Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Avr - 11:43

103 résultats trouvés pour pathologie

Saul Bellow

Ravelstein

Tag pathologie sur Des Choses à lire Ravels10

Chick, le narrateur, parle d’Abe Ravelstein à la requête de ce dernier. Son proche ami, qui devint riche en suivant son conseil de consigner dans un livre grand public sa philosophie politique (entre Moïse et Socrate en passant par Thucydide, Machiavel et Rousseau), est depuis détesté par les autres professeurs d’université. Ravelstein, élégant, intelligent, lucide, franc, polémique et passionné par autrui, est adulé par son cercle d’étudiants favoris ; ses anciens élèves sont parvenus à des postes importants, le consultent toujours et le tiennent averti des décisions politiques en temps réel (il est aussi amateur de commérages). Pour lui, « chaque âme était en quête de son autre singulier, désireuse de son complément », et il vit avec son compagnon Nikki, puis s’avère atteint du sida.
Après son divorce d’avec Vera, une physicienne d’origine slave, Chick vit avec Rosamund, une des jeunes étudiantes en « Grande Politique » de Ravelstein (qui est aussi une sorte d’entremetteur, mais fut là mis devant le fait accompli) ; ce dernier lui a demandé de dresser son portrait.
Entre Paris, Chicago et le Midwest, les deux hommes discutent et philosophent avec humour sur la judaïté, la marche du monde, et Chick relate leur relation non sans redites et allers-retours dans le temps, comme dans un premier jet ou une conversation.
« Mais, heureusement — ou peut-être pas trop heureusement —, nous sommes à l’ère de l’abondance, du trop-plein parmi toutes les nations civilisées. Jamais, du côté matériel, d’immenses populations n’ont mieux été protégées de la faim et la maladie. Et cette délivrance partielle de la lutte pour la survie rend les gens ingénus. Par là, je veux dire que leurs fantasmes s’expriment sans retenue. On se met, selon un accord implicite, à accepter les termes, invariablement falsifiés, sous lesquels les autres se présentent. On anéantit sa puissance critique. On étouffe son astuce. Avant même de s’en rendre compte, on paie une pension alimentaire colossale à une femme qui a plus d’une fois déclaré qu’elle était une innocente qui n’entendait rien aux questions d’argent. »

« Nous étions parfaitement francs l’un avec l’autre. Nous pouvions nous parler ouvertement sans nous offenser. D’un autre côté, rien n’était trop personnel, trop honteux pour être dit, rien n’était trop méchant ou trop criminel. Il me semblait parfois qu’il m’épargnait ses jugements les plus sévères si je n’étais pas encore prêt à les assumer. Je le ménageais, moi aussi. Mais c’était pour moi un immense soulagement d’être aussi net et carré avec lui que je l’aurais été avec moi-même devant les faiblesses ou les vices. Il me dépassait de très loin dans la compréhension de soi-même. Mais toute discussion personnelle virait finalement à la bonne vieille rigolade nihiliste. »

« Il exposait les défaillances du système dans lequel ils avaient été formés, la superficialité de leur historicisme, leur susceptibilité au nihilisme européen. Un résumé de sa thèse était que, si on pouvait acquérir une excellente formation technique aux USA, la formation générale s’était réduite au point de disparaître. Nous étions les esclaves de la technologie, qui avait métamorphosé le monde moderne. »

« Tout cela vous remettait en mémoire les manifestations de masse organisées et mises en scène par l’imprésario de Hitler, Albert Speer : rencontres sportives et grands rassemblements fascistes empruntaient les uns aux autres. »

« Ses élèves étaient devenus historiens, professeurs, journalistes, experts, hauts fonctionnaires, membres de cellules de réflexion. Ravelstein avait produit (endoctriné) trois ou quatre générations de diplômés. Qui plus est, ses jeunes gens devenaient fous de lui. Ils ne se limitaient pas à ses doctrines, ses interprétations, mais imitaient ses manières et essayaient de marcher et de parler comme lui — librement, furieusement, acerbement, avec un brio aussi proche du sien qu’il leur était possible. »

« J’avais découvert que, si l’on plaçait les gens sous un éclairage comique, ils devenaient plus sympathiques — si vous parliez de quelqu’un comme d’un brochet humain frustre, pétomane et strabique, vous vous entendiez d’autant mieux avec lui par la suite, en partie parce que vous aviez conscience d’être le sadique qui l’avait dépouillé de ses attributs humains. En outre, lui ayant infligé quelques violences métaphoriques, vous lui deviez une considération particulière. »

« Mais les Juifs pensent que le monde a été créé pour chacun d’entre nous, autant que nous sommes, et que détruire une vie humaine, c’est détruire un univers entier — l’univers tel qu’il existait pour cette personne. »

« — Bien sûr que c’est autour de ça que tourne la conversation — ce que cela signifie pour les Juifs que tant d’autres, des millions d’autres, aient voulu leur mort. Le reste de l’humanité les expulsait. Hitler aurait dit qu’une fois au pouvoir il ferait dresser des échafauds, des rangées entières, sur la Marienplatz à Munich et que tous les Juifs, jusqu’au dernier, y seraient pendus. Ce sont les Juifs qui ont été le marchepied de Hitler vers le pouvoir. Il n’avait pas d’autre programme, et n’en avait aucun besoin. Il est devenu chancelier en rassemblant l’Allemagne et une bonne part du reste de l’Europe contre les Juifs. »

« Il fallait penser ces centaines de milliers de millions détruits pour des motifs idéologiques — c’est-à-dire sous quelque prétexte habillé de rationalité. Un raisonnement présente une valeur considérable comme manifestation d’ordre ou de fermeté de propos. Mais les formes de nihilisme les plus folles sont les plus strictement allemandes et militarisées. »

Ravelstein décédé, c’est le narrateur (plus âgé que ce dernier) qui manque succomber à une ciguatera contractée à Saint-Martin.
« Je disais souvent à Rosamund que l’un des problèmes du vieillissement était l’accélération du temps. Les jours passaient « comme des stations de métro traversées par un express ». Je me référais souvent à La Mort d’Ivan Ilitch afin d’illustrer cela pour Rosamund. Les jours des enfants sont très longs, mais, dans le vieil âge, ils filent « plus vite que la navette du tisserand », comme dit Job. Et Ivan Ilitch mentionne aussi la lente ascension d’une pierre jetée en l’air. « Quand elle retourne à la terre, elle est accélérée de dix mètres par seconde. » Nous sommes régis par le magnétisme gravitationnel et l’univers tout entier est impliqué dans cette accélération de votre fin. Si seulement nous pouvions retrouver les journées pleines que nous connaissions étant enfants. Mais nous sommes devenus trop familiers avec les données de l’expérience, me semble-t-il. Notre manière d’organiser les données qui affluent sous forme de Gestalt — c’est-à-dire de manière de plus en plus abstraite — accélère les expériences en une dangereuse dégringolade de comédie. Notre précipitation élimine les détails qui enchantent, retiennent ou retardent les enfants. L’art est un moyen d’échapper à cette accélération chaotique. Le mètre en poésie, le tempo en musique, la forme et la couleur en peinture. Mais nous sentons bien que nous filons vers la terre, vers l’enfouissement de la tombe. "Si ce n’étaient que des mots, dis-je à Rosamund. Mais je le ressens tous les jours. Une méditation impuissante dévore elle-même ce qui reste de la vie..." »

« — Il me citait à moi-même. » Il avait déterré une déclaration que j’avais faite sur le désenchantement moderne. Sous les débris des idées modernes, le monde était toujours là, prêt à être redécouvert. Et sa manière de le présenter était que le filet gris de l’abstraction jeté sur le monde dans le but de le simplifier et de l’expliquer d’une manière adéquate à nos objectifs culturels était devenu le monde à nos yeux. Nous avions besoin de visions alternatives, d’une diversité de regards — et il parlait de regards qui ne soient pas régentés par des idées. Il y voyait une question de mots : « valeurs », « modes de vie », « relativisme ». J’étais d’accord, dans une certaine mesure. Nous avions besoin de savoir — mais notre besoin humain profond ne peut être comblé par ces termes. Nous ne pouvons nous échapper du fossé de la « culture » et des « idées » qui sont censées l’exprimer. Les mots justes seraient d’un grand secours. Mais, plus encore, un don pour lire la réalité — l’élan de tourner son visage aimant vers elle et de presser ses mains contre elle. »

Il s’agit d’un roman à clef (Ravelstein est le philosophe Allan Bloom, ami de l’auteur), en partie autobiographique (on y trouve des portraits de femmes de Saul Bellow), mais cette face cachée de l’œuvre m’échappe largement dans cette publication en français sans appareil critique (il semble y avoir de nombreuses allusions, comme avec le Bloomsbury Group). Sinon, c’est un roman du cercle universitaire (comme L'hiver du doyen), et de celui du passé plombé des juifs (qui augure de Philip Roth notamment), mais qui ne vaut pas Herzog à mes yeux.

