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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Message par Nadine Dim 24 Mar - 14:43

C'est chouette, toi et Bix vous citez beaucoup, c'est bien agréable.
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Message par Tristram Dim 24 Mar - 15:12

Réflexe de lecture ! coup à prendre dans l'association d'idées (suis très branché intertextualité). Si ma mémoire était un peu plus vive, tout ne serait que citations ! Petit effort pour noter _ mais en lecture numérique, c'est juste un collé-copié !

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Message par Nadine Dim 24 Mar - 15:13

Oui, un jour je m'y mettrai j'espère. Ou bien je continuerai à vous lire , c'est pas mal non plus Wink
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Message par Nadine Lun 8 Juin - 12:01

mondedutravail - Patricia Highsmith - Page 2 La-pro10

La proie du chat

Encore très impressionnée par cet auteur.

Recueil de nouvelles éditées en 1981.

Il y a bien des morts, parfois ((Verre brisé porte malheur, Pour le restant de leurs jours, Le rejeté, sincères condoléances, La proie du chat) mais aussi la mort donnée à soi même (La nuit du mépris, La créature sans nom, Le rejeté) décrite comme un désespoir exsangue, une sorte d'acceptation fatale, injonction, terrible,
il y a la solitude (Sincères condoléances, La créature sans nom, La nuit du mépris) mais enfin, écrasante, l'émulation de groupe, son dictat, sa loi, sa valeur refuge, sa cosmogonie, radiographie, sa physique aurais-je envie de dire.

Etudes de moeurs, bijoux passeurs des troubles existentiels les plus complexes, des glissements, des suprêmes non manichéismes, ce recueil est un joyau.

La proie du chat
Un groupe d'amis trouve un doigt humain rapporté par le chat dans le salon.

Sincères condoléances
Un homme apprend la mort de sa mère deux ans trop tard.

Entre les deux
un homme ne sait choisir entre ses deux amantes, et orchestre son impuissance comme malgré lui.

Le rejeté
Des amis se galvanisent autour d'un des leurs pris comme bouc émissaire

Pour le restant de leurs jours
Un couple adopte des retraités

La créature sans nom
une femme se découvre un ami ambivalent

Un don venu d'ailleurs
une femme répare un panier d'osier et s'en trouve troublée au delà du possible

Aventure pour aventure
une femme décide un dialogue frontal avec un homme voyeur qui la traque

La nuit du mépris
un jeune toxico tente un ultime dialogue avec son père, ou vice versa

Verre brisé porte malheur

un vieil homme se frotte à la faune jeune et agressive de son quartier


Mots-clés : #nouvelle
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Message par Tristram Lun 8 Juin - 12:16

Voilà une bonne idée, lire un Highsmith ! Mais lequel ? ce chat a l'air bien...

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Message par Nadine Lun 8 Juin - 12:33

Il est très hétérogène en ses contenus, je recommande... Smile
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Message par Bédoulène Lun 8 Juin - 12:53

merci Nadine ! miaulement de chat, je vais céder !

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Message par Nadine Lun 8 Juin - 13:11

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Message par Nadine Ven 13 Nov - 1:07

Eaux profondes
mondedutravail - Patricia Highsmith - Page 2 Eaux-p10

Mon dieu comme je suis heureuse d'avoir fini ce livre...!
Brrrr.
Depuis trois jours j'étais angoissée.
résumé babelio :
"Vic Van Allen tolère les multiples flirts de sa femme Melinda avec une patience qui stupéfie tout le monde. Jusqu'au jour où, l'un des anciens amants de celle-ci ayant été tué, il se vante d'être l'assassin. Toutefois le meurtrier est arrêté. Melinda, rassurée, commence une nouvelle liaison. Et cette fois-ci Vic assassine l'amant... -Melinda, qui a compris la vérité, choisit alors la voie la plus redoutable: le défi. C'est trop tenter le diable. "


J'ai été contrariée de lire ce résumé, d'ailleurs :
l'intrigue divulgâchée prend une grosse section du livre,
et l'on peut se croire lésé d'une partie de sa réception.

C'est une erreur,
c'est oublier la spécificité de l'écriture d'Highsmith, qui repose totalement sur l'immersion.

