eu plusieurs enfants. Ceux-ci sont plus légitimes à occuper le trône que Constantin et ses fils. En vertu de l’adage qui dit que le pouvoir ne se partage pas et sans s’encombrer de qualités altruistes, Constance n’hésite pas à faire un grand ménage…
Dés lors, les deux frères survivants vont vivre sous l’œil sourcilleux de Constance et de sa police d’état, menacés à tout moment d’être éliminés à leur tour. Julien montre une appétence pour la lecture et l’étude philosophique ; tant mieux, il est d’autant moins dangereux pour le pouvoir en place.
Les choses vont changer avec l’usurpation en Gaule d’un certain Magnence.
« Les usurpations ont toujours constitué un danger mortel pour le monde romain, qu’elles divisaient chaque fois au moment où il lui eût fallu être uni, et qu’elles appauvrissaient en or et en sang. Quelques excités se montaient la tête ; ils se jugeaient lésés, sous-employés, sous-payés dans leur garnison. On leur promettait monts et merveilles ; ils estimaient qu’en effet c’était la moindre des choses. Alors ils jetaient sur les épaules de leur général un coupon d’étoffe qui pouvait passer pour de la pourpre, on trouvait un diadème, et le nouvel élu n’avait plus qu’à vaincre ou mourir – l’autre aussi d’ailleurs. »
Constance qui règne sur un empire s’étendant de l’Ecosse à la Mésopotamie a déjà fort à faire avec les Perses, ennemis traditionnels de Rome. Pour contrer Magnence, il pense à Gallus. Pourquoi pas ? Constance n’a pas de descendance et  somme toute Gallus fait partie de la famille impériale. Celui-ci est donc nommé César, chargé de représenter Constance en Orient tandis que ce dernier part guerroyer contre l’usurpateur Magnence (vous suivez ?). On dit bien « représenter », étant entendu que Constance dirige les opérations. Bien sûr, Gallus va outrepasser cette mission et se comporter en souverain indépendant, ce qui va lui valoir d’être rapidement et proprement éliminé par Constance…
C’est alors qu’entre en scène Julien. Décidément, l’Empire est trop grand pour être gouverné par un seul homme. Magnence éliminé, la Gaule est menacée par les invasions des Francs et des Alamans. Pourquoi ne pas la confier à Julien, un intellectuel sans envergure qui sera certainement moins dangereux que Gallus ? Voilà donc Julien nommé César par Constance. Contre toute atttente, Julien va se révéler un stratège de génie. En quelques années, il rétablit la situation sur le Rhin, reconquiert Cologne et Mayence, fait même prisonnier un roi alaman. En établissant sa résidence à Lutèce, Julien est le premier souverain de Paris.
La rupture avec Constance, agacé et jaloux des succès de Julien, ne va pas tarder. Constance va réclamer à Julien un transfert de troupes en Orient. C’est un pari risqué : ça passe ou ça casse. Et en l’occurrence, ça casse… L’armée des Gaules se révolte et nomme Julien Auguste. Les deux armées, celles d’occident et d’orient, vont s‘affronter lorsque Constance à le bon goût de … rendre l’âme.
Julien devient donc seul maître de l’Empire.
C’est un empereur qui tranche avec ses prédécesseurs et ses successeurs. Il se veut souverain philosophe, un peu à l’image de Marc-Aurèle. Cela s’accompagne d’un retour aux traditions ancestrales de Rome et en particulier au paganisme, alors que Constantin et ses fils s’étaient convertis au christianisme.
A vrai dire les conceptions philosophico-religieuses de Julien sont assez complexes, elles mêlent l’abstraction néo-platonicienne aux anciens rituels religieux
« Encore une fois, le doctrines philosophiques tout à fait sérieuses, les élucubrations théosophiques déjà plus fuligineuses et les pratiques cérémonielles carrément délirantes se mêlaient d’un façon dont on a plus idée aujourd’hui. »
Un tel système de pensée qui imprègne toutes les décisions de Julien, en particulier sa lutte contre le christianisme, ne peut être saisi que par quelques intellectuels et se trouve donc condamné à l’échec.
L’expérience de l’empereur philosophe fut de courte durée puisque Julien meurt en 363 d’un coup de lance lors d’une campagne contre les Perses. On ne sait si l’arme venait du camp adversaire ou du camp de Julien.
Rapidement, Julien est voué aux gémonies par les chrétiens qui constituent maintenant une partie importante de la population, en particulier en Orient. La légende noire de « l’Apostat » rend difficile notre appréhension de la personnalité et de l’action de ce personnage hors normes.


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Message par Bédoulène Jeu 31 Oct - 10:01

merci Arensor ! je pense que j'apprécierais cette lecture, le personnage est très intéressant

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Message par ArenSor Jeu 31 Oct - 18:49

Petit complément sur l'iconographie :
La couverture du livre montre une statue qui se trouve dans les thermes de Cluny à Paris. Cette sculpture trouvée chez un statuaire au 19e siècle a alors été identifiée comme représentation de l'empereur Julien, d'après sa ressemblance avec l'effigie sur les monnaies. Or, on sait depuis belle lurette que cette statue ne date pas du IVe siècle mais du IIe siècle et qu'elle représente un prêtre de culte oriental (probablement Sérapis). Le seuls portraits que nous connaissons pour le moment de l'empereur Julien sont ceux frappés sur les monnaies.

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Message par Bédoulène Jeu 31 Oct - 22:41

je comprends l'erreur, difficile de les distinguer

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