Nicolas Edme Restif de la Bretonne
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Nicolas Edme Restif de la Bretonne
sources : Encyclopaedia Universalis et Larousse.frRestif de La Bretonne est une des personnalités les plus attachantes du xviiie siècle. Berger, typographe, écrivain, réformateur, philosophe, libertin, visionnaire, il fut tout cela à la fois, ce qui explique les opinions contradictoires portées dès son vivant sur l'homme et sur son œuvre. Cette œuvre immense recèle pourtant des documents de premier ordre sur la vie paysanne de son temps, des pages remarquables sur les mystères du cœur humain et des visions politiques qui ne furent pas toutes entièrement utopiques.
La place longtemps attribuée à Restif par l'histoire littéraire est sans commune mesure avec l'ampleur de son œuvre et, surtout, le retentissement qu'elle connut tant en France qu'à l'étranger. Né dans une famille de paysans propriétaires, il devint apprenti chez un imprimeur d'Auxerre avant d'être typographe dans la capitale. Ce déracinement fut essentiel dans sa vie et son œuvre. Parisien, Restif revendiqua ses origines paysannes. L'émigration fut ressentie par lui à la fois comme une promotion et comme une chute. Promotion, car elle lui permit de côtoyer les grands noms de la littérature et de devenir lui-même auteur. Chute, car le riche paysan était devenu un pauvre citadin, appartenant à un prolétariat littéraire qui s'était gonflé à la veille de la Révolution. La capitale sera pour lui le lieu de perversion de l'innocence paysanne en même temps qu'un creuset idéal pour les passions, celle des femmes et celle de l'écriture.
Chargé de composer typographiquement un roman de Mme Riccoboni, il se risqua à écrire lui-même un récit sensible de la même veine, la Famille vertueuse, qui parut en 1767. Il ne se passa dès lors plus d'année sans qu'il ne publiât un ou plusieurs titres. Polygraphe, il rédigeait très vite des œuvres souvent proches les unes des autres. Ainsi que chez de nombreux autres représentants du prolétariat littéraire du temps, l'écriture apparaît pour Restif comme une jouissance et une nécessité économique. Besoin intime et conditions extérieures le poussent à écrire vite et beaucoup, sur le modèle du journalisme. (Il écrira 194 volumes totalisant près de 10 000 pages)
Restif de son vivant fut regardé comme un original. Il s'intéressa à presque tous les genres littéraires : nouvelle, roman, essai, pamphlet, mais aussi théâtre. Il donna son avis sur presque toutes les questions du temps : morales, sociales, esthétiques, politiques, scientifiques. Son audience fut très grande en Allemagne où il retint l'attention des plus grands, Goethe, Schiller, Humboldt, et où ses œuvres furent abondamment traduites. Son influence en France resta plus souterraine. Son œuvre immense de centaines de volumes a été réduite à quelques titres, mais ne cesse pour autant aujourd'hui de rallier de nouveaux lecteurs.
Bibliographie :
- clic:
- - La Famille vertueuse, lettres traduites de l'anglais, 1767
- Lucile, ou le Progrès de la vertu, 1768
- Le Pied de Fanchette, ou le Soulier couleur de rose, 1769
- Lettres de Lord Austin de N*** à Lord Humphrey de Dorset son ami, 1769, rééd. sous le titre : La Confidence nécessaire, ou Lettres de Mylord Austin de Norfolk à Mylord Humphrey de Dorset, 1779.
- La Fille naturelle, 1769
- Le Pornographe, 1769
- Le Mimographe, ou Idées d'une honnête femme pour la réformation du Théâtre national, 1770
- Le Marquis de T***, ou l'École de la jeunesse, 1771
- Adèle de Comm**, ou Lettres d'une fille à son père, 1772
- La Femme dans les trois états de fille, d’épouse et de mère. Histoire morale, comique et véritable, 1773
- Le Ménage parisien, Paris, 1773
- Les Nouveaux Mémoires d’un homme de qualité, 1774
- Le Paysan perverti, ou Les dangers de la ville, 1775
- L’École des pères, 1776
- Le Fin Matois, ou Histoire du Grand Taquin, 1776
- Les Gynographes, ou Idées de deux honnêtes femmes sur un projet de règlement proposé à toute l'Europe pour mettre les femmes à leur place et opérer le bonheur des deux sexes, 1777
- Le Quadragénaire, ou l'Âge de renoncer aux passions ; histoire utile à plus d'un lecteur, 1777
- Le Nouvel Abeilard, ou Lettres de deux amants qui ne se sont jamais vus, 1778
- La Vie de mon père, 1779
- La Malédiction paternelle, lettres sincères et véritables de N.** ** *** à ses parents, ses amis et ses maîtresses, avec les réponses, recueillies et publiées par Timothée Joly, son exécuteur testamentaire, 1780
- Les Contemporaines, ou Aventures des plus jolies femmes de l’Âge présent, 1780-85
- La Découverte australe par un homme volant, ou Le Dédale français, nouvelle très philosophique, suivie de la Lettre d'un singe, 1781
- L’Andrographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de règlement, proposé à toutes les nations de l'Europe, pour opérer une réforme générale des mœurs et, par elle, le bonheur du genre humain, 1782
- La Dernière aventure d’un homme de quarante-cinq ans, 1783
- La Prévention nationale, action adaptée à la scène, avec deux variantes et les faits qui lui servent de base, 1784
- La Paysanne pervertie, 1784
- Les Veillées du Marais, ou Histoire du grand prince Oribeau, roi de Mommonie, au pays d'Evinland, et de la vertueuse princesse Oribelle, de Lagenie ; tirée des anciennes annales irlandaises et récemment translatée en français par Nichols Donneraill, du comté de Korke, descendant de l'auteur, 1785 (réimpr. sous le titre de l’Instituteur d’un prince royal, 1791).