Immersion magistrale, qui prend son temps, pour se dérouler, sur la longueur d'un long roman.
Le huis clos se peint par petites touches,
par réitération comme inconsciente de trames , d'actions, de réflexions.
Le criminel semble vivre dans un présent éternel , sans cesse renouvelé ,
mais aussi immuable, consolidé qu'il est par une analyse et un contrôle constant du futur, jusque dans les réactions émotionnelles de son entourage, qu'il semble accompagner, guider, créer.
Un entourage parfois injuste, cruel, ou sot. Un entourage qui semble nous accuser de simple épouvantail, manipulable à loisir, manipulé, conventionnel, nous, et eux.

C'est éprouvant d'une manière ténue et ferme, douçâtre.
Melinda , l'épouse de Vic, l'accuse, mais reste sous le même toit;
devant notre incompréhension, doucement, se dessine la mise en abyme totale des raisons de ce fait, incompréhensible,
tout comme elle, nous apprenons, fascinés, la stratégie qu'il déplie méthodiquement, rituellement,
et si Highsmith nous fait la grâce de rarement, parfois, nous offrir un quant à soi de lecteur, c'est pour mieux nous serrer doucement dans l'anneau diabolique de son talent-boa.

Trois fois, quatre fois, nous verrons Vic décider de faire des oeufs brouillés à sa femme, trois fois, quatre fois nous lirons la description de son étrange abandon à les accepter,
trois fois, quatre fois sans relever,
et à la cinquième fois nous comprenons avec effroi, sur la base d'un adjectif de plus, peut-être,
et par le fait de sommes contextuelles, l'horrible hébétude psychologique dans laquelle sa victime est engluée, alors même qu'elle croit se délivrer.
BRRRRRR
Le summum est atteint lorsque l'auteure laisse entendre peu à peu que la machine se dérègle quant au sang froid de Vic.
Sa peur, filtrée par son absence d'aptitude à traiter l'émotion, devient source pour nous d'une épouvante pure.
Celle d'une certitude de la violence qui couve.
Highsmith, sans grand guignol aucun, construit la brèche des âmes malades, la rend pleine, y montre le limon des émotions non traitées, accumulées, le limon des injustices subies par le criminel
rend compte de ce vide sidéral, effrayant, et nous fait comprendre que cet effroi est grand non pas en nous mais en lui. Et c'est l'inaudible révolte de sa peur qui nous fait peur.

Mention spéciale à la question de la popularité, qu'Highsmith traite encore une fois brillamment (les cabales, les sympathies)
Et cette façon de rendre proche de nous l'impuissance, alors même qu'elle déclenche justement les passages à l'acte. De rendre l'impuissance raison suprême de psychose. C'est terrible. Très impactant.

Me rappeler de ne plus lire de long texte de Highsmith lorsque mon quotidien offre peu de divertissements extérieurs.
Au risque de finir en pythie muette, yeux opaques perdus dans les perspectives insondables de mon 40m2.

Un extrait plein de beauté sur Hortense et Edgar,
(deux hermaphrodites, evidemment, même s'il leur a donné des prénoms genrés, cela est précisé)
deux escargots, âgés de plusieurs années (Vic est "heliciculteur", mais uniquement pour la beauté du geste, surtout pas pour s'en nourrir)
Hortense et Edgar faisaient l'amour : Edgar se penchait du haut d'un petit caillou pour embrasser Hortense sur la bouche. Hortense se dressait sur l'extrémité de son pédoncule, oscillant un peu sous sa caresse comme une danseuse ravie par la musique. Vic les observa pendant peut-être cinq minutes, sans penser à rien, pas même aux escargots, jusqu'au moment où il vit les excroissances en forme de coupes  commencer à apparaitre sur le côté droit de la tête des escargots. Comme ils s'adoraient et combien était parfaite leur union ! Les coupes s'élargirent et se touchèrent, bord à bord. leurs bouches se séparèrent.
Vic regarda sa montre. 10heures moins 5. Cela lui parut une heure étrangement déprimante. La maison était plongée dans un silence total. Il se demanda si Trixie dormait. Il s'éclaircit la gorge, et ce léger son lui parut aussi bruyant que le crissement d'un pas sur le gravier.
Les escargots étaient parfaitement silencieux.
Hortense lança son dard la première. Elle manqua son coup ou bien cela faisait-il partie du jeu? Au bout de quelques instants, Edgar essaya à son tour, manqua, recommença, frappant cette fois au bon endroit, si bien que le dard plongea, ce qui incita Hortense à renouveler ses efforts. Celà lui était plus difficile, car elle visait vers le haut, mais, après trois tentatives manquées, elle y réussit. Alors, comme si les deux escargots étaient plongés dans une transe plus profonde, leurs têtes se reculèrent un peu,leurs tentacules presque rentrés, et Vic sentit que s'ils avaient eu des paupières elles auraient été fermées. les escargots étaient immobiles maintenant. Il les contempla jusqu'au moment où il vit que les bords de leurs coupes allaient se séparer. Il arpenta quelques instants le garage, il éprouvait une agitation qui ne lui était pas coutumière. Ses pensées revinrent à Melinda, puis il retourna près des escargots pour s'empêcher de penser à elle.
Onze heures moins le quart. Etait-elle chez les Wilson?
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Message par Bédoulène Ven 13 Nov - 8:21