\Mots-clés : #amitié #antisémitisme #autobiographie #biographie #communautejuive #mort #pathologie #portrait #vieillesse #xxesiecle
par Tristram
le Dim 3 Mar - 11:21
 
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Sujet: Saul Bellow
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Rachel Carson

Printemps silencieux

Tag pathologie sur Des Choses à lire Printe10

Un essai historique, ou comment un problème écologique grave et méconnu a été révélé et (partiellement) résolu grâce à un livre ; il reste d’une actualité intense et dramatique de nos jours (paru en 1962).
« Je prétends encore que nous avons laissé employer ces produits chimiques sans s’interroger outre mesure sur leurs effets sur le sol, sur l’eau, les animaux et plantes sauvages, sur l’homme lui-même. Les générations à venir nous reprocheront probablement de ne pas nous être souciés davantage du sort futur du monde naturel, duquel dépend toute vie. »

Ces produits chimiques détruisent la vie, l’équilibre naturel : pesticides, mais aussi herbicides.
« L’eau, le sol et le manteau végétal forment le monde qui soutient la vie animale de la Terre. Qu’il s’en souvienne ou pas, l’homme moderne ne pourrait exister sans les plantes qui captent l’énergie solaire et produisent les aliments de base nécessaires à sa subsistance. »

Carson explique comme un toxique se concentre dans la chaîne alimentaire. Tout est lié dans l’environnement. Elle souligne aussi les effets cumulatifs dans le temps des agents de pollution, et les risques induits par leurs interactions.
Des campagnes de pulvérisation illogiques (notamment pour tenter de sauver les ormes ; Carson parle essentiellement de l’Amérique du Nord) détruisent les insectes, et donc les oiseaux qui s’en nourrissent, ainsi que des mammifères. De plus, les facultés génésiques de cette faune sont détériorées par les insecticides. C’est valable également pour les poissons, les crustacés, etc. ; ces poisons se retrouvent jusque dans le lait des vaches.
« Lorsque les insectes réapparaissent – ce qui arrive presque toujours – les oiseaux ne sont plus là pour enrayer l’invasion. »

« Autrefois, ces substances étaient conservées dans des boîtes couvertes de têtes de morts et de tibias croisés, et lorsqu’on les employait – chose évidemment rare – on prenait grand soin de les appliquer où il convenait, et nulle part ailleurs. Mais l’apparition des insecticides organiques, jointe à l’abondance des avions en surplus de la Seconde Guerre mondiale, ont changé tout cela. Les poisons modernes ont beau être beaucoup plus dangereux que leurs prédécesseurs, on trouve normal de les jeter indistinctement du ciel. Les insectes ou les plantes visés, mais également tous les êtres du secteur – humains ou non humains – pourront entrer en contact avec le poison. On arrose les forêts et les champs, mais aussi bien les villes et les bourgs. »

« Nous sommes à l’âge du poison ; le premier venu peut acheter sans explications à tous les coins de rue des substances beaucoup plus dangereuses que les produits pour lesquels le pharmacien exige une ordonnance médicale. »

« En bref, admettre une tolérance, c’est autoriser la contamination des denrées alimentaires destinées au public dans le but d’accorder aux producteurs et aux industries de transformation le bénéfice d’un moindre prix de revient ; c’est aussi pénaliser le consommateur, en lui faisant payer l’entretien d’une police économique chargée de veiller à ce qu’on ne lui administre pas de doses mortelles de poison. Mais étant donné le volume et la toxicité des ingrédients agricoles actuels, ce travail de contrôle demanderait, pour être bien fait, des crédits que nulle assemblée n’osera jamais voter. En conséquence la police est médiocre, et le consommateur est à la fois pénalisé et empoisonné. »

« Notre grand sujet d’inquiétude est l’effet différé produit sur l’ensemble de la population par les absorptions répétées de petites quantités de ces pesticides invisibles qui contaminent notre globe. »

Les produits dénoncés sont surtout les hydrocarbures chlorurés et les phosphates organiques. Ils sont souvent carcinogènes. Et ils induisent une résistance chez les insectes ciblés qui s’y adaptent rapidement, d’autant plus que leurs prédateurs naturels sont également atteints par les pulvérisations. Les dégâts sont aussi économiques.
« Les pulvérisations d’insecticide dérangent les lois qui régissent la dynamique des populations chez les insectes. C’est pour cela qu’à chaque traitement les agriculteurs voient un mauvais insecte remplacé par un pire. »

« Nous voici maintenant à la croisée des chemins. Deux routes s’offrent à nous, mais elles ne sont pas également belles, comme dans le poème classique de Robert Frost. Celle qui prolonge la voie que nous avons déjà trop longtemps suivie est facile, trompeusement aisée ; c’est une autoroute, où toutes les vitesses sont permises, mais qui mène droit au désastre. L’autre, « le chemin moins battu », nous offre notre dernière, notre unique chance d’atteindre une destination qui garantit la préservation de notre terre. »

L’alternative est biologique, et non chimique : outre l’introduction de leurs prédateurs naturels lorsqu’ils manquent, sont proposés le lâchage d’insectes stérilisés, les leurres sélectifs (olfactifs ou acoustiques), insecticides bactériens et viraux.
La situation a certainement beaucoup évolué depuis, mais les principes demeurent.

\Mots-clés : #contemporain #ecologie #economie #essai #nature #pathologie #ruralité #xxesiecle
par Tristram
le Lun 29 Jan - 11:09
 
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Sujet: Rachel Carson
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Vues: 554

Herve guibert

Tag pathologie sur Des Choses à lire 00220110

Je viens de terminer ce récit, dit d'autofiction, mais peu importe le flacon...

Où il est question de maladie et d'une mort annoncée, mais aussi d'un espoir fou de vivre, envers et contre tous, même contre soi...
1
J'ai eu le sida pendant trois mois. Plus exactement, j'ai cru pendant trois mois que j'étais condamné par cette maladie mortelle qu'on appelle le sida. Or je ne me faisais pas d'idées, j'étais réellement atteint, le test qui s'était avéré positif en témoignait, ainsi que des analyses qui avaient démontré que mon sang amorçait un processus de faillite. Mais, au bout de trois mois, un hasard extraordinaire me fit croire, et me donna quasiment l'assurance que je pourrais échapper à cette maladie que tout le monde donnait encore pour incurable. De même que je n'avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais condamné, je n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable.


Où il est question d'une amitié trahie, de peur et de honte mais aussi d'une tentative, poignante et déterminée, de rachat par l'écriture...
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(…) De quel droit écrivais-je tout cela ? De quel droit faisais-je de telles entailles à l’amitié? Et vis-à-vis de quelqu’un que j'adorais de tout mon cœur ? Je ressentis alors, c'étais inouï, une sorte de vision, ou de vertige, qui m'en donnait les pleins pouvoirs, qui me déléguait à ces transcriptions ignobles et les légitimaient et m’annonçant, c'était donc ce qu'on appelle une prémonition, un pressentiment puissant, que j'y étais pleinement habilité car ce n'était pas tant l'agonie de mon ami que j'étais en train de décrire que l'agonie qui m'attendait, et qui serait identique, c'était désormais une certitude qu'en plus de l'amitié nous étions liés par un sort thanatologique commun.



\Mots-clés : #autobiographie #ecriture #identitesexuelle #pathologie
par Laurentides
le Ven 28 Juil - 23:38
 
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Sujet: Herve guibert
Réponses: 2
Vues: 220

Antonio Lobo Antunes

L'Ordre naturel des choses

Tag pathologie sur Des Choses à lire L_ordr10

Livre premier, Douces odeurs, doux morts
Un cinquantenaire (on apprendra plus tard qu’il se prénomme Alfredo) vivant avec une jeune diabétique, Iolanda, amoureux d’elle et l’entretenant avec sa famille, soliloque sur cet amour (il la dégoûte) et son enfance.
Portas, membre de la Police politique sous la dictature mis à l’écart par la Révolution, qui vit misérablement de cours d'hypnotisme par correspondance (ses élèves, portant un turban avec un rubis, déplaçant leurs proches par lévitation), poursuivi par les tourterelles et épris de Lucilia, une prostituée mulâtre, louchonne et battue, Portas retrouve cet homme (on apprend qu’il s’appelle « Saramago ») à la demande de son « ami écrivain ». Ces deux récits alternent par chapitres, dérivant souvent dans le délire halluciné d’un flux de conscience onirique, hantés par le fascisme et sa peur des communistes, les défunts de la morgue, l’odeur de chrysanthème, de jacinthe ou de dahlia du diabète. Lisbonne et le Tage sont omniprésents, entre sordidité et tristesse.