- La Femme infidèle (sous le pseudonyme de Maribert Courtenay), 1786
- Les Françaises, ou XXXIV exemples choisis dans les mœurs actuelles, propres à diriger les filles, les épouses, les femmes et les mères, 1786
- Les Parisiennes, ou XL caractères généraux pris dans les mœurs actuelles, propres à servir à l'instruction des personnes du sexe, tirés des mémoires du nouveau Lycée des mœurs, 1787
- Théâtre, 1787-1792, 5 vol. (vol. 1 : La Prévention nationale, La Fille naturelle, La Cigale et la Fourmi, Le Jugement de Pâris, 1787 ; vol. 2 : Les Fautes sont personnelles, Sa mère l'allaita, La Marchande de modes, La Matinée du père de famille, Le Réveil d'Épiménide, 1787-1788 ; vol. 3 : La Sage Journée ou le Nouvel Épiménide, Le Père valet, Le Bouledogue, 1788-1789 ; vol. 4 : Sa mère l'allaita, L'Épouse comédienne, L'An deux mille, 1789-1790 ; vol. 5 : Le Libertin fixé, L'Amour muet, Edmond ou les Tombeaux, 1792)
- Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794
- Ingénue Saxancour, ou la Femme séparée, 1789
- Le Thesmographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de règlement proposé à toutes les nations de l'Europe pour opérer une reforme générale des lois ; avec des notes historiques, 1789
- Monument du costume physique et moral, de la fin du xviiie siècle, Neuwied, 1789
- Le Palais-Royal, Paris, 1790
- L’Année des dames nationales, ou Histoire jour par jour d’une femme de France, 1791-94
- Le Drame de la vie, contenant un homme tout entier, pièce en treize actes d’ombres et en dix pièces régulières, 1793
- Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé, 1794-97
- Les Provinciales, ou Histoire des filles et femmes des provinces de France, dont les aventures sont propres à fournir des sujets dramatiques de tous les genres, 1795
- La Philosophie de Monsieur Nicolas, 1796
- L’Anti-Justine ou les délices de l’amour, 1798, œuvre érotique saisie par la police en 1802.
- Les Nouvelles contemporaines, ou Histoires de quelques femmes du jour, 1802.
- Les Posthumes, lettres reçues après la mort du mari, par sa femme qui le croit à Florence, par feu Cazotte, 1802
- Histoire des compagnes de Maria, ou Épisodes de la vie d'une jolie femme, ouvrage posthume de Restif de La Bretonne, 1811.
Dreep- Messages : 1539
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Re: Nicolas Edme Restif de la Bretonne
Les nuits de Paris
Paris, juste avant la révolution de 1789. C'est ce que nous donne à voir ce roman écrit juste avant les événements susdits : on voit Paris comme à travers un trou ; un trou dans la nuit et dans le temps. J'imagine que les lecteurs parisiens (ou connaissant bien les rues de Paris) seront plus chanceux que les lecteurs de province dont je fais partie. Il n'est pas tant question des personnalités qui ont l'habitude de peupler le récit national de cette période que du petit monde ― marquises ou clochards ― qui agitent les nuits de la capitale. Seulement, et on peut ou le déplorer ou s'en amuser, ce trou a une forme très précise. La forme d'une silhouette, d'abord. Silhouette d'un narrateur mêle-tout et aventurier, silhouette du spectateur nocturne s'appelant lui-même hibou. Mieux ou pis : la silhouette de Restif de la Bretonne lui-même : au lieu de s'effacer, sa figure se précise, on le voit mieux lui que Paris... c'est dire que ce conteur fait de l'ombre à son sujet, au beau milieu de la nuit ! Mais on s'y habitue, un coup il déride, un autre coup il ennuie. On suit un auteur dans ses digressions sentimentales, politiques, philosophiques, jusque dans ses délires projectifs à propos de l'année 1888 et de tout l'Histoire de France qui a précédé cet année de grâce (l'année 2440 de Louis-Sébastien Mercier, pourrait être la suite logique de l'année 1888 de Restif, n'oublions pas d'ailleurs que les deux auteurs s'appréciaient). Bref. On suit bon an mal an un auteur qui a fait absolument ce qu'il a voulu de son livre.
Mots-clés : #ancienregime #lieu
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Re: Nicolas Edme Restif de la Bretonne
Les Nuits de Paris, roman ou autobiographie romanesque ?
En tout cas un tableau vivant, empathique de la Ville par un noctambule
et un observateur nocturne les yeux grand ouverts.
A llire en parallèle avec les souvenirs de Nerval.
En tout cas un tableau vivant, empathique de la Ville par un noctambule
et un observateur nocturne les yeux grand ouverts.
A llire en parallèle avec les souvenirs de Nerval.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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