copulation des escargots en direct !  

des oeufs pas innocents ; je garde dans un coin de ma mémoire

merci Nadine

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Message par Tristram Ven 13 Nov - 11:16

Oui, merci Nadine pour cet excellent commentaire sur la grande Highsmith : j'ai aimé ta présentation de la peinture par petites touches, du "talent-boa" ! Et j'ai Eaux profondes, que je vais donc lire bientôt !

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Message par Nadine Mar 15 Déc - 15:46

mondedutravail - Patricia Highsmith - Page 2 41y2vq10

Caroll

Voilà donc le second livre édité, sous pseudonyme, de Highsmith.
Pas un roman policier, pas un roman à suspens.
Un roman d'amour.

Dont un film a fait parler, ces temps derniers. Film que je n'ai pas vu.

J'ai bien aimé, en fait il faut se représenter un roman qui prend le temps, pas très versé sur le pathos, et finalement ce n'est pas dutout étonnant, au regard de son style en général, à cet auteur.

Le livre est d'un ton élégant, assez sobre et classique. Il ne met pas tellement l'accent sur la passion, mais plutôt sur l'héroïne.
Sur son développement d'individu tout neuf.

Y compris, donc, à travers ses émotions amoureuses.
Mais à cet égard, tout du long, la femme qu'elle aime, ou les hommes qui l'aiment, semblent être "traversés" pour avancer. On sent que l'amour est émotion avant que d'être une dévotion qui diluerait l'être.

Comme on n'est pas dans le portrait pathologique du mal, rien d'extraordinaire, c'est un roman qui parlera à tous les aimants du monde,
mais déjà une acuité et propension à décrire sous un jour très personnel de la part de Highsmith..
J'ai eue tout du long une grille de réception bien précise : faire le pari qu'il y sera trouvé la clef émotive de l'auteur, sa manière de voir le monde sur le plancher des vaches.
Et ça loupe pas. Sacrée bonne femme.
Le fond socioculturel de la spécificité homosexuelle existe, d'ailleurs traité en une préface et postface de l'auteur elle -même.Mais ne me parait pas fondamentalement le coeur du livre.

Au final elle propose sur une trame qu'on connait tous, l'amouuuur, une version très intéressante de l'épiphénomène "devenir soi". Elle bazarde avec une grâce de magicien nos vieux poncifs des vilains et des gentils, elle retient l'auto-analyse, l'apport que la sensualité crèe à l'être social, et traite la perte comme un renouveau total.
Aucune sensiblerie, beaucoup d'émotion circoncise, plutôt. De l'instinct, donc, tout du long. Du sang froid.

C'était intéressant. Elle était bien jeune pour savoir déjà traiter l'amour comme ça. Chapeau bas.
J'arriverais assez mal à expliquer le truc, mais comment dire : oui, l'histoire finit bien (elles restent ensemble) mais c'est plutôt l'attitude de chacune face aux avanies qui est inspirante. Chacune reste reliée à ses chemins propres, même les personnages masculins positifs (nombreux) semblent de ce cénacle, initiés à la conscience de soi ,à l'expansion de soi comme recours-souhaitable bien identifié. Il y a une sorte de réception, passive mais lucide, très bien décrite, qui est évidemment totalement propre à la jeunesse, et éthiquement des résolutions dramatiques tout à fait réjouissantes, à illustrer des avancées solaires et affirmées.

J'ai en fait surtout aimé la fin.