Livre Deux, Les Argonautes
Le père de Iolanda est un ancien mineur : « À Johannesburg, en 1936, je volais sous terre, extrayant de l'or » ; revenu au Portugal, il creuse l’asphalte jusqu’à crever une canalisation, provoquant un débordement d'excréments. Il est convaincu d’avoir laissé sa femme folle en Afrique, alors qu’elle est morte du diabète à la naissance de Iolanda. Orquídea, sa sœur qui vit aves eux, souffre de monstrueux calculs rénaux qui passionnent son médecin.
« Je venais de décider de m'embarquer pour retourner à Johannesburg car je n'aime pas le Portugal, je n'aime pas Lisbonne, je n'aime pas Alcântara, je n'aime pas la Quinta do Jacinto ["la fermes des jacinthes", son quartier à Lisbonne], je n'aime pas cette absence de galeries et de buvettes, cette absence de wagonnets de minerai, de m'embarquer pour retourner à Johannesburg parce que Solange [sa métisse sénégalaise] me manque, ainsi que la lampe à huile qui agrandissait son visage, qui embrouillait mes rêves et prolongeait jusqu'à l'aube les gestes de tendresse, quand on a sonné à la porte et un homme avec un magnétophone en bandoulière, incapable de voler, m'a dit sur le paillasson J'ai été agent de la Police politique, monsieur Oliveira, j'ai à peine une demi-douzaine de questions à vous poser à propos de votre fille et de votre gendre et je cesse de vous embêter. »

Livre Trois, Le voyage en Chine
Le major Jorge Valadas, qui a couché avec la fille du commodore Capelo, est arrêté pour conspiration démocratique sous Salazar, et torturé.
« Quand on m'a fourré pour la première fois dans l'ambulance, après m'avoir arrêté, et que j'ai demandé où nous allions, on m'a répondu En Chine, mon garçon, et il faut un bon bout de temps pour arriver là-bas, or depuis ce temps-là j'ai navigué d'un côté et de l'autre avant de jeter l'ancre à Tavira, dans la caserne près de la mer d'où je ne vois pas la mer, où j'entends les vagues mais où je ne les vois pas, où j'entends les oiseaux mais où je ne les vois pas, de sorte que j'ai compris qu'on m'avait menti, que je ne suis pas à Tavira, que je ne suis pas dans une caserne, que je ne suis pas dans l'Algarve, qu'on m'avait fait traverser sans que je m'en rende compte une masse de pays et de fleuves, une masse de continents, et qu'on m'avait largué ici, non pas au Portugal mais près de la frontière avec la Chine, dans un pays semblable aux assiettes orientales de ma grand-mère, avec des femmes tenant des éventails, avec des pagodes ressemblant à des kiosques à journaux et des arbustes penchés au-dessus de lacs bordés d'hibiscus, aux berges reliées par des ponts délicats comme des sourcils arqués par la surprise. J'ai compris que j'habite non pas une prison mais une soupière de faïence rangée dans une armoire entre des cuillers en porcelaine ornées de dragons qui tirent la langue le long du manche. »

Sa sœur Julieta vit enfermée au grenier parce qu’elle est d’un autre père, puis enceinte du fils de la couturière. Son frère Fernando, « le stupide » de la famille, a épousé Conceiçao, une bonne :
« …] monsieur Esteves qui t'avait amenée de Beja quand il était devenu veuf
(le froid de Beja l'hiver, les moissons brûlées par la gelée, le vent roulant dans la plaine comme un train hurlant)
afin que tu travailles pour lui, que tu lui réchauffes son dîner, que tu lui nettoies son appartement de la rue Conde de Valbom et que tu occupes sur le matelas le côté que la défunte avait troqué pour une dalle funéraire dans une allée des Prazeres,
monsieur Esteves dont j'ai fait la connaissance quand je t'ai accompagnée pour que tu prennes ta valise au rez-de-chaussée où tu habitais, avec la photo de la défunte sur un ovale en crochet,
monsieur Esteves, pas rasé, qui n'avait personne en dehors de toi, serrant dans ses poings la frange de la couverture,
un homme plus âgé que je ne le suis à présent, au cou fait de rouleaux de peau qui disparaissaient dans sa veste comme une tortue se recroqueville dans sa carapace,
monsieur Esteves avec les moitiés mal ajustées de son visage, semblables à des pièces de puzzle emboîtées de force, [… »

(C’est sans doute la partie la plus satirique et grinçante du roman.)

Livre Quatre, La vie avec toi
Cette fois nous écoutons Iolanda, et Alfredo, qui parle de son oncle, le prophète biblique qui annonce le Déluge, maintenant enfermé à l’asile.
« – Tu en connais des histoires qui ne sont pas idiotes, Iolanda ? »

« …] je refuse d'être comme eux, Iolanda, mais je serai comme eux, un jour je m'approcherai de la glace, j'observerai mon visage et je vivrai du passé comme d'une pension de retraite et j'aurai pitié de moi [… »

Livre Cinq, La représentation hallucinatoire du désir
Vieillie, Orquídea se meurt d’un cancer en revisitant son enfance, mêlant celle des autres personnages ; Julieta qui chassait les poulets retrouve son père, vieilli.
« …] et avec moi mourront les personnages de ce livre qu'on appellera roman et que j'ai écrit dans ma tête habitée d'une épouvante dont je ne parle pas et que quelqu'un, une année ou une autre, répétera pour moi, suivant en cela l'ordre naturel des choses [… »

Un cousin éloigné vend la vieille maison familiale où vit Julieta, seule survivante et sans identité connue – et celle-ci va rejoindre la mer, et Jorge.

Portas l’enquêteur réapparaît souvent, de même que le cirque, et les morts (et les cistes, et un renard en cage).
Ce roman est une sorte de polyphonie des personnages tous liés entr’eux, évoquant leurs destinées individuelles et, au-delà, les hantises et attentes, souvenirs et rêves, misères et sordidités, vérités inavouées et culpabilités historiques d’un Portugal fratricide et colonial coincé entre passé et présent.

\Mots-clés : #famille #guerre #pathologie #regimeautoritaire #romanchoral #vieillesse #xxesiecle
par Tristram
le Sam 6 Mai - 12:55
 
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Sujet: Antonio Lobo Antunes
Réponses: 41
Vues: 6281

Charles D'Ambrosio

Le Musée des Poissons

Tag pathologie sur Des Choses à lire Le_mus11

Partage des eaux
Ignace, le narrateur, a été placé en orphelinat parce que son père est insensé depuis un accident. Il rencontre Donny, et part en randonnée avec celui-ci et son père, qui lui apprend qu’il divorce.
« C’est le désespoir qui est le contraire de l’amour. »

Drummond & Fils
Drummond est réparateur de machines à écrire à Seattle, et son fils Pete, 25 ans et déséquilibré, vit avec lui.
« Je crois que je me contenterais bien d’être un fils, dit-il. Pas un dieu. »

« Prier m’aidait à m’endormir ou à penser aux filles. »

Scénariste
Le narrateur est interné en psychiatrie, et on lui a adjoint un surveillant pour éviter qu’il se suicide ; c’est aussi un scénariste, en quête d’inspiration pour un scénario. Il rencontre une ballerine qui se brûle le corps.
« Elle me tourna le dos et activa la mollette du briquet, abritant la cigarette du vent avec sa main. Une assiette en papier roula plusieurs fois autour de la terrasse comme dans une course-poursuite, comme dans un jeu d’enfant sans enfant. Une phalène blanche tomba du ciel à la manière d’un pétale, passa par une maille du grillage et atterrit sur ma main. La fraîcheur du soir me donna la chair de poule et un nuage de fumée déchira l’air. La tenue de la jeune femme se consumait. Un liséré de flammes orange grignotait l’ourlet. Je me levai d’un bond pour dire à la ballerine qu’elle brûlait. La phalène s’envola de ma main, une rafale de vent attisa les flammes, il y eut un éclair et la jeune femme prit feu, s’embrasant comme une lanterne japonaise. Elle était enveloppée par les flammes. La chaleur affluait par vagues sur mon visage et je clignais des yeux à cause de la luminosité. La ballerine déploya ses bras et entra en lévitation, sur les pointes, quittant la terrasse tandis que ses jambes, son cul et son dos émergeaient tel le phénix de cette chrysalide en papier, s’élevant jusqu’à ce que la tenue finisse par glisser de ses épaules et flotter au loin, fantôme noirâtre en lambeaux aspiré par une colonne de fumée et de cendres, alors la jeune femme redescendit, nue et blanche, presque imperturbable, les pieds en position de première. »

« Après un mois en psychiatrie, on ne reçoit plus ni télégrammes ni cartes de prompt rétablissement ni peluches, les fleurs perdent leurs pétales, qui se recroquevillent comme des peaux mortes sur la commode, pendant que les tiges se ramollissent et pourrissent dans leur vase. C’est une mauvaise passe, cette mer des Sargasses dans le service psychiatrie, quand les derniers vents de votre ancienne vie ne soufflent plus. Dans le monde réel, je restais légalement marié – ma femme était productrice de films, mais elle m’avait laissé pour quelqu’un de plus sexy, l’acteur vedette de notre dernier film. J’en avais écrit le scénario, plus ou moins autobiographique, et le personnage qu’il jouait était inspiré par feu mon père. Ma femme s’envoyait donc la doublure de papa et on ne s’était pas parlé depuis une éternité. »

Là-haut vers le nord
Le narrateur est invité pour Thanksgiving à un séjour de chasse dans le chalet familial de sa femme, Caroline, qui y fut violée. Sa famille ne le sait pas ; elle n’a jamais connu d’orgasme et enchaîne les infidélités.

