Kerstin Ekman
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Kerstin Ekman
Kerstin Ekman
Née en 1933
Née en 1933
Kerstin Ekman est née en 1933 en Suède. Critique littéraire et écrivain, elle fait son entrée à l'Académie Suédoise des Arts et Lettres en 1978. Elle en démissionne en 1989 pour protester contre l'absence de réaction de l'Académie lors de la fatwa prononcée à l'encontre de Salman Rushdie.La même année , elle a reçu le prestigieux prix Selma Lagerlöf.
Bibliographie française
1968 : Le soleil ne se couche jamais
1993 : Les Brigands de la forêt de Skule
1995 : Crimes au bord de l'eau
2002 : Hiver des mensonges
2007 : Le Signe de jadis
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Kerstin Ekman
Crimes au bord de l’eau
Le chemin s’est fait petit à petit, déconcertée au début, quoique séduite par des passages d'une beauté parfois terrifiante, interpellée par une ambiance étrange, j'ai mis du temps à me sentir, petit à petit, happée et à ne plus vouloir lâcher le livre. Une belle découverte !
Le microcosme d’un village suédois replié sur ses certitudes déstabilisé pour des décennies par un crime sauvage et inexpliqué. Un village où l’on s’observe, se tait, où chacun suit son chemin comme il peut, sans bienveillance.
Une nature sauvage et hostile : forêts tapissées de lichens, ombre et eau alternativement splendides et terrifiants évoquent les bois de contes de fées où les enfants se perdent. Les bruits et les odeurs. Le soleil qui luit sans fin la nuit de la Saint Jean. Dans ce décor terrible et magnifique, les dieux nordiques et les croyances ne sont jamais très loin :
Les hommes y cherchent leur chemin, personnages écartelés, marqués d’un désespoir poisseux, frappés au coin de la peur, du silence et de la solitude.
Ils signent leur empreinte par le sang, le sperme et les coups.
Vingt ans après, la civilisation a pris le dessus, croit-on. On a cru trouver une certaine sécurité, presque une douceur :
Mais les démons qui n’étaient qu’endormis vont ressurgir avec une violence sauvage. On va savoir. Une vérité ordinaire et glaçante, mais à quel prix… Très curieuse vision d'un monde farouche, et une écriture serrée qui ne donne rien, tout est à trouver. Rude et sombre. L’auteur a une espèce de serpe noire, sans concession, sans fioritures à la place du stylo, d’une lucidité à la limite de la cruauté.
Dans la première partie du roman, j’ai eu par moments l’impression d’être aussi désemparée que les personnages, tant l’auteur se refuse à donner les clés, tant il faut chercher, intuiter. Complètement singulier, d’une noirceur désespérante et en ce sens assez envoûtant, ce roman m’a emportée d’abord par petits moments puis dans une grande vague que rien n’arrête.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #nature
Le chemin s’est fait petit à petit, déconcertée au début, quoique séduite par des passages d'une beauté parfois terrifiante, interpellée par une ambiance étrange, j'ai mis du temps à me sentir, petit à petit, happée et à ne plus vouloir lâcher le livre. Une belle découverte !
Le microcosme d’un village suédois replié sur ses certitudes déstabilisé pour des décennies par un crime sauvage et inexpliqué. Un village où l’on s’observe, se tait, où chacun suit son chemin comme il peut, sans bienveillance.
Il se rendit compte que Karl-Ake et lui avaient eu une raison d'être ennemis. Une de ces raisons absurdes, tirées par les cheveux, futiles, qui sous-tendait chaque hostilité de village et qui, comme une dentelle, s'élaborait selon un schéma compliqué. Oui, absurde à en être puérile, presque imaginaire. Mais dont la haine était réelle.
Une nature sauvage et hostile : forêts tapissées de lichens, ombre et eau alternativement splendides et terrifiants évoquent les bois de contes de fées où les enfants se perdent. Les bruits et les odeurs. Le soleil qui luit sans fin la nuit de la Saint Jean. Dans ce décor terrible et magnifique, les dieux nordiques et les croyances ne sont jamais très loin :
Cela arrivait, il avait parfois l'impression de se trouver au pouvoir de Njord, l'antique dieu des vents et des mers, ruisselant sous une pluie battante entourée de brume.
Les hommes y cherchent leur chemin, personnages écartelés, marqués d’un désespoir poisseux, frappés au coin de la peur, du silence et de la solitude.
Ils signent leur empreinte par le sang, le sperme et les coups.
Un sentier avait couru ici. Couru, oui. Un sentier commençait à courir quand herbe restait couchée. Été après été. À cause des semelles et des sabots et du poids et de la répétition de ceux-ci, si bien que la myrtille comprenait et restait à l'écart.
Vingt ans après, la civilisation a pris le dessus, croit-on. On a cru trouver une certaine sécurité, presque une douceur :
Il aurait voulu qu'elle le rappelle mais il ne souhaitait pas entendre la sonnerie. Seulement la voix qu'il voulait. La voix tout près de son oreille. Les lèvres, en fait. Les lèvres chaudes et la respiration.
Mais les démons qui n’étaient qu’endormis vont ressurgir avec une violence sauvage. On va savoir. Une vérité ordinaire et glaçante, mais à quel prix… Très curieuse vision d'un monde farouche, et une écriture serrée qui ne donne rien, tout est à trouver. Rude et sombre. L’auteur a une espèce de serpe noire, sans concession, sans fioritures à la place du stylo, d’une lucidité à la limite de la cruauté.
Et ils ne seraient tous les cinq ensemble que le temps du week-end. Cinq baraques en muscles. Et l’odeur d’après-rasage et de cigarettes. D’alcool allongée au soda. Avec le scintillement bleuté des matchs sur l'écran dans la pièce aux rideaux tirés. Les démarrages sur les chapeaux de roues. Et le cafard qui éjaculait de temps en temps. Et Gudrun comme une odeur merdique d’encens dans la maison.
D'où vient la haine ?
Dans la première partie du roman, j’ai eu par moments l’impression d’être aussi désemparée que les personnages, tant l’auteur se refuse à donner les clés, tant il faut chercher, intuiter. Complètement singulier, d’une noirceur désespérante et en ce sens assez envoûtant, ce roman m’a emportée d’abord par petits moments puis dans une grande vague que rien n’arrête.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #nature
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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