La description de ce que devient Thérèse. Sur quelques semaines de crise. Ses filtres spécifiques.

Et été intéressée par la manière dont l'auteur partage les problématiques professionnelles : devenir, à NY quelqu'un qui travaillera dans son domaine de formation, les petits boulots. Le devenir social.
Voilà.

\Mots-clés : #amour #initiatique #mondedutravail
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Message par Bédoulène Mer 16 Déc - 0:02

merci Nadine !

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Message par Tristram Sam 16 Jan - 13:14

Eaux profondes

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Le narrateur/ Patricia Highsmith (s’)est placé du point de vue de Vic, avec une certaine distance qui fait que le lecteur n’est pas sûr que ce qu’il lit représente une vérité objective. Vic est marié à Melinda, une femme assez stupide et déloyale, immature, oisive et portée sur l’alcool, aux amants médiocres qui la discréditent dans la société ; lui demeure calme et attentif, prévenant voire complaisant, plus ennuyé que jaloux :
« Je voudrais simplement que tu choisisses un homme – ou même plusieurs hommes, si tu veux – qui eussent un peu de cervelle. Tu ne crois pas que ce soit possible ? »
Vic fait croire au fâcheux du moment que c’est lui qui a tué l’un de ses prédécesseurs auprès de Melinda. Puis, lui qui ne perd jamais le contrôle de ses nerfs malgré son irritation, noie le dernier en date dans la piscine lors d’une soirée chez des amis.
« Vic se souvenait qu’il s’était tout de suite senti mieux après cela. Une décharge de haine refoulée, c’était peut-être une meilleure image que le desserrement d’un nœud. »
Melinda le soupçonne, mais continue à s’amouracher d’hommes de passage.
« Parce que Melinda était bizarre. Elle se comportait exactement comme lui avait l’habitude de le faire, affichant délibérément une émotion ou un sentiment qui n’avait aucun rapport avec l’émotion ou le sentiment qu’il éprouvait réellement. »
Étrange, ce « vieux réflexe qui lui faisait toujours prendre la défense de Melinda devant le monde entier »…
Curieux également, de se surprendre à penser qu’on n’aurait pas eu la longanimité du meurtrier, qui paraît bien légitime… C’est vrai quoi, vouloir bouffer les escargots de ses terrariums (à propos, traduction défectueuse par moments). Sympathie, voire empathie pour cet imprimeur-éditeur de goût, qui fabrique aussi des meubles en bois, passe l'aspirateur, est apprécié de tous…
Formidable voyage dans la tête d’un manipulateur toxique, ou pervers narcissique, comme on dit dans la presse féminine.
Il semble en tout cas que l’auteure est franchement misanthrope ; on la comprend un peu, et on préférerait peut-être aussi les escargots.
« Vic ne pouvait détacher ses regards de la mâchoire de Wilson qui s’agitait, et, songeant à la foule de gens comme lui, ou presque comme lui, qu’il y avait sur terre, il se dit qu’au fond ce n’était pas une mauvaise chose de les quitter. C’étaient d’affreux oiseaux sans ailes. Les médiocres qui perpétuaient la médiocrité, qui combattaient et qui mouraient pour elle. »

\Mots-clés : #psychologique

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Message par Bédoulène Sam 16 Jan - 18:44

faut la rencontrer Vic ?

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Message par Tristram Sam 16 Jan - 20:03

Le Vic (Victor) : le rencontrer oui, mais avec précaution dans la vraie vie.

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Message par Nadine Lun 18 Jan - 16:35

Leecture plaisante, ou tu as meilleur souvenir d'un autre opus ?
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Message par Tristram Lun 18 Jan - 16:47

Outre du Ripley, L’inconnu du Nord-Express, et surtout Le journal d’Edith , je n'ai rien lu d'elle je crois, mais celui-ci sans être le meilleur me conforte dans ma conviction que c'est une puissante écrivaine.

