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Eugène Green

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Message par tom léo Lun 12 Déc - 21:50

Eugène Green
Né en 1947  

Eugène Green 10723311

Eugène Green, né le 28 juin 1947 à New York, est un cinéaste, écrivain et dramaturge français. Originaire des États-Unis, il émigre en France à la fin des années 1960. Très tôt, il avait décide de quitter les États-Unis, qu'il nomme dans ses écrits la « Barbarie » et dont il ne prononce jamais le nom, et désire émigrer en Europe. Après voir voyagé à travers l'Europe, à Munich, à Prague et en Italie, il s'établit finalement à Paris en 1969 et y poursuit des études de lettres (licence et maîtrise de 1970 à 1973) puis d'histoire de l'art (licence et DEA de 1975 à 1977). Il obtient la nationalité française en 1976.

En France il fonde à la fin des années 1970 une compagnie de théâtre baroque, le Théâtre de la Sapience, avec laquelle il essaie de restituer sur scène la diction de l'époque baroque. À la fin des années 1990, il se lance dans le cinéma.

Je n'entre pas dans les détails de son art cinématographique qui retient plutôt l'attention, mais ce fil est ici consacré d'abord à son œuvre écrite.

Bibliographie :

Romans
La Rue des Canettes : cinq contes, 2003
La Reconstruction, 2008 : Page 1
La Bataille de Roncevaux, 2009
Un conte du Graal, 2010
La Communauté universelle, 2011 : Page 1
Les Atticistes, 2012
L'inconstance des démons, 2015 : Page 1

Essais
La Parole baroque, 2001
Présences : essai sur la nature du cinéma, 2003
Le Présent de la parole, 2004
Poétique du cinématographe : notes, 2009
La Religieuse portugaise, 2010
   
Poésie
Le Lac de cendres : poème, 2014

Théâtre
Julien le pauvre
La Parole dans le jardin
1995 : Le Rêve dans le petit fer à cheval
La Pastorale du jardin du Luxembourg
La Vieille Charité

Filmographie
2001 : Toutes les nuits
2002 : Le Nom du feu (court-métrage)
2003 : Le Monde vivant
2004 : Le Pont des Arts
2006 : Les Signes (court-métrage)
2007 : Correspondances (court-métrage)
2009 : La Religieuse portugaise
2014 : La Sapienza
2015 : Le Fils de Joseph
2015 : Faire la parole (documentaire)

(Source: wikipedia)

màj le 19/11/2017
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Message par tom léo Mar 13 Déc - 7:05

L'inconstance des démons

Eugène Green Eugene10
Original : Französisch, 2015

CONTENU:
" Dans la première partie de ma vie, je fus heureux. " C'est ainsi que Nikolau Aztera commence son récit. Jeune neurologue, Nikolau Aztara s'installe avec son épouse et leur enfant unique à Saint-Jean-de-Luz. À l'âge de quinze ans, son fils disparaît inexplicablement. Peu après, sa femme meurt de chagrin. Nikolau abandonne alors la médecine et se retire dans le village d'Ossès, en Basse-Navarre. Il transforme sa passion pour la bibliophilie en métier, devenant antiquaire de livres, dans ce qu'il envisage comme une retraite du monde, et une attente de la mort. Or un jour il reçoit la visite d'une dame dont le fils adolescent subit depuis peu des crises effrayantes, où il semble dialoguer dans un basque archaïque avec une voix parlant un français étrange. Elle demande à Nikolau de l'aider. L'enquête va le plonger dans l'abîme d'un mystère où sa vie prendra un nouveau sens.
(Source : Robert Laffont Editions, raccourci)

REMARQUES :
Nikolau est aussi le narrateur du récit en trois parties (de 7,7 et 8 chapitres) d'une grande partie de sa vie. A la suite de la mort ou la disparition de ses prochains, il ne voit plus vraiment un sens.  Il s'est distancié de sa vie ancienne et fait d'une loisir son métier. En plus il a démenagé. Cela se passe dans les environs de l'année 1994.