L’ordre des choses
Lance et Kirsten se sont connus lors de leur incarcération en Floride, lui pour les amphétamines, elle pour l’héroïne ; ils vivent d’un trafic de quête pour les bébés de drogués et de larcins dans l’Iowa rural.
« Il croyait à l’existence d’une vie riche et méritée parallèle à la leur, vie qu’elle seule pouvait voir, et il sondait ses rêves à la recherche d’indications, tentait de trouver un sens à ses prémonitions, comme si ses cauchemars et ses sautes d’humeur donnaient accès à un monde fait de certitudes, alors que Kirsten, elle, connaissait la vérité : chaque rêve n’est qu’un réservoir de doutes. À force de graviter autour de divers foyers et institutions, elle avait au moins appris cela. Famille d’accueil, centre de désintoxication, de détention – même la femme qu’elle appelait « maman » appartenait à l’institution, à un programme d’aide sociale maladroit. »

Le musée des poissons morts
Ravage dirige l’équipe de charpentiers qui travaille pour Greenfield, un réalisateur de films pornos : Rigo, un réfugié salvadorien, et RB, un Noir. Dans sa sacoche, « le pistolet avec lequel il avait depuis un an l’intention de se suicider. »
« Pour ma femme, impossible de dire “réfrigérateur”. Elle apprend. Alors elle dit “le musée des poissons morts”. »

Bénédiction
Le narrateur et sa femme Meagan vivent depuis peu dans leur première maison, non loin de la Skagit River, dont une crue approche.
« Peut-être parce que mon père était mort dans ma petite enfance et que, fils unique, j’avais été accueilli au sein d’un clan informel d’oncles, de tantes et de cousins, ma conception de la famille, ainsi que de l’amour et de la loyauté, avait toujours été placée sous le signe de la sérénité et de la tolérance plutôt que sous celui de la division et de l’agressivité. Le poids de mes attentes et par conséquent le fardeau de mes déceptions se répartissaient entre un grand nombre de personnes [… »

Ils reçoivent le père et le frère de Meagan ainsi que la femme et le bébé de celui-ci ; cette famille n’est que tensions.

Le jeu des cendres
Kype est parti avec les cendres, le pistolet et la canne à pêche de son grand-père décédé à 99 ans, un pionnier qui l’a élevé ; il va hériter de sa fortune. Kype a pris en stop D’Angelo, qui fait la route depuis Brooklyn, puis Nell, une Makah de la réserve près de l’océan ; c’est le temps de la migration des saumons.

C’est sombre et dense, peu explicable, entièrement dans une atmosphère rendue par un style contenu. Quelque chose d’indicible est suggéré par ces aperçus de rapports humains, quelque chose que les sciences ne peuvent apparemment pas exprimer – en tout cas pas moi ; c’est sans doute à ça que sert la littérature, évoquer un sens subliminaire qu'il n'est pas possible d'aborder autrement.

\Mots-clés : #contemporain #famille #nouvelle #pathologie #psychologique #xxesiecle
par Tristram
le Mar 11 Avr - 12:58
 
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Sujet: Charles D'Ambrosio
Réponses: 3
Vues: 231

Minh Tran Huy

Tag pathologie sur Des Choses à lire 97823311

Un enfant sans histoire

L’enfant sans histoire, c’est Paul, l’enfant autiste de l’autrice. Paul qui ne parle pas, n’interagit pas, et s’il aime se promener dans Parus avec sa trottinette, n’a pas, et n’aura jamais d’histoire à lui.

Minh Tran Huy met son récit en parallèle avec la biographie de Temple Gradin, célèbre autiste américaine qui est née avec le même handicap que Paul, mais chez qui, chance ou hasard, les choses se sont débloquées et elle est devenue une femme brillante, quoique gardant ses difficultés, qui a mis à profit ses intérêts électifs pour les enclos à bétail (et oui) pour devenir mondialement célèbre, par sa réussite professionnelle (histoire assez extraordinaire, je dois dire) et son combat pour l’autisme et la différence.

Deux enfants nés identiques, deux destins si différents. L’autrice a tout lu sur l’autisme, en particulier tous ces témoignages d’autistes qui, non sans difficultés et combats, s’en sont sortis à leur façon. Mais voilà, à côté de ces cas particuliers, 50 % des enfants ne parleront jamais, n’auront aucune autonomie ni vie sociale, et c’est d’eux qu’elle veut parler, c’est eux qu’elle veut sortir de l’ombre, et leurs parents avec eux, ce quotidien d’enfer, cette lutte de tous les instants, ces espoirs sans cesse déçus, ce défi si accaparant qu’il n’y a plus de temps pour le chagrin. Attirer l’attention sur eux si délaissés par le pouvoirs publics.

L’autrice se défend en accumulant faits et actes, le récit paraît de ce fait au début un peu froid et distant, mais elle sait le rendre peu à peu attachant, dans une grande dignité.


\Mots-clés : #pathologie #social
par topocl
le Ven 4 Nov - 20:17
 
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Sujet: Minh Tran Huy
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Iouri Bouïda

Tag pathologie sur Des Choses à lire 41te1v10

Une trentaine de nouvelles, plus ou moins courtes mais des plus intéressantes. La première (en guise de préface) donne son nom au livre.

Toutes ces histoires sont tristes, sombres, car le bonheur y est éphémère. Mais combien d’humanité dans ces nouvelles ; même les handicapés, les démunis, les abîmés de la vie y sont aimés. Une ambiance fantastique, le passé et le présent entrelacés.

La folie, la mort rôdent.

On retrouve dans ces nouvelles,  la rivière, le pont, la rue Semerka, la fabrique, la cantine tantôt blanche tantôt rouge, l’asile de fous, l’Orphelinat dans cette ville de Welhau, le sergent Liocha, la Pétardière qui sait et voit tout et d’autres.

Cette région, ancienne Prusse Orientale a été soit Allemande, soit Russe au gré des guerres, c’est le pays de l’auteur. Une région où circulent légendes et mythes. Et « Il » Dieu souvent présent quel que soit son « emploi ».

Juste quelques extraits pour la compréhension :  dans la première nouvelle donc deux adolescents violent les tombent pour voler des objets, bijoux, ils ouvrent donc la tombe de la « fiancée Prussienne »

«On dirait qu’elle est vivante ! articula Matras d’une telle voix qu’on aurait cru que sa langue était en coton. Elle fait tic-tac. »
« La jeune fille poussa un soupir et au même instant, la robe vaporeuse et la peau lisse se transformèrent en un nuage de poussière qui se déposa lentement le long de la colonne vertébrale noueuse. »
 (mythe de la poussière, fait de terre nous retombons en poussière)

« D’une orbite noire s’envola soudain un minuscule papillon »  (mythe du papillon qui est âme)

Eva-Eva : La magnifique  Eva est arrivée dans la ville avec les premiers colons russes. Tous les hommes étaient amoureux d’elle.

« Quelles ne furent pas notre surprise et notre indignation quand nous apprîmes qu’elle s’était mise en ménage avec le muet. Seigneur Hans ! Cet empoté aux longs bras dont même les Allemands se payaient la tête. » Dieu qui a créé les muets et les jolies femmes, est le seul à savoir.

Eva meurt par amour quand les allemands sont déportés, donc Hans.

Douriaguine peintre et professeur au collège ; sa fille se meurt, il ne l’a jamais aimé cette personne insipide, mais quand elle lui demande de venir la voir à l’hôpital il s’y rend 2 fois par jour. Ne sachant que dire il peint ; comme elle dit aimé le lilas il peindra des aquarelles de branches de lilas, tout un mur.

« C’est comme qui dirait l’arbre de la mort ! a fait Douriaguine d’une voix neutre. Tu comprends comme c’est affreux ? Je ne l’aimais pas. »

Le narrateur à qui Douriaguine a offert l’une des aquarelles dit qu’elle est accrochée au-dessus de son bureau depuis plus de trente ans.

La dernière nouvelle "Bouïda" (en guise de postface)

Bouïda parle de lui, de son nom ; de la signification d'un nom de son utilité ou pas,  de l'intérêt ou pas de  la connaissance de la personne en donnant des exemples :

"Ces connaissances ont parfois une certaine influence sur notre compréhension des sources ou des singularités de l'oeuvre d'un écrivain, mais au fond, elles ne servent à rien. Le véritable nom d'Homère, c'est 'l'Illiade".
Shakespeare s'appelle "le roi Lear", et Dostoïevski "Crime et Châtiment"...."

""J'espère qu'on ne m'accusera pas de prétention et d'orgueil, je n'ai choisi mon nom, uniquement mon destin. Mais il ne restera qu'un nom, bien que seul le destin signifie quelque chose."


*****

Quelle belle écriture, poétique, légère, avec une touche d'humour malgré la sombreur des thèmes.

Lisez ses nouvelles !


\Mots-clés : #amour #fantastique #mort #nouvelle #pathologie
par Bédoulène
le Mar 18 Oct - 10:34
 
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Sujet: Iouri Bouïda
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Sylvia Plath

La Cloche de détresse

Tag pathologie sur Des Choses à lire La_clo11

La narratrice, Esther Greenwood, dix-neuf ans, est une étudiante travailleuse et une poétesse prometteuse qui a été sélectionnée dans un concours pour un séjour à New-York (elle vit dans le Massachusetts) avec d’autres lauréates.
« Je me sentais très calme, très vide, comme doit se sentir l’œil d’une tornade qui se déplace tristement au milieu du chaos généralisé. »

Elle décrit cette expérience déroutante, assez rosse avec les autres, filles ou garçons, notamment son fiancé Buddy Willard.
« Nous dansions à un kilomètre l’un de l’autre jusqu’au "Ce n’est qu’un au revoir mes frères…" où tout d’un coup il a posé son menton sur le haut de ma tête comme s’il était à bout de forces. »

« Depuis que Buddy Willard m’avait parlé de cette serveuse, je trouvais que je devrais coucher avec un homme. Ça ne compterait pas de coucher avec Buddy, parce qu’il resterait toujours en avance d’un coup sur moi, il fallait donc que cela soit quelqu’un d’autre. »

Elle ne supporte pas les limites de sa condition féminine (virginité à préserver, mariage conformiste), et rêve de liberté (les diverses formes de christianisme sont prégnantes – catholicisme, unitariens, etc.).
« Le problème était que j’avais horreur de servir les hommes en aucune façon. »

Boursière parrainée par une riche écrivaine, elle a été orpheline de père très tôt, et ne supporte pas sa mère. Un « misogyne » l’agresse, elle n’est pas reçue à ton cours de littérature estival, et peu à peu elle décroche, sombre dans la dépression. La suite est narrée par épisodes décousus ; le suicide la fascine, et bientôt elle est internée en psychiatrie, où les électrochocs la terrorisent. Bien qu’aidée par son entourage, elle a un comportement hostile ; Joan, une connaissance de collège, semble être vue comme un double ambivalent, avec des « réserves ».
« Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve. »

Sortie de l’asile, elle se fait poser un diaphragme et déflorer par un professeur ; victime d’une hémorragie vaginale, c'est Joan qui la conduit à l’hôpital, et se pend.

