Edmund de Wall
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Edmund de Wall
Edmund de Waal est un artiste céramiste britannique. Il a travaillé comme conservateur, conférencier, critique d'art et historien d'art et est Professeur de Céramique à l'université de Westminster. Il a reçu plusieurs prix et honneurs pour son travail.
De Waal est né en 1964 à Nottingham, Angleterre, fils du révérend Dr Victor de Waal, doyen de la Cathédrale de Cantorbéry.
Il a publié en 2010 une histoire de sa famille, les Ephrussi, riches banquiers juifs à l’égal des Rotschild.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Edmund de Wall
La mémoire retrouvée
Charles Joachim Ephrussi, l’ancêtre quitta son shetl au XIXèmesiècle pour Odessa, fit fortune dans le commerce des céréales, fonda une banque, envoya ses 2 fils l'un à Vienne l'autre à Paris pour favoriser son commerce et étendre son influence.
Edmund de Waal, le descendant, céramiste britannique renommé, nous raconte l'histoire de cette dynastie de juifs assimilés richissimes, frivoles, amateurs d'art, insouciants, déchus plus bas que terre quand le nazisme s’en mêla. Charles, le parisien, qui fréquente les salons et les impressionnistes, inspira en partie à Proust le personnage de Swann. Devant Viktor, le Viennois, on ne peut s'empêcher de penser aux Buddenbrock.
La grande originalité de ce livre, c'est que le récit s'attache au sort d'une collection de netsuke, petits objets miniatures japonais sculptés, qui furent acquis par Charles, l’esthète parisien, et transmis au sein de la famille, voyageant à Vienne, sauvés de la cupidité des nazis, récupérés à Londres, puis retournant ensuite au Japon, trésor attachant choyé par chaque génération, personnage du livre à lui tout seul, vivant un destin aux rebondissements multiples.
Il ne faut pas attendre une grande qualité littéraire, mais une forte charge émotionnelle, un roman d'histoire à travers une saga familiale, de passionnantes notations sur l'art japonais et les folies qu’il déchaîna une réflexion sur la transmission, l'héritage et le secret.
La quête d'Edmund de Waal se lit comme un roman, ce livre vaut le détour.
A propos des netsuke
Le vêtement traditionnel japonais (le kimono) est dénué de poche. Les femmes japonaises ont souvent recours à des sacs à main pour garder auprès d'elles papiers, clés, médicaments ou monnaie. Pour garder sur lui ce genre de petits objets, l'homme utilise des boîtes ou des bourses qu'il fixe à la ceinture de son kimono. L'ensemble des éléments qu'il porte à cette large bande de tissu appelée obi reçoit le nom de sagemono (les objets suspendus). En effet, les bourses, le nécessaire à écrire (yatate), l'étui à pipe (kiseru-zutsu) et la boîte à médicaments ou à sceaux (inrô) sont maintenus par des cordons, ces derniers sont passés entre la ceinture et le kimono. Fixé à l'extrémité supérieure de chaque cordelette, le netsuke (« Ne » : racine ; « tsuke » : attacher) est placé au-dessus de l'obi ; de par sa forme et son volume, un peu à la manière d'un taquet, il bloque le cordon et maintient le sagemono à la ceinture.
Objet de petite taille, le netsuke a donc, avant tout, un rôle utilitaire.
L'usage, dans la vie quotidienne, des sagemono induit donc celui du netsuke qui doit, avant tout, être fonctionnel. Si, à son origine, il est un simple morceau de racine non ouvragé, il devient rapidement une miniature finement sculptée que cela soit par un artisan spécialisé ou par son propre propriétaire. Il peut avoir de multiples formes typiques telles que la forme ronde et aplatie (la forme manju) ou la forme très allongée (le netsuke de forme sashi est alors planté dans l'obi, à la manière d'un poignard). Mais le netsuke le plus prisé (la forme katabori) reste sculpté en ronde-bosse, avec un soin égal porté à la réalisation de toutes les faces (y compris la base).
Pour autant, certains aspects liés à sa fonction le caractérisent. Le netsuke doit être de dimensions adaptées (entre 3 et 8 cm environ) et sa forme doit être suffisante pour bloquer le cordon dans l'obi. De plus, il ne doit pas être trop lourd ou trop volumineux pour gêner dans les tâches quotidiennes.
Un autre aspect fondamental réside en sa compacité. Pour son usage, le netsuke ne doit pas posséder d'aspérités qui pourraient s'accrocher à l'étoffe ou le fragiliser.