L'action se joue en pays basque, influencée fortement par cet environnement, aussi bien par le changement (pas retransmis, mais narré) de langue véhiculaire : beaucoup de noms propres sont donnés en basque, il y a même une introduction dans la prononciation du basque. Aussi l'environnement est présent par ses caractèristiques autres, culturelles et politiques : des petites remarques, flèches vers la « glorieuse république »… etc. Mine de rien, l'histoire est intégrée dans un flux de temps, dans une suite de bouts d'histoires, pénibles en partie, du pays.

Une quinzaine d'années après la mort de sa femme, la disparition de son fils, Nikolau est consulté comme médecin : on cherche son avis, son aide. Malgré un premier refus, il se laisse prendre, et il fait connaissance d'une drôle d'histoire. Il y aura – c'est important – plusieurs parallèles entre cette implication et sa vie antérieure, voir son fils, une ancienne adhésion à la foi, une attention spirituelle.

Puis, je cite :
« Ce roman comporte une énigme, des crimes, et un véritable suspense, s'ouvre également sur des voies spirituelles et, à travers les plaisirs du récit policier, s'offre comme une réflexion sur le Mal et la grâce. Il soulève aussi, dans le cadre précis du Pays basque, la question générale du passé historique comme force du présent évoquant les grands procès en sorcellerie du début du XVIIe siècle et la caste des cagots. »

Ce sera une histoire où pendant longtemps on ne sait pas trop quoi en penser (au moins moi comme étant plutôt pas amateur de pseudo-mystico-thriller autour de sorciers ou autres). Est-ce que Green prendra en sérieux des histoires de « crapauds, de bouc, de sorciers, de sabbats célébrés avec accouplement avec le Satan", de dialogues avec des personnes invisibles etc ? Je me suis dit : alors probablement ce n'est pas pour moi, mais pour des personnes avec un penchant pour ce genre d'histoire de possession et d'exorcisme ?! Mais c'est probablement mal conclure précipitamment sur l'écriture et les motivations de Green ?!

Au terme d'actes horribles, mais aussi d'un attachement grandissant au fils de la maison en question et en détresse, il revivra. Non, on n'est pas responsable pour tous les maux. Non, la raison peut-être sans intelligence du coeur, menant vers le mal et l'accusation, les condamnations des autres.

Green écrit dans une langue simple, si j'ose dire, même en utilisant beaucoup le Passé simple ou le Subjonctif. Les phrases sont plutôt courtes, des dialogues très présents. L'éditeur parlait, probablement à juste titre, d'un « polar métaphysique ». Bizarrement (ou pas) je me sentais rappelé à certaines procèdés et thématiques chez Fred Vargas et son Adamsberg !

Malgré quelques bizarreries et des fausses pistes intriguantes pour un temps, c'est un roman avec certaines idées très belles sur la confiance retrouvée, l'homme dans l'histoire, la culpabilité et l'innocence, le mal (Mal)… Green se montre à nouveau comme homme de spiritualité, voire de spiritualité chrétienne. J'aime bien son univers, si rare à trouver aujourd'hui.


Dernière édition par Armor le Mer 1 Fév - 17:15, édité 5 fois (Raison : correction de fautes d'orthographie)
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Message par shanidar Mar 13 Déc - 9:37

Le parcours de l'auteur est suffisamment atypique pour donner envie de s'arrêter un instant sur son œuvre et ce que tu dis de L'inconstance des démons, tom léo et bien alléchant ! Merci.
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Message par tom léo Mar 20 Déc - 7:27

Eugène Green 41blx810

La communauté universelle


Originale : Français, 2011

CONTENU :
Emile, médecin, rentre tard à la maison et ne retrouve pas sa femme Adrienne. Par un indice il tire la conclusion qu'elle a bien du partir dans sa famille en Angleterre. Celle-ci est issue d'une couche aristocratique de catholiques de vieille date qui était restée fidèle à Rome lors de schisme anglican. Emile se met en route...