\Mots-clés : #autobiographie #conditionfeminine #pathologie
par Tristram
le Mer 28 Sep - 13:24
 
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Sujet: Sylvia Plath
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Max Blecher

Aventures dans l'irréalité immédiate suivi de Cœurs cicatrisés

Tag pathologie sur Des Choses à lire 1ereco10

Enfant puis adolescent, lors de ses « crises » le narrateur est imbibé par le monde, ses multiples tentacules, et s’y projette. Ses « aventures », de la boutique de machines à coudre d’Eugène le violoniste et sa sœur Clara qui l’affole de désir, du « souricesque » docteur et de Walter, camarade de rencontre, les Weber, son grand-père, son père, Edda… révèlent un goût sensuel et morbide, baudelairien, rimbaldien aussi, pour le cinématographe et la théâtralité, les musées de cire et cabinets de curiosités, les vieilleries et les clinquant et kitsch hétéroclites et artificiels, les spectacles forains et les monstres, les signes et l’absurde, la boue… Prégnance de la culture littéraire française, atmosphère "décadente". Sensations, rêveries, fantasmes d’une grande sensibilité, perceptions et souvenirs rendus avec finesse, servis par un style mélancolique et imagé (cf. la superbe scène de boucherie après la noce et l’enterrement chez les Weber), c’est aussi un questionnement métaphysique et un doute existentiel qui restent sans réponse.
« Je ressentais vaguement que rien en ce monde ne pouvait aller jusqu’au bout, rien ne pouvait être achevé. La férocité des objets s’épuisait elle aussi. C’est ainsi que naquit en moi l’idée de l’imperfection de tout phénomène, même surnaturel. »

« Il y avait dans tout cela une certaine mélancolie d’exister, une sorte de supplice naturel, dans les limites de ma vie d’enfant. »

« L’inutilité a empli les creux du monde comme un liquide qui se serait répandu de tous côtés, et le ciel au-dessus de ma tête, ce ciel toujours impeccable, absurde et indéfini, a acquis la couleur du désespoir. »

« Si jamais naissait en moi le sentiment d’un but existentiel et si cette ébauche était véritablement liée à quelque chose de profond, d’essentiel et d’irrémédiable, alors mon corps devrait se transformer en une statue de cire dans un musée et ma vie en une contemplation sans fin de ses vitrines. »

« Les personnages de cire étaient l’unique chose authentique, eux seuls faussaient la vie de manière ostentatoire et appartenaient, par leur étrange et artificielle immobilité, au monde réel. »

« C’est dans de petits objets sans importance : une plume d’oiseau noire, un petit livre banal, une vielle photo aux personnages fragiles et inactuels, qui semblent souffrir de quelque grave maladie intérieure, un délicat cendrier en faïence verte, en forme de feuille de chêne, sentant toujours le tabac froid, dans le simple souvenir des lunettes aux verres épais du vieux Samuel Weber, dans ces menus ornements et objets domestiques, que je retrouve toute la mélancolie de mon enfance et cette nostalgie essentielle de l’inutilité du monde qui m’enveloppait de toute part, comme une eau aux vagues pétrifiées. »

« L’extraordinaire parure de parade des oiseaux, des animaux et des fleurs, destinée à rehausser l’attrait sexuel, la queue stylisée et ultramoderne de l’oiseau de paradis, le plumage embrasé du paon, la dentelle hystérique des pétales de pétunias, le bleu invraisemblable des bourses du singe, ne sont que de pâles tentatives d’ornementation érotique à côté de l’éblouissante bague tzigane. C’était un superbe objet en fer-blanc, délicat, grotesque et hideux. Surtout hideux : il touchait l’amour dans ses régions les plus sombres, les plus fondamentales. Un véritable cri sexuel. »

Cœurs cicatrisés :
Une radiographie révèle qu’une des vertèbres d’Emanuel est rongée par « le Mal de Pott… Tuberculose osseuse des vertèbres. » Le jeune étudiant roumain en France est emmené par son père au sanatorium de Berck. Blecher donne une description réaliste, mais aussi légèrement irréelle de cette société de malades vivant pour la plupart allongés, immobilisés tels des mannequins dans de lourds corsets de plâtre, leur humeur accordée à la pluie.
« Berck n’est pas seulement une ville de malades. C’est un subtil poison. On finit par l’avoir dans le sang. Quiconque a vécu ici ne trouve plus sa place ailleurs. Un jour, tu le ressentiras, toi aussi. Tous les commerçants, les pharmaciens, et même les brancardiers, sont d’anciens malades qui n’ont pas réussi à vivre ailleurs. »

« C’était l’une des sensations étranges liées à la maladie, celle d’être un malade poussé sur un chariot, suivi par des personnes valides. Quelque chose qui ressemblait au cortège d’une famille en deuil marchant à l’arrière d’un corbillard ou à une procession de voyageurs pressés suivant la voiture de leurs bagages. »

Des intrigues se trament entre les patients aux personnalités rendues avec netteté ; les drames sont fréquents. Emanuel et Solange tombent amoureux l’un de l’autre, et c’est le summum d’amertume du désir entravé.
Ce récit est indéniablement plus factuel, et d’inspiration fortement autobiographique (au moins au début), son style plus classique et retenu s’accorde absolument au propos ; son contraste avec l’imagination hallucinée du précédent n’empêche pas qu’il soit complémentaire, que leur juxtaposition soit signifiante (cf. la découverte de Lautréamont par Emanuel). Aussi différents soient-ils, ils présentent tous deux une grande intensité d’évocation.
« − Quand quelqu’un a déjà été en retrait de la vie et a eu le temps et le calme nécessaire pour se poser une question essentielle à son égard – une seule – il reste empoisonné pour toujours… Bien sûr, le monde continue d’exister, seulement quelqu’un a passé une éponge au-dessus des choses et en a effacé l’importance… »

« − Ah, je n’aime pas les livres… ! Un livre n’est rien, ce n’est qu’un objet… Quelque chose de mort qui recèle des choses vivantes… Comme un cadavre en décomposition dans lequel grouillent des milliers et des milliers d’asticots. »

« − Tu vois, les cœurs des malades ont reçu tant de coups de couteau qu’ils se sont transformés en tissus cicatrisés. »


\Mots-clés : #identite #jeunesse #pathologie
par Tristram
le Jeu 24 Fév - 12:03
 
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Sujet: Max Blecher
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Edmondo de Amicis

Le Jardin de la Folie

Tag pathologie sur Des Choses à lire Dans-l10

Lorsqu'il visite un établissement spécialisé dans le traitement des malades mentaux, au tout début du vingtième siècle (le livre paraît en 1902) Edmondo de Amicis est un écrivain reconnu. Pourtant, Le Jardin de la Folie, qu'il a tiré de cette visite, ne reflète pas de compétence particulière dans le domaine, l'auteur semble avoir plutôt privilégié la naïveté dans ces observations. On ignore, du reste, quel a été le motif de cette visite. Mais justement le livre témoigne assez bien de l'approche que l'on avait à l'égard de la "folie", objet d'une étude dont l'intérêt se manifestait de plus en plus, objet d'une fascination ou de la compassion de De Amicis en l'occurrence ; attendrissement pour la fragilité mentale de tout être, auquel il mêle deux évocations discrète de son fils suicidé.

À partir de ce que lui dit un médecin "Tu sais... il n'y a pas de gens moins malheureux que les fous" affirmation qui me laisse perplexe mais à laquelle finalement il souscrit, De Amicis développe une réflexion certes intéressante ― l'idée selon laquelle c'est le raisonnement qui fait souffrir ― mais dont la conclusion repose sur un syllogisme douteux. Je suis un peu contaminé par le style de Musil, mais j'aurais préféré que ce soit lui qui développe sur le sujet. Il n'y a plus qu'à relire L'Homme sans qualités.


