Jacques Cazotte
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Jacques Cazotte
Biographie a écrit:Jacques Cazotte, né à Dijon au 9, rue du Four (devenue rue Claude-Cazotte, un de ses parents) le 7 octobre 1719 et baptisé en l'église Saint-Étienne le 8 octobre 1719, est le fils de Bernard Cazotte, conseiller du roi, notaire à Dijon et commis-greffier aux états de Bourgogne et de Marie Taupin.
Il fait ses études au collège des jésuites des Godrans de Dijon, sur les mêmes bancs fréquentés quelques années auparavant par le musicien Jean-Philippe Rameau.
Les études terminées, il s’installe à Paris, où il publie ses premiers ouvrages, La Patte de chat en 1741 et Les Mille et une fadaises en 1742. Il est employé dans l'administration de la marine et envoyé en 1747 à la Martinique comme contrôleur des Iles-Sous-le-Vent.
De retour en métropole, il se retire ensuite à Pierry, petite ville champenoise, située près d'Épernay, pour se consacrer à ses goûts littéraires. Le véritable début de Cazotte, dans ce domaine, fut un poème en douze chants et en prose, mêlée de vers dénommé Ollivier et publié en 1765.
En 1763, il publie L'Aventure du pèlerin, un court apologue dénonçant l'hypocrisie de la cour, puis en 1772 Le Diable amoureux, qui lui vaut d’être considéré comme l’un des pionniers de la littérature fantastique française. En rédigeant la Voltairiade en 1783, il critique la philosophie des Lumières. Il publie encore la Guerre de l'opéra et le Lord impromptu, entre autres ouvrages.
À la fin de sa vie, il entre dans l'ordre des Martinistes et se fait remarquer par sa piété exaltée. Il prend parti contre la Révolution française, qu'il voit comme une gigantesque incarnation de Satan et considère la lutte des royalistes contre les révolutionnaires comme l'exemple de la lutte du bien contre le mal4.
Il est arrêté le 10 août 1792 et faillit être égorgé lors des journées de Septembre, lorsque sa fille Elisabeth, qui s'était enfermée avec lui dans la prison de l'Abbaye, le sauva en le couvrant de son corps. Cazotte sortit alors de prison, mais, repris quelques jours après, il périt sur l'échafaud le 25 septembre 1792 vers 19 heures à Paris Place du Carrousel. Ses derniers mots furent :
«Je meurs comme j'ai vécu, fidèle à mon Dieu et à mon Roi.»
Bibliographie :
La Patte du Chat, 1741
Les Mille et une Fadaises, 1742
La Guerre de l'Opéra. Lettre écrite à une dame en province, 1753
Observations sur la lettre de Jean-Jacques Rousseau. Au sujet de la musique française, 1753
Mémoire sur les demandes formées contre le général et la Société des Jésuites, au sujet des engagements qu'elle a contractés, 1761
Ollivier, 1762
Le Bijou trop peu payé et La brunette anglaise, 1764
Lord impromptu, 1767
Les Sabots, 1768
Le Diable amoureux, 1772
Prophétie [attribuée à] Cazotte, 1788
L'Honneur perdu et recouvré
Rachel ou la belle juive
Aventure du pèlerin
Le Diable amoureux
Argument :
Alvare est un jeune militaire au service du roi de Naples. Initié par un nécromancien de sa compagnie, il s'essaie un soir, dans les ruines de Portici, à sa première invocation démoniaque. Une créature apparaît, qui se prend aussitôt d'amour pour lui. Elle décide d'abandonner sa condition d'être surnaturel pour le servir sous le nom de Biondetta, et sous les traits de la plus belle des femmes.
Avis (la fin est révélée) :
- Spoiler:
- Cette fausse comédie sentimentale met en scène la naissance d'un amour déviant, auquel les résistances premières du catholique Alvare s'évanouissent peu à peu. Ce récit est mené avec une grâce et une aisance que peu de ses contemporains possèdent, toutes recherchées qu'elles soient. Le portrait sublime de Biondetta en martyre de l'amour est en parfaite communion avec cette prose harmonieuse. Il s'agit là d'une double stratégie de mystification : Alvare se laisse tromper par les charmes du diable, et nous le sommes par ceux de l'écriture (malgré quelques mises en garde). C'est la leçon de Cazotte, qui met des moyens étonnant au service de la pauvre philosophie qui conclut le conte : il faut se garder des tentations, le diabolique est en perpétuelle évolution et se cache sous les formes les plus séduisantes…
Cette fin décevante me rappelle celle d'Au piano de Jean Echenoz. Le récit de Cazotte, pré-romantique à bien des égards, se révèle sous-tendu par des principes usés teintés de misogynie; dans Au piano, étonnante cosmographie dans laquelle les frontières sont invisibles que l'on recherche en vain et que l'on franchit sans le savoir, Echenoz détruit brusquement et à la dernière page cette subtile illusion et en dévoile le modèle obsolète.
J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce précurseur du genre fantastique, qui annonce une littérature féconde : j'ai souvent pensé à Manuscrit trouvé à Saragosse de Potocki, et surtout à La Mandragore de Friedrich de La Motte-Fouqué.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Jacques Cazotte
Merci Quasimodo ; j'ai lu ça, mais c'était avant d'avoir une mémoire morte.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jacques Cazotte
Je l'ai lu aussi, et apprécié.
Un ancien commentaire de coli sur son blog : https://colimasson.blogspot.com/2019/07/le-diable-amoureux-de-jacques-cazotte.html
Un ancien commentaire de coli sur son blog : https://colimasson.blogspot.com/2019/07/le-diable-amoureux-de-jacques-cazotte.html
Invité- Invité
Re: Jacques Cazotte
On parle ici d'une contribution intéressante. Merci Arturo!
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Jacques Cazotte
Il y a quelque chose qui m'échappe...Colimasson a écrit:Quelques petites recherches plus tard, je tombe sur « Le diable amoureux » de Jacques Cazotte, dans la traduction de Gérard de Nerval. De l’un à l’autre, une certaine accointance de style.
Pour étoffer cette recherche sur l'illusion amoureuse, fantasme et fantastique :
En tout cas cela éclaire sur l'origine de l'archétype femme-chameau-maléfique, source de toutes les belles-mères qui ont suivi."De pareils caprices de langue, trop répétés, de trop fréquentes appellations bestiales témoignent d'un côté satanique dans l'amour ; les satans n'ont-ils pas des formes de bêtes ? Le chameau de Cazotte, – chameau, diable et femme."
Baudelaire, Fusées
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15624
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jacques Cazotte
Effectivement, tu pointes là une erreur de notre petite colimasson. Nerval n'a pas traduit Cazotte, puisque tous deux écrivaient en français. En revanche, Nerval a commis un petit essai sur Cazotte et Le diable amoureux, dans Les Illuminés.
Invité- Invité
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