Claudia Piñeiro
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Claudia Piñeiro
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Claudia Piñeiro
Elena et le roi détrôné
Pour une fois, j’en veux à Actes Sud. Ce roman n’a rien d’une littérature policière, contrairement à ce que dit le 4ème de couverture. Et le titre français est un abus, voulant donner un autre ton au livre que le titre original « Elena sabe » (Elena sait) .
On comprend que « Elena et le roi détrôné » avec un air de tragédie antique, ait séduit pour ce livre qui parle de vie et de mort, de dette et de filiation. (Il s’explique par le cerveau d’Elena qui est « un roi détrôné, qui ne s’est pas aperçu qu’il ne gouvernait plus »).
Mais lire le livre à la lumière du titre original lui donne un sens plus prosaïque, plus humble, qui ne me déplaît pas. Elena sait . Elena est quelqu’un qui sait, quelqu’un qui ne questionne pas (ou mal), et avance. Elle est atteinte de maladie de Parkinson. On la suit au fil d’une journée, les assaut de la maladie rythmés pas les prises de médicaments, lesquelles accordent un répit. Claudia Pineiro nous livre une description scrupuleuse, quasi obsessionnelle de la maladie qui envahit le corps, fige tous les instants en un combat toujours recommencé, amène Elena à des ressassements taraudants. Elena est à la merci de la maladie, ce démon « cette salope » dit-elle, qui lui dicte une vie réduite à s’observer.
Au-delà de l’émotion que peut donner cette description d’un quotidien impitoyable, Elena est donc quelqu’un qui sait. Ou plutôt qui croit savoir. Elle croit savoir que sa fille Rita, n’est qu’une catholique froide et revêche, sans affect et sans vie personnelle. Qu’elle ne peut donc pas s’être suicidée, pendue au bout d’une corde à une poutre de l’église comme le prétend la police. Elle croit savoir qu’Isabel, qu’elle a empêchée d’avorter il y a vingt ans de cela, lui doit une fière chandelle. Et qu’elle ne peut lui refuser de l’aider à prouver « l’innocence » de Rita. Que d’ailleurs la maladie lui donne ce droit d’exiger. Elle va apprendre au bout d’un long voyage en train puis en taxi à travers la ville, mené avec obstination malgré la maladie, que la vie n’est pas toujours ce que l’on croit, que les droits, les devoirs et l’amour ne se commandent pas, ne se décident pas unilatéralement.
Ce livre propose une description de l’intérieur de la maladie de Parkinson, vraiment bien rendue , mais aussi des ravages de toute maladie (le handicap, la culpabilité, la honte, la dépendance, mais aussi l’arrogance que cela donne parfois). Mais aussi une histoire de vie et de mort, d’amour mal exprimé, de vengeance peut-être face à une vie qui n’a pas donné tout ce qu’on en attendait.
Une héroïne qu’on suit à petits pas, comme elle marche elle-même , qu’on découvre peu à peu, qui, butée et déterminée, veut vivre, quoi qu’il arrive, et est prête à beaucoup pour cela, même à certains mensonges. On apprend dans ce livre qu’à trop savoir, on se trompe souvent.
(commentaire récupéré)
mots-clés : #psychologique #pathologie
Pour une fois, j’en veux à Actes Sud. Ce roman n’a rien d’une littérature policière, contrairement à ce que dit le 4ème de couverture. Et le titre français est un abus, voulant donner un autre ton au livre que le titre original « Elena sabe » (Elena sait) .
On comprend que « Elena et le roi détrôné » avec un air de tragédie antique, ait séduit pour ce livre qui parle de vie et de mort, de dette et de filiation. (Il s’explique par le cerveau d’Elena qui est « un roi détrôné, qui ne s’est pas aperçu qu’il ne gouvernait plus »).
Mais lire le livre à la lumière du titre original lui donne un sens plus prosaïque, plus humble, qui ne me déplaît pas. Elena sait . Elena est quelqu’un qui sait, quelqu’un qui ne questionne pas (ou mal), et avance. Elle est atteinte de maladie de Parkinson. On la suit au fil d’une journée, les assaut de la maladie rythmés pas les prises de médicaments, lesquelles accordent un répit. Claudia Pineiro nous livre une description scrupuleuse, quasi obsessionnelle de la maladie qui envahit le corps, fige tous les instants en un combat toujours recommencé, amène Elena à des ressassements taraudants. Elena est à la merci de la maladie, ce démon « cette salope » dit-elle, qui lui dicte une vie réduite à s’observer.
Au-delà de l’émotion que peut donner cette description d’un quotidien impitoyable, Elena est donc quelqu’un qui sait. Ou plutôt qui croit savoir. Elle croit savoir que sa fille Rita, n’est qu’une catholique froide et revêche, sans affect et sans vie personnelle. Qu’elle ne peut donc pas s’être suicidée, pendue au bout d’une corde à une poutre de l’église comme le prétend la police. Elle croit savoir qu’Isabel, qu’elle a empêchée d’avorter il y a vingt ans de cela, lui doit une fière chandelle. Et qu’elle ne peut lui refuser de l’aider à prouver « l’innocence » de Rita. Que d’ailleurs la maladie lui donne ce droit d’exiger. Elle va apprendre au bout d’un long voyage en train puis en taxi à travers la ville, mené avec obstination malgré la maladie, que la vie n’est pas toujours ce que l’on croit, que les droits, les devoirs et l’amour ne se commandent pas, ne se décident pas unilatéralement.