\Mots-clés : #pathologie
par Dreep
le Jeu 20 Jan - 17:38
 
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Sujet: Edmondo de Amicis
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Antonio Lobo Antunes

Mémoire d’éléphant

Tag pathologie sur Des Choses à lire Mzomoi11

La voix intérieure d’un psychiatre interroge :
« Quand me suis-je gouré ? »

Surtout, il se rappelle. Vétéran de la guerre d’Angola, issu de la catholique bourgeoisie lisboète, amer de la dictature comme toujours actuelle de Salazar, récemment séparé de sa femme et de ses deux filles, écrivain contrarié, il partage plusieurs traits biographiques avec Antunes.
Occasionnellement narrateur, il observe les autres et aboutit à un navrant constat clinique de l’état de ses patients et de la société.
« Aux Urgences, les internés en pyjama semblaient flotter dans la clarté des fenêtres comme des voyageurs sous-marins entre deux eaux, aux gestes ralentis par le poids de tonnes de médicaments. […]
Ici, pensa le médecin, vient se déverser l’ultime misère, la solitude absolue, ce que nous ne pouvons plus supporter de nous-mêmes, nos sentiments les plus cachés et les plus honteux, ce que nous appelons folie et qui en fin de compte est notre folie et dont nous nous protégeons en l’étiquetant, en la compressant entre des grilles, en la bourrant de comprimés et de gouttes pour qu’elle continue à exister, en lui accordant une permission de sortie à la fin de la semaine et en la conduisant vers une "normalité" qui probablement consiste seulement à empailler les gens vivants. »

Premier roman aux mêmes thématiques que Le Cul de Judas, son second roman, que j’ai malheureusement lu avant celui-ci.
C’est déjà son style baroque qui enfile les métaphores dans de longues phrases (il évoque judicieusement Fellini dans le texte, et j’ai pensé à Gadda), ainsi que de nombreuses références historiques, picturales et littéraires, mais aussi musicales et cinématographiques.
« Dans la nuit de Lisbonne on a l’impression d’habiter un roman d’Eugène Sue avec un passage sur le Tage, où la rue Barão-de-Sabrosa est le petit ruban décoloré qui marque la page lue, malgré les toits où fleurissent des plantations d’antennes de télévision semblables à des arbustes de Miró. »

Le rendu du flux de conscience dans ce roman contenu en une journée m’a ramentu l’Ulysse de Joyce.
Sa sombre détresse dans un quotidien de laideur, son angoisse de la décrépitude, sa solitude désespérée prennent toute leur démesure célinienne au chapitre 6, à partir de la grotesque et grinçante scène de son sordide dépucelage par une prostituée ; j’ai aussi pensé à Lowry lorsque, désolé par la perte de sa femme, son accablement l’enfonce dans une errance hallucinée.
« Au sommet d’une espèce de parc Édouard-VII en réduction bordé de palmiers hémophiles dont les branches grinçaient des protestations de tiroirs récalcitrants, d’hôtels sortis de films de Visconti, habités par des personnages de Hitchcock et par des gardiens de parking manchots, aux yeux affamés cachés sous les visières de leurs casquettes comme des oiseaux avides pris dans le filet plissé des sourcils, l’édifice du Casino ressemblait à un grand transatlantique moche, décoré de guirlandes de lumières, parmi des villas et des arbres, battu par les vagues de musique du Wonder Bar, par les cris de mouettes enrouées des croupiers et par l’énorme silence de la nuit maritime autour de laquelle montait une dense odeur d’eau de Cologne et de menstrues de caniche. »

Un livre marquant sur la folie d'une société traumatisée...

\Mots-clés : #guerre #misere #pathologie #regimeautoritaire #social #solitude
par Tristram
le Mer 8 Déc - 12:14
 
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Sujet: Antonio Lobo Antunes
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Johan Daisne

L'homme au crâne rasé

Tag pathologie sur Des Choses à lire L_homm11


Confession introspective, digressive, dilatoire, matérialisée par un texte d’un bloc, sans renvoi à la ligne, en seulement quatre paragraphes.
Le narrateur se plaint d’être timide, émotif :
« Se pourrait-il que certaines âmes soient mal chevillées au corps, qu’elles y flottent et risquent de passer par-dessus bord ? »

Intéressante notion métaphysique de « raison d’être » qui confine à la fatalité, et curieuse conception de l’esprit comme « automate » :
« Et l’automate qui habite chacun de nous et se charge de tant de besognes à notre insu, peut-être même de toutes, ce brave esprit fidèle et vigilant, m’a longtemps aidé de son mieux, mais le coupable c’est moi, qui ai voulu l’éveiller. »

Récurrente association de cendre et d’or (et aussi de l’or et du sang) :
« Écheveaux, confusion, quelque chose d’autre encore et plus que le reste, peut-être, toute mon existence misérable en a toujours été à la fois illuminée et obscurcie : tantôt nuage d’or, tantôt de cendre, comme une brume, pas sur tout mais à travers tout, un brouillard qui mélange tout plus qu’il ne le cache. »

Sentimental et humble, pieux et même moral, admirateur de la science, c’est le récit d’amours interdites, maudites, et surtout celui d’une aliénation mentale vue de l’intérieur.

\Mots-clés : #pathologie
par Tristram
le Sam 17 Juil - 12:28
 
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Sujet: Johan Daisne
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Unica Zürn

L'Homme-jasmin

Tag pathologie sur Des Choses à lire F-9e8-11

En écrivant L'Homme-jasmin, Unica Zürn s'est-elle inspiré de sa propre vie, au point que l'on puisse parler d'un texte autobiographique ? Certes, il y a des éléments pour l'affirmer, mais alors cette vie, telle qu'elle est décrite ici, n'est pas du tout structurée par des périodes ni des interactions marquantes. Il n'y a pas d'environnement extérieur, sauf lorsque le personnage se trouve dans un hôpital psychiatrique (où Unica Zürn a elle-même été internée) ; L'Homme-jasmin se base pour l'essentiel sur des impressions, l'imagination d'un être déconnecté de la réalité.

Peut-être que cette réalité, elle la transforme, afin que tout devienne extraordinaire, surréel, à l'image de son monde intérieur ? Oui, mais seulement dans des moments de grâce, de bonheur fugitifs, lorsqu'elle danse ou lorsqu'elle dessine. Dans la série de portraits qu'elle trace de ces compagnons d'infortune, à l'hôpital psychiatrique, il y a toujours cette fascination pour la folie, comme si quelque chose d'insoupçonnable se cachait derrière des attitudes énigmatiques et souvent stéréotypée. On y décèle aisément une souffrance sordide. La curiosité de la narratrice, pour une fois qu'elle s'ouvre à d'autres, est frustrée ou frustrante. Le récit lui-même, devient obsessionnel voire tourne franchement en rond, il est glaçant mais peut-être lucide de constater que son univers mental est en train de rétrécir.


\Mots-clés : #pathologie #psychologique
par Dreep
le Jeu 10 Juin - 23:59
 
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Sujet: Unica Zürn
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Evguéni Vodolazkine

Tag pathologie sur Des Choses à lire 41g3jc10

Brisbane

Originale: Брисбен (Russe, 2018)

CONTENU :
Aussi dans ce roman Vodolazkine nous confronte avec un héros dont la vie est bouleversée d’un coup. Gleb Ianovski est un virtuose de la guitarre, au sommet de son art et d’une célébrité. Alors on lui diagnostique le Parkinson et qu’il commence peu à peu de perdre contrôle de ses doigts, de sa main. Il cherche alors comme un autre sens, un nouveau soutien dans sa vie. Et en cela il sera aidé par son passé : il rassemble les expériences et souvenirs de son enfance à Kiev dans les année 70, puis de sa jeunesse à Leningrad et encore ce qu’il va vivre, avec sa femme, après le démenagement vers l’Allemagne en 1993… Et, dans « l’aujourd’hui », un enfant apparaît. Mais le but rêvé de sa mère dans son enfanace, le lieu de Brisbane en Australie – existe-t-il vraiment comme incarnation de nos rêves et désirs ? Ou est-ce seulement un mirage ?

REMARQUES :
Deux perspectives sur la vie de Gleb se complémentant et étant en lien mystérieux entre elles. Gleb fût né en 1964. D’un coté lui-même raconte sa vie depuis la découverte de sa maladie en 2012 et en gros, jusqu’en 2014. On y trouve avant tout des dialogues, des entretiens, des pensées de lui-même. Tous le temps se montre à quel point les années parcourus, derrière lui, étaient plein de « succès » : la gloire, l’argent, l’aisance… Pourtant il en est bien conscient : qu’est-ce qui reste face à la vie (ou la mort?). De quoi est-ce qu’on se souvient, qu’est-ce qu’on a vraiment retenu et a marqué le noyaux de notre personne ?

Et quand il est interrogé, après un dernier concert à l’Olympia à Paris, sur son vol de retour par un écrivain, Nestor, celui-ci aimerait écrire une sorte de biographie. Mais comment ne pas en faire une n-ième énumération de la carrière et des « succès » ? Comment mettre en évidence ce qui ne fût pas raconté, ce qui a vraiment impregné la vie ? Mais Nestor – c’est alors le deuxème fil – va à partir de ses échanges réguliers avec Gleb, écrire sur les personnages marquants de l’enfance et de la jeunesse. Sur ces expériences, ces rencontres comme le premier amour (si pudique, presque pas remarqué…). Le cotoiement de la mort. La rencontre avec la foi à travers la personne de son grand-père. Ce deuxième fil est descriptif, quasimment sans dialogue et paragraphe. La croissance et le devenir d’un être !

Donc, bien plus qu’une biographie romancée, mais oui, tellement plus. Et souvent d’une poèsie extraordinaire, voir d’une profondeur splendide. En passant (?) nous parlons aussi de musique (d’une façon rarement lu par moi) ; de la relation entre l’Ukraine (du Père de Gleb) et la Russie (maternelle) : non, pour ce narrateur, et pour Vodolazkine, ce sont des frères. Fine critique de ce qui se passait, se asse entre ces pays… Evidemment la litterature est présente (et deuxième sujet d’étude de Gleb à part la musique). Et dans le passé comme dans le présent : la mort ! « La vie est une longue accoutumance à la mort... » Présent et passé sont dans un dialogue permanent : ils s’interpellent, se répondent, aussi bien pour les sujets que pour l’atmosphère, les éléments marquants de notre vie.