Parallèlement nous suivons nos deux caractères principaux et une personne nommée Ronas qui joue comme une fonction/rôle de pont, de lien entre eux. Ces deux vont de leurs chemins, se croisent presque, s'évitent... Pourquoi cette fuite, de coté d'Adrienne ? Quelle recherche anime Emile ? Tous les personnâges de ce roman sont d'une manière ou d'une autre à la recherche de sens, du sens. Cette quête spirituelle est ici assez clairement sous le signe d'une quête réligieuse, de foi.

STRUCTURE :
Les passages de pure narration sont rélativement courtes, rappellent parfois à des indications d'un metteur de scène, un essentiel néccessaire pour placer les acteurs. Par contre la forme du dialogue prend une place préponderante. La structure semble très étudiée :
Prologue – Vendredi – Introduction au sujet
Parodos (première chant d'une tragédie grecque, ici : discours symbolique de la Seine et de la Tamise)
Suivent trois épisodes des jours de Samedi à Lundi, avec des passages de narrations dans la 1ère personne des trois protagonistes clés. Chacun de ces trois épisodes est suivi par un « stasimon » dans lequel chacune des personne raconte des éléments essentiels de sa spiritualité et sa socialisation réligieuse, vécus dans l'enfance et la jeunesse. Le tout s'arrondit avec un  issu, conclusion (« exodus »).

REMARQUES :
Dès le debut de ce roman des univers sont mis en relation :
le couple d'Emile, venant d'une famille juive non-pratiquante de Paris, assez ouvert réligieusement AVEC Adrienne, venant d'une famille angalise riche et aristocrate, pratiquant la foi catholique. -
'l'Eurostar réliant le continent (Paris) et Londres, moyen d'un rapprochement dans l'espace sans impliqué forcement de rapprocher toujours les hommes.
Donc multitude de facettes incarnées par ces deux protagonistes, et enrichi par la figure mystérieuse de Ronas, jardinier (plus que symbolique?), avec ses origines orientales, islamique-alévite et mystique.
Et sans se rendre compte on se trouve au milieu d'un échange et dialogue des trois monothéismes et une mise en question moderne, d'une mèfiance envers toutes formes d'extremisme réligieux

Pour certains sujets nous allons trouver des réflexions belles, ainsi pour la valeur et la beauté profonde de toute relation d'amour qui peut bien nous ouvrir les yeux pour d'autres horizons. L'individu n'est pas juste un être isolé et séparé, mais « je suis moi-même et plus que moi-même ». Chacun devient ainsi aussi porteur d'autres histoires qui nous précèdent ou nous suivent.

Il me semble que ce livre ne joue pas juste avec un désir de spiritualité assez floue, mais donne aussi quelques pistes et débuts de réponses. Il se termine – ou est-ce qu'il vaudrait mieux dire : il s'élargit ? - vers la fin avec une vue qui promet un nouveau commencement. On trouvera le désir d'une communauté universelle (titre du livre) qui transcendra le tout, tout en étant rélié à une attente de Quelqu'Un qui est déjà mystérieusement venu.

Qui exclue toutes composantes spirituelles ou réligieuses dans ses lectures et ses questionnements devrait s'en passer de ce livre. Le lecteur avec une ouverture et intérêt spirituel large trouvera des pistes intéressantes.
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Message par tom léo Mar 11 Avr - 7:41

J'avais fait connaissance d'Eugène Green par le biais de „La réligieuse portugaise“, un film de lui qui m'avait fortement parlé. Puis, lisant une recension d'un livre écrit par lui, j'ai compris qu'on est face à un artiste à plusieurs dons. De l'autre coté je n'étais pas si étonné, car dans ce film il fut évident, à mon avis, qu'on était face à un amateur de mots: bien prononcés, des dialogues bien travaillés. Eventuellement ici et là rappelant un Eric Rohmer? Ce roman confirmait l'impression positive.

