Béatrix Beck

« Une grand-mère martyrisée par son chat
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M.Patel nous signale que les branches de son prunier ont été si fortement secouées par l'orage qu'elles rejoignent sa rhubarbe. Toute notre sympathie.
Disparition du lapin russe de l'Enclos Guillemin. Malveillance ou l'animal a-t-il pris la clé des champs ? Les enfants des écoles sont invités à faire des recherches.
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On a cru apercevoir une sirène dans le canal d'irrigation. Mobilisons-nous pour la santé mentale et contre la pollution.
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Les statues du Parc municipal ne cessent de grossir, surtout celle à droite du portail. On envisage un ravalement.C'est en nourrissant les moineaux que le phénomène a pu se développer.

« A peine détachée d'un endormissement, encore traumatisée par l'aventure, ne sachant pas qui j'étais, objet, organe ou blessure, il m'a fallu cueillir pour lui, peler, équeuter, dénoyauter, faire des salades de fruits, bientôt des compotes, des conserves, des confitures. Je suis une mal mariée.
- Vous semblez faire un peu de bovarysme.
- Un peu de quoi ?
- Pendant que vous mettiez le domaine en marmelade, votre époux ne restait pas inactif.
- Il s'est réservé la partie intéressante, boutures, marcottages, croisements, cultures expérimentales. Je voudrais l'empoisonner à la belladone, à la colchique, au datura.
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-Votre femme vous en veut.
- et moi, vous croyez que je ne lui en veux pas ? Oeillades au kangourou, caresses au dingo, roulades avec le rossignol. Elle se passe des rondelles de concombres sur le visage et m'empêche de l'embrasser. Elle se frotte les mains avec des moitiés de citrons, elle s'écrase sur le nez des fraises magnifiques, des spécimens superbes que j'avais obtenu à force d'engrais, quel gâchis.
- Vous ne lui avez pas demandé pourquoi elle fait ça ?
-Si elle m'a répondu que c'était pour arrêter la marche du temps. Je ne comprends pas. Ce n'est tout de même pas en s'écrabouillant des pulpes sur la tronche qu'elle empêchera le soleil de se lever et de se coucher.
- Pour vous le temps est un phénomène cosmique, pour votre femme une affaire corporelle.

Je vais susciter un fleuve torrentiel qui divisera le domaine en deux régions, terrestres plutôt que paradisiaques. Ma fille dénaturée habitera du côté du soleil levant, mon fils décevant là où se trouve parfois la paix du soir.
- Aussi bien le contraire, Eternel.
-Adam ! Adam ! Mon amour.
-Eve ! Je t'entends ! C'est toi, c'est bien toi !
- Viens tout au bord, tu me verras. Je me penche, je me noie, je me noie pour toi.
-J'avais l'idée de construire une barque mais elle sera emportée
- Je voudrais nager pour te rejoindre mais le courant est trop fort.
- Je crois que je sais monter des ponts. Je vais essayer.
- Qu'est-ce qu'un pont ?
- D'abord, je planterai des estaches.
- Moi, je vais bâtir un bajoyer sur ma berge.
-Risquons-le”

« Michel, prince des âmes sauvées, viens à mon secours. Défends-nous dans le combat. La mer s’est soulevée et la terre a tremblé quand tu es descendu du ciel."
Elle déconne dans les grandes largeurs, pensa Michel consterné. Drôlement siphonnée.
- Je vais vous faire un bon caoua.
Il approcha le bol de ses lèvres, l’aida à boire en disant : « c’est pas du jus de chaussettes »

« Qu’est-ce que c’est que cette horreur ?
L’intéressée éclata en sanglots silencieux, gargouilles et statues étant tenues à un devoir de réserve. Elle chercha du regard Herm, Trude et Pud, plus pétrifiées que jamais.
Le Tout-Noufles se taisait, consterné, mais le courageux maire, Bellouaire Odette, osa protester :
- Monsieur l’Inspecteur, cette gargouille est l’œuvre du maître Tomasino Merchatti.
- Pas plus de maître que de beurre en broche. Il faut faire sauter cette pâtisserie. »