Enfin, le netsuke présente deux trous permettant de fixer le cordon. Ces deux trous forment les extrémités d'un canal (himotoshi) en forme de U ou de L. Leurs emplacements sont savamment étudiés pour offrir la meilleure présentation de l'objet lors de son utilisation à la ceinture. La présence de ces deux trous n'est pas obligatoire car certains types présentent des perforations intégrant la miniature tout en servant de canal pour les cordons (l'espace entre un bras et le tronc d'un personnage par exemple).
Si les anciens netsuke sont réalisés à partir d'une simple racine, très rapidement, les sculpteurs de netsuke (netsuke-shi) vont utiliser de nombreux matériaux. Le bois demeure largement employé avec des essences dures et nobles comme le buis ou l'ébène mais aussi le cerisier, le cyprès (bois léger), l'if…
L'ivoire (d'éléphant, de morse, de cachalot,…) est, aussi, abondamment utilisé. Il est très souvent importé et il n'est pas rare qu'il présente des gerces parallèles provoquées par les chocs thermiques subis lors des voyages.
S'ajoute à ces deux matériaux principaux un grand nombre de matières telles que la laque pure, le corail, l'os, la corne, la porcelaine, le métal, le fruit séché et sculpté…
Les netsuke sont (sauf rares exceptions) sculptés d'un seul bloc. Néanmoins, il n'est pas rare qu'ils présentent un travail de patine soulignant les reliefs ou teintant la matière d'origine. Certains netsuke peuvent aussi être peints ou laqués. Des petits morceaux de jade, de corail, de nacre peuvent être incrustés sur certains spécimens pour souligner certains éléments de la miniature (les yeux, par exemple, sont presque toujours en corne brune).
L'inspiration des netsuke-shi est multiple et puise autant dans les superstitions, les croyances et les religions que dans l'observation du monde, de la société japonaise et de la vie quotidienne. Il est d'ailleurs important de souligner que la séparation occidentale du fantastique et du religieux, d'une part, et du trivial, d'autre part n'est pas de mise dans la pensée japonaise.
Une observation minutieuse de la nature, des attitudes et un souci de précision et d'harmonie caractérisent bon nombre de réalisations. Les personnages sont souvent traités avec bonhomie et de nombreuses attitudes semblent issues des théâtres kabuki et Nô et de leurs masques.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #biographie
Charles Joachim Ephrussi, l’ancêtre quitta son shetl au XIXèmesiècle pour Odessa, fit fortune dans le commerce des céréales, fonda une banque, envoya ses 2 fils l'un à Vienne l'autre à Paris pour favoriser son commerce et étendre son influence.
Edmund de Waal, le descendant, céramiste britannique renommé, nous raconte l'histoire de cette dynastie de juifs assimilés richissimes, frivoles, amateurs d'art, insouciants, déchus plus bas que terre quand le nazisme s’en mêla. Charles, le parisien, qui fréquente les salons et les impressionnistes, inspira en partie à Proust le personnage de Swann. Devant Viktor, le Viennois, on ne peut s'empêcher de penser aux Buddenbrock.
La grande originalité de ce livre, c'est que le récit s'attache au sort d'une collection de netsuke, petits objets miniatures japonais sculptés, qui furent acquis par Charles, l’esthète parisien, et transmis au sein de la famille, voyageant à Vienne, sauvés de la cupidité des nazis, récupérés à Londres, puis retournant ensuite au Japon, trésor attachant choyé par chaque génération, personnage du livre à lui tout seul, vivant un destin aux rebondissements multiples.
Il ne faut pas attendre une grande qualité littéraire, mais une forte charge émotionnelle, un roman d'histoire à travers une saga familiale, de passionnantes notations sur l'art japonais et les folies qu’il déchaîna une réflexion sur la transmission, l'héritage et le secret.
La quête d'Edmund de Waal se lit comme un roman, ce livre vaut le détour.
A propos des netsuke
Le vêtement traditionnel japonais (le kimono) est dénué de poche. Les femmes japonaises ont souvent recours à des sacs à main pour garder auprès d'elles papiers, clés, médicaments ou monnaie. Pour garder sur lui ce genre de petits objets, l'homme utilise des boîtes ou des bourses qu'il fixe à la ceinture de son kimono. L'ensemble des éléments qu'il porte à cette large bande de tissu appelée obi reçoit le nom de sagemono (les objets suspendus). En effet, les bourses, le nécessaire à écrire (yatate), l'étui à pipe (kiseru-zutsu) et la boîte à médicaments ou à sceaux (inrô) sont maintenus par des cordons, ces derniers sont passés entre la ceinture et le kimono. Fixé à l'extrémité supérieure de chaque cordelette, le netsuke (« Ne » : racine ; « tsuke » : attacher) est placé au-dessus de l'obi ; de par sa forme et son volume, un peu à la manière d'un taquet, il bloque le cordon et maintient le sagemono à la ceinture.
