Sandrine Treiner
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Sandrine Treiner
Sandrine Treiner est diplômée d'études approfondies d'histoire du temps présent à l'Institut d'études politiques de Paris.
En 1986, elle commence sa carrière professionnelle au journal Le Monde au service littéraire et supplément radio-télévision.
De 1998 à 2008, Sandrine Treiner intègre France 3 comme rédactrice en chef et coproductrice de l’émission Un livre, un jour, présentée par Olivier Barrot. De 2006 à 2009 elle est aussi conseillère éditoriale et rédactrice en chef-adjointe de l’émission quotidienne Ce soir ou jamais animée par Frédéric Taddeï.
En 2009, Sandrine Treiner rejoint France 24 en qualité de rédactrice en chef des magazines de la culture, des grands entretiens et des débats. En parallèle, elle collabore à l’émission Le Cercle Littéraire sur Canal+ Cinéma.
En août 2010, elle rejoint France Culture comme chroniqueuse pour la littérature et le cinéma à La grande table, l’émission de Caroline Broué et Hervé Gardette, avant d’être recommandée au poste de conseillère de programmes de la chaîne en octobre 20103. En novembre 2011, elle devient directrice-adjointe de France Culture chargée de l'éditorial.
En juillet 2015, elle assure l'intérim à la tête de France Culture après le départ d'Olivier Poivre d'Arvor, avant d'être nommée directrice en titre.
Bibliographie
1993 : La saga Servan-Schreiber
1996 : La pilule, et après ? Deux générations face au contrôle des naissances
2006 : Le Livre noir de la condition des femmes
2013 : L'idée d'une tombe sans nom
Anthologies littéraires
2005 : Le Goût d’Odessa
2008 : Le Goût de l’Amour
2010 : Le Goût de l’Amitié
L'idée d'une tombe sans nom
"L'idée d'une tombe sans nom me déplait ."C'est ce qu'énonce le personnage principal ,devenu amnésique, de L'Homme sans passé, un film du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki, à la femme qui lui demande pourquoi il s'obstine à vouloir retrouver son identité.
Manya Schwartzman n'a pas de tombe.
Ils sont nombreux ces livres qui partent à la recherche de disparus, qui tentent de retracer des parcours, de raconter des destins. Dans la plupart quand même, les auteurs ont des raisons bien particulières de chercher à faire revivre par leurs mots des disparus dans des conditions tragiques. Des liens familiaux pour Jablonka, Daniel Mendelsohn, Marcel Cohen et bien d'autres. Ou des personnages croisés dans des contextes bien particuliers , je pense à Semprun par exemple, mais aussi à Charlotte Delbo qui,dans Le Convoi du 24 janvier, s'est attachée à retrouver toutes les femmes ( 230) qui ont quitté Compiègne le 24 janvier 1943 en direction d'Auschwitz afin de, pour chacune d'entre elles, dire quelques mots de leur vie et survie ( 49) ou mort.
Ici..la motivation est plus obscure. Tout juste apprend-t-on à la toute fin du livre que Sandrine Treiner a toujours craint de disparaître de la vie des gens qui lui sont proches.
Et le point de départ tient en très peu de choses, une photo et un message disant à sa famille: " Ne venez pas, nous nous sommes trompés."
Sur la photo, " le visage est saisissant, le regard fixe transperce le papier..".
-Et elle?
Silence.
-Elle, elle a disparu, répond-t-elle. On ne sait rien d'elle...Elle, on n'en parle pas, on n'en parlait pas. Elle, on ignore ce qu'elle est devenue.
Elle est morte quand?
On ne sait rien. On aurait pu au moins chercher à savoir ce qui lui était arrivé. Personne ne l'a fait. Même après la mort de Staline.
C'est ce que me dit la vieille dame.
Elle ajoute:
-Tout le monde a eu peur. Tout le monde avait peur.
L'héroïne, c'est elle, c'est Manya. .
25 ans. D'enquête, recherches historiques, hypothèses, lectures, voyages. 25 ans pour parvenir à écrire ce livre court, terme d'un très long et passionnant cheminement personnel de l'auteur à la recherche de fragments de vie de cette jeune Juive originaire de Bessarabie, simplement éprise de justice sociale , et disparue en Ukraine( en 1941) comme des millions d'autres dans les grandes purges staliniennes avec son mari et ses filles.
25 ans pour écrire dans un livre le nom de Manya Schwartzman. Parce que, pour Sandrine Treiner, c'est le rôle des livres de réparer.
Un extrait:
Il n'y a rien à retrouver car il n'y a plus rien du tout.
Ce n'est pas décourageant, au contraire. La vérité libère. Le silence qui entoure les disparus ne relève pas de la volonté des survivants de se taire mais de leur propre silence intérieur.
La peur, ce n'est pas la peur de la police,de la prison, et même pas de la mort; c'est autre chose. La menace d'une catastrophe intime. C'est pourquoi personne n'a rien dit.
La vérité de l'histoire de Manya Schwartzman, l'héroïne qui rêvait d'un monde de liberté et d'égalité, internationaliste et ouvert, est toute entière dans cette évidence. C'est aussi l'explication de la prolixité de l'oeuvre de Patrick Modiano, l'explication aussi du gros volume de Daniel Mendelsohn, dont j'aime, plutôt que la traduction française Les Disparus, la polyphonie du titre américain, Lost. Tout est "lost": perdu. Les livres s'ajouteront les uns aux autres sans jamais venir à bout des morts sans identité et des vivants sans passé. Ce sera sans fin, tant qu'il y aura des volontaires, des scribes. Il est possible d'aimer des disparus, avec constance et, tout compte fait, il n'y a pas de peines d'amour perdues.
mots-clés : #politique
Marie- Messages : 653
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Re: Sandrine Treiner
merci Marie, j'ai envie de lire ce livre, je note
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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