Eugène Green 97827411

La reconstruction


Originale : Français, 2008

CONTENU :
Paris, deux semaines avant Pâques 2003. Jérôme Lafargue est prof de littérature à la Sorbonne et essaie de transmettre à ses étudiants quelques choses de la poèsie et de la beauté. Un jour il est contacté par un Johannes Launer de Munich : après la mort de son père Vaclav/Wenzel il aurait dans ses mains différents éléments qui lui font douter de son identité. Il est assez convaincu que Jérôme aurait des clés de réponses...

Bien sûr que le Parisien se rappelle de son séjour à Munich en 1968, juste après les demonstrations de Paris en Mai. Il y a fait la connaissacne de sa future femme, épouse Jana, qui venait de fuir Prague, occupée par les Soviètiques. Mais d'abord il se rappelle de rien qui puissent le mettre en lien avec Johannes.

Seulement peu à peu, par la constante réflexion, le souvenir de ce temps passé en Allemagne et une mise en forme dans l'écriture les événements de ces jours à Munich remontent doucement à la surface, et justement ses quelques rencontres avec Wenzel Launer, qui l'avait hébérgé un peu de temps, lui avait confié des choses.

Il venait de la Bohémie et se sentait après la fondation de l'état de la Tchecoslovaquie en 1920 comme un tchèque avec une nationalité allemande. Peu après se marièrent lui et Margarete, et ils ont eu deux enfants, Johann et Sebastian. C'est l'occupation qui va le forcer de prendre une identité qu'il n'avait pas choisi...

REMARQUES:
Pensant à une scène d'introduction du roman entre le Père Lafargue, atteint d'Alzheimer, et Jérôme, un Leitmotiv, un sujet fondamentale me semble mis en évidence: le souvenir, la mémoire, la perte d'information... Jérôme voit les trous de mémoire de son père, mais peu de temps après il doit reconnaître lui-même comme aussi chez lui – et chez tout un chacun – des pans entiers de notre vécu est tombé dans l'oubli. N'étaient-ils pas une part de notre „Moi“, de notre „identité“? Qu'est-ce que cela signifie? Comment se réapproprier ces parts perdus et ainsi, eput-être, aussi aider Johannes dans sa recherche de son identité? Et est-ce que la vérité peut vraiment aider? De là peut-être une première exlplication du titre „reconstruction“: de sa mémoire,d'un part de soi-même.

Mais dans les narrations et réflexions de son séjour à lui en Allemagne il y a 35 ans, et d'autre part, du destin des Launer comme réfugiés de Prague, arrivant à Munich à la fin de la guerre, il s'agit d'un sens plus large et politique, d'une „réconstruction“ dans un sens très concret d'un pays, de plusieurs pays, voir de l'Europe.

J'avais mentionné déjà un peu l'importance d'une langue presque cristalline et belle. Il y a pas mal d'éléments poètiques et mystiques (la relation de l'auteur envers la Foi, la prière me semble évidente) qui me réjouissaient le coeur. Derrière le visible pointe l'invisible.

Scènes de dialogues, de narration, des parties en formes de diaire s'alternent et jettent des coups de lumières différentes sur la même réalité.

Une belle découverte!
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Message par Bédoulène Mar 11 Avr - 10:04

merci Tom Léo pour tes commentaires affinés.


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Message par shanidar Lun 8 Mai - 19:26

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La Reconstruction

Au premier abord, j'ai été interloquée par les dialogues qui parsèment le texte et par le texte lui-même et d'après le commentaire de tom léo, la technique de Green serait proche de celle du cinéaste Rohmer, dont je n'ai vu aucun film. Cela ne m'aide donc pas du tout pour tenter d'exprimer mon sentiment mais au moins cela confirme qu'il y a quelque chose ici de très particulier.

