Milan Kundera
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Re: Milan Kundera
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
bix_229- Messages : 15439
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Re: Milan Kundera
« On peut le dire de tous les romans : leur histoire commune les met dans de nombreux rapports mutuels qui éclairent leur sens, prolongent leur rayonnement et les protègent contre l’oubli. Que resterait-il de François Rabelais si Sterne, Diderot, Gombrowicz, Vancura, Grass, Gadda, Fuentes, Garcia Marquez, Kis, Goytisolo, Chamoiseau, Rushdie n’avaient pas fait résonner l’écho de ses folies dans leurs romans ?
[…] Et Ulysse ! Seul peut le comprendre celui qui est familiarisé avec la vieille passion de l’art du roman pour le mystère du moment présent, pour la richesse contenue dans une seule seconde de vie, pour le scandale existentiel de l’insignifiance. Placé hors du contexte de l’histoire du roman, Ulysse ne serait qu’un caprice, l’incompréhensible extravagance d’un fou.
Arrachées à l’histoire de leurs arts, il ne reste pas grand-chose des œuvres d’art. »
Milan Kundera, « Le rideau », VII, « Le roman, la mémoire, l’oubli »
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
topocl a écrit:Arturo a écrit: Ensuite j'avais été déçu de ma lecture de L'insoutenable légèreté de l'être, .
Ca m'a fait exactement pareil.
Ah .
J'avais été impressionnée par cette lecture .
J'étais jeune .
Qu'en serait-il aujourd'hui ...
églantine- Messages : 4431
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Re: Milan Kundera
topocl a écrit: Lesquels as-tu lus, Tom leo?
L'insoutenable légèreté de l'être et L'identité.
L'impression - en ce qui concerne le premier livre - de quelques formulations bien trouvées (ou pseudo-philosophiques?). Du deuxième - pourtant nettement noté comme lu dans mes archives - je ne garde pas de mémoire...
tom léo- Messages : 1353
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Re: Milan Kundera
églantine a écrit:topocl a écrit:Arturo a écrit: Ensuite j'avais été déçu de ma lecture de L'insoutenable légèreté de l'être, .
Ca m'a fait exactement pareil.
Ah .
J'avais été impressionnée par cette lecture .
J'étais jeune .
Qu'en serait-il aujourd'hui ...
J'avais beaucoup aimé L'insoutenable légèreté moi aussi... et ce titre !
Beaucoup moins La plaisanterie où il se montrait content de lui, de ses idées, limite arrogant...
Re: Milan Kundera
bix_229- Messages : 15439
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Re: Milan Kundera
Nadine- Messages : 4882
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Re: Milan Kundera
Pour la petite histoire, j'ai découvert cet auteur dans la médiathèque d'un Centre Culturel Français à l'étranger. Il y a avait pratiquement toute son oeuvre, que j'ai donc lue parce que j'y avais accès, ce qui a été mon mode de choix de lecture pendant une bonne part de mon existence. Je ne savais pas qu'un certain snobisme était attaché à cet auteur, et le responsable de ce CCF a voulu me rencontrer, parce que ses lecteurs ne sont quand même pas si nombreux. Il avait rencontré cet auteur, avait d'ailleurs appelé son fils Milan en son honneur, et nous avons sympathisé autour de certaines lectures, dont celle-là...« Tout ce livre est un roman en forme de variations. Les différentes parties se suivent comme les différentes étapes d'un voyage qui conduit à l'intérieur d'un thème, à l'intérieur d'une pensée, à l'intérieur d'une seule et unique situation dont la compréhension se perd pour moi dans l'immensité. »
Milan Kundera, VI, « Les anges », in « Le livre du rire et de l'oubli »
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Milan Kundera
Milan Kundera, conversation avec Philip Roth, in « Parlons travail », 1980« L’homme est confronté à ce grand problème privé : la mort comme perte du "moi". Mais qu’est-ce que ce "moi" ? C’est la somme de tout ce que nous nous rappelons. Ce qui nous terrifie dans la mort, ce n’est pas la perte de l’avenir, mais la perte du passé. L’oubli est une forme de mort toujours présente dans la vie. […] Mais l’oubli est aussi un vaste problème politique. Quand une grande puissance veut priver un petit pays de sa conscience nationale, elle recourt à l’oubli généralisé. […] Une nation qui perd le sens de son passé finit petit à petit par perdre son être. […]
L’événement clé, c’est l’histoire du totalitarisme, qui prive les gens de leur mémoire pour les instrumentaliser, en faire des nations d’enfants. Tous les totalitarismes procèdent de même. Et peut-être que c’est aussi ce que fait notre "époque de la technique" avec son culte de l’avenir, de la jeunesse, son indifférence au passé, sa méfiance à l’égard de la pensée. »
Un grand esprit quand même, ce Milan... qui dit des évidences utiles voire nécessaires.
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
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Bédoulène- Messages : 21642
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Re: Milan Kundera
Annoncé comme ultime roman par son auteur, c’est en fait un apologue malicieux, aussi une (brève) reprise de L'insoutenable légèreté de l'être, ainsi que de l’ensemble de son œuvre ‒ et peut-être sa conclusion facétieuse et désabusée.
De Kundera, l’habituelle didactique à la Diderot m’a toujours un peu indisposé ; je rechigne systématiquement à emboîter le pas d’un romancier sur la piste qu’il a tracée à l’intention du lecteur ‒ la fameuse énigme à suivre, que ce soit dans un polar ou une allégorie ‒, mais pourquoi bouder son plaisir quand elle permet la digression philosophique, à la fois délicieuse et agaçante ?
J’ai toujours trouvé l’humour de Kundera si fin qu’il en devient imperceptible ; je me demande parfois s’il sait sourire, sinon à la Staline ? il est vrai que c’est l’observation de notre époque (où le rire, de plus en plus sous contrôle, se désenchante et fige comme la grimace d'un masque) qui lui inspire ce genre de rictus tordu, de ricanement jaune ; à côté de son ironie, celle de Kafka est fort appuyée ! Plaisir mitigé, donc ‒ mais comment pourrait-il en être autrement quand l’auteur démontre les limites de l’humour par sa propre mise en oeuvre ? Ainsi, se moquer d'un incontinent oscille entre farce rabelaisienne et cruauté totalitaire...
Suite à ces critiques aigres-douces, il faut rappeler que Kundera possède une voix unique, et qu’indéniablement sa place devra être gardée dans le grand éventail du roman.
La fête de l’insignifiance, c’est donc un théâtre de marionnettes en abyme, de même que l’insignifiance : contenu et contenant, fable et forme, tout est dérisoire, mais élevé au carré, démultiplié. Dans Le rideau, Kundera parle du « scandale existentiel de l’insignifiance » : il en fait ici la représentation futile et irréfutable ‒ un peu de creux qui résonne, de vain qui se reconnaît dans le miroir du roman ?
Au fait, voici la (une) morale de cette histoire :
« Nous avons compris depuis longtemps qu'il n'était plus possible de renverser ce monde, ni de le remodeler, ni d'arrêter sa malheureuse course en avant. Il n'y avait qu'une seule résistance possible : ne pas le prendre au sérieux. Mais je constate que nos blagues ont perdu leur pouvoir. »
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
Quatre fois presque une heure consacrées à cet auteur ; je débute l'écoute, qui l'apprécie nous suive !
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
1H11 (qui m'ont paru valoir l'écoute), Kundera, Pivot, mais aussi Nadeau, Leys, ou encore Kafka, Orwell (en 1984).
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Milan Kundera
22' ; un peu de l'homme derrière l'oeuvre.
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Re: Milan Kundera
Plume- Messages : 459
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