Objet de petite taille, le netsuke a donc, avant tout, un rôle utilitaire.
L'usage, dans la vie quotidienne, des sagemono induit donc celui du netsuke qui doit, avant tout, être fonctionnel. Si, à son origine, il est un simple morceau de racine non ouvragé, il devient rapidement une miniature finement sculptée que cela soit par un artisan spécialisé ou par son propre propriétaire. Il peut avoir de multiples formes typiques telles que la forme ronde et aplatie (la forme manju) ou la forme très allongée (le netsuke de forme sashi est alors planté dans l'obi, à la manière d'un poignard). Mais le netsuke le plus prisé (la forme katabori) reste sculpté en ronde-bosse, avec un soin égal porté à la réalisation de toutes les faces (y compris la base).
Pour autant, certains aspects liés à sa fonction le caractérisent. Le netsuke doit être de dimensions adaptées (entre 3 et 8 cm environ) et sa forme doit être suffisante pour bloquer le cordon dans l'obi. De plus, il ne doit pas être trop lourd ou trop volumineux pour gêner dans les tâches quotidiennes.
Un autre aspect fondamental réside en sa compacité. Pour son usage, le netsuke ne doit pas posséder d'aspérités qui pourraient s'accrocher à l'étoffe ou le fragiliser.
Enfin, le netsuke présente deux trous permettant de fixer le cordon. Ces deux trous forment les extrémités d'un canal (himotoshi) en forme de U ou de L. Leurs emplacements sont savamment étudiés pour offrir la meilleure présentation de l'objet lors de son utilisation à la ceinture. La présence de ces deux trous n'est pas obligatoire car certains types présentent des perforations intégrant la miniature tout en servant de canal pour les cordons (l'espace entre un bras et le tronc d'un personnage par exemple).
Si les anciens netsuke sont réalisés à partir d'une simple racine, très rapidement, les sculpteurs de netsuke (netsuke-shi) vont utiliser de nombreux matériaux. Le bois demeure largement employé avec des essences dures et nobles comme le buis ou l'ébène mais aussi le cerisier, le cyprès (bois léger), l'if…
L'ivoire (d'éléphant, de morse, de cachalot,…) est, aussi, abondamment utilisé. Il est très souvent importé et il n'est pas rare qu'il présente des gerces parallèles provoquées par les chocs thermiques subis lors des voyages.
S'ajoute à ces deux matériaux principaux un grand nombre de matières telles que la laque pure, le corail, l'os, la corne, la porcelaine, le métal, le fruit séché et sculpté…
Les netsuke sont (sauf rares exceptions) sculptés d'un seul bloc. Néanmoins, il n'est pas rare qu'ils présentent un travail de patine soulignant les reliefs ou teintant la matière d'origine. Certains netsuke peuvent aussi être peints ou laqués. Des petits morceaux de jade, de corail, de nacre peuvent être incrustés sur certains spécimens pour souligner certains éléments de la miniature (les yeux, par exemple, sont presque toujours en corne brune).
L'inspiration des netsuke-shi est multiple et puise autant dans les superstitions, les croyances et les religions que dans l'observation du monde, de la société japonaise et de la vie quotidienne. Il est d'ailleurs important de souligner que la séparation occidentale du fantastique et du religieux, d'une part, et du trivial, d'autre part n'est pas de mise dans la pensée japonaise.
Une observation minutieuse de la nature, des attitudes et un souci de précision et d'harmonie caractérisent bon nombre de réalisations. Les personnages sont souvent traités avec bonhomie et de nombreuses attitudes semblent issues des théâtres kabuki et Nô et de leurs masques.
(commentaire rapatrié)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Edmund de Wall
J'avais raté ce fil, ça m'intéresse bigrement. (Je connaissais la collection Ephrussi de nom, et forcément, cette histoire de netsuke, ça donne envie !)
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Armor- Messages : 4589
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Re: Edmund de Wall
Bien envie de visiter une expo de netsuke ...
Ou encore un fil : à chaque jour son netsuke
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