Alors que dire ? Il existe peut-être des gens qui parlent comme ceux de Green, des professeurs à la Sorbonne qui ont épousé des femmes qui les comprennent… Ce qui est déroutant c'est qu'on a l'impression d'un décalage entre ce qui est dit et le lieu du dialogue, comme si une conversation qui se devait d'être plus ou moins banale (comment s'est passée ta journée, ma chérie ?) devenait quelque chose de bien plus universel, de plus aérien, de plus évanescent. Comme si les personnages étaient ailleurs, un peu dans la lune, ou du moins sur des continents différents et se parlaient de loin, à des années lumières les uns des autres… Pourtant, ce décalage n'enlève rien au plaisir de la lecture, il lui donne un côté exotique, comme si les personnages parlaient une langue presque étrangère.

D'ailleurs, j'ai eu l'impression que ce roman parlait exactement de ça, de cette attirance pour l'ailleurs, de ce désir en chacun, d'être à la fois seul et accompagné, face à un miroir qui renverrait l'image d'un autre, un autre qui intrigue et que l'on pourrait aider. Aider à trouver ou retrouver son identité. Comme une boucle à boucler.

Un autre élément important de ce roman (m'a-t-il semblé) c'est l'importance de la vie spirituelle, l'importance de savoir créer des pauses dans l'océan tumultueux de son existence pour s'ouvrir au monde, pour recueillir le silence et pour faire de ce recueillement un acte d'amour envers autrui. C'est assez beau cette image dans le roman, quand Jérôme Lafargue se réfugie dans une chapelle, qu'il y éteint les lumières fortes et que se concentrant sur l'image de la Vierge Marie fait resurgir en lui sa capacité d'amour et d'empathie. On trouve ainsi dans ce roman des moments d'immobilité, de concentration, de retrait à l'intérieur de soi qui  permettent au personnage d'à la fois et dans un même mouvement sortir de lui et se retrouver en lui-même. Et la capacité qu'à Eugène Green de raconter ce geste est à la fois saisissante et apaisante.

Il s'agit donc d'un roman aux mille ficelles et aux mille ramifications (malgré ses seulement 190 pages), qui, comme le souligne tom léo dans son commentaire aborde également la question du souvenir et de la reconstruction mémorielle et politique d'un être, d'un pays et même de l'Europe entière.


Merci pour l'ouverture de ce fil, tom ! Je pense que je poursuivrais ma rencontre avec L'inconstance des démons, qui se trouve également à la médiathèque.
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Message par tom léo Lun 8 Mai - 22:33

... et merci à toi, shanidar, pour ce beau commentaire. Oui, sans aucun doute la langue paraît un peu, voir beaucoup, irréelle. Chez Rohmer on retrouve cela aussi (à mon avis). Eugène Green en a fait une vraie base, un axiome (?) de travail pour ces films, voire ses livres. Je trouve pas maintenant la référence, mais il en a écrit des articles dessus. Cela a un nom.
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Message par Avadoro Lun 19 Avr - 23:54

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Les voix de la nuit

La sensibilité artistique d'Eugène Green, que ce soit en tant que cinéaste ou écrivain, marque par son attachement aux lieux, à la parole, aux silences. Les voix de la nuit est un très beau roman, d'une grande limpidité dans son attention au passé et à la fragilité des êtres.

Un jeune homme, Patxi, revient au Pays Basque, sa terre natale, pour vivre avec la femme qu'il aime. Mais il retrouve alors son ami d'enfance Matxi au bord du suicide, bouleversé par des fantômes qui semblent le hanter. Afin de mettre fin à cette angoisse, Patxi accompagne Matxi sur les traces d'une maison familiale, qui a abrité tant de souvenirs de leur adolescence.

Ce périple intérieur va cependant leur permettre de trouver la source de ces cauchemars en s'attachant à donner vie à un récit, à un drame qui s'est transmis d'une génération à l'autre. Une violence tétanisante, qui fait irruption dans le contexte de la lutte armée entre l'ETA et la Guardia Civil espagnole, doit ainsi être remémorée pour qu'enfin une souffrance puisse s'apaiser. Et le retour au présent devient alors une révélation poétique, un cheminement vers une expression plus sereine, plus confiante.
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