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Message par Nadine Lun 18 Jan - 17:30

Bien bien (journal d'Edith, je note, inconnu)
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Message par Nadine Mar 30 Avr - 7:56

Toujours un peu maladroit de placer sur un fil d'auteur un contenu qui n'est pas d'elle : en l'occurence je souhaite vous signaler un film sur Highsmith, un documentaire bien monté qui m'a donné de l'eau à mon moulin.
Car tout comme vis à vis de Simenon, lorsque je lis Highsmith je ne cesse de traquer les raisons de son mystère d'écrivant. Comment ces gens peuvent ainsi avoir un rythme si propre à eux, une méthode si efficace.
J'ai acheté et lu l'année passée le recueil qui s'appelle "Les écrits intimes de Patricia Highsmith" (Calmann Levy pour l'édition)
Un super recueil puisqu'il nous donne à lire , de maniere concommitante et ses journaux intimes et ses notes de travail. Le reccueil expurge uniquement des passages qu'on apprend être xénophobes, qui apparaissent surtout vers la fin de sa vie , dans les carnets : acides remarques généralisantes sur les juifs, les arabes. C'est un peu ce qui a créé le buzz d'ailleurs , lors de l'édition, car cela ajoutait une couche à la vision qu'on peut avoir d'une auteure experte en description des personnalités détachées des lois éthiques. Donc ces passages là sont enlevés, et les éditeurs nous en préviennent, et commentent, à chaque début de période biographique ces creux de l'édition. En somme on est prévenu.Le reste est totalement restitué et on sent que patricia Highsmith écrit pour elle d'abord. Jusqu'à la fin de sa vie elle a hésité à détruire ces écrits, elle craignait les indiscrétions, la curiosité mal placée. Elle a d'ailleurs tenu son journal intime fréquemmment puis bientôt plus, lorsque par deux fois ses compagnes l'ont lu malgré elle. Sur la fin elle code davantage ses notes (initiales, situtations circoncises à quelques mots clefs et contextuels, plus un aide-mémoire qu'un épanchement.) et se concentre sur les mouvements qui la tiennent, de travail, de quotidien ou de santé.
Moi comme souvent lorsque je lis des trucs à caractère biographique, je cherchais à savoir comment elle était, comment elle avait pu être créative, et puis aussi comment elle vivait, si elle avait été heureuse, si elle était gentille finalement, ou tordue.
J'avais eue, et en gros, au final, l'impression qu'elle n'avait pas été tres heureuse. Qu'elle était exigente envers elle-même, très bosseuse. Résiliente aussi (elle a été violée à 4/5 ans, et aussi à moitié tripotee par son père, vers 10 ans, trimballéee entre ses grand-parents et sa mère remariée, enfin, toute son enfance.)
J'en étais là, et puis je suis tombée sur ce docu :
Loving Highsmith
bande annonce
Et j'ai beaucoup aimé le voyage, parce qu'on la découvre dans beaucoup d'archives filmiques, j'ai découvert qu'elle était très belle, de bonne volonté, attachante pour ceux qui l'ont connue, j'ai été très frappée par son allure, vers la fin de sa vie, contrairement aux images fixes qu'on en connait, filmée elle a la super classe. On comprend qu'elle ait fait des ravages, sensuellement.
du coup j'ai ressorti l'édition de ses notes personnelles et ai relu beaucoup de passages, je pouvais mettre un visage à un certain nombre de personnes dont elle parle, ça a tout changé, je me suis rendue compte qu'en fait , parceque c'étaient des notes personnelles, elle ne faisait pas l'économie d'un certain pessimisme, comme on soupire, mais ai revu totalement ma perception : je pense qu'elle n'était ni si sauvage ni si mysanthrope qu'on ne l'aurait cru, et surtout qu'elle a aimé sa fin de vie (j'aime bien qu'on aime sa fin de vie, ça encourage à tenir)
Je la vois maintenant comme une femme très sensuelle, croqueuse de vie, qui trouve un équilibre exigeant par son travail ; comme une personne qui a aimé intensément et avec douceur, au moins deux fois dans sa vie, et qui n'est pas dupe que ses amertumes soient de bonne guerre.
Enfin, en relisant certaines de ses notes, je me rends compte que même lorsqu'elle exprime quelque chose de très dur, de vieille sorcière aigrie, c'est souvent en se disant, par le même temps , qu'elle est certainement ainsi parce qu'elle a senti des dépits. Elle avait certainement une grande capacité d'analyse d'elle même.
j'ai appris qu'elle était très attachée à Jeanne Moreau, vers la fin de sa vie, tiens, en relisant les notes et au détour d'un commentaire du docu. Elles étaient amies.

Très intéressant. Inspirant, même.
Nadine
Nadine

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