Je pourrais ne pas m’arrêter en chantant les louanges de ce livres dense, parfois aussi drôle. Et : très russe ! Avec un livre comme ça on sait que la Russie n’a pas parlé son dernier mot en litérature ! Donc… à lire !


\Mots-clés : #historique #musique #pathologie
par tom léo
le Mer 13 Jan - 22:07
 
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Sujet: Evguéni Vodolazkine
Réponses: 3
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Isabelle Von Bueltzingsloewen

L’hécatombe des fous  
La famine dans les hôpitaux psychiatriques français sous l’Occupation


Tag pathologie sur Des Choses à lire Extern65

Je croyais lire un livre sur l’extermination des patients psychiatriques pendant la Seconde Guerre Mondiale, par le biais de la famine. Ce livre avait fait beaucoup de bruit à l’époque à Lyon, la ville où je suis née et ai fait mes études de médecine, à l’Université Alexis Carrel à l’époque, et où ma mère avait été interne après guerre à l’hôpital psychiatrique du Vinatier…

En fait  Isabelle von Bueltzingsloewen nous propose un ouvrage très richement argumenté, s’appuyant sur d’énormes archives et une bibliographie prolifique, qui établit l’atrocité des 40 000 morts de faim des hôpitaux psychiatriques français pendant la guerre, mais réfute le génocide.

Dans un contexte de restrictions générales et d’affamement de toute la population, les « fous », les « aliénés » constituent une population particulièrement fragile, qui ne dispose que de la  quantité minimum de tickets d’approvisionnement, impropre à assurer la survie. Coupés d’une famille ou d’un environnement social lui-même en grande précarité,  ils sont dans l’impossibilité de combler les carences par l’aide extérieure ou le marché noir. Le travail des patients valides dans les fermes rattachées à nombre de ces hôpitaux est insuffisant à pallier aux monstrueux manquements
L’auteure décrit sans concessions (photos à l’appui) les conditions d’enfermement et d’abandon de ces patients pour lesquels la médecine est alors sans ressource, et l’opinion publique dans un rejet généralisé. Elle situe cette état de fait dans l’évolution de la psychiatrie dans le siècle, de l’asile à la psychiatrie de secteur.
Elle décrit des médecins diversement démunis, mais pour la plupart concernés, face à l’impuissance de l’administration. Pour eux, l’émergence des premières thérapeutiques dites de choc avant-guerre et notamment de l’électro-convulsivothérapie – autrement dit électrochoc – constitue l’espoir extraordinaire de non seulement traiter ces patients, mais aussi de ce fait permettre qu’ils sortent de l’univers asilaire et aient ainsi une chance de ne pas mourir de faim.
Mais si  jusqu’à fin 42 leurs appels n’ont pas suffi à faire augmenter la ration des aliénés,  Isabelle von Bueltzingsloewen affirme, preuves à l’appui, qu’il n’y a pas eu de désir d’extermination sous Vichy, ou en tout cas qu’il n’y en a pas trace, donc, pour l’historienne, pas de trace = pas d’affirmation.  Pour elle, c’est faire offense au devoir de mémoire, mais aussi aux malades dizaine de milliers de malades psychiatriques génocidés en Allemagne que de ne pas reconnaître cela. Elle s’oppose ainsi à tout un courant qui a jusque-là affirmé ce génocide, qui l’a mis en lien avec l’eugéniste lyonnais Alexis Carrel, et dont elle considère qu’il ne répond pas à un travail historique de chercheur·se digne de ce nom.

C’est évidemment une parole contre une autre, car si l’auteure confronte abondamment la lectrice à sa documentation, à ses raisonnements et à ses preuves, je suis, inculte en histoire, incapable de savoir si ces preuves sont bien des preuves.
L’intérêt de ce livre, outre la connaissance de la famine des hôpitaux psychiatriques, de l’histoire générale de la psychiatrie, ainsi que de nombreuses histoires individuelles de patients internés chroniques particulièrement émouvantes, est bien de poser  la question de la responsabilité de l’historien.ne. Comment lire l’histoire ? A qui se fier ?


Mots-clés : #essai #historique #medecine #pathologie
par topocl
le Lun 2 Nov - 11:07
 
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Sujet: Isabelle Von Bueltzingsloewen
Réponses: 11
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Pete Fromm

Comment tout a commencé

Tag pathologie sur Des Choses à lire Proxy_36

(En complément au commentaire de Topocl).
Comment une telle mésentente peut-elle s’installer entre enfants et parents ? La pratique compulsionnelle du base-ball explique-t-elle tout ? les
États-Uniens sont-ils tous fous ? Imagine-t-on nos grands prosateurs français (Houellebecq, Jourde, Carrère) nous faire tartir avec du foot, ou de la pétanque ?

Bien sûr Abilène est malade, bipolaire, maniaco-dépressive ; mais c’est (aussi, surtout) la jeunesse, goût du risque et de la destruction, rêve, révolte, conviction, véhémence, excès, qui nous est présentée, comme amplifiée par son trouble, son influence sur son petit frère, Austin.
« Ça fait partie du jeu. »

« ‒ Tu as passé ta vie entière à essayer de me ressembler, Austin. Et maintenant je prends des pilules pour être quelqu’un d’autre. »

Une description étonnante de justesse du conflit générationnel des enfants avec les parents, heureux, satisfaits ‒ minables.
« Ils veulent que je leur ressemble davantage. (Elle gardait les yeux fixés sur le ciel vide.) Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de pire ? »

« ‒ Tu as travaillé si dur, uniquement pour que je puisse rester à la maison et regarder les enfants devenir fous. »

Une belle histoire d’amour !

Mots-clés : #fratrie #jeunesse #pathologie #relationenfantparent #sports
par Tristram
le Ven 2 Oct - 21:56
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Pete Fromm
Réponses: 59
Vues: 4348

Michael Kumpfmuller

Tag pathologie sur Des Choses à lire La-spl10
A. Michel

En juillet 1923, Franz Kafka séjourne avec sa soeur à Muritz, petite station balnéaire de la
Baltique. C'est là qu'il rencontre Dora Diamant. Il vient d'avoir quarante ans et il est gravement malade. La tuberculose gagne très vite du terrain.
Dora vient d'avoir vingt cinq ans. Elle est la vie meme. Elle sera son dernier amour et sa compagne jusqu'au bout.

Pour Franz ce sera un bonheur inespéré et partagé, rendu poignant par l'avancée de la maladie. Un sursis d'un an pas plus. Dora se rend compte que leur amour est menacé et leurs espérances de vie commune. Mais tout au long elle fera preuve d'un courage, d'une ténacité, d'un dévouement et d'une affection sans faille.

Rien n’est plus beau, que d’être seule avec lui dans la chambre, chacun occupé à sa propre tâche, car cela lui rappelle Berlin, les soirs où il écrivait en sa présence. Il y avait une sorte d’intensité dans le silence, quelque chose de religieux et de léger à la fois tandis qu’il écrivait, penché sur la table, les premières semaines, quand elle avait encore presque peur de ce qu’il faisait, de son travail.


Pendant les derniers mois, Franz et elle vont séjourner à Berlin et ce sera le meilleur moment de leur vie, (en dehors de l'époque où ils se sont connus à Muritz). Meme si Berlin est dans un état de crise économique dramatique. On sent déjà monter l'antisémitisme et l'extrémisme politique.

Par la suite, Franz va séjourner de sanatorium en sanatorium en Autriche. Son état se dégrade de plus en plus. Il ne peut plus manger pratiquement ni meme parler.

Il a presque l’air d’un enfant maintenant, on ne peut pas dire précisément ce qui se passe, il est malade, mais c’est surtout l’expression de son visage qui est remarquable, on dirait qu’il a réussi, au mitan de sa vie, à ressembler finalement à un élève de première un peu retardé, et qu’ayant atteint ce stade, il se développe maintenant à rebours jusqu’à redevenir un enfant.


Un dernier changement d'établissement provoque chez Franz un regain d'espoir et de vitalité. Espoir vite déçu, le pronostic vital lui laissera trois mois d' existence en partie inconsciente.


Michael Kumpfmuller s'est plongé dans les journaux, la correspondance et les carnets de l'auteur. Il s'est tellement investi, imprégné qu'il a réussi à nous rendre un Kafka vivant et proche tel qu'on ne l'a jamais connu avant. Sauf peut etre dans le témoignage de Gustav Janouch.



Tag pathologie sur Des Choses à lire Dora_j10
 Dora

Mots-clés : #amour #mort #pathologie
par bix_229
le Jeu 3 Sep - 19:04
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Michael Kumpfmuller
Réponses: 2
Vues: 407

Akira Mizubayashi

janis a écrit:Je suis bien tentée, également, surtout avec le plaisir de ma lecture actuelle : j'ai bien envie de rester au Japon, un peu, par la suite ! Merci Wink


Certes, atmosphère marquée par un auteur japonais. Mais des grandes parties de son oeuvre sont écrites en français, se déroule en France. Si j'ai bien compris, l'auteur avait besoin de "respirer" un air plus libre, preant la langue française comme un trampolin pour accèder à une plus grande forme de légèreté. Le Japon lui semble trop figé dans des hierarchies, des formules...