Ce livre propose une description de l’intérieur de la maladie de Parkinson, vraiment bien rendue , mais aussi des ravages de toute maladie (le handicap, la culpabilité, la honte, la dépendance, mais aussi l’arrogance que cela donne parfois). Mais aussi une histoire de vie et de mort, d’amour mal exprimé, de vengeance peut-être face à une vie qui n’a pas donné tout ce qu’on en attendait.
Une héroïne qu’on suit à petits pas, comme elle marche elle-même , qu’on découvre peu à peu, qui, butée et déterminée, veut vivre, quoi qu’il arrive, et est prête à beaucoup pour cela, même à certains mensonges. On apprend dans ce livre qu’à trop savoir, on se trompe souvent.
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Flore Vasseur
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Re: Claudia Piñeiro
Les veuves du jeudi
Fermons les yeux et imaginons un monde insouciant où le risque n’existe pas. Où tout est facile et définitivement acquis. Enfermés derrière leur muraille, protégés par leurs vigiles, ils croyaient pouvoir connaître plaisirs, bonheur et félicité. Ils ne savaient pas que l’argent ça se perd, que l’arrogance ça se casse. C’est la grande leçon que leur donne cette Argentine de la fin du XXème siècle. Un mur n’arrête rien, ni les petites haines ordinaires, ni la mesquinerie, ni le vent dévastateur de l‘inflation et du chômage. Et surtout pas la tragédie.
Plus dure sera la chute
A travers des portraits finement ciselés de ces hommes et ces femmes qui poussent l’arrogance au-delà du mensonge, super riches, infantiles dans leur besoin de perfection, Claudia Pineiro nous décrit un monde où les ratés n’existent pas, et la seule façade compte. Un monde qui n’existe pas , donc, et qui est inéluctablement amené à s’effondrer.
Tout cela est observé d’un œil acerbe par deux adolescents que leur éducation n’a miraculeusement pas piégés, et qui auront le dernier mot dans cette histoire noire, très noire, dont l’humour n’est pas exclu.
(commentaire récupéré)
On avait d'abord envisagé la possibilité d'une double clôture, en fil de fer barbelé à l'extérieur, avec une autre plus coquette côté intérieur, mais la majorité des propriétaires avait trouvé que ça ne suffisait pas. Un mur, pour que plus personne ne puisse passer, ni nous voir, ni voir nos maisons, ni nos voitures, c'était cela que nous voulions tous. Et aussi ne plus rien voir à l'extérieur.
Fermons les yeux et imaginons un monde insouciant où le risque n’existe pas. Où tout est facile et définitivement acquis. Enfermés derrière leur muraille, protégés par leurs vigiles, ils croyaient pouvoir connaître plaisirs, bonheur et félicité. Ils ne savaient pas que l’argent ça se perd, que l’arrogance ça se casse. C’est la grande leçon que leur donne cette Argentine de la fin du XXème siècle. Un mur n’arrête rien, ni les petites haines ordinaires, ni la mesquinerie, ni le vent dévastateur de l‘inflation et du chômage. Et surtout pas la tragédie.
Plus dure sera la chute
Elle aurait bien voulu avoir encore huit ans, et pour seule préoccupation de coiffer ses poupées.
Avec le temps, qui accentua la gravité supposée de ces imperfections, cet énervement devint de la douleur ; pas une douleur émotionnelle mais une douleur réelle, physique, un point au milieu de ma poitrine comme si mon sternum allait s’ouvrir en deux. Puis cette douleur se transforma en cicatrice. Et la cicatrice, en rien du tout. Peut-être en moignon.
C'est que beaucoup de nos voisins avaient cru, à tort, que l'on pouvait vivre éternellement en dépensant tout ce que l'on gagnait. Et les sommes que l'on gagnait n'étaient pas rien, et cette manne semblait éternelle. Mais un jour, alors que personne n'avait rien vu venir, le robinet ne coulait plus et ils se retrouvaient dans la baignoire, couverts de savon, à regarder la pomme de douche d’où plus la moindre goutte ne sortait.
A travers des portraits finement ciselés de ces hommes et ces femmes qui poussent l’arrogance au-delà du mensonge, super riches, infantiles dans leur besoin de perfection, Claudia Pineiro nous décrit un monde où les ratés n’existent pas, et la seule façade compte. Un monde qui n’existe pas , donc, et qui est inéluctablement amené à s’effondrer.
Tout cela est observé d’un œil acerbe par deux adolescents que leur éducation n’a miraculeusement pas piégés, et qui auront le dernier mot dans cette histoire noire, très noire, dont l’humour n’est pas exclu.
(commentaire récupéré)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
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Re: Claudia Piñeiro
j'ai A toi dans ma PAL mais pour le sujet je note celui-ci
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21098
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Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
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