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Chang-rae Lee

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Message par Armor Mar 24 Jan - 17:17

Chang-rae Lee
Né en 1965


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Fils d'un psychiatre Coréen du Nord, réfugié à Séoul, Chang-rae Lee a trois ans quand sa famille immigre aux Etats-Unis en 1968. Il commence sa vie professionnelle en tant qu'analyste financier à Wall Street après avoir étudié à l'Université de Yale. Sa vocation d'écrivain ne se révèle qu'à la mort de sa mère. Il s´installe alors en Oregon où il participe à des ateliers d´écriture. Et surtout il rencontre son mentor, le poète Garrett Hongo, auquel Les Sombres feux du passé sont dédiés. Après Langue natale en 1995, Les Sombres Feux du passé, son deuxième roman fouille à nouveau le passé de la Corée. Aujourd'hui Chang-rae Lee réside à Ridgewood. Il enseigne la littérature et dirige des ateliers d'écriture à Princeton. Il est une de ces nouvelles figures de la littérature, qui donne voix à l´expérience des immigrés et s´emploie à construire une nouvelle identité américaine, transnationale.

source : Babelio

Ouvrages traduits en français :

1994 : Langue natale (Native speaker)
1999 : Les sombres feux du passé (A gesture life)
2004 : Le ciel de Long island (Aloft)
2010 : Les vulnérables (The Surrendered)


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Message par Armor Mar 24 Jan - 17:27

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Les sombres feux du passé

Monsieur Hata est l'incarnation même du rêve américain. Japonais d'origine coréenne, il est parvenu à s'intégrer parfaitement dans la petite ville de Bedley Run, où il est un  commerçant respecté et  l'heureux propriétaire d'une maison cossue qui suscite bien des convoitises. Vient l'heure de la retraite, et avec le désœuvrement, de l'introspection. L'occasion pour le vieil homme de se pencher, par exemple, sur la place qui est la sienne dans cette ville  où il a tant œuvré pour  se faire accepter :

Même avec une cheminée couverte de cartes de vœux, je sens que la mémoire collective est ici plus courte que je n'aimerais le croire, et s'abrège de plus en plus. De « ce bon docteur Hata », je suis devenu « ce brave retraité », pour passer à « qui est donc ce vieil Asiatique ? », phrase  que j'ai entendu chuchoter l'été dernier pendant que je payais à la caisse du nouveau restaurant de Church Street – remarque sans malice ni vilain préjugé, mais qui m'a tout de même laissé perplexe. Car, quoique je sois convaincu que ce genre de triste effacement atteint n'importe quel homme ou femme qui vieillit, même ceux qui avaient une certaine position dans la ville, je commence à soupçonner que, dans mon cas, il ne s'agit pas seulement de l'érosion du temps et de la place qu'on attribue à la vieillesse dans la vie moderne, mais plutôt du fait persistant et immuable de ce que je suis, sinon de qui je suis ; de la simple permanence de mon visage.

Certains événements que je ne dévoilerai pas vont ouvrir la vanne des souvenirs que Monsieur Hata gardaient soigneusement enfouis,  lézardant le masque des apparences  et nous révélant un être infiniment plus complexe qu'il ne le laissait paraître.
Pourquoi cet homme, célibataire endurci, a-t-il voulu à toute force adopter une petite coréenne ? Une petite Sunny que, malgré sa coupable indulgence, il n'est jamais parvenu à apprivoiser tout à fait, assistant impuissant à l'inexorable délitement de leurs relations... Une plongée dans les errements les plus graves de l'adolescence qui nous est narrée par un père à la fois totalement impliqué et bizarrement détaché ; sentiment de lectrice que je peine à retranscrire…

Le retour sur lui-même qu'effectue cet homme est un récit grave, douloureux, tendre aussi, traversé de beaux moments d'humanité. Infiniment poignant dans sa retenue. Avec lui le lecteur plonge au plus profond des souvenirs, jusqu'à se retrouver confronté à toute l'horreur des comportements humains en temps de guerre. L'attente de la défaite dans un camp d'hommes à cran, incapable désormais de cacher leurs déviances et leur cruauté...
C'est là, auprès de soi-disant volontaires qui n'étaient en fait que des femmes arrachées à leurs familles pour servir, dans les pires conditions, de filles à soldats,  que le lecteur finira par débusquer le nœud du problème, l'événement autour duquel il tournait depuis de nombreuses pages, l'évidente source de bien des comportements futurs de Monsieur Hata…

Les questions que le lecteur se pose, de plus en plus nombreuses au fil des pages, sur cet homme qui toute sa vie chercha à se faire accepter et à réparer quelque chose, trouveront en partie leur réponse dans ce récit triste et tendre comme l'est la vie. Mais la vérité des êtres nous échappe ; jusqu'au bout, Monsieur Hata et Sunny conserveront  une part de leur mystère…

Une lecture très riche et très forte que celle de ce livre.

Au fond, mon désaccord avec Mary Burns – ou son désaccord avec moi – tenait à ce que, malgré ma décision de rester célibataire toute ma vie, j'aie continué de tergiverser dans mes idées et dans mes actes, au point même de lui demander un soir si elle ne voulait pas vendre sa maison pour venir s'installer chez moi. Nous étions assis l'un près de l'autre dans le salon, devant une bonne flambée, en sirotant notre thé coutumier. Quand je lui ai déclaré ça, elle a soudain posé sa tasse, son expression d'habitude impassible s'est d'abord figée d'étonnement puis s'est illuminée de joie, et j'ai compris alors que j'avais fait une énorme bourde. Dans le silence qui a suivi, j'ai pressenti la décomposition, une crise froide et grave, comme si quelque chose était en train de mourir dans un coin de la pièce, invisible, et sans un mot. Je n'ai cependant pas retiré ma proposition, ni sur le moment, ni les jours suivants, mais je ne l'ai pas renouvelée ; j'espérais simplement qu'elle viendrait peu à peu à expiration. Et bien sûr elle a expiré, sans autre discussion, et presque de la façon que j'aurais souhaitée.

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #immigration #psychologique
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