Un amour de Mille-Ans

Tag pathologie sur Des Choses à lire Produc12

Français, 2017

CONTENU :
description de produit a écrit:"La maladie de Mathilde les avait coupés du monde. Rester des heures entières auprès de sa femme ne lui pesait pas, bien au contraire. La musique devenait alors pour eux comme une prière sans paroles, l'occasion d'un silencieux échange de sourires et de soupirs d'émerveillement." Ancien professeur de littérature française à Tokyo, Sen-nen vit désormais à Paris avec sa femme Mathilde. Un jour, il reçoit un message de son amour de jeunesse, Clémence, une cantatrice qui interprétait Suzanne dans Les Noces de Figaro. Après trente ans de silence, elle l'invite à une nouvelle représentation de cet opéra, dont elle supervise la mise en scène. Mathilde laisse alors son mari aller à la rencontre du passé.


REMARQUES :
C’est dans un contexte d’une maladie grave de sa femme, qu’est raconté l’histoire d’amour entre elle et Sen-nen. Puis il est contacté par une cantatrice, Clémence S., qui trente années auparavant avait joué la Suzanne à l’Opéra Garnier. A l’époque encore étudiant à Paris, Sen-nen assista à toutes les représentations des « Noces de Figaro ». Son engouement pour la pièce de Mozart lui fait vivre ces spectacles comme quelque chose de très fort : l’action, l’interprétation, le sens même de l’opéra (un dépassement des hierarchies sociales?!) le font rêver à lui, venant d’une societé si hierarchisée. Et mettent en marche comme un amour de « Mille-Ans » (signification de Sen-nen en japonais) aussi bien pour l’interprète de Suzanne, Clémence S. Sen-nen va lui écrire pas tellement juste des lettres d’amour ou de fana, mais comme son dialogue avec la pièce, sa compréhension du sens profond. A la fin des spectacles il y aura juste une rencontre pleine d’harmonie, de partage, autour d’un verre de vin et d’une pizza. Et dans l’aujourd’hui ? Comment va se passer cette rencontre après une trentaine d’années ? Et comment se déroulera le temps commun avec sa femme Mathilde ?

Partage de la même passion pour la musique, amour pour la langue et vie entre différentes cultures (incluant l’amour pour la langue), une relation de couple tranquille, paisible et apaisée, aussi un peu à l’écart, même la présence d’un chien – on retrouvera beaucoup d’ ingrédients dont j’ai fait connaissance dans « Âme brisée ». Ici ce sont les « Noces de Figaro » qui sont au centre du roman. L’interprétation, les explication en font quelque chose qu’il faut presque connaître. Et qu’on va éventuellement mieux apprécier après ? Mizubayashi écrit en mélomane très éclairé, pouvant donné un sens à des choix de Mozart. C’est fort, mais pourrait éventuellement aussi rappeler p ex un exposé. Quitte-t-on le domaine du roman presque ?

Le partage d’une même passion pour la musique peut unir des êtres humains.

Une certaine proximité de style, de langue, d’atmosphère, avec « Âme brisée » m’a étonné. L’auteur semble avoir des sujets fétiches. Si on aime, on aimera ce roman aussi !

Mots-clés : #amour #lieu #musique #pathologie
par tom léo
le Mer 19 Aoû - 7:00
 
Rechercher dans: Écrivains d'Asie
Sujet: Akira Mizubayashi
Réponses: 10
Vues: 585

Philip Roth

Némésis

Tag pathologie sur Des Choses à lire Images50

C’est donc l’histoire d’une épidémie de polio, mais surtout prétexte à s’interroger sur l’« injustice », l’iniquité perçue entre destins humains plus ou moins "heureux", (et) l’absence de sens de ces destinées.
« Quel sens peut bien avoir la vie ?
‒ On a l’impression qu’elle n’en a pas, répondit Mr Cantor.
‒ Où est la balance de la justice ? demanda le pauvre homme.
‒ Je n’en sais rien, Mr Michaels.
‒ Pourquoi est-ce que la tragédie frappe toujours les gens qui le méritent le moins ?
‒ Je ne connais pas la réponse, répondit Mr Cantor. »

« Parfois on a de la chance, et parfois on n’en a pas. Toute biographie tient du hasard et, dès le début de la vie, tout relève du hasard, de la tyrannie de la contingence. Le hasard, je crois que c’est ce que Mr Cantor voulait dire quand il accusait ce qu’il appelait Dieu. »

La « fureur contre Dieu pour avoir poursuivi d’une haine meurtrière les enfants innocents de Weequahic » entre en résonance avec ma lecture de Le Livre contre la mort, d’Elias Canetti.
« Mais maintenant qu’il n’était plus un enfant, il était capable de comprendre que si les choses ne pouvaient pas être autres que ce qu’elles étaient, c’était à cause de Dieu. Si ce n’était pas à cause de Dieu, de la nature de Dieu, elles seraient autres. »

« Il était frappé de voir à quel point les vies divergent, et à quel point chacun d’entre nous est impuissant face à la force des choses. Et Dieu dans tout ça ? Pourquoi est-ce qu’Il installe une personne, le fusil à la main, dans la France occupée par les nazis, et une autre dans le réfectoire d’Indian Hill devant une assiette de gratin de macaronis ? Pourquoi est-ce qu’Il place un enfant de Weequahic dans un Newark ravagé par la polio, et une autre enfant dans le splendide sanctuaire des Poconos ? Pour quelqu’un qui avait jusqu’alors trouvé dans le sérieux et l’application au travail la solution à tous ses problèmes, il était maintenant bien difficile de s’expliquer pourquoi ce qui arrive arrive comme ça et pas autrement. »

« Espérons que leur Dieu miséricordieux leur accordera tout cela avant de leur planter Son poignard dans le dos. »

Concernant l’épidémie et ses méfaits collatéraux, le mécanisme du bouc émissaire joue bien sûr (tout autant qu’à notre époque "éclairée", si acharnée à trouver "un responsable") :
« C’est pourquoi tout le monde essaie de trouver qui ou ce qui pourrait être responsable. On essaie de trouver un coupable pour pouvoir l’éliminer. »

Le point de vue juif souligne la mécanique du tandem peur-haine :
« Je m’oppose à ce qu’on fasse peur aux enfants juifs. Je m’oppose à ce qu’on fasse peur aux Juifs, point. Ça c’était l’Europe, c’est pour cela que les Juifs ont fui. Nous sommes en Amérique. Moins il y aura de peur, mieux cela vaudra. La peur fait de nous des lâches. La peur nous avilit. Atténuer la peur, c’est votre job, et le mien. »

« Certains semblent penser que la meilleure solution pour se débarrasser de la polio serait d’incendier Weequahic, avec tous les Juifs dedans. Il y a beaucoup d’agressivité à cause de toutes les choses délirantes que les gens disent par peur. Par peur et par haine. »

Qu’on soit croyant ou pas, l’existence est incertaine, et ceci établi il reste à s’interroger sur les réactions humaines vis-à-vis de cet état de fait. Bucky Cantor est déterminé par son passé à une culpabilité ravageuse : son sens des responsabilités est paradoxalement mené à l’absurde.
« Il faut qu’il convertisse la tragédie en culpabilité. Il lui faut trouver une nécessité à ce qui se passe. Il y a une épidémie, il a besoin de lui trouver une raison. Il faut qu’il se demande pourquoi. Pourquoi ? Pourquoi ? Que cela soit gratuit, contingent, absurde et tragique ne saurait le satisfaire. Que ce soit un virus qui se propage ne saurait le satisfaire. Il cherche désespérément une cause plus profonde, ce martyr, ce maniaque du pourquoi, et il trouve le pourquoi soit en Dieu soit en lui-même, ou encore, de façon mystique, mystérieuse, dans leur coalition redoutable pour former un destructeur unique. »

« "Je voulais aider les gosses à devenir forts, finit-il par dire, et au lieu de ça, je leur ai fait un mal irrévocable." C’était cette pensée qui avait tenaillé pendant tant d’années de souffrance silencieuse un homme qui méritait moins que tout autre qu’il lui soit fait du mal. »

Le passage central sur les activités "scoutes" du camp d’été m’a paru long, et assez hors de propos, alors que la thématique du roman est ailleurs exposée sans détour.
Le style m’a semblé impropre par moments, mais est-ce dû à la traduction ?

Mots-clés : #communautejuive #culpabilité #Pathologie
par Tristram
le Jeu 26 Mar - 20:44
 
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Sujet: Philip Roth
Réponses: 111
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David McNeil

Un vautour au pied du lit

Tag pathologie sur Des Choses à lire Proxy200

Cette gêne à déglutir s’est avérée une tumeur de 7 cm à l’œsophage, on ne donne pas cher de David McNeil, un vautour s’installe au pied de ce lit d’hôpital au froids montants d’acier, partageant les lieux avec l’ange gardien Gabriel.
Et il ne s’en laisse pas compter, McNeil, sa fantaisie ne le lâche pas, et si la mort n’est pas un drame, la vie est quand même une belle option, à laquelle la poésie, l’humour et l’imaginaire apportent leur piment.
Récit  distancié quasi joyeux d’une maladie qui n’enlève pas la joie de vivre, Un vautour au pied du lit est un objet funiculaire qui s’attache à décrire l’homme et ses fantasmagories plutôt que son combat.


Mots-clés : #autofiction #pathologie
par topocl
le Ven 16 Aoû - 9:30
 
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Sujet: David McNeil
Réponses: 1